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ladytelephagy
24 mai 2013

Les félicitations sont de rigueur

Vous connaissez ma passion pour les récompenses de la planète : on a tendance à y trouver de fabuleuses idées de découvertes ! Comme je n'ai pas eu, avec mes posts hebdomadaires de ces dernières semaines, l'occasion de vous permettre de suivre en temps réel les dernières cérémonies des quatre coins du monde, je vous propose aujourd'hui un petit florilège de quelques unes des plus importantes, histoire que comme moi, vous releviez quelques noms pour faire votre marché plus tard.

J'ai donc pris sur moi de reprendre les principaux awards remis de par le monde au cours du dernier mois, et je les ai compilés dans ce post géant. J'aurais aussi pu vous les publier un par un dans des posts séparés, comme je le fais d'ordinaire, mais j'ai voulu tenter : vous me direz la formule que vous préférez. Je compte sur vous.
Bon, vous êtes prêts ? Parce qu'il y a un peu de lecture. Mais je suis gentille, j'ai mis des images.

Gullruten-2013

Commençons si vous le voulez bien avec mes petits préférés, je le confesse : les Gullruten, remis un peu plus tôt ce mois-ci, comme ceux qui me suivent sur Twitter l'auront remarqué. A toutes fins utiles, je vous ai mis les nominations également, les gagnants apparaissant avec un joli *.

- Meilleur drama :

DAG    DAG (saison 3)
(TV2)
Les déboires d'un psy qui aide les gens à régler leurs problèmes mais qui pense que la seule façon d'être heureux dans la vie, c'est de vivre seul. Nommé systématiquement chaque année.

Hjem-300

   Hjem
(NRK)
Une série "feelgood" se déroulant à la campagne, diffusée à l'automne dernier et pour laquelle une seconde saison est d'ores et déjà prévue.

Halvbroren-300

   Halvbroren*
(NRK)
La mini-série en 8 épisodes, dont on a déjà eu l'occasion de parler, couvre un demi-siècle d'Histoire, et raconte l'histoire de deux demi-frères nés de la même mère, mais dans des conditions radicalement différentes. Le premier, né d'un viol le jour de la libération, se lance à la recherche de son père, et disparaît...

HotelCaesar-MEA

   Hotel Caesar
(TV2)
Ce soap, lancé en 1998, est actuellement le plus long drama diffusé à la télévision norvégienne (il compte actuellement plus de 1500 épisodes). Et, oui, en Norvège, les soaps peuvent être nommés dans la catégorie dramatique.

- Meilleur programme humoristique :
Dans cette catégorie, les Gullruten mélangent aussi bien les émissions de divertissement que les séries.
* Asbjørn Brekke-show (talk show - TV Norge)
* Brille (talk show - NRK)
* Helt Perfekt (TV Norge) *
* Kongsvik Videregaaende (TV Norge)

- Meilleur programme pour la jeunesse :
Au moins l'un de ces titres devrait vous dire quelque chose si vous vous rappelez de ce qu'on dit sur les fêtes de Noël...
* Dauinger (NRK) *
* Energikampen (NRK)
* Julekongen (NRK)
* Lesekorpset (NRK)

Enfin, rappelons que pour les prix d'interprétation, les Gullruten ne font pas de distinction entre le drame et la comédie.

- Meilleure actrice :
* Tuva Novotny (DAG - saison 3)
* Iben Hjejle (DAG - saison 3)
* Mariann Hole (Halvbroren)
* Lene Kongsvik Johansen (Kongsvik Videregaaende) *

- Meilleur acteur :
* Anders Baasmo Christiansen (DAG - saison 3)
* Atle Antonsen (DAG - saison 3)
* Frank Kjosås (Halvbroren) *
* Jon Øigarden (Halvbroren)

Bon, je suis très déçue pour Julekongen dont je pensais beaucoup de bien, mais je m'en remettrai. Par contre, n'avoir trouvé que des sous-titres suédois pour Halvbroren ne fait qu'accentuer mon envie de voir la série, laquelle a également reçu de nombreux prix techniques (dont meilleure réalisation, amplement mérité) ; dans l'intervalle, je rappelle que la bande-annonce est en anglais.
En tous cas, Lars Saabye Christensens, l'auteur de Halvbroren, a un nouveau projet pour NRK intitulé Etter Karnevalet, donc on aura l'occasion de retenter notre chance dans quelques mois !

Antalya-2013

On part dans un tout autre pays à présent, avec la Turquie, puisqu'il y a quelques semaines se déroulait la 4e cérémonie des Antalya, comme la ville du même nom (pour un bref historique de cette remise de prix récente, vous pouvez jeter un coup d'oeil à mon post de l'an dernier, c'est gratuit).
Comme je pense vous connaître un peu, je vais avancer la théorie que vous connaissez encore moins de séries turques que vous n'en connaissez de norvégiennes, et du coup je vais m'autoriser à détailler un peu moins les nommés, d'autant qu'il y a plus de catégories en Turquie qu'en Norvège. Je pars du principe que ça ne vous gêne pas, mais si je me trompe, faites-le moi à tout prix savoir en commentaires.

Karadayi-300

   Meilleure nouvelle série dramatique : Karadayi (ATV)
Un revenge drama réalisé par le directeur d'Ezel, et se déroulant dans les années 70, dans lequel un homme doit prouver l'innocence de son père condamné à mort ; manque de chance, il tombe amoureux de la même femme que le juge. Il faut croire que ça valait le coup de faire des messes basses à la rentrée pour faire monter la sauce.

IslerGucler-300

   Meilleure nouvelle série humoristique : İşler Güçler (Star TV)
Dans ce mockumentary diffusé l'été dernier, trois comédiens qui n'ont pas connu le succès ou à la gloire fanée misent sur un film pour pouvoir (re)trouver la célébrité ; ils tentent donc de présenter un documentaire qui leur permettrait de gagner un peu d'argent pour monter le film. A également remporté le prix de la Meilleure réalisation pour une série humoristique.

MuhtesemYuzyil-MEA

   Meilleure série dramatique : Muhtesem Yüzyil (Star TV)
Ca va, je vous présente pas, vous vous connaissez. Ce n'est qu'une récompense de plus dans la collection déjà volumineuse de la série depuis son lancement en 2011. A noter qu'elle a également remporté le prix de la Meilleure réalisation pour une série dramatique, pour faire bonne mesure.

Seksenler-300

   Meilleure série humoristique : Seksenler (TRT)
Absolument pas un titre transparent, ce sitcom est une comédie familiale prenant pour contexte les années 80.

BehzatC-300

   Meilleure adaptation : Behzat Ç. (Star TV)
Un titre qui revient de droit à la série, que sa réputation précède, mais qu'également une série de romans précède. Donc bon. Pour rappel, il s'agit d'une série policière avec l'un des rares vrais anti-héros de la télévision turque, un flic pourri jusqu'à l'os faisant passer l'officier Sipowicz pour un enfant de choeur. La version diffusée sur Star TV est toujours lourdement censurée, et seule la version en catch-up sur le site de la chaîne est en version intégrale. Le site de la chaîne est très fréquenté...

KayipSehir

   Meilleur scénario : Kayıp Şehir (Kanal D)
C'est une petite nouvelle qui a volé le prix aux poids lourds du genre. Avec ses 26 épisodes (la saison 1 a été écourtée faute d'audiences, et s'est achevée en mars), Kayıp Şehir raconte l'histoire d'une famille d'Anatolie qui s'installe à Istambul à la mort du patriarche. La série a vu débuter le premier personnage transsexuel de la télévision turque, et parle de toutes sortes de minorités, et de discriminations envers celle-ci.

NikkanSportsDramaGrandPrix

Direction un tout autre continent avec maintenant le Japon, où je m'apprête à évoquer deux awards différents qui ont été révélés en ce mois de mai. A la différence des précédents, ces prix sont remis sur la base du vote des lecteurs des publications remettant les awards ; il n'en existe pas de cérémonie télévisée, mais il faut dire que des cérémonies de récompenses tous les trois mois, ça perd vite de son charme ! Si vous voulez allez au petit coin c'est maintenant, parce que je vous préviens, on a de la route.

Commençons donc si vous le voulez bien avec le Nikkan Sports Dorama Grand Prix (d'où la jolie médaille ci-dessus), et vous allez voir, les vainqueurs sont faciles à mémoriser... Le Nikkan Sports Drama Grand Prix est remis plusieurs fois par an, ce qui semble relever d'une certaine logique au pays des saisons télévisuelles trimestrielles. Dans le détail, voilà comment ça se passe : quatre fois par an pour couronner les séries qui n'ont pas démérité au cours des trois derniers mois, et une cinquième fois (parce qu'on ne s'en lasse décidément pas) décernée au printemps pour récompenser les meilleures fictions de l'année écoulée.
Voilà donc les Nikkan Sports Drama Grand Prix dédiés aux séries diffusées entre janvier et mars 2013, pour démarrer tranquillement.

Tonbi-TBS

   Meilleure série : Tonbi (TBS)
Yasuo Ichikawa est un homme peu intelligent et au tempérament vif, mais qui, depuis la mort de son épouse, est devenu un papa-poule pour son fils unique Akira, qu'il éduque avec l'aide de ses amis et voisins... mais alors que celui-ci s'apprête à entrer à l'université, Yasuo lui révèle le secret de la mort de sa mère.. A ne pas confondre avec le Tonbi de la NHK l'an dernier, mais on a extensivement couvert le sujet dans un post précédent.

MasaakiUchino

   Meilleur acteur : Masaaki Uchino pour Tonbi (TBS)
Un bonheur n'arrivant jamais seul.

YaenoSakura-300

   Meilleur actrice : Haruka Ayase pour Yae no Sakura (NHK)
Le jidaigeki de la NHK n'a même pas encore achevé son année de diffusion que déjà les statuettes tombent. La série suit Yae Niijima, surnommée la "Jeanne d'Arc de la période Edo", une jeune femme qui, en dépit des efforts de sa mère pour la rendre féminine, va devenir une guerrière légendaire, mais aussi l'épouse d'un homme influent. Entre ses batailles (on dit qu'elle s'est barricadée avec 500 femmes pendant un siège pour défendre son palais), l'utilisation d'armes à feu, un voyage aux Etats-Unis, Yae n'en aura jamais assez. Elle deviendra aussi une des toutes premières infirmières volontaires pendant la guère russo-japonaise.

HirokiNarimiya

   Meilleur acteur secondaire : Hiroki Narimiya pour Aibou (TV Asahi)
En apportant du sang frais à la série au long cours Aibou (11e saison, quand même), l'acteur a fait un bon coup.

MachikoOno

   Meilleure actrice secondaire : Machiko Ono pour Saikou no Rikon (Fuji TV)
Une série dans laquelle un divorce conduit à toutes sortes d'imbroglios amoureux.

Voici à présent le Nikkan Sports Dorama Grand Prix annuel, parce que je sens que vous trouviez que ça manquait.

KaginoKakattaHeya-300

   Meilleure série : Kagi no Kakatta Heya (Fuji TV)
Le surveillant d'une grosse compagnie de sécurité passionné par les serrures est embauché par une avocate pour l'aider à résoudre un cas étrange. Alors qu'elle le suspecte de s'y connaître un peu trop en serrures pour être honnête, elle va progressivement avancer dans l'affaire qui les occupe...

SatoshiOono

   Meilleur acteur : Satoshi Oono pour Kagi no Kakatta Heya (Fuji TV)
Comme ça c'est assorti.

MakiHorikita

   Meilleur actrice : Maki Horikita pour Umechan Sensei (NHK)
Ca change un peu. Umechan Sensei se déroule dans l'après-guerre, et suit le parcours d'une jeune femme mal assurée qui va progressivement se découvrir une vocation de médecin de campagne.

KoichiSatou

   Meilleur acteur secondaire : Koichi Sayou pour Kagi no Kakatta Heya (Fuji TV)
Et rebelotte.

ErikaToda

   Meilleure actrice secondaire : Erika Toda pour Kagi no Kakatta Heya (Fuji TV)
Vous commencez à voir se dessiner une tendance...

Un peu monomaniaque, le Nikkan Sports Dorama Grand Prix ? Allons donc, si peu !
Histoire de varier les plaisirs, voici donc les Television Dorama Academy Awards, qui eux, se limitent à seulement quatre remises de récompenses par an. Où vous allez voir que finalement, le résumé est vite fait aussi, mais différent. Rappelons que les Television Dorama Academy Awards sont remis par les lecteurs du magazine The Television.

SaikounoRikon-300

   Meilleure série : Saikou no Rikon (Fuji TV)
Kousei est en train de divorcer de sa femme Yuuka, avec laquelle il est profondément incompatible (mais hélas il leur aura fallu endurer 2 ans de mariage pour le découvrir). C'est à ce moment-là que son ex de l'époque de la fac réapparait. Elle s'est depuis mariée avec un type qui continue d'avoir des aventures, et n'est pas non plus heureuse en ménage...

SaikounoRikon-300

   Meilleur acteur : Eita pour Saikou no Rikon (Fuji TV)
Tout à gauche sur la photo.

KyoukaSuzuki

   Meilleur actrice : Kyouka Suzuki pour Yarou Karansha (TBS)
En emménageant dans un endroit huppé, Mayumi pensait que sa vie allait changer pour le mieux, mais entre sa fille qui tourne mal et les maltraitances verbales du voisinage, ce n'est pas le cas. Il y a en revanche une famille où tout semble aller bien, mais un jour, le père est assassiné, puis l'un des fills disparait. Cependant, la police se demande progressivement si cela signifie que c'est le fils le coupable... Je précise que la couleur jaune vient du matériel promo de la série !

KotarouYoshida

   Meilleur acteur secondaire : Kotarou Yoshida pour Karamazov no Kyoudai (Fuji TV)
Dans un cast très masculin, puisque la série est basée sur l'oeuvre de Dostoievski, la performance n'est pas anodine. Yoshida interprétait apparemment le père des trois frères Karamazov.

SaikounoRikon-300

   Meilleure actrice secondaire : Machiko Ono pour Saikou no Rikon (Fuji TV)
Comme on se retrouve ; sur la photo de promo, Machiko est l'actrice habillée en blanc.

SaikounoRikon-300

   Meilleur scénariste : Yuuji Sakamoto pour Saikou no Rikon (Fuji TV)
On lui doit toutes sortes d'autres séries comme Last Christmas, Mother ou Soredemo, Ikite Yuku. Oui, j'ai réussi à recaser Mother dans post sur l'actualité nippone.

SaikounoRikon-300

   Meilleur réalisateur : Rieko Miyamoto, Michiko Namiki, et Yuusuke Katou pour Saikou no Rikon (Fuji TV)
Vous m'arrêtez quand je commence à me répéter.

SaikounoRikon-300

   Meilleur générique : Saikou no Rikon (Fuji TV)
A croire que les lecteurs du magazine The Television ont aimé la série. Ce qui est intéressant parce que ses audiences n'ont pas non plus été exceptionnelles.

AustralianDirectorsGuildAwards-2013

Il y en a un peu plus, je vous le laisse ? Car en Australie aussi, les personnalités de la télévision ont eu droit à leur petite statuette, ya pas de raison. Les Australian Directors Guild Awards étaient en effet remis un peu plus tôt ce mois-ci. C'est d'ailleurs intéressant de se pencher sur des awards portant sur des angles plus "techniques", je devrais le faire plus souvent.

RedfernNow-300

   Best Direction in a TV Drama Series : Rachel Perkins pour Redfern Now (ABC1)
Récompensée pour l'épisode "Pretty Boy Blue", 6e et dernier épisode de la saison 1.

DevilsDust-300

   Best Direction in a TV Mini Series : Jessica Hobbs pour Devil's Dust (ABC1)
La réalisatrice a dirigé les deux épisodes de la mini-série sur le scandale australien de l'amiante.

DanceAcademy-300

   Esben Storm Award - Best Direction in a Children’s TV Program : Daniel Nettheim pour Dance Academy (ABC3)
Récompense remise pour l'épisode 2x25, "The Second". Une maigre consolation pour les jeunes fans de la série, dont ils ont appris que la 3e saison, déjà écourtée puisque la commande était passée de 26 à 13 épisodes, serait la dernière.

HomeandAway-300

   Best Direction in a TV Drama Serial : David Gould pour Home & Away (Ten Network)
Les soaps aussi peuvent être réussis techniquement ! C'est l'épisode n°5438 qui lui a valu ce prix.

Danger5-300

   Best Direction in a TV Comedy : Dario Russo pour Danger 5 (SBS)
Où les idées originales et le goût du retro l'emportent sur la qualité du résultat final. Tentez quand même de jeter un oeil à Danger 5 si ce n'est pas encore fait, car un bon rire vaut un bon bifteck, et le prix de la viande de boucher est devenu hallucinant.

J'ai hésité à remonter jusque début avril avec les Logies, mais comme à l'époque j'étais de toutes façons en hiatus, on ne va pas commencer à retourner jusqu'en mars pour le plaisir de couvrir l'info. Disons donc qu'on est quittes. En plus, vous avez déjà laaargement de quoi faire si vous cherchez l'inspiration dans les cérémonies de la planète !

Sur ce, je vous laisse, j'ai un second post à publier aujourd'hui. On ne va d'ailleurs pas s'arrêter de voyager pour si peu !

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24 avril 2013

Charmantes nymphes

MonteCarlo2013

Ce n'est pas sans me frotter les mains que je me permets de faire une pause dans cette semaine spéciale dédiée à Séries Mania. Promis, le prochain post sera à nouveau consacré à l'évènement, mais d'abord, je veux partager avec vous les nominations du Festival de Monte-Carlo, qui se tiendra du 9 au 13 juin prochain dans la Principauté.

Rappelons que, comme un grand nombre de récompenses internationales, les nominations reposent sur des candidatures spontanées de la part des productions ; ce n'est donc pas nécessairement représentatif de la production d'un pays donné que de voir certaines fictions figurer dans cette liste, mais cela permet par contre de dénicher quelques pépites qui, autrement, seraient passées sous nos radars. Une formidable occasion de faire des découvertes, donc !
N'hésitez pas à cliquer sur les images pour les agrandir, et découvrir à quelle série elles correspondent.

Broadchurch Carta a Eva World WithoutEnd Die Holzbaronin Hořící Keř Hatfields& McCoys

MonteCarlo-Icon Meilleure mini-série :
- Die Holzbaronin (Allemagne)
- World Without End (Allemagne)
- Carta a Eva (Espagne)
- Altri Tempi (Italie)
- Made in Japan (Japon)
- Hořící Keř (République Tchèque) - note : projetée à Séries Mania sous le titre Burning Bush
- Broadchurch (Royaume-Uni)
- Dancing on the Edge (Royaume-Uni)
- Hatfields & McCoys (USA)

Love/Hate Borgen Breaking Bad Vermist Capadocia Hatsukoi

MonteCarlo-Icon Meilleure série dramatique :
- Vermist (Belgique)
- Bomb Girls (Canada)
- Borgen (Danemark)
- Forbrydelsen (Danemark)
- Love/Hate (Irlande)
- Hatsukoi (Japon)
- Capadocia (Mexique)
- The Blue Rose (Nouvelle-Zélande)
- Downton Abbey (Royaume-Uni)
- Doctor Who (Royaume-Uni)
- Breaking Bad (USA)
- Homeland (USA)

Crimi Clowns Les Parent Lazy Company Fresh Meat 30 Rock Lowdown

MonteCarlo-Icon Meilleure comédie :
- Die Kirche bleibt im Dorf (Allemagne)
- Lowdown (Australie)
- Crimi Clowns (Belgique)
- Les Parent (Canada/Québec)
- Fais pas ci, Fais pas ça (France)
- Lazy Company (France)
- Fresh Meat (Royaume-Uni)
- Red Dwarf X (Royaume-Uni)
- 30 Rock (USA)
- Modern Family (USA)

Dr House Les Experts: Miami The Mentalist

MonteCarlo-Icon Prix de l'audience TV internationale - Drama :
- Dr House (USA)
- Les Experts: Miami (USA)
- The Mentalist (USA)

Mr Bean The Big Bang Theory Two and a Half Men

 MonteCarlo-Icon Prix de l'audience TV internationale - Comédie :
- Mr Bean (Royaume-Uni)
- The Big Bang Theory (USA)
- Two and a Half Men (USA)

Eva Luna Amour, Gloire et Beauté Le Casa de al Lado

 MonteCarlo-Icon Prix de l'audience TV internationale - Soap :
- Amour, Gloire et Beauté (USA)
- La Casa de al Lado (USA) - note : diffusée par France Ô à partir du mois prochain
- Eva Luna (Vénézuéla/USA)

Quelques petits détails à noter.
D'abord, c'est une nouvelle année de nomination consécutive pour certaines séries : Vermist, Downton Abbey, Fresh Meat, Fais pas ci, Fais pas ça, ou Modern Family ; au rayon des audiences internationales, Les Experts: Miami et Amour, Gloire et Beauté récidivent également. Heureusement que les telenovelas, avec leur durée de vie limitée, s'assurent d'un renouvellement régulier des succès sud-américains dans le monde ! On salue aussi la présence dans ces nominations de Mr Bean, qui parvient à se placer sur le podium des séries les plus diffusées... 23 ans après avoir fait ses débuts à la télévision britannique (un résultat qui découle, me précise le service de communication, des calculs d'audience effectués par Eurodata Mediametrie). Borgen, après une année d'absence dans les nominations, fait par contre un retour. Il est plus surprenant en revanche de voir des séries apparaitre dans cette liste cette année, alors qu'elles sont loin d'être nouvelles à la télévision, comme Doctor Who, même si, sûrement, son succès international exponentiel facilite la sélection.
Ensuite, il faut bien admettre que le système du festival pour définir une mini-série est de toute évidence mis à mal par les réalités de l'industrie : "Une Mini-Série est un programme de fiction dont le scénario s’étend sur un nombre limité d’épisodes. Format: de 2 à 8 épisodes / durée comprise entre 40 à 60 minutes", précise le site. Hélas, la mini-série a aussi une dimension non-renouvelable, ce que rien ne précise dans les règles. C'est ainsi que Bomb Girls, nommée l'an dernier comme mini-série, a été renouvelée plusieurs semaines avant l'annonce des nominations pour une seconde saison ; elle est nommée cette année parmi les séries dramatiques "normales" ; la même chose vient de se reproduire avec Broadchurch qui a été renouvelée juste avant l'annonce des nominations.
Enfin, CRIMI CLOWNS !!! That is all.

Comme toujours, n'hésitez pas à user et abuser des tags (ils adorent ça), puisque de nombreuses séries de cette sélection ont déjà été évoquées dans ces colonnes !
Dans le prochain épisode de la rubrique Love Actuality, on parle de récompenses turques, alors ne vous éloignez pas trop.

22 avril 2013

Facultés d'adaptation (director's cut)

BlogFestivalSeriesMania

Cet après-midi, à Séries Mania, se tiendra un débat sur le thème "Adaptations, remakes et reboots : les séries sont-elles toujours aussi créatives ?", dont vous pouvez lire les problématiques sur le programme de Séries Mania.
Dans la formulation, le point de vue est clairement celui des séries américaines, sous-entendant par là que les séries US (notamment de network ; même si de nombreux projets du câble tendent à relativiser cette croyance ces dernières années) sont particulièrement sujettes au remake, à l'adaptation et au reboot. Du coup, je me suis dit qu'en marge de ce débat, j'allais vous parler... eh bien, du reste du monde, les habitudes ayant la vie dure.

Ces termes sont particulièrement connotés négativement dans notre imaginaire (on leur oppose l'innovation et l'originalité), ce que souligne, d'une façon générale, la formulation choisie pour la présentation de la table ronde. Loin de moi l'idée de prétendre que ces séries ressorties des cartons ou des catalogues des pays voisins sont systématiquement d'une folle originalité, mais cet instinct est peut-être un peu limité : l'adaptation et le remake ont parfois leurs vertus. Et pendant qu'inlassablement on débat de l'originalité de la télévision américaine, on oublie parfois que l'adaptation et le remake sont loin d'être des pratiques propres à la télévision US ; de ce fait, elles couvrent des réalités très diverses.

En effet, aux USA, la reprise de séries étrangères et/ou passées remplace le concept d'acquisition, tandis que dans la plupart des pays du monde, l'adaptation et le remake complètent les politiques d'acquisitions. Cette différence majeure explique que la démarche d'acquérir les droits d'une série pour en proposer une version locale n'a pas forcément les mêmes implications dans le panorama télévisuel d'un pays donné.
Promenons-nous donc parmi quelques adaptations récentes venues des quatre coins de la planète, et observons les différentes réalités qu'elles couvrent.

ObratnaiaStoronaLuny

Apprendre en copiant

Diffusée fin 2012,
Obratnaia Storona Luny ("dark side of the moon", les Russes étant moins familiers de Bowie que de Pink Floyd) reprend l'histoire de Life on Mars. Vu qu'assez peu de séries britanniques sont, pour le moment, adaptées ailleurs qu'aux États-Unis, ce cas peut sembler exceptionnel, mais rappelons que la Russie est coutumière des adaptations.

Le pays a, depuis environ le début des années 2000, déployé un goût prononcé (qui a dit douteux ?) pour les remakes. Mais jusque là, le phénomène s'était cantonné aux comédies (nord-américaines) et aux telenovelas (sud-américaines), donnant néanmoins des résultats souvent très probants au niveau des audiences, même si je ne souhaite à personne de voir un épisode de
Maia Prekrasnaia Niania, pas même à mon pire ennemi. Cela a conduit les grilles russes à être dominées, pendant plusieurs années, par des comédies et des soaps. C'était vrai à plus forte raison sachant que les séries dramatiques russes ont une nette propension à calquer leur format sur celui des mini-séries (les séries policières, comme souvent, faisant figure d'exception de par leur formule déclinable à l'envi). Les comédies, en revanche, sont inspirées de sitcoms américains ayant aisément franchi la centaine d'épisodes dans leur pays natal, et de telenovelas qui par définition ont également un nombre d'épisodes conséquent, et il y a donc du matériel pour longtemps ; du fait d'une structure généralement peu exigeante en termes de production value, les épisodes peuvent de surcroît être fabriqués "à la chaîne" en un temps record, c'est donc vraiment tout bénef !
En conséquence de quoi, il n'est pas rare qu'en Russie, pour un sitcom, une saison d'une vingtaine d'épisodes soit diffusée en quotidienne pendant quelques semaines, et qu'une autre saison la suive quelques mois plus tard : pourquoi diffuser une saison par an quand on peut en diffuser une tous les 6 mois en bossant vite fait ?

Adapter des formats d'une demi-heure a donc modifié le panorama russe, créant une nouvelle façon de produire (plus d'épisodes, plus de saisons) qui n'était pas dans les habitudes locales plus tôt. Le processus a été décrit dans
Exporting Raymond, documentaire qui montre le passage de Tout le monde aime Raymond à la moulinette d'un network russe ; l'expérience a d'ailleurs prouvé que le pilote de Voroniny, l'adaptation en question, n'a pas nécessairement été affligeant, ce qui prouve que le modèle a du bon non seulement d'un point de vue commercial, mais aussi qualitatif.
Bonus non-négligeable, les adaptations russes de sitcoms américains, qui semblent parfois risibles à un regard extérieur (et pas forcément à tort...), ont permis de former une génération complète d'auteurs de télévision russes à la comédie télévisée, qui jusque là, sans en être absente, restait marginale. Grâce à ces copycats, le paysage télévisuel russe s'est transformé ; à force de copier des œuvres originales (avec l'aide, bien souvent, d'auteurs ou producteurs de la série d'origine, faisant alors office de formateurs), la Russie a fait évoluer son marché intérieur.

Depuis quelques années, désormais, la Russie s'intéresse aux formats plus longs, et aux productions dramatiques plus ambitieuses. Ainsi était née, en 2010,
Pabieg, adaptation de Prison Break pour Perviy Kanal, et ainsi est née, il y a quelques mois, donc, Obratnaia Storona Luny, toujours sur la première chaîne.
Le cheminement reste strictement le même que celui qui a présidé à la commande d'adaptations de comédies : comme on sort de l'argent pour acheter les droits, ainsi que pour acheter également les scripts clé en main, on s'attend à rentabiliser l'investissement ; adapter des séries dramatiques étrangères se fait donc souvent avec l'espoir de les diffuser sur plusieurs saisons. L'adaptation, en Russie, ouvre donc une fois de plus la porte à des mutations du marché télévisuel national et de ses pratiques, puisqu'en-dehors des séries policières, le renouvellement de séries dramatiques originales était plutôt marginal jusque là. Production coûteuse,
Pabieg n'a pas tout-à-fait rencontré le succès espéré, et "seulement" deux saisons ont vu le jour (pas trouvé de trace d'une troisième qui serait en production, et les critiques semblent encourager Perviy Kanal dans ce sens). La raison se logeait dans sa production un peu pauvre comparée à l'originale, et son manque d'intérêt dans le contexte russe.

Ca a vraiment bien marché en revanche pour
Obratnaia Storona Luny cet hiver. Le succès de cette série est dû à plusieurs facteurs, inhérents à la question de l'adaptation. Ce n'est pas simplement une question d'acteurs ou de moyens qui a permis l'enthousiasme du public, même si l'acteur principal se débrouille plutôt bien et parvient à faire oublier John Simms (si-si, je vous jure). Ce qui a fait la différence, c'est bien l'équilibre trouvé entre savoir-faire étranger et capacité d'adaptation au contexte culturel de la Russie. Dans le cas d'Obratnaia Storona Luny, repartir dans en 1979 n'a évidemment pas le même sens pour un Russe que pour un Britannique, et la série a dû utiliser les spécificités de l'Histoire russe ; il fallait donc adapter le contexte d'origine à celui, plus complexe, de la Russie soviétique, et cela, le simple achat de script ne peut le couvrir. Obratnaia Storona Luny a donc usé des talents des auteurs russes pour la fiction historique (vaste question, il est vrai) afin d'offrir une œuvre profondément ancrée dans le contexte russe. A partir de là, l'aspect nostalgique (qui a fait le succès de Vosmidesiatye plus tôt en 2012) a sans aucun doute joué. A ce travail de fond s'ajoutait l'apport du savoir-faire britannique : la production a reçu l'aide d'un producteur de la BBC envoyé comme consultant. Le résultat, c'est une série russe qui se place aisément dans le haut du panier des séries dramatiques de par sa production value.

Et cela, il faut le noter, alors que le public russe a déjà vu
Life on Mars (sous le titre de Jizn na Marsie), avec des audiences décentes, mais pas épatantes. Ici, clairement, Obratnaia Storona Luny a été un succès (leader de sa case horaire sur Perviy Kanal), et a d'ailleurs été renouvelée pour une seconde saison, même si on ignore pour le moment quand elle sera diffusée.
C'est d'ailleurs le cas de toutes les séries étrangères adaptées par les chaînes russes jusqu'à présent : elles ont déjà été diffusées sur le sol russe par le passé ; on voit bien la différence avec les USA, qui adaptent ce qu'ils savent pertinemment qu'ils ne diffuseront jamais. Et ça n'a pas du tout l'air de déranger les spectateurs russes de voir deux fois des histoires similaires... peut-être parce que, depuis le temps, ce public perçoit que, dans les changements induits par la naturalisation d'une série, on peut trouver de nouvelles raisons de suivre une même histoire.

GalipDervis

Le besoin et l'envie

Lancée le mois dernier, 
Galip Derviş est l'adaptation turque de Monk, sur la chaîne Kanal D (un "derviş", qui se prononce derviche, est un... moine). Ce qui est intéressant en Turquie, c'est que, contrairement à la Russie, le rayonnement des séries turques est indubitable (pour vous en assurer, vous pouvez relire la première partie de ce post). La télévision turque connaît actuellement un véritable âge d'or, et n'a pas vraiment besoin d'adaptations dans ses grilles.
Pourtant, loin de mettre tous ses œufs dans le même copieux panier, la chaîne Kanal D a décidé, en marge de ses séries originales loin d'être dans les choux, de commander un nombre croissant d'adaptations, et d'adaptations de séries américaines de préférence :
İntikam (pour Revenge, souvenez-vous), Umutsuz Ev Kadinlari (pour Desperate Housewives, là encore, rappelez-vous, j'avais comparé les deux pilotes) et désormais Galip Derviş, donc, font quelques belles heures de télévision sur le sol turc. Pour l'anecdote, on note très peu d'adaptations de séries autres qu'américaines, à l'exception de 1 Erkek 1 Kadin, versions turque d'Un gars, Une fille (née sur la chaîne du satellite TürkMax, et reprise l'an dernier par le network Star TV).

Ce qui est intéressant, c'est que la Turquie mise avant tout sur des séries "légères" pour ses adaptations : les vraies séries dramatiques, les créations originales s'en chargent. Par contre, quant il s'agit des comédies, des dramédies et des primetime soaps, là, ok, on veut bien prendre des concepts étrangers. En gros, les Américains, on les aime bien, mais pour divertir la famille au sens large et/ou les ménagères ; pour des séries complexes, des reconstitutions historiques méticuleuses, des dramas sombres et des thrillers virils, on va se débrouiller nous-mêmes avec nos scénaristes, merci, on a tout ce qu'il nous faut.
Une position originale, sachant qu'il est généralement moins facile d'adapter des comédies et de trouver le succès (problème d'humour culturel) : dans une majorité de pays de la planète, un remake de comédie américaine est souvent voué à l'échec en termes d'audiences. Qui plus est, quand on sait que les Turcs produisent déjà plein de soaps à succès, qui eux-mêmes se regardent dans toute la région, voire plus, on ne peut pas dire que les chaînes turques soient à la traîne de ce coté-là, ni aient besoin d'aller acheter les scripts des copains.

Alors pourquoi le faire ? Explication en trois étapes :
- à la différence des Russes, les Turcs pourraient très bien se passer d'adaptations, donc. Mais les séries étrangères sont jugées divertissantes (avec une dimension peut-être légèrement péjorative), au sens où un spectateur turc n'attend pas grand'chose d'une fiction américaine. Ça se regarde sans y penser, quand le public a tendance à s'investir dans une série nationale ;
- à la différence des Russes également, les Turcs ne tiennent pas avec ces remakes leurs plus gros succès d'audiences, et s'accommodent fort bien de cela ; à titre d'exemple,
Galip Derviş est diffusée trois fois par semaine (un inédit le jeudi à 23h, rediffusé ensuite le samedi après-midi et le dimanche matin) ; la série permet en outre à Kanal D de proposer une fiction originale sans redouter de se faire écraser par la grosse production que la chaîne publique TRT1 diffuse le jeudi soir à 22h50, Şubat, et qui attire un public plus exigeant : l'échec est moins cuisant si l'investissement initial est minime.
- enfin, à la différence des Russes encore, le public turc n'a pas souvent vu la série d'origine ;
Revenge n'est par exemple pas encore diffusée en Turquie, et vu que désormais c'est par İntikam que les spectateurs turcs ont pris connaissance du revengenda, il y a fort à parier que ce n'est pas pour tout de suite. Ou comment un network américain très désireux de vendre des droits d'adaptation à tout le monde (jurisprudence Desperate Housewives) a trouvé le partenaire parfait avec une chaîne turque désireuse de ne rien diffuser d'étranger en primetime.
Conclusion : les adaptations de séries étrangères sont, en fin de compte, plus ou moins des projets "bouche-trou" : ils font des audiences décentes, mais pas explosives, et on ne leur en demande pas tant de toute façon. Ils sont là à la fois pour offrir une programmation non-importée facile à produire (le travail de développement étant simplifié, par définition) et facile à diffuser à peu près quand on veut. Ça coûte peu cher, c'est flexible, ça a fait ses preuves, et de toute façon, le public ne s'y attachera pas, c'est juste pour passer le temps.
Les adaptations, les Turcs n'en ont aucun
besoin. Mais il semblerait que le public en ait envie, pour varier leur menu télévisuel, et pour les chaînes, ces mêmes adaptations servent de tampon dans les grilles. C'est aussi simple que cela.

Dans le cas de
Galip Derviş, la production turque reprend les ingrédients, jusque dans l'accompagnement musical, de la série Monk. Le copier-coller est flagrant (et évidemment assumé), à une nuance près : la version turque dure 90 minutes, comme toutes les séries turques...

Aaf

Refaire pour comparer ?

Dans le domaine de la comédie cette fois, parlons d'
Aaf!, l'adaptation aux Pays-Bas du sitcom Rosanne, sur RTL4. La chaîne néerlandaise n'en est pas à son coup d'essai en la matière : il y a quelques mois, elle avait par exemple lancé Golden Girls, l'adaptation, vous l'aurez deviné, de la série américaine des années 80 quasi-éponyme. Par le passé, elle a également adapté Tout le monde aime Raymond sous le titre Iedereen Is Gek Op Jack ; chez RTL Boulevard (on reste en famille, donc), on ambitionne d'ailleurs d'adapter La croisière s'amuse dans un avenir très proche.

Sur le papier,
Aaf! est tout ce qu'on redoute dans une adaptation d'un sitcom américain commençant légèrement à prendre de l'âge : une comédienne locale connue (Annet Malherbe, que les spectateurs français ont eu l'occasion de voir dans la série Gooische Vrouwen, alias Jardins secrets) à qui on offre un rôle qui a fait ses preuves et que tout le monde connaît. Le résultat est généralement kitschissime, car il n'est pas rare qu'au nom de la prétendue identité de la série originale, ou, au mieux, au nom de la nostalgie, la nouvelle série ressemble à s'y méprendre à la série originale, en dépit du fait qu'elles aient plusieurs décennies d'écart. Golden Girls, la série néerlandaise, avait exactement ce tort, qu'avait également la version espagnole, La Chicas de Oro (un gros bide pour La 1 en 2010) : pourquoi refaire une série des années 80 à l'identique quand des rediffusions suffiraient ?

La différence, c'est peut-être qu'
Aaf! est une adaptation intelligente d'une série qui ne l'était pas moins. La version néerlandaise (qui est à l'heure actuelle le seul remake officiel de la série Roseanne de par le monde) ne cherche absolument pas à faire mine de se dérouler dans les années 80/90, le pilote commençant même par une dispute entre les enfants autour de l'ordinateur, des réseaux sociaux et d'un iPhone, histoire de mettre les choses au point très vite. L'idée motrice de cette adaptation est avant tout de reprendre le sujet de Roseanne, et non son identité au sens strict, et ainsi de suivre les Jansen, une famille modeste... mais pas ouvrière. Eh oui, les réalités ayant changé depuis 1988, l'héroïne ne travaille plus sur une chaîne de montage, mais dans un call center. Les problèmes rencontrés par Annet Jansen et les siens sont les mêmes, touchant les spectateurs de la classe moyenne directement dans leur quotidien. Résultat : excellentes audiences, et surtout, la preuve qu'une adaptation n'est pas obligée de singer l'original.

Roseanne était une série engagée ? Le processus par lequel Aaf! a pris sa forme finale, et la comparaison entre l'original et l'adaptation, le sont tout autant : pour les classes très moyennes, tout change, et rien ne change. La crise reste la crise.

TonbiNHK

Valeur ajoutée

Un cas de figure que nous n'avons pas encore abordé est celui du remake à l'intérieur-même des frontières (qui est certainement le plus lourd reproche adressé aux séries américaines s'y risquant). Le Japon, parmi quelques autres, est friand de ce procédé, et l'a montré de façon plutôt éclatante ces derniers mois avec
Tonbi, un roman de Kiyoshi Shigematsu publié en 2008, dont deux adaptations différentes ont été diffusées à un an d'intervalle sur les écrans nippons.
Tonbi, l'histoire d'un père très modeste qui élève seul son jeune fils à qui il veut offrir le meilleur, emprunte toutes les recettes d'un drama familial émouvant et optimiste. Mais il se double aussi d'une dimension historique puisque tout commence dans les années 60, alors que le fils a trois ans ; l'histoire suit celui-ci jusqu'à l'adolescence.

En janvier 2012 d'abord, la NHK propose un tanpatsu (un téléfilm, ou téléfilm en deux parties dans le cas présent), qui trouve un succès critique incontestable ; c'est tout-à-fait le genre de séries que propose volontiers la chaîne publique, et qui lui confère son excellente réputation en matière de séries, bien que les audiences ne suivent pas toujours.
C'est le cas ici, car assez peu de spectateurs japonais ont regardé les deux volets, en dépit d'une diffusion à une heure de très grande écoute, le samedi à 21h. Il n'empêche : salué pour sa qualité, le
Tonbi de NHK (photo ci-dessus) va faire une jolie carrière internationale, et obtiendra d'ailleurs le prix de la Meilleure mini-série au festival de Monte-Carlo quelques mois plus tard.

Le succès à la fois du roman, mais surtout de l'adaptation qu'en fait NHK, n'échappe pas à TBS, qui met en chantier séance tenante sa propre adaptation, avec la rapidité propre à l'industrie télévisuelle japonaise. Rappelons que tous les trois mois, les chaînes japonaises changent intégralement leurs grilles de fictions (à l'exception de deux cases horaires pour la NHK qui ont respectivement un rythme semestriel et annuel), et lancent donc de nouveaux projets de séries tous les trimestres. Lancer un remake en un temps record ? Ça n'a rien d'une exception. Moins friande de tanpatsu familial, TBS opte de son côté pour un format plus classique, le renzoku : une dizaine d'épisodes diffusés hebdomadairement pendant la saison hivernale, de janvier à mars 2013, donc, le dimanche à 21h, case convoitée s'il en est, et parmi les rares dans les grilles japonaises à mettre en concurrence plusieurs fictions.

A ce stade on pourrait penser que le public japonais, qui n'avait pas accroché en masse à la première adaptation de NHK, ne va pas tellement se précipiter pour assister au remake. C'est oublier que la machine TBS connaît son affaire : le cast est irréprochable, le générique de sa version de
Tonbi est interprété par un chanteur très populaire, et ainsi de suite, bref tout est fait pour attirer un large public... et c'est effectivement ce qui se produit, avec des audiences deux fois plus importantes que pour le Tonbi de NHK dans une case pourtant plus difficile ! Le public est venu en masse, mais encore fallait-il le garder ; ça a été le cas, et même mieux : au termes de la diffusion, le 10e et dernier épisode a rassemblé 20% des parts de marché, un score devenu rare à la télévision nippone. Avec Tonbi, TBS a tenu son plus grand succès de la saison, avec une série qui n'avait rien d'inédit, mais qui, par la bonne combinaison de marketing intelligent et, évidemment, de qualité, a su toucher les spectateurs... D'ailleurs, la version 2013 de Tonbi a décroché deux récompenses aux Nikkan Sports Drama Grand Prix (un prix décidé par le vote des lecteurs de la revue Nikkan Sports), il y a quelques jours : un comme Meilleure Série, l'autre comme Meilleur acteur pour Masaaki Uchino.
En fait, TBS a démocratisé la recette initiale de
Tonbi : sans en dénaturer les qualités, la chaîne s'est appropriée le sujet pour en faire un vrai rendez-vous grand public, quand celui-ci était passé à côté d'une première version plus confidentielle. Une jolie vertu pour un remake, non ?

InTherapyAllStars-Legendes

Traitement local

Mais ces dernières années, le champion toutes catégories de l'adaptation, c'est
BeTipul. Les autres séries peuvent rentrer chez elles, il n'y a pas de match.
Le drama israélien a été adapté dans une liste de pays longue comme le bras : les États-Unis, bien-sûr, avec
In Treatment sur HBO (ce qui a permis à HBO Central Europe de sortir quatre versions locales, dont Terápia en Hongrie, et În Derivã en Roumanie), mais aussi aux Pays-Bas avec In Therapie, au Brésil avec Sessaõ de Terapia, en Argentine avec En Terapia, ou, plutôt sympathique pour nous autres francophones, En Thérapie au Québec. La liste est loin d'être exhaustive, et ça donne la montage ci-dessus, avec une tripotée de thérapeutes aux quatre coins de la planète, et je ne compte même pas les patients. Et je vous dis ça sans compter Shinryouchuu, version japonaise "inspirée de" BeTipul (traduction : j'ai pas voulu payer pour les scripts), tournée sur le monde du lycée.
Dernière victime en date de cette épidémie : l'Italie, qui s'y colle depuis quelques semaines sur Sky Italia, avec...
In Treatment, parce que pourquoi faire compliqué ?

La tactique adoptée pour la revente des droits par les Israéliens est assez différente de celle de la plupart des séries : il s'agit de chercher des interlocuteurs à portée limitée (chaînes du câble ou du satellite, par exemple ; ou dans le cas du Québec, à portée locale et non nationale), de façon à maintenir une certaine demande : la série est bonne, mais elle n'est pas facilement accessible dans une région donnée. Mieux que ça encore : le format ne coûte rien à produire (pour schématiser : un canapé et un fauteuil, et on est partis), est déclinable à l'infini dans une grande variété de langues (la preuve).
BeTipul n'a, de surcroît, presque jamais été diffusée à l'étranger (il me semble qu'une obscure chaîne câblée diffusant des programmes en hébreu l'a montrée aux USA, mais je vous dis ça de mémoire), et mise sur le fait que personne ne peut/veut acheter les droits de diffusion. De ce fait, pour les pays dans lesquels elle est adaptée, la série fait figure d'inédit total.
Il faut dire que non seulement son sujet, mais sa structure également, s'accommodent assez peu des contraintes des grandes chaînes. Même si l'on met de côté son aspect claustrophobique pas franchement avenant pour le très grand public, le format de
BeTipul repose sur une série d'entretiens diffusés de façon quotidienne : du lundi au jeudi, le personnage du psy reçoit ses patients, et le vendredi, c'est lui-même qui suit une thérapie. Combien de grandes chaînes se lanceraient dans pareil défi à une heure de grande écoute, à un échelon national, et en quotidienne ?
D'autant que le cahier des charges de
BeTipul est d'une inflexibilité incroyable : à l'instar de la plupart des séries israéliennes adaptées à l'étranger, la production est très regardante dans ce qui est fait dans chaque pays adaptant les droits, et il est frappant de constater à quel point les diverses versions reprennent tous, plan par plan, le même schéma. Les scénaristes locaux ont une marge de manœuvre extrêmement limitée.

Mais malgré la rigidité apparente de son principe comme de ses modalités,
BeTipul, c'est aussi une série extrêmement adaptable, tout simplement parce qu'il est très simple de modifier un seul personnage pour lui donner une couleur locale. Ainsi, dans la version originale, l'un des patients de la première saison est un soldat israélien impliqué dans le conflit palestinien ; dans la version américaine, ce même soldat devient un GI qui a fait l'Irak. Dans le In Treatment italien, il n'y a plus de soldat, mais un policier travaillant en immersion sur une affaire mafieuse, et ainsi de suite. A côté de ce personnage, le couple en crise ou l'adolescente suicidaire sont suffisamment universels pour ne pas nécessiter l'intervention lourde de scénaristes dans les pays adaptant la série, ce qui simplifie d'autant le processus d'adaptation et donc de développement.

Contrairement aux exemples précédents, les multiples adaptations de
BeTipul ne s'insèrent dans aucune tendance, aucune mode dans un pays donné : c'est l'inverse. Le drama israélien est celui qui part à la conquête de la planète, et non le produit qui vient combler un besoin. Le besoin est créé autour de la série, de son procédé original, de son ton unique, et n'est pas déclinable au-delà de la seule franchise BeTipul par les chaînes qui en font l'acquisition.


L'adaptation et le remake sont-ils pure paresse ? Ce n'est donc pas toujours si simple. Osons le dire,
parfois, les remakes, adaptations et reboots ont même carrément du bon...

15 février 2013

A la mode de chez eux

Ah, la mode ! Univers glamour par excellence ! ...Et pourtant, assez peu de séries ont décidé de prendre cet univers pour contexte, ce qui m'a toujours étonnée, car il semble prédestiné que des soaps y trouvent aisément matière à des intrigues à n'en plus finir (mais je suis peut-être tombée sur trop d'épisodes d'Amour, Gloire et Beauté...?). Heureusement, l'oubli est en passe d'être réparé, alors que cette année, plusieurs séries dans le monde ambitionnent de se pencher sur l'univers des maisons de couture. Ouf !
Evidemment, on pourrait mentionner les quelques projets américains sur le sujet, comme Dress to Kill, un thriller/soap pour ABC, qui se propose d'associer un whodunit à l'univers de la haute-couture new-yorkaise, ou Scarlatti, pour FOX cette fois, dans laquelle une famille tente de conserver le prestige de son empire de la mode. Mais de projet il ne sera pas vraiment question aujourd'hui, puisque je vous propose de parler de séries concrètes, à l'existence bel et bien confirmée, et non de plans sur la comète.

Et pour lancer les hostilités, ce soir, la chaîne sud-africaine SABC1 diffuse le pilote d'une nouvelle série dramatique, Tempy Pushas, qui fait le choix de se dérouler dans ce contexte. Sauf que, loin de l'expérience que nous avons pu avoir récemment avec Jane by Design, la série dramatique (pour laquelle 26 épisodes sont prévus) a décidé à la fois de tirer partie des intrigues inhérentes au milieu, et d'y ajouter une dimension plus sociale.

TempyPushas

Tempy Pushas met donc en scène trois orphelins, des amis d'enfance venus des townships, qui, devenus adultes, se retrouvent plongés dans l'univers de la haute-couture sans vraiment l'avoir voulu ni provoqué ; ils vont se confronter à la réalité pas toujours très reluisante d'un univers pourtant célèbre pour son luxe et son style de vie glamour. Mais derrière les paillettes et les drapés, il y a aussi beaucoup de vice et de haine... Kuti, X et Ngulube, liés entre eux par leur enfance défavorisée, pourront-ils rester loyaux les uns envers les autres, alors qu'ils sont confrontés à la cupidité et l'orgueil des puissants ainsi qu'à leurs propres démons ?

Toute la problématique de Tempy Pushas, derrière l'incontournable exploitation d'un univers agréable à l'oeil avec ce qu'il impliquée d'inévitable population richissime (sans compter les quelques intrigues amoureuses), est donc de voir comment l'esprit et la culture des townships peut survivre aux tentations d'une industrie déconnectée du réel. Derrière les aspects soapisants évidents (qui évoquent un peu l'expérience vécue devant Known Gods), il s'agit donc bel et bien de parler de fracture sociale.
On est sur la première chaîne publique après tout, dont c'est aussi la vocation. Bien qu'étant plus particulièrement orientée vers les adolescents et les jeunes adultes, Tempy Pushas n'a pas beaucoup de points communs avec des séries faites pour rêver ; d'ailleurs, c'est un signe qui ne trompe pas : ses héros sont trois jeunes hommes... le risque de se faire envoûter par trois bouts de tissus chics et quelques breloques est donc minime, pour reprendre la comparaison avec Jane by Design.
A l'instar d'Intersexions (qui a débuté sa saison 2 cette semaine, je vous dis pas, j'ai hâte !), Skeem Saam (dont la saison 2 débarque quant à elle dans un mois), ou plus anciennement de Yizo Yizo (souvenez-vous), il s'agit de sonner vrai, pas de monter des contes invraisemblables, ou au moins idéalistes, sur les valeurs des petits qui doivent rester fidèles à eux-mêmes en dépit des vices des puissants ; une manie qu'ont bien des séries américaines, et plus encore de séries asiatiques. Bien que cet aspect des choses ne soit pas totalement mis de côté dans Tempy Pushas, évidemment, l'accent est plutôt mis sur le réalisme de la situation des personnages, sur les difficultés qu'ils rencontrent dans les townships et qui ne les quittent pas simplement parce qu'ils ont accès à un monde en apparence moins compliqué.

Comme les séries qui l'ont précédée, Tempy Pushas doit avant tout parler de ce qui touche les spectateurs issus des quartiers défavorisés, pas simplement les faire rêver, voire pas du tout. Et moi, c'est précisément le genre de fiction qui me fait rêver, tout simplement parce que c'est quand même l'essence des voyages téléphagiques que d'essayer d'entrer, par la fiction, dans la réalité d'un pays.

Bon alors, pour répondre à votre question, oui, il y a un trailer, mais j'aime autant vous prévenir... ça n'est pas ce que j'ai vu de plus engageant à la télévision sud-africaine !
Il faut cependant rappeler, pour l'anecdote, que le matériel promotionnel des séries sud-africaines est généralement assez pauvre : une photo de promotion ne va déjà pas toujours de soi, donc on est déjà bien contents quand il y en a une, et les trailers sont accessibles de façon plus aléatoire encore. A la rigueur, ça ne me choque pas : les quelques séries dramatiques sud-africaines dont j'ai pu tâter me laissent penser que, en dépit de l'absence de moyens pharamineux, SABC1 notamment met plutôt son budget dans les séries elles-mêmes que dans leur promotion, ce qui est un choix que je trouve honorable. Alors bon, au final, malgré la maladresse de la mise en images (et de la voix-off maladroitement plaquée sur les extraits...!), on sent que la mission de Tempy Pushas n'est pas de se perdre dans les strass, et préserver le message véhiculé reste quand même le plus important. Donc voici :

A l'automne prochain, ce sera au tour de l'Espagne de lancer Galerías Vélvet. Commandée par Antena3 à la société Bambú Producciones (déjà responsable de succès comme Hispania ou Gran Hotel), cette série dramatique s'intéressera à la fin de l'âge d'or du prêt-à-porter espagnol, juste avant le début des années 70, alors que Cristobal Balenciaga, l'un des grands couturiers espagnols, décide de prendre sa retraite, ainsi que quelques autres grandes figures de la profession. Tout le défi de Galerías Vélvet, contrairement à Tempy Pushas, sera de faire oublier l'Espagne franquiste et ses diverses problématiques dramatiques, pour se concentrer sur une intrigue glamour où, dit-on, la romance tiendra une grande place. On retombe ici dans un certain nombre de poncifs sur cette industrie, vous le voyez.

Eh, à chacun son angle, après tout. Mais j'avoue, par goût personnel, être cent fois plus curieuse de réussir à mettre la main sur Tempy Pushas un jour que de voir Galerías Vélvet !
Hélas, nous savons tous lequel des deux sera le plus aisé à accomplir ; et les choses ne vont pas s'arranger tout de suite : l'Afrique du Sud a annoncé récemment qu'on n'y tiendra pas les délais pour le passage au tout-numérique initialement prévu pour juin 2015...

15 décembre 2012

Have yourself a merry little Jul

Puisque nous sommes arrivés à la mi-décembre, je vous propose de faire un propose de faire un petit "point Julkalender", histoire de voir un peu ce que les chaînes des pays scandinaves ont à offrir...

Le Julkalender ? C'est cette tradition qui remonte à l'année 1960 ; à l'époque, en Suède, SVT met en place une sorte de calendrier de l'Avent télévisuel. Le concept est simple : il s'agit d'inventer une série sur le thème de Noël, regardable par toute la famille, et d'en diffuser un épisode chaque jour à la même heure, jusqu'à la fameuse journée de Jul, avec un total de 24 épisodes (puisque dans ces pays, on fête Jul le 24 décembre, et non Noël le 25). Progressivement, l'idée a fait son chemin ; DR, au Danemark, a repris l'idée, puis YLE en Finlande, et NRK en Norvège avant la fin des années 60. Si bien que désormais, c'est une tradition dans toute la Scandinavie que de se rassembler, chaque jour, devant la télévision, pour apprécier un conte de Noël... pardon : de Jul... en famille.
Loin d'être des productions au rabais, ces séries de l'Avent sont souvent de belles productions soignées, tant à l'écriture qu'à la réalisation, et se taillent bien souvent une place de choix à la fois dans le coeur du public et de la critique. Certaines obtiennent même des nominations, voire des récompenses lors des cérémonies télévisuelles comme les Gullruten ou les Kristallen ! En un mot : ce sont de véritables évènements.

Si vous le voulez bien, voyons donc ce que les principales chaînes proposent depuis le 1er décembre.

Julekongen

En Norvège, d'abord, c'est Julekongen qui a démarré sur NRK Super (la chaîne publique dédiée aux enfants) à 18h25. La série raconte comment Kevin, un petit garçon un peu solitaire mais passionné par le bricolage, voit Jul tourner au désastre alors que des champignons ont été découverts dans sa maison, et que le 20 décembre, leur famille sera donc mise dehors. Comment célébrer la fête la plus importante de l'année dans ces conditions ? Pire encore, la famille de Kevin est invitée à célébrer Jul avec la famille de son pire ennemi Peder... Mais heureusement, avec son amie Eiril, Kevin va découvrir une grotte qui mène à un royaume secret, dans lequel ils vont devenirs des rois en combattant auprès de preux chevaliers contre un terrible sorcier. Il y a peut-être encore un espoir pour sauver Jul !

Pour ceux qui sont curieux, le site de NRK propose (sans aucune barrière géographique) de visionner les épisodes de Julekongen en streaming (avec sous-titres uniquement norvégiens, je vous l'accorde), et il faut bien admettre que le pilote est une petite merveille. Entre son côté délicieusement rétro (la ville de Sølvskogen, où se déroule en partie la série, ressemble à celle d'Edward aux Mains d'Argent, par exemple), son esprit malicieux (Kevin est un petit garçon pas forcément très expansif, mais très malin), et son incroyable soundtrack (qui n'a rien à envier à des films comme Hook, par exemple), c'est une petite demi-heure pleine de charme que propose la chaîne publique, parfaitement dans l'état d'esprit de la saison, et regardable par toute la famille sans que qui que ce soit ne s'ennuie. Si vous avez envie de passer un bon moment pour vous plonger dans l'esprit de Noël, je recommande !
Julekongen a d'ailleurs ravi le public d'entrée de jeu : son pilote a été regardé par 908 000 spectateurs, c'est-à-dire qu'on estime que 89% des enfants norvégiens l'ont vu !

Pour l'anecdote, la série est produite par Sven Clausen, déjà responsable d'une autre série de fin d'année, Jul med Clevin, en 1992 ; il est également le producteur de séries tout-à-fait pour adultes, et primées à l'occasion des International Emmy Awards, telles qu'Ørnen, Livvagterne (qui d'ailleurs va sortir au Royaume-Uni en DVD au printemps) ou Rejseholdet.

Julestjerner

Au Danemark, DR fêtait les 50 ans de sa tradition télévisuelle, et pour l'occasion a décidé d'offrir un 25e épisode à sa série annuelle. Julestjerner, c'est son nom, est plutôt orienté vers les préados et les ados. Il s'agit de l'histoire de Sus, une jeune fille passionnée par le vélo acrobatique (mais tout aussi passionnée par son instructeur, un type qui se surnomme The Whizz), qui s'apprête à fêter avec ses parents, John et Maria, son dernier Jul en tant que fille unique, puisque Maria attend un enfant. Problème : le 1er décembre, une terrible tempête imprévisible vient ébranler leur immeuble ; comme la structure est désormais dangereuse, ils sont évacués et partent en urgence s'installer à la campagne, là où la famille a hérité d'une vieille bâtisse ; Sus peut dire adieu à sa vie à la ville ! Cependant, dans ce nouvel endroit qui ne lui plait pas, elle fait la rencontre de Bob, un passionné en astronomie qui passe son temps dans un observatoire désaffecté. Avec lui, elle va découvrir que les choses étranges qui se passent en ville, comme la tempête, proviennent en réalité de l'apparition d'une nouvelle étoile dans le ciel...

Si vous n'êtes pas trop fan des contes de fées du genre de Julekongen, Julestjerner et son temps bien plus sérieux pourraient être plus pour vous. Cependant, la mise en place de l'histoire est beaucoup plus lente ; il faut attendre la fin du 2e épisode avant que la famille de Sus n'arrive seulement dans son patelin campagnard paumé, et il n'a encore même pas été question d'étoiles ! Un peu gênant pour une série dont le titre contient le mot danois pour "étoile", quand même. Cependant, ça change des clichés sur Noël. Là encore, DR vous permet de visionner les épisodes sur son site, si vous voulez aller jeter un oeil.
Avec 1,16 million de spectateurs pour son premier épisode, samedi 1er décembre, soit 53% des spectateurs, Julestjerner n'en est pas moins un joli succès. C'est le meilleur démarrage pour un Julekalender sur DR depuis 1993, rien de moins.

JuliValhal

Si Julstjerner a pris la tête des audiences danoises, le 1er décembre à 19h30, un petit mot tout de même sur le Julkalender de la chaîne concurrente TV2, qui rediffusait Jul i Valhal, une série déjà dévoilée au public dans les mêmes conditions, en 2005. On y découvre Sofie, à laquelle sa mère apprend qu'à la fin du mois de décembre, elles devront déménager pour Singapour pour des raisons professionnelles ; en attendant, comme leur appartement est rapidement vendu, la mère et la fille vont vivre pendant le mois de décembre avec la grand'mère Ragnhilde. Mais la vieille dame est pleine de surprises : elle habite juste à côté d'un dolmen sous lequel on dit que nul autre que le dieu nordique Loki est enchaîné. Et effectivement ! Sofie découvre Loki, lequel lui promet d'exaucer son voeu de ne pas avoir à aller vivre à Singapour, si elle veut bien le libérer...

La rediffusion peut sembler être un procédé un peu parasseux, mais Jul i Valhal est un véritable succès international dans la catégorie des séries de l'Avent (elle a été diffusée en 2006 en Norvège, en 2007 en Suède et en 2008 en Finlande !) ; comme les épisodes sont également sortis en DVD, il est assez facile de les trouver en streaming, par exemple sur Youtube (ici le pilote). L'originalité essentielle de la série, c'est qu'elle inclut des numéros musicaux (ou plutôt des clips) chantés par les personnages de la série, aussi bien sur le thème de Noël, que sur ce que le personnage alors mis en vedette traverse. Ainsi, voici la chanson de Loki sur ses années d'enfermement sous le dolmen :

JuliKommunen

Il ne faut pas oublier une troisième chaîne publique danoise, DR2, qui a elle aussi son Julkalender... mais comme chaque année, elle s'adresse à un public légèrement plus âgé. Avec Jul i Kommunen, une satire politique qui se déroule dans une petite ville où le maire est égocentrique au possible, doit gérer la tradition des fêtes de Noël même si, en réalité, il s'intéresse bien moins aux citoyens de sa petite commune qu'à sa propre personne.

Vraisemblablement inspirée par la formule de séries comme The Office, la série, ainsi que c'est souvent le cas pour un Julekalender de DR2, est clairement tournée avec peu de moyens. Vous pouvez tenter d'aller la regarder sur le site de DR, où elle est disponible en streaming, mais sans sous-titres, elle perd énormément d'intérêt (c'est le problème des comédies en VOSTM).

MysterietpaGreveholm-GrevensAterkomst

Chez SVT1, en Suède, le 1er décembre était l'occasion de diffuser la suite de Mysteriet på Greveholm, dont la première diffusion datait, tenez-vous bien... de 1996 ! Mais en 2007, cette série a été élue "meilleur Julkalender de tous les temps", alors forcément... Mysteriet på Greveholm: Grevens återkomst, ce sequel un peu tardif, Greveholm est un manoir hanté par Le Comte, à l'abandon depuis 16 longues années, quand les Olsson (la famille qui était l'héroïne de la première série) sont partis, et qui est mis en vente. Saga et Benny, les deux enfants de la famille qui achète le manoir pour le remettre en état, vont progressivement découvrir les secrets de cette étrange demeure...

Diffusée quotidiennement à 7h15 et 18h45, Mysteriet på Greveholm: Grevens återkomst est comme son aînée, un grand succès : 2,57 millions de spectateurs étaient réunis devant le premier épisode (pour comparaison, c'est un peu plus que les 2,13 millions qui avaient assisté au démarrage de Tjuvarnas Jul l'an dernier à la même époque). Sachez que si jamais vous êtes amateur de torrents, on peut trouver les Julkalendern récents de SVT dans la fameuse baie des pirates ; et contrairement aux autres pays scandinaves, les Julkalendern de SVT durent seulement un quart d'heure.

Joulukalenteri-2012

En Finlande, c'est un peu différent. Joulukalenteri n'est pas une superproduction, et ce n'est pas vraiment une série feuilletonnante non plus, mais plutôt une sorte de comédie à sketches, et les épisodes durent 10 minutes seulement. Avec cette série peu originale, YLE nous emmène en effet dans la maison de Joulupukki (l'équivalent finlandais du Père Noël), qu'il partage avec son épouse Joulumuori et divers autres personnages typiques de l'univers de Joulu (comprenez : Noël), préparant, devinez quoi, son travail annuel de distribution de cadeaux. Si vous voulez jeter un oeil au Joulukalenteri de cette année, YLE a la bonne idée de mettre, elle aussi, les épisodes en ligne sur son site.

Voilà pour l'essentiel de ce que les grandes chaînes scandinaves proposent en ce mois de décembre. Je vous avoue avoir une énorme préférence pour Julekongen, qui est vraiment parfaite pour la saison, et parfaitement réalisée. J'ai déjà mentionné que je vous la recommandais ? Dans le doute, souffrez que je me répète : ça vaut vraiment que vous y jetiez un oeil.
Pendant ce temps, nous nous amusons à compter le nombre de rediffusions d'Une Nounou d'Enfer sur les nouvelles chaînes de la TNT. Ca fait chaud au coeur de se dire qu'il y a des pays où la télévision sait fêter dignement les fêtes de fin d'année, non ? Chaque année à la même époque, entre les Christmas Specials des plus importantes séries britanniques du moment et le Julkalender, je suis prise d'une interrogation douloureuse : et à la télévision française, où sont nos traditions en matière de fiction ?
...Ensuite je me souviens qu'on n'a pas vraiment de tradition télévisuelle en matière de fiction le reste de l'année non plus, et je vais pleurer un bon coup. Espérons que dans mes chaussettes cette année, on trouve des DVD de séries scandinaves, ça pourrait me remonter le moral !

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8 décembre 2012

But is it local ?

En ce moment, vous avez pu le voir, je n'ai pas trop eu le temps pour des world tours (mais ils vont revenir, n'en doutez pas), qui demandent énormément de recherches. Cependant, quand au cours de mes lectures régulières, je tombe sur une info qui m'intéresse, j'essaye de prendre le temps de revenir quand même dessus sur ce blog (c'est comme ça qu'on a parlé de la Turquie la semaine dernière, par exemple).
Aujourd'hui est un jour comme celui-là, et je vous emmène pour une petite réflexion qui nous fait passer par le Danemark.

Au Danemark, le final de Desperate Housewives était diffusé mercredi sur TV2.
Mais ce n'est pas l'info du jour.

DesperateHousewives-FinalTV2

L'info du jour, c'est que la directrice du groupe public TV2, Merete Eldrup, a annoncé ce jeudi qu'après Desperate Housewives, c'était fini : la chaîne TV2 ne diffuserait plus du tout de séries américaines en primetime.
Vous avez bien lu.

Et attendez un peu d'entendre ses raisons : "C'est un projet auquel nous réfléchissons depuis plusieurs années, parce qu'il y a de plus en plus de compétition en primetime, et que tout le monde diffuse de plus en plus de programmes danois. En parallèle, les séries américaines s'adressent de plus en plus à une niche. Un show aussi rassembleur que par exemple Friends est difficile à trouver aujourd'hui. Les séries sont de plus en plus segmentées".

Evidemment, pour nous Français, de telles déclarations sont hallucinantes, tant nos chaînes conçoivent difficilement de mener le combat des grilles sans une série américaine en primetime. Encore ce lundi, c'était The Mentalist, une série américaine donc, qui rafflait tout sur son passage au niveau des audiences (8,8 millions de spectateurs sur TF1, contre pas plus de 3 millions chacune pour France2 et M6, qui occupaient respectivement la 2e et 3e place dans les audiences de la soirée), preuve que la dominance des séries américaines en primetime dans l'Hexagone ne sera certainement pas remise en cause avant un bon bout de temps encore.

Cela fait des années que l'on sait que la plupart des pays européens font leurs meilleures audiences avec des séries locales qu'avec des séries importées (principalement américaines), et que la France fait figure d'exception dans ce panorama. On peut d'ailleurs se demander si considérer qu'une série est intrisèquement moins fédératrice parce qu'elle est américaine, se justifie, d'ailleurs (c'est sans doute à rapporter à la politique d'acquisitions, aussi).
Mais qu'une chaîne, publique de surcroît, décide de totalement abandonner les fictions importées en primetime (DR1 le fait, la BBC le fait, et c'est à peu près tout en Europe, sauf erreur), est quand même assez rare. Qui plus est, l'objectif affiché est d'être plus compétitive ! Imaginez ça ! La motivation de la chaîne n'est pas de se plier à une plus grande mission de service public qui consisterait à favoriser la création locale (tâche dont à l'heure actuelle DR1 s'accomplit mieux que TV2, d'ailleurs), ou, c'est intéressant à souligner, de relever le niveau qualitatif des programmes en supposant, comme on serait parfois tenté de le dire, qu'une production américaine est forcément un peu plus bête qu'un noble programme bien de chez nous, non. Il s'agit de faire des audiences en primetime. Avec des productions locales.

TV2 n'en a pas fini pour autant avec les séries américaines, et en conserve dans ses grilles. Mais ces séries, que la chaîne juge donc segmentantes, seront confinées à des cases horaires elles-mêmes segmentantes, comme l'après-midi, la seconde ou troisième partie de soirée, et ainsi de suite.
A l'heure actuelle, dans le catalogue de TV2, en-dehors de Desperate Housewives désormais achevée, on trouve par exemple Blue Bloods, Sons of Anarchy, Cold Case, et des bonnes rediffs de Friends ou Un gars du Queens.
Il n'est évidemment pas question d'arrêter la diffusion de ces séries, mais de leur trouver un créneau qui fédère uniquement leur cible ; l'ironie suprême pour l'observateur français est de voir que Cold Case était considérée, en France, comme au contraire très fédératrice et pas du tout "de niche". On prend bien la mesure du fossé culturel... Par contre il semble évident que le choix de TV2 d'acheter les droits de Sons of Anarchy est assez cohérent avec l'idée qu'une série américaine est destinée à une niche !
A titre comparatif, TV2 Zulu, plus orientée vers la comédie et/ou le public plus jeune, a des acquisitions du genre de Modern Family, 2 Broke Girls, Flight of the Conchords, Hung, Beauty and the Beast, Skins, South Park, American Dad, et j'en oublie ; TV2 Zulu sert aussi à rediffuser les séries US de TV2 "classique" (c'est ainsi le cas pour Sons of Anarchy, par exemple, dont les épisodes ont droit à deux diffusions par semaine en ce moment grâce à ce système).
D'ailleurs, si Eldrup évoque Friends, c'est que le groupe TV2 fait subir à la comédie un sort similaire à celui qu'on lui connait en France : Friends est en effet diffusée (sous son titre local de Venner) par TV2, TV2 Zulu, et leur petite soeur TV2 Charlie, à peu près toute l'année, par deux chaînes sur trois du groupe au moins, à n'importe quelle semaine donnée ; preuve qu'il y a des mécanismes qui sont universels. Mais la décision de TV2 consiste à ne pas jouer de ce genre de techniques à l'avenir, justement, pour le primetime, et de se pousser à aller plus loin que de "jouer la sécurité".

Cette décision annoncée cette semaine par la présidente du groupe ne veut pas nécessairement dire que des séries danoises inédites seront diffusées chaque jour en primetime par TV2, évidemment : il ne faut rien exagérer.
DR1, considérée comme le parent riche de la télévision publique danoise, ne peut pas se le permettre, alors on imagine mal comme TV2 le pourrait. Au Danemark comme ailleurs, la télé réalité, par exemple, parvient à quelques belles audiences (à l'instar de Strictly come dancing, dont TV2 a les droits danois sous le titre de Vild med Dans) ; sinon il reste toujours les reportages, les compétitions sportives (TV2 diffuse par exemple des matches de handball en ce moment) et les films. On ne parle pas d'une absolue révolution des grilles, soyons clairs, mais simplement de la place de la fiction américaine, au profit de la fiction nationale, dans les grilles d'une chaîne danoise... et c'est déjà pas mal !

Difficile de nier que les indubitables succès publics (et critiques, et financiers...) de DR1 comptent parmi les raisons qui ont incité le groupe TV2 à se lancer dans l'aventure du tout-danois en primetime.
Une autre raison, c'est que, plus tôt cette année, Rita (rappelez-vous) s'est avérée être un incroyablement bon investissement pour TV2. Entre les bonnes audiences, les bonnes critiques, les nominations et récompenses, la vente de droits de diffusion, et même des droits d'adaptation (la chaîne Bravo va en effet avoir sa propre version aux USA), c'est forcément incitatif. Quand une chaîne est payée de retour après avoir fait l'effort d'une série originale en primetime, forcément, ça aide. A titre de comparaison, en 2011, sa série Den Som Draeber n'avait pas remporté un aussi franc succès.
Et puis, rappelons que le "Media Agreement" de 2012-2014, voté il y a quelques semaines, comprenait un volet d'aide au financement (qui a justement déjà présidé à la création des hits de TV2 Rita et Lærkevej) s'élevant à 30 millions de couronnes danoises, ce qui veut dire que TV2 ne se lance pas non plus à l'aveugle dans son objectif de mise en valeur de la fiction originale.
Tout indique que la décision s'appuie sur énormément de facteurs positifs, et que ces facteurs ne sortent évidemment pas de nulle part.

En annonçant très officiellement sa décision (au lieu de simplement faire sa programmation sans séries US en primetime, mais sans le faire remarquer), TV2 montre bien qu'un pas est franchi, et que, en fait, du point de vue de la communication, c'est un plus auprès du public que de faire valoir sa décision, et que cela peut être un plus auprès du public. Là encore, on est à mille lieues de voir une chose de ce genre se passer sous nos latitudes dans un avenir immédiat !

Alors voilà, sur TV2, on se prépare à une nouvelle ère... et ça va être intéressant à observer !
Ah, et je vous prépare un post pour parler encore de fiction Scandinave d'ici quelques jours, alors restez dans le coin...

28 novembre 2012

A cheval sur les principes

En Turquie, la production télévisée connaît un énorme boom depuis quelques années (pour un bref historique de la question, vous pouvez lire le début de ce post), et est devenue l'un des arguments du rayonnement culturel de la Turquie dans sa région.

On a eu l'occasion par le passé de mentionner, notamment, l'énorme succès de la série historique Muhtesem Yüzyil (dont le pilote a été reviewé ici), qui raconte les amours du sultan Süleyman 1er et de son harem. Vendue dans près d'une cinquantaine de pays dans le monde, et bientôt adaptée dans au moins un, elle fait aussi l'objet de fansubs dans plusieurs pays, et ce le lendemain de son apparition sur les écrans de SHOW TV, la chaîne turque qui héberge cet énorme succès depuis maintenant 3 saisons (retenez bien ce chiffre). Muhtesem Yüzyil, c'est l'une des raisons qui font que de plus en plus d'Européens de l'Est et de Grecs apprennent le turc, ou, encore plus fort, l'assimilent sans même essayer. Oh, et naturellement, sans avoir à sortir de ses frontières, la série est et reste l'un des plus gros succès télévisés de son pays, ramenant le genre historique sur le devant de la scène.
Et ça, ce n'est que pour une série : pas mal d'autres suivent, dans une légèrement moindre mesure, son exemple. En tout, en 2011, on estime que l'exportations des séries turques a rapporté environ 60 millions de dollars (US) à l'économie nationale, et je commence à lire des chiffres pour 2012 qui annoncent 100 millions... Pas trop trop mal, j'ai envie de dire !

En fait, la dimension culturelle de l'exportation des fictions turques est si forte qu'elle a pris le pas sur la dimension financière : il y a un mois, le ministère de la Culture et du Tourisme turc a décidé d'encourager les séries turques à être "vendues gratuitement" à des chaînes étrangères pour favoriser l'implantation de certaines séries dans des pays où le ministère estime que le rayonnement culturel de la Turquie peut jouer un rôle important. Parce qu'à choisir entre de la thune, le pognon, le flouze ou le rayonnement culturel, eh bien, les Turcs, ils ont choisi le rayonnement culturel.

Alors dans un contexte pareil, où on pourrait penser que rien ne ferait plus plaisir à l'Etat turc que d'encourager sa belle industrie télévisuelle florissante à, eh bien, fleurir encore plus, on attend du chef du Gouvernement des propos, au mieux, dithyrambiques, au pires, mesurés...

MuhtesemYuzyil-Amours

Bah pas nécessairement. Et Tayyip Erdoğan, Premier ministre de Turquie depuis bientôt 10 ans (retenez bien ce chiffre aussi), a déclaré il y a quelques jours dans un discours, en parlant des spectateurs dans d'autres pays musulmans : "Ils connaissent nos pères et nos ancêtres via Muhtesem Yüzyil, mais nous ne connaissons pas ce Süleyman. Il a passé 30 ans à dos de cheval à mener la guerre et conquérir des cités, pas dans son palais, ce n'est pas ce qu'on voit dans la série".
...Consternation.

Bon, avant tout, laissez-moi réfléchir : ça a dû être sacrément épineux à expliquer à Süleyman 1er, quand il est rentré une fois tous les 30 ans au palais, et qu'il a découvert qu'il avait 20 fils et filles, quand même, non ? Tu parles d'un silence gêné de la part de son épouse Hürrem !
Et puis, comment expliquer simplement le concept de fiction à quelqu'un qui ne maîtrise pas bien le sujet ? (cependant, si la conférence de presse d'Ainsi Soient-Ils est un indice, il semble que beaucoup de conservateurs aient ce problème de compréhension, en fait)
Mais surtout, faisons un bref calcul... une série qui est dans sa troisième saison... un Premier ministre en fonction depuis presque toute une décennie... il n'y a pas quelque chose qui cloche, niveau timing, dans la soudaine découverte par Erdoğan du principe-même de la série ? Le Premier ministre a récemment été vivement attaqué sur ses prises de position dans la situation politique des pays musulmans environnants (notamment en Syrie), et réaffirmer son attachement envers des valeurs plus traditionalistes n'est pas un hasard de calendrier.

Soyons très clairs : ce n'est absolument pas la première fois que Muhtesem Yüzyil fait l'objet d'une polémique. Depuis le début de sa diffusion, la série fait régulièrement l'objet d'appels de plainte au RTÜK (Radyo ve Televizyon Üst Kurulu, l'équivalent turc du CSA) de la part de spectateurs conservateurs qui n'apprécient pas, au choix, la profondeur des décolletés, les séquences parfois un peu sexys, ou le simple fait que certains personnages boivent du vin.
Rien que la première semaine de sa diffusion, 75 000 plaintes avaient été enregistrées, et une manifestations avait été organisée (cf. photo ci-dessous) ! Alors ce n'est pas vraiment un scoop : la série ne passe pas auprès de la frange la plus traditionnelle de la population, qui reproche à la série, comme le fait Erdoğan, de présenter des personnages historiques, et notamment quelqu'un d'aussi respecté que Süleyman 1er, comme libidineux. Les évènements qui avaient suivi son lancement avaient conduit à une mise en garde par le RTÜK de la production de la série, et notamment de la créatrice et scénariste, feue Meral Okay (qui dans une vie précédente était engagée en politique, plutôt à gauche...), laquelle avait tenté de protester en expliquant que les sultans ne se reproduisaient pas vraiment par insémination artificielle. Mettant littéralement de l'eau dans son vin, la série était restée sous haute surveillance des autorités : on ne plaisante pas avec l'accusation "d'atteinte à la vie privée" d'une figure historique. Néanmoins, le fait que Süleyman ait bu du vin ou ait fait 20 enfants à Hürrem est documenté dans les livres d'Histoire, ce n'est pas exactement comme si Okay avait tout inventé... Quant au harem, qu'on le veuille ou non, il a vu le jour sous l'empire Ottoman.
Mais malgré tout, le scandale permanent autour de Muhtesem Yüzyil restait mesuré. Et politiquement, si le vice-Premier ministre Bülent Arinç s'était emparé du sujet, le Gouvernement s'était ensuite montré plus compréhensif, probablement à cause de la thune, du pognon et du flouze du rayonnement culturel.

MuhtesemYuzyil-AffichesDechirees

Pourquoi cette fois c'est différent ? Parce que, la bride sur le cou, Erdoğan a expliqué qu'il avait attiré l'attention des autorités compétentes sur cette affaire, et est allé jusqu'à encourager les instances judiciaires à "donner un verdict nécessaire à ce sujet", ce qui n'est rien d'autre qu'un appel à la censure ou au bannissement de la série (s'il y a des experts en droit turc dans le coin, on peut me préciser s'il y a séparation de l'exécutif et du judiciaire là-bas ?). Décidément très en forme, le Premier ministre a également eu quelques mots pour le producteur de la série et même le propriétaire de SHOW TV, qui doivent se sentir particulièrement en sécurité à l'heure qu'il est.
Le ministre de la Culture et du Tourisme ne pouvait pas ne pas réagir ; il a expliqué à pas feutrés que : "Nous avons exporté 10 500 heures de séries en 2011, alors que nous n'avions pas de revenus d'exportation en 2006" et que "la série est regardée par 150 millions de spectateurs dans le monde". Mais les dés sont lancés et la polémique fait rage, plus que jamais.

Vous le comprenez bien, la question dépasse ici celle du caractère scandaleux ou non de Muhtesem Yüzyil.
Cet exemple illustre bien la fracture entre deux populations du pays, deux façons de penser. On a d'une part une Turquie laïque, moins arc-boutée sur des principes religieux, et une autre qui aimerait s'orienter vers une politique plus proche des préceptes musulmans... Évidemment, on n'est pas ici pour parler politique ; mais cela se traduit par un jonglage permanent de la part des autorités responsables de ce qui passe à la télévision, dont la mission est de réussir à contenter tout le monde, ou, de façon plus réaliste, de ne mécontenter personne. Cette balance est maintenue, tant bien que mal (cf. cette capture prise pendant le pilote d'Uçurum alors qu'un personnage vient de se faire crever l'oeil, EmCity-style), jusqu'à ce qu'un déséquilibre se produise, comme ici.

Simplement, rares sont les pays où ces enjeux politiques ont de telles répercussions financières sur une industrie (celle qui nous intéresse sur ce blog, donc) qui a réussi, en une demi-douzaine d'années, à imposer la Turquie sur les écrans de près d'un quart des pays de la planète...

27 octobre 2012

lady's world tour - Escale n°18

-- World Tour --
Une vingtaine de jours est passée depuis notre dernier world tour (j'ai été très occupée, mais je vous en dis plus dans un prochain post, promis), et nous avons donc du pain sur la planche, à plus forte raison parce que des dates de lancement de plusieurs séries se rapprochent, et que ce serait dommage de les manquer.
Alors, si vous le voulez bien, passons directement au nerf de la guerre !

CoteOuestAudiovisuel

- AFRIQUE :

* La société Côte Ouest Audiovisuel, qui produit des séries distribuées dans toute l'Afrique (comme la sud-africaine The Wild, mais aussi des séries US), se lance dans le développement de sa propre série, intitulée Inspector First Class. Cette dramédie, apparemment inspirée par la Panthère Rose, se déroulera dans une unité d'enquêtes qui n'est jamais prise au sérieux, appremment à raison ! Une distribution constituée d'acteurs venus du Kenya, Ghana, d'Afrique du Sud et du Nigeria permettra en outre à la série d'être vendue sur plusieurs territoires. Les premières diffusions pourraient commencer dés mars 2013, et d'autres productions de Côte Ouest devraient bientôt lui emboiter le pas.

DerLandarzt

- ALLEMAGNE :

* Si vous avez moins de 23 ans, vous êtes plus jeune que les séries Der Landarzt et Forsthaus Falkenau, deux instutitions de ZDF. Créées respectivement en 1986 et 1989, ces deux séries familiales ont été annulées par la chaîne, qui souhaite moderniser sa grille. Il faut dire que les deux victimes couvrent à elles deux la quasi-totalité de l'access primetime du vendredi soir, à 19h25 pour être précise ; ainsi, quand la 21e saison de Forsthaus Falkenau s'est achevée en septembre, c'est la 22e saison de Der Landarzt qui a pris le relai ! Tout cela à raison de 22 épisodes par saison en moyenne, vous comprenez aisément que les deux séries puissent manquer de fraîcheur... Si Der Landarzt s'achèvera sitôt ses derniers épisodes diffusés, Forsthaus Falkenau a cependant encore un petit sursis devant elle, puisqu'une 22e saison avait déjà été commandée. Bon, va pour une 22e saison, mais après c'est vraiment tout, hein !
* Toujours au rayon longévité, place cette fois au soap Unter Uns, sur RTL. A côté des précédentes, la série fait petit joueur, puisqu'elle n'a vu le jour qu'en 1994, mais comme il s'agit d'une série quotidienne, elle a quand même dépassé les 4000 épisodes ! Et justement, là aussi, la problématique est de savoir s'adapter à la modernité. Sauf que le choix de la production d'Unter Uns, c'est de s'essayer à la websérie : Des Jägers Herz, c'est son nom, est une mini-série en 5 épisodes visible exclusivement sur le site de RTL depuis lundi, et qui fait office de spin-off. Bon alors, vous allez me dire : 5 malheureux épisodes, pas de quoi fouetter un chat. Sauf que non ! Parce que dans les épisodes d'Unter Uns qui seront diffusés en avril, l'intrigue développée dans Des Jägers Herz sera vitale pour comprendre l'intrigue ! ...En avril ? C'est pas un peu loin ? Eh bien oui et non, puisque, la série fêtera ses 18 ans le 28 novembre prochain, et que le personnage central de Des Jägers Herz y jouera un rôle capital. Bon, vous l'avez compris, tout est fait pour donner une raison aux fans de tenter cette étrange mini-série (on y verra le héros confier ses états d'âme après un meurtre, alors qu'il est en fuite en Amérique du Sud), et l'imbriquer dans la narration de la série principale. Et d'ailleurs pourquoi pas ?
* RTL a également commandé un backdoor pilot pour une série nommée pour le moment Mantrailer (la prod n'a pas l'air très sûre de le conserver, je confirme que ça mériterait d'y réfléchir encore un chouilla). Pour ce téléfilm de 90 minutes, qui donnera peut-être une série si les audiences sont au rendez-vous, on plongera dans l'univers de la médecine légale, alors qu'une femme coroner et un enquêteur travaillent sur une série de meurtres d'une grande brutalité, perpétrés contre des membres d'une unité d'intervention spéciale. Le téléfilm/pilote potentiel de Mantrailer est prévu pour le premier semestre 2013.
* On est en octobre, donc quoi de plus logique que de commencer à parler de Noël ? Voici quelques unes des festivités télévisuelles auxquelles les spectateurs allemands peuvent s'attendre sur ARD. Tout d'abord, j'apprends comme vous que l'Allemagne aussi a des "Christmas Special" (sauf qu'évidemment ça porte le nom de Weihnachtsspecial), et ce sera le cas de la comédie Um Himmels Willen, une série qui compte actuellement 11 saisons qui suit les tribulations d'une bonne soeur (rien à avoir avec Ainsi Soient-Ils cependant) puis de sa soeur, également bonne soeur. Vous suivez ? Ce sera le 3e Weihnachtsspecial pour la série, en attendant la 12e saison prévue pour pour 2013. "Mission unmöglich", c'est le nom de cet épisode spécial qui sera diffusé le 20 décembre, se déroulera au Nigeria, marquant le retour de la première bonne soeur, qui part à la recherche de sa soeur, la bonne soeur. J'ai la tête qui tourne, je vais m'asseoir. Sinon, plus simple, il y a aussi Baron Münchhausen, une mini-série en deux épisodes (au lieu de trois initialement prévus), qui suit les aventures du fameux baron alors qu'il fait la rencontre d'une petite fille qui lui affirme être la chair de sa chair. Ne la croyant pas, le célèbre personnage décide de voyager jusqu'à St Petersbourg pour la ramener chez sa mère, mais évidemment bien des embûches les attendent en chemin...
* Pour finir, il semblerait que HBO se prépare à co-produire une série avec Sky Deutschland, se déroulant pendant la Guerre Froide. C'est intéressant parce que jusque là, HBO co-produisait rarement avec l'étranger en-dehors de la BBC ; pour l'instant je n'ai pas trouvé beaucoup plus de détails.

Underbelly-logo

- AUSTRALIE :

* Commençons d'abord par poser, là, d'entrée de jeu, que les chaînes australiennes font leurs upfronts pour l'année 2013 en ce moment, et qu'on se fera un gros récap quand tout le monde y sera passé. Ou presque, puisque le groupe public ABC a décidé de ne pas y prendre part. C'est dommage, c'est également là qu'on commande le plus de fictions originales, mais que voulez-vous. Donc pour Seven, Nine, Ten, et SBS (et apparemment Foxtel), rendez-vous pour un post à part dans quelques jours.
* Si vous avez toujours rêvé de vivre dans le contexte d'une série de la franchise Underbelly (mais... pourquoi ?), vous allez être heureux d'apprendre qu'un jeu video est sorti pendant que le world tour avait le dos tourné. Appelé Underbelly: Skirmish, le jeu est depuis la mi-octobre accessible via iTunes au tarif de 1,99$ US pour l'iPhone, et 2,99$ US pour l'iPad, mais devrait également sortir dans une version compatible Android. Bon par contre, on a les prix, mais pas vraiment une description très claire du jeu lui-même, présenté comme, je cite, "une version stylisée du classique Cops 'n Robbers". Alors, j'ai googlé Cops 'n Robbers, et ça ne m'a pas du tout rassurée ! Il y a également une page Facebook qui tente vaguement de nous en dire légèrement plus avec un trailer, mais on en retiendra surtout la réorchestration du thème de la série ; toutefois on n'est pas plus rassurés sur le contenu du jeu. Dans tous les cas, si vous voulez tenter : sur l'appstore, ça se passe juste ici. C'est votre pognon, après tout.
* Les commémorations de la Première Guerre mondiale et de la bataille de Gallipoli approchent. On peut compter au nombre de trois, à présent, les chaînes ayant décidé de produire quelque chose à cette occasion. On savait déjà qu'il y avait la bien nommée Gallipoli sur Nine, sur la bataille elle-même ; il y a également un projet de mini-série pour Foxtel, suivant les journalistes qui couvraient les actions des troupes. Eh bien sur la pile, on peut maintenant à présent ajouter une co-production entre ABC1 et la société Screentime (Underbelly justement, mais aussi Cloudstreet), qui s'intéressera au personnel médical des ANZAC. Six épisodes sont prévus pour parler d'histoires vraies, puisque la série sera inspirée d'un livre de Peter Rees qui reprenait des lettres, des journaux et des témoignages d'infirmières qui étaient présentes sur le champ de bataille. Pour ceux qui aiment les séries de guerre, et j'en suis généralement, il faut dire qu'on va avoir l'embarras du choix ! Les Australiens vont également avoir au moins un film sur grand écran, les petits veinards. J'ai l'impression d'entendre des milliers d'écoliers australiens soupirer par avance d'un air excédé. Pour votre culture perso, en Australie, ça faisait depuis ANZACS, une mini-série de Nine datant de 1985 sur le même sujet, qu'aucune fiction télé ne s'était intéressée aux évènements.
- Bon, pour finir sur l'Australie, j'ai deux trailers pour vous. Vous le savez (ou plutôt, vous ne le savez pas, parce que vous n'avez pas lu les commentaires du dernier world tour, et que j'ai pas mis le Pilot Watch à jour depuis plus d'un mois), plusieurs séries s'apprêtent à démarrer dans les prochains jours. Il y aura d'abord, le 31 octobre sur ABC1, A Moody Christmas, une dramédie qui a subi de nombreux changements de nom pendant son développement (This Christmas, New Christmas...) qui raconte comment une famille pas très sentimentale célèbre, chaque année, la fête familiale la plus sentimentale du calendrier. Chaque épisode se déroule à un Noël différent, alors que le fils, expatrié à Londres, revient vivre son calvaire annuel en Australie. A l'occasion du lancement d'A Moody Christmas, ABC lance aussi un concours pour gagner des cadeaux de Noël : il suffit pour les spectateurs d'envoyer leur plus embarrassant souvenir de fête de famille. Dommage, seuls les Australiens peuvent jouer.

* Le lendemain, soit le 1er novembre, pour ceux qui refusent de faire du calcul le weekend, la série Redfern Now débarque également sur ABC1 (merci d'exister, ABC1 !). En préparation depuis 2010, et après avoir pris un peu de retard pour apparaitre dans les grilles puisqu'à l'origine elle devait être diffusée en 2011, la série s'intéresse à la communauté aborigène, laissant donc une grande part aux membres de cette communauté devant mais aussi (voire surtout) derrière la camera. Redfern Now racontera 6 destins se croisant dans une même rue du quartier de Redfern, une banlieue défavorisée ; l'un des réalisateurs et acteurs de la série explique que c'est la même intention que The Slap, à savoir dépasser les stéréotypes pour comprendre la complexité et la diversité d'un même microcosme. Comme si ça ne suffisait pas pour nous mettre l'eau à la bouche, dans Redfern Now, la production s'est adjoint les talents de Jimmy McGovern, no less, créateur de bien des séries britanniques à succès, et qui a récemment prouvé qu'une anthologie ne lui faisait pas peur avec Accused, par exemple. Je vais être sincère avec vous, on dirait bien que ça valait méchamment la peine d'attendre, et la bande-annonce est tout simplement magnifique !

Suburbia-Metro

- BRESIL :

* Vous aviez des plans pour cette semaine ? Arrêtez tout ! Subúrbia, la nouvelle série réalisée par Luiz Fernando Carvalho, commence le 1er novembre sur Rede Globo ! Pour rappel, la série s'intéresse à l'histoire d'une femme noire, Conceição, qui arrive à Rio de Janeiro pour commencer une nouvelle vie ; l'histoire a été écrite par Paulo Lins, auteur de La cité de Dieu, et apparemment, il a commencé par écrire son histoire en prose avant de s'adapter lui-même avec notre ami Luiz, un procédé pour le moins original. Comme je n'ai pas réussi à l'intégrer, vous pouvez aller ici pour découvrir la bande-annonce de la série ; le moins qu'on puisse dire, c'est que Luiz n'est pas allé là où on l'attendait ! Ah et pour ceux qui se demandent, la photo ci-dessus, ce sont les rames des métros qui circulent au Brésil à l'effigie de la série. Juste pour que vous ayez bien le bourdon demain, quand vos emprunterez vos moyens de circulation habituels sur lesquels aucune série n'a été taggée. Accessoirement, si vous avec un abonnement à Canalsat Caraïbes (ce que implique que je m'adresse à ceux de mes lecteurs qui vivraient dans les Antilles ou en Guyane), vous le savez sûrement mais depuis quelques mois, TV Globo est dispo sur le canal 24. Voilà, vous savez tout.
* La telenovela Avenida Brasil s'est achevée le 19 octobre à 21h sur Rede Globo, et les scores de son ultime épisode font d'elle la série la plus regardée de tous les temps dans le pays, comme ça c'est fait ; avec un investissement de 45 millions de reals (17 millions d'euros environ), Globo est donc largement rentrée dans ses frais puisque la série lui a rapporté 2 milliards ! Depuis lundi, la série est remplacée par Salve Jorge, où il est question de trafic humain, forcément c'est moins glamour. Bon, je n'ai été capable de trouver lesdits chiffres qu'en "points d'audience", mais pour comparer, le final d'Avenida Brasil a totalisé 71 points d'audience, contre 35 pour le lancement de Salve Jorge trois jours plus tard. D'ailleurs vous pouvez trouver, une fois n'est pas coutume, sur Rue89, un article sur le succès de cette telenovela.

Degrassi

- CANADA anglophone :

* C'est officiel, Degrassi est devenue la plus longue franchise de l'histoire du Canada, grâce à Degrassi The Next Generation qui a célébré son 300e épisode ce vendredi ; la série dépasse ainsi Beachcombers (387 épisodes entre 1972 et 1990). Retrouvez toute l'histoire de Degrassi grâce à une page mise en place par MuchMusic, qui diffuse la série au format telenovela depuis 2010.

LosArchivosdelCardenal

- CHILI :

* En Amérique du Sud aussi, on commence à parler de 2013. C'est le cas de la chaîne TVN qui, en tout, espère diffuser 7 fictions, et appremment c'est son record personnel sur une seule année. Evidemment, on compte là-dedans des séries qui intéresseront probablement peu les téléphages occidentaux, comme la telenovela romantique Mi Vida Por Ti, pour ses après-midis, mais il y a aussi des surprises intéressantes. Ainsi, pour la case horaire de 20h en quotidienne (pour remplacer Pobre Rico, une telenovela reposant sur le même principe que La vie est un long fleuve tranquille), la chaîne publique veut lancer une série sur la vie d'un homme qui tente de changer de sexe... assez étonnant pour du primetime ! Au rayon des nocturnas, ça se passe plutôt bien aussi : alors que Reserva de Familia s'est achevée il y a quelques jours, la comédie Separados a pris le relai et rencontre un énorme succès (27% de parts de marché pour le pilote lundi), donc la chaîne n'a pas l'intention de lâcher sa case horaire de 22h30, et a commandé une série pour prendre le relai dans 6 mois. Encore tenue secrète, cette nouvelle fiction est créée par Josefina Fernández, déjà responsable de Los Archivos del Cardenal (en photo ci-dessus, une série qui justement doit revenir aussi pour une deuxième saison (la production a reçu des fonds au début du mois, venant du Consejo Nacional de Televisión). TVN ambitionne aussi de créer un nouveau créneau horaire consacré aux séries, encore plus nocturne, cette fois à minuit ! On n'arrête pas le progrès. Tout cela et bien plus encore sera au programme de TVN, qui affirme avoir encore des surprises dans sa manche...
* De son côté, Canal 13 a décidé de commander l'adaptation d'Os Normais, une comédie brésilienne diffusée par Rede Globo pendant trois saisons voilà une bonne décennie de ça (de 2001 à 2003, si on veut faire genre on connait Wikipedia par coeur). La série avait rencontré un grand succès, donnant lieu à deux longs-métrages en 2003 puis 2009. La formule, qui rappelle un peu celle d'Un gars, Une fille (mais en format une demi-heure), met en scène un couple dans sa vie de tous les jours, à la différence que les protagonistes ne vivent pas ensemble. Et, surtout, la série était réputée pour ses excentricités, comme par exemple briser le quatrième mur, avoir recours à des flashbacks régulièrement, ou encore laisser les acteurs partir en totale improvisation. L'humour reposait pourtant essentiellement sur les dialogues, et très peu de comique de situation ou de slapstick. La version chilienne sera co-produite par Globo, ce qu'on peut considérer comme étant une mesure de sécurité pour conserver le ton de la série originale ; apparemment, l'Espagne serait aussi sur le coup pour récupérer le concept, puisque la rumeur prétend qu'un producteur indépendant est en train de négicier les droits d'adaptation. Si vous êtes curieux à propos d'Os Normais, de nombreux épisodes, dont le pilote, sont en ligne sur Youtube. Port du portugais brésilien obligatoire pour comprendre, cependant.

DR

- DANEMARK :

* Le minister de la Culture Uffe Elbæk a annoncé il y a quelques jours un "Media Agreement" pour 2012-2014, qui dessine les grandes lignes de l'audiovisuel public danois pour les deux prochaines années après un vote d'une majorité du Parlement ; l'accord concerne le groupe DR et la chaîne TV2. Parmi les différentes mesures que ce pacte regroupe : une somme coquette allouée au développement de projets pour la jeunesse ; une augmentation de la redevance en 2014, qui passera de 2352 couronnes (315 euros) à 2414 couronnes (323 euros) ; un assouplissement des règles de programmation, permettant aux chaînes plus de flexibilité dans la composition de leurs grilles ; le renouvellement des engagements de DR à avoir recours à des sociétés indépendantes pour ses productions ; et une réintroduction de l'interdiction du product placement. Il y a deux ans (lors du précédent Media Agreement si je comprends bien), le product placement avait en effet été autorisé, dans l'espoir que cela encouragerait l'investissement dans de nouveaux programmes, mais il faut croire que l'expérience n'a pas été concluante. Vous le savez, le product placement est l'une de mes grandes fascinations, et j'aimerais bien trouver des articles expliquant un peu le pourquoi de ce revirement... si possible pas en Danois ; en l'absence, il faudra donc présumer des explications. Ah, et pour finir, Public Service Pool (PSP), qui a déjà soutenu la création des séries Lærkevej et Rita pour TV2 par le passé, a aussi récolté 30 millions de couronnes (4 millions d'euros) pour de nouveaux projets. On peut donc se lécher les babines par avance...

StamosOkupa2

- ESPAGNE :

* Quand la comédie Stamos Okupa2 a prouvé qu'elle n'était pas faite pour la seconde partie de soirée (8,8% de parts de marché pour le pilote, ça ne s'est pas arrangé ensuite), la chaîne publique RTVE a vite décidé de faire du damage control et de reprogrammer la série en dernière partie de soirée le samedi, à coups de deux épisodes d'affilée par semaine. Le concept était apparemment de voir jusqu'où les audiences chuteraient, en tous cas ça y ressemble beaucoup, et dans ce cas, le pari est remporté. Alors finalement, ce sont les chiffres qui finissent par être plus drôles que la série : le dernier épisode en date a été regardé par très exactement 306 000 Espagnols qui apparemment ont besoin d'une vie le samedi soir à 00h15 (3,3% de parts de marché si vous vous demandiez). Je m'avance peut-être, hein. Mais je crois que c'est un bide. Du coup je vous ai mis la photo de promo de Stamos Okupa2 quand même, histoire que vous puissiez mettre des visages sur ce fiasco. Fort heureusement, comme c'est produit en in-house, ça ne coûte pas trop cher au groupe public, qui en dépit de cette déculottée a affirmé avoir encore le souhait de développer d'autres comédies en interne dans le futur. Et je serai là pour en apprécier chaque revirement, c'est promis !
* Fort heureusement, il y a encore des séries qui fonctionnent, en Espagne. L'une d'entre elles est El Barco, une série d'anticipation dans laquelle un navire-école se retrouve isolé, dans un monde dévasté dont ils pourraient bien être les seuls survivants. Le démarrage de la saison 3, le 18 octobre dernier, a une fois de plus été couronné de succès : 3,5 millions de spectateurs pour le season premiere ! La troisième saison maintient donc les chiffres de la deuxième, même si on est loin des 4 millions et quelques de fidèles de la première saison. Grâce à ce lancement, le season premiere d'El Barco est le 4e épisode le plus regardé en Espagne cette saison, derrière le 6e season premiere de la comédie La que se avecina, le final de la série historique Isabel, et le 2e épisode de Once Upon a Time, puisqu'Antena 3 diffuse la première saison depuis septembre. Eh oui, en Espagne, les meilleures audiences sont quand même plutôt pour les séries locales...
* La société Bambú Producciones (Gran Hotel, Hispania, Gran Reserva...) prépare une nouvelle fiction pour Antena3, intitulée Galerías Vélvet. La série se déroulera à la fin des années 60, dans l'univers de la mode, alors que l'âge d'or de la haute couture espagnole touche à sa fin ; la série s'intéressera donc moins au contexte des années Franco qu'à un univers glamour qui commence à perdre de son influence. L'actrice Paula Echevarría (qui a déjà un rôle dans Gran Reserva) est la première à signer pour cette nouvelle production.

Nymfit

- FINLANDE :

* Il y a quelques mois, je vous parlais de Nymfit, une série fantastique dont le tournage a commencé cet automne ; il s'agit de l'histoire de 3 nymphes vivant parmi nous, Didi, Cathy et Nadia, jouissant d'une jeunesse éternelle mais dont les pouvoirs de séduction sont éminemment dangereux pour les humains. Mais quand l'une d'entre elles tombe sous le charme d'un homme on-ne-peut-plus mortel, Samuel, les choses se compliquent pour les deux espèces... Nymfit a la particularité d'être essentiellement tournée sur fond vert, comme par exemple Sanctuary, et devrait être diffusée courant 2013 sur MTV3 en Finlande. Attention, tenez-vous bien, elle a déjà trouvé acquéreur en France... je vous sens super ravis, là : l'acheteur est la compagnie Zylo. Comme je ne connaissais pas, j'ai été voir le site internet. Et je suis moins ravie (leur catalogue de séries donne bien le niveau). On va donc se dépêcher d'oublier Nymfit.

LifeOK

- INDE :

* Sur le câble indien, ça bouge un peu. La récente chaîne Life OK a une politique de commande de séries pour le moins ambitieuse. Elle diffuse par exemple Savdhaan India, une série criminelle inspirée par des faits réels, diffusée en quotidienne depuis avril, et qui a la particularité d'avoir un présentateur pour replacer les évènements dans leur contexte. La chaîne a désormais commandé à Endemol India une nouvelle production, un thriller intitulé Devki, pour la rejoindre dans la grille en semaine. Life OK diffuse seulement deux soaps, et a étoffé sa grille avec une série mythologique et deux crime dramas (Savdhaan India, donc, qui depuis juillet a eu droit à un changement de formule pour se concentrer sur les victimes, et Hum Ne Li Hai... Shapath, diffusée le samedi et le dimanche). Une autre série mythologique, intitulée Savritri, serait également en passe d'être achetée par Life OK. Pas mal pour une chaîne qui a moins d'un an !

LoveHate-Season3

- IRLANDE :

* Le 11 novembre, Love/Hate revient pour une troisième saison sur rté. Ce n'est pas très étonnant quand on sait que la saison 2 était la série la plus regardée en Irlande en 2011, et qui compte à ce jours 7 IFTAs pour célébrer sa qualité. En tous cas, pas mal de changements cette saison (conséquence directe du départ de l'un des acteurs de la série, je ne vous dis pas qui), mais comme vous le voyez sur la photo ci-dessus, Robert Sheehan est, lui, toujours de la partie. Apparemment une 6e saison de la série dramatique/culinaire Raw est également prévue pour 2012-2013 sur rté, mais je n'ai pas été capable de trouver une date de début, si jamais elle en a déjà une (ce qui vient s'ajouter à mes difficultés à trouver le pilote quelque part...).
* Concernant ses projets, rté développe actuellement Citizen Charlie, une mini-série en 3 épisodes de 90 minutes, un biopic sur Charles Haughey écrit par Colin Teevan (qui a écrit un épisode de Vera). Avec un budget de 3,7 millions d'euros, le projet n'est pourtant pas près d'arriver sur les écrans irlandais puisqu'à l'heure actuelle, aucune décision n'a même été prise pour choisir l'acteur qui incarnera l'homme politique.

Family

- ISRAEL :

* Ces derniers temps, on parle pas mal d'adaptation américaines de séries israéliennes (attendez la fin de ce post, on va même en REparler). Mais en Israël, on ne se repose pas sur ses lauriers et on continue de s'intéresser à ce qui se passe ailleurs. Tenez, prenez la production de la prochaine série de la chaîne HOT3 : je serai surprise qu'on n'y ait jamais entendu parler de The New Normal. L'histoire est en effet celle d'un couple de gays qui ont un bébé avec une jeune femme. Hm... Bon, comme mon hébreu n'est pas au top, j'ai pas réussi à comprendre le titre de la série, tout ce que je sais, c'est que plusieurs scènes ont été tournées pendant la gay pride début juin.

JunichiOkada

- JAPON :

* Si vous l'ignoriez encore (dans ce cas vous êtes tombés au bon endroit pour réparer ça !), la chaîne publique NHK diffuse chaque année une série historique le dimanche soir, décrochant ainsi généralement ses meilleures audiences pour une fiction. Début janvier, tous les ans, une nouvelle série (un "taiga dorama") fait donc son apparition, pour faire ses adieux fin décembre ; c'est la seule série japonaise a connaître autant d'épisodes par saison. Et ça fait depuis 1963 que ça dure. Alors que Taira no Kiyomori s'apprête à tirer sa révérence fin 2012, on sait donc déjà (parce que ça se prépare trèèès longtemps à l'avance, ces choses-là) que Yae no Sakura prendra le relai en janvier 2013 avec Haruka Ayase dans le rôle principal, et on se tourne donc désormais vers les annonces concernant la série de 2014 ! Ce nouveau taiga dorama s'appellera Gunshi Kanbei, où il sera comme d'habitude question d'une figure historique, ici Yoshitaka Kuroda, dit Kuroda Kanbei. C'est le chanteur et acteur Junichi Okada qui a décroché le rôle principal ; le tournage commencera en août prochain.

TheAlmightJohnsons-cast

- NOUVELLE-ZELANDE :

* Bon, et je l'avais indiqué sur Twitter mais dans le doute, il vaut peut-être mieux le dire aussi dans un world tour : en fin de compte, The Almighty Johnsons a décroché un financement pour une troisième saison. Pas d'annulation pour cette fois, donc ! Vu les audiences pâlichonnes et les critiques pas forcément extatiques, cette saison sera sans doute la dernière, et la série a surtout gagné une vraie fin. Pourtant, les fans de la série s'étaient mobilisés en Nouvelle-Zélande, envoyant massivement des bâtons de bois à TV3 (symbolisant Yggdrasil, l'arbre de vie de la série). Les subventions de NZ On Air permettront d'avoir un peu plus qu'un téléfilm de conclusion (ce qui avait été proposé en dernier recours par James Griffin et Rachel Lang, les créateurs de The Almighty Johnsons), puisque ce sont 13 épisodes au total qui sont financés à hauter de 6,9 millions de dollars néo-zélandais, soit environ 4,3 millions d'euros.

Halvbroren

- NORVEGE :

* En 2013, la redevance va augmenter en Norvège. Le Gouvernement a en effet proposé d'augmenter la taxe de 8% l'an prochain, dans l'espoir de collecter 5,1 millards de couronnes en plus pour NRK. N'allez pas croire cependant que l'audiovisuel public norvégien connaisse des problèmes de liquidités : en 2011, NRK enregistrait un profit de 40,9 million de couronnes, et on estime qu'en 2012, le nombre de foyers soumis à la redevance a augmenté (atteignant un peu plus de 1,9 millions de contribuables). Mais quand on voit la news qui suit, on se dit que ça a du sens...
* Deux news en une ici : je lis que la série norvégienne Halvbroren, un drama qui doit débuter en janvier 2013 sur NRK, a été vendue pour une diffusion à 13 pays... dont les USA. Je n'ai pas réussi à trouver quelle chaîne se chargera de la diffusion, ça se trouve c'est une obscure chaîne câblée/locale/spécialisée (notez que ça ne s'exclut pas), mais si c'est une chaîne relativement conséquente, je pense que mes yeux vont rouler sur la table. Halvbroren, basée sur le roman du même nom de Lars Saabye Christensens sorti en 2001, commence à la fin de la Seconde Guerre mondiale lorsque, le jour de la Libération, une femme est violé. L'enfant qui naitra de cette atrocité sera un garçon qui, quelques années plus tard, aura un frère... un demi-frère donc, d'où le titre. La série commence donc en 1945 pour se poursuivre en 1964 alors que les deux jeunes garçons arrivent à l'âge adulte, l'un se destinant à devenir boxeur, l'autre se découvrant une passion pour l'écriture. Ils sont très proches en dépit de tout ce qui les sépare (les conditions de leur venue au monde, leur tempérament, cinq années d'écart...) et quand le grand frère boxeur disparait, le grand se met à sa recherche... L'histoire se finit en 1990, mais je ne vous en dis pas plus (si vous voulez vous spoiler sur une série, google is your friend... sort of). C'est le plus gros budget de la NRK ces dernières années, avec 60 millions de couronnes norvégiennes (8 millions d'euros), certains décors, notamment pour les scènes en 1964, ayant été recréés numériquement ; un joli budget quand on sait que la série comptera seulement 8 épisodes. Apparemment, les chaînes SVT (Suède), RUV (Islande) et YLE (Finlande) ont mis la main à la poche, donc déjà, la diffusion dans la plupart des pays de Scandinavie est acquise. Mais pour les USA, j'aimerais vraiment trouver des noms ! Vous pouvez voir la bande-annonce ici, avec voix-off et sous-titres en anglais. Et ça a l'air génial. Sincèrement, on peut dire que les 60 millions de NOK, ça les vaut !

Charlie

- PAYS-BAS :

* Il y a des chaînes américaines qu'on soupçonne d'être un peu trop faciles à convaincre quand il s'agit de vendre les droits pour une adaptation cheap à l'étranger. On ne les citera pas mais on a tous au moins un nom en tête. Une chaîne qu'on n'attend pas tellement sur ce terrain-là est Showtime, jusque là pas tellement encline à faire des pépettes faciles en vendant un format au plus offrant, et pourtant, les faits sont là : une adaptation néerlandaise de Nurse Jackie est en préparation pour AVRO/Ned 3, sous le titre, vous l'aurez compris, de Charlie (c'est comme Jack McFarland : juste Charlie). Le problème, vous le voyez sur cette première photo de promo, est assez évident, il me semble. Une actrice ayant près de 15 ans de moins que l'originale, forcément jolie, sexualisée et ayant perdu tout son côté revêche (et probablement aussi torturée que mon chat quand il doit choisir entre pioncer et manger)... L'actrice Halina Reijn a-t-elle seulement compris ce qu'elle était supposée représenter en prenant la pose ? Même pas sûr. Dans tous les cas, les spectateurs ont rendez-vous avec Charlie en mars 2013. Ca, plus Golden Girls et le prochain remake de Roseanne, ça commence vraiment à faire beaucoup. Dans le fond, je sais même pas si on peut envier les Néerlandais d'avoir autant de séries locales, dans pareilles conditions. Ca mérite réflexion en tous cas.

AlFondoHalSitio

- PEROU :

* Souvenez-vous, on avait évoqué Mi amor, el wachimán, une comédie romantique, dans le précédent world tour. Eh bien, aussi ridicule que ça puisse paraitre à quiconque a jeté un oeil à la bande-annonce, la série est un succès qui ne se dément pas, devenant l'une des deux séries les plus regardées du pays. L'autre est également une comédie, nommée Al Fondo Hay Sitio ; toutes deux sont diffusées par la chaîne ATV (pour America TV).

NaKraiSveta

- RUSSIE :

* La diffusion de la mini-série Na Krai Sveta a commencé plus tôt ce mois-ci en Russie, et là comme ça, sur le papier, ça a l'air intéressant. Déjà parce que ce n'est pas un remake. Ce n'est pas non plus une série policière. Non, en fait, c'est l'histoire d'un couple qui se déchire autour de la garde de leur fille pendant leur divorce, conduisant à l'enlèvement de ladite progéniture, et c'est en plus inspiré d'un fait réel. Alors quel est le problème ? Eh bien, ce fait réel avait provoqué un incident diplomatique entre la Finlande, pays du père, et la Russie, patrie de la mère de l'enfant. Or, la plaie a été ouverte par cette série en 8 épisodes, qui a décidé de faire des Finlandais le portrait le plus caricatural possible, du père ombrageux à la belle-mère qui ne trouve rien de mieux qu'offrir pour les 8 ans de la gamine... une place au cimetière. Charmant. Tournée l'an dernier, en partie en Finlande, et avec 4 acteurs finlandais, la série a déclenché la colère des médias finlandais. Ils ne s'étaient pas offusqués quand, en février dernier, Na Krai Sveta avait été diffusée en Ukraine ; elle avait dû passer sous leur radar. Donc du coup, une histoire datant de 2008 fait remonter les bonnes vieilles rancoeurs à la frontière...

MuhtesemYuzyil-Bedroom

- TURQUIE :

* Chaque rentrée a ses succès... et ses échecs. Kanal D essuie deux revers cet automne, avec ses nouveautés Veda et Kötüyol, toutes deux inspirés de romans mais incapables de trouver leur public. Veda, on en a déjà parlé, est une série historique s'intéressant à la fin de l'Empire ottoman dans les années 20, tandis que Kötüyol, qui se déroule dans les années 50, est plutôt un drama à tendance romanesque qui raconte comme une femme, initialement promise à un homme qu'elle n'aime pas, rencontre en tentant de s'achapper un producteur qui lui permet de tenter une carrière dans le cinéma. Particulièrement atteinte par les problèmes d'audience, Veda a failli être purement et simplement retirée des grilles ; en fin de compte, la série n'est pas annulée pour le moment ; maintenue pour le moment dans sa case du jeudi à 22h30, elle doit subir des changements aussi bien côté scénaristes qu'acteurs, afin d'essayer de donner un second souffle aux épisodes. J'ai du mal à trouver des infos explicites sur le sort réservé à Kötüyol, mais si j'ai bien compris, on dirait que l'annulation n'est pas loin.
* Et puis une nouvelle intéressante : le ministère de la Culture et du Tourisme turc a décidé d'encourager les séries turques à être "vendues gratuitement" à des chaînes étrangères ; l'idée n'est évidemment pas de s'asseoir sur les quelques 60 millions de dollars US que représentent les exportations de la fiction turque, mais de favoriser l'implantation de certaines séries dans des pays où le ministère estime que le rayonnement culturel de la Turquie peut jouer un rôle important : "avec les séries télévisées, nous pouvons entrer dans chaque maison et contribuer à élargir l'influence de la culture turque". Le ministère de rappeler que de nombreux pays sont en train de s'intéresser à la langue turque ; y compris en Grèce où, notamment grâce à des séries comme Muhtesem Yüzyil (en photo ci-dessus, et accessoirement série turque la plus exportée du moment), certains mots et expressions simples sont entrés dans le vocabulaire des spectateurs. Ca doit donc vouloir dire qu'en Grèce, on diffuse les séries turques sans les doubler ? Bien bien bien, je note.
* Et puis on finit par l'award incongru du jour, remis à une bande-annonce de la nouvelle saison de Behzat Ç., qui a reçu un Key Award d'argent à la mi-octobre ; les Key Awards sont un évènement soulignant les réussites dans le domaine du marketing, de la publicité et des campagnes promotionnelles de tous poils, organisé par The Hollywood Reporter, et dans ce palmarès, elle est la seule fiction non-anglophone

ChuyenXuDua

- VIETNAM :

* Imaginez, vous êtes une chaîne de télévision, et quand une série ne fonctionne pas, vous perdez de l'argent. Or, perdre de l'argent, c'est pas trop votre truc... Alors que faire, que faire ? Eh bien, ne désespérez pas, le groupe du câble SCTV a trouvé une idée d'enfer ! C'est simple : les chaînes du groupe ont décidé de ne payer les sociétés de productions qui font les séries que si lesdites séries font au-delà d'un certain taux d'audiences. Bah voilà, il suffisait de demander. Vraiment c'était tout bête, hein. Bon en réalité c'est un peu plus compliqué que ça, vous vous en doutez, et là on entre dans ce qui semble être une particularité du système télévisuel vietnamien : jusqu'à présent, c'étaient les studios eux-mêmes qui devaient trouver des annonceurs, vendant en somme une série ET un minimum d'espaces publicitaires aux chaînes (c'était un peu tout bénef pour les chaînes, j'ai l'impression). Eh bien avec SCTV dorénavant, attention la surprise, c'est la chaîne qui cherche des annonceurs pour une série donnée, expliquant que les sociétés de production ont ça de moins à s'occuper et que du coup, elles n'ont plus d'excuses pour ne pas faire de la qualité, vu qu'elles sont déchargées de la question des annonceurs ! Jolie façon de confondre qualité et succès, au passage... Bon et puis, pour payer les sociétés de production, on se basera sur les audiences calculées de façon indépendante par TNS, hein, on n'est pas des bêtes non plus. La barre à été placée à 1,5 points d'audience (on estime que l'an dernier, un tiers des fictions diffusées par SCTV7 et SCTV14, les deux chaînes du groupe diffusant des séries, ont atteint ce degré de popularité), et si les séries ont des scores qui vont au-delà, les sociétés de production gagnent un bonus (prix par épisode : 4700 dollars US entre 1,5 et 1,7 points ; 7700 dollars US entre 1,8 et 2 points, etc...). Dans l'histoire je n'ai pas compris pourquoi les sociétés de productions devraient prendre le risque de n'être pas payées, au lieu de se reconvertir, mais apparemment SCTV incorpore ces nouvelles clauses à ses contrats depuis le début de la saison. Est-ce que je peux avoir un grand "what the fuck" dans le public, s'il-vous-plait ? Ah et comme j'avais pas d'idée pour illustrer cette news, j'ai pris la photo de promo au pif de la première série de SCTV venue, en l'occurrence Chuyện Xứ Dừa, diffusée cet été, et qui se déroule dans un village où on fabrique des bonbons à la noix de coco (ah oui apparemment, la tendance au Vietnam depuis quelques mois, ce sont les séries rurales, les spectateurs se détournant des séries où les personnages sont riches et glamour) ; la série avait atteint une moyenne de 1,6 points d'audience, ce qui veut dire que les producteurs ont été payés. Soulagement.

GenMishima

- USA mais en fait non :

* Au menu des adaptations en projet du moment, on trouve une nouvelle tentative d'adapter la série israélienne Reviat Ran (le premier essai, qui était devenu le pilote de The Quinn-tuplets, n'avait pas été transformé), la série de science-fiction chilienne Gen Mishima pour NBC Universal (l'original avait été diffusé aux USA par la chaîne mun2, du groupe Telemundo...qui fait partie du groupe universal, comme ça on reste en famille) qui s'intéresse à un journaliste découvrant des expérimentations génétiques et dont vous pouvez voir la photo de promo ci-dessus, la telenovela mexicaine Teresa pour ABC, les britanniques Gavin & Stacey et Rev., ainsi que la mini-série britannique Metropolis pour The CW, et l'australienne The Strange Calls, je ne sais plus si je l'avais mentionnée. J'en oublie forcément... Ah et appremment, l'adaptation de Rake sera pour FOX. Alors ça, le voyage au MIPCOM, il a été rentabilisé, hein !
* MundoFOX a lancé lundi la diffusion de la série colombienne Corazones Blindados, qu'elle présente comme sa première série originale. Absolument, et c'est pour ça que la série a démarré en Colombie courant septembre et qu'elle a été renouvelée par RCN pour une seconde saison... Tssk tssk tssk.

Hamarinn

Allez, on finit sur un truc que vous pouvez voir (enfin, peut-être) : la mini-série islandaise Hamarinn sera diffusée par Eurochannel à partir du 3 novembre. Hamarinn est un thriller un peu paranormal qui compte 4 épisodes, lesquels, c'est le détail regrettable de notre affaire, seront diffusés le samedi à minuit. Je ne l'ai pas encore vue, mais je n'en ai entendu que du bien, donc si vous en avez la possibilité, regardez !

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui ! Alors, comme d'habitude, la traditionnelle question : qu'est-ce qui vous a intéressés dans ce world tour ?
Ah et, puisque je vous tiens et qu'on a parlé adaptations, le projet de remake d'Accused par France2, on en pense quoi ? Je suis un peu partagée...

10 octobre 2012

Les tables de loi d'Ainsi Soient-Ils

Avec quelques camarades journalistes, plus tôt cet automne, j'étais présente à la rencontre organisée avec l'équipe de la série Ainsi Soient-Ils. Autour d'une table, les créateurs Bruno Nahon, David Elkaïm, Vincent Poymiro et Rodolphe Tissot, ainsi que les acteurs Samuel Jouy, Julien Bouanich et Clément Manuel, prêts à parler avec passion, et longuement, de la nouvelle série française dont j'ai déjà pu vous entretenir.

On aura l'occasion de discuter encore de la série tous ensemble ; vous le savez, j'essaye de passer plus de temps sur les séries françaises, et la perspective de n'avoir aucun flic dans Ainsi Soient-Ils, mais au contraire d'avoir affaire à un vrai drama, ne pouvait que m'aider à m'y atteler. Outre le pilote, sur lequel j'ai déjà écrit voilà quelques semaines, je vous proposerai à l'issue de la diffusion une review de la première saison (puisqu'une deuxième est d'ores et déjà commandée, et même en cours de production), alors, aujourd'hui, je vous propose de nous attarder ensemble sur quelques propos de l'équipe de la série. Bon, alors, euh, je ne vous ai pas retranscrit les 2h de la rencontre, mais promis, vous allez en avoir pour votre argent !

Voici donc 10 thématiques que j'ai sélectionnées à propos des coulisses d'Ainsi Soient-Ils, à savoir absolument sur la série qui débute en ce jeudi soir sur arte.

AinsiSoientIls-1

Bruno Nahon :
"C'est un projet d'une sincérité maximale, pour autant qu'on puisse être sincère quand on fait ce métier. Il n'y a aucun calcul de notre part, ni dans l'envie de séduire, ni dans l'envie de faire quelque chose en rapport avec la fiction française, etc., on a juste voulu faire quelque chose qu'on avait envie de faire, on avait ce désir, et on n'a pas dérivé, [on a tenu] jusqu'au bout. [...]
On a fait quelque chose que nous on sentait, parce que [le sujet] recouvrait des notions intimes et politiques très fortes, et au moment où on l'a imaginé, à contre-courant. Parce que, au moment où on l'a imaginé, c'était (pour moi) en 2007, à l'été 2007, alors ça fait partie d'un plus long cheminement mais c'est là où j'ai reçu un coup de fil de la chaîne, qui m'a dit 'on a envie de développer une série que tu nous a proposée sur l'Eglise, sur de jeunes prêtes, sur de jeunes séminaristes. En 2007. J'insiste parce qu'en 2007 il n'y a pas Des hommes et des Dieux. Il n'y a pas Habemus Papam. Et on a été très heureux que ces films, ces magnifiques oeuvres, différentes de la nôtre, arrivent quelques années après, parce qu'on s'est sentis moins seuls dans notre trajet. Parce qu'à un moment, une chaîne peut développer un projet, et puis son désir peut s'émousser ou la peur peut submerger.
Et la peur c'est quoi ? C'est : 'qui va regarder une série sur des séminaristes ?'. Cette peur-là, c'était la principale avec laquelle on a du, non pas lutter, mais composer tout au long de l'écriture. Qui va venir voir des mecs qui veulent faire un boulot que personne ne voit aujourd'hui ? Il n'y en a plus du tout, ils sont pauvres, l'Eglise c'est gris, ya plus personne dans les églises, etc. On peut pas collectionner plus de points négatifs, on les a tous, là ! Et pour nous c'était ça, le challenge, pour nous c'était dire que c'est justement dans des endroits comme ça que, si on y regarde bien et intimement, et à la loupe, et pas du point de vue du discours. Les occasions de céder justement à ces peurs tout au long du développement et de l'écriture sont nombreuses. Et là, il faut la force de conviction de ne pas dériver de son projet, de son programme, de ce qu'on s'est dit, de ce qu'on voulait, de son désir, surtout, de son désir initial, qui était de raconter la trajectoire de personnages. C'était ça qui a nous a menés depuis le début."

AinsiSoientIls-2

Bruno Nahon :
"Qui sont les meilleurs comédiens pour jouer les rôles qu'on a écrits ? Eh bah ce sont eux cinq, peu importe ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont pas fait. Eux cinq. [...] Le casting, c'est de ne pas céder à ces sirènes là, qui disent 'mais il faut des gens connus'. Non. Dans une série, on fait connaître des gens. Toutes les séries qu'on aime le font. Il y a des exceptions, mais les Six Feet Under, les The Wire, les Breaking Bad, les Mad Men, font naître des acteurs. Ca, c'est faire une série, c'est pas prendre des gens du cinéma forcément très connus et les mettre."

AinsiSoientIls-3

Bruno Nahon :
"[Il y avait] des pressions sur : aborder tous les thèmes de l'Eglise. C'est-à-dire : on a la collection de tout ce qui a dans la presse, de tous les scandales, et de comment nous on va les traiter, les intégrer. D'abord, nous ce qu'on veut, c'est raconter leur histoire à eux, pas raconter l'Eglise, c'est leur fiction à eux.
Et on doit surprendre le spectateur. Si on écrit ce qu'il veut, ou ce qu'on pense qu'il désire, on ne le surprend pas et on se surprend pas nous-mêmes, or c'est toujours un travail de se prendre soi-même par surprise, l'écriture. Toujours. Si on commence à faire la collection de tous les grands sujets importants, sur lesquels nous, nous n'avons aucun doute sur notre positionnement, évidemment... mais il fallait trouver une façon de le twister, une façon connexe d'essayer, peut-être par l'humour, de le traiter. Tous les sujets sont traités. Sauf que des fois c'est traité en une ligne de dialogue. Et ça je trouve que le travail de Davidet Vincent au scénario a été brillant à ce niveau-là : c'est-à-dire intégrer les grands sujets, mais en faire justement des sujets. Encore une fois, on raconte leur histoire à eux. [...] Il y a des documentaires formidables sur ces sujets, sur ces grandes choses qui agitent les débats, sur le mariage, l'avortement, la pédophilie... des grands films de fiction ont été faits là-dessus. Nous, on voulait juste raconter notre séminaire des Capucins, reliés à la Conférence des Evêques de France, elle-même reliée au Vatican."

AinsiSoientIls-4

Vincent Poymiro :
"On a rencontré [des membres de l'Eglise], d'abord Bruno et moi, et puis ensuite avec David, et après il ya eu d'autres travaux de documentation sur la préparation du tournage. Sur l'immersion, on a eu des contacts, des témoins, et on a rencontré un certain nombre de personnalités qui sont dans l'Eglise, et qui nous ont parlé, aussi bien à la Conférence des Evêques de France que dans un couvent, des prêtres de terrain, on a fait un énorme travail de documentation. Mais sur l'immersion au séminaire...
Bruno Nahon :
"Il y a quelqu'un, en fait, il y a quelqu'un qui nous a conseillés, qui a fait le séminaire pendant 5 ans, 7 ans..."
David Elkaïm :
"6 ans."
Bruno Nahon :
"Voilà... qui a ensuite été... donc il fait 6 ans de séminaire, un séminaire proche."
Vincent Poymiro :
"Alors, on a inventé un séminaire qui n'existe pas, qui se trouve à Paris, un séminaire universitaire, interdiocésain..."
Bruno Nahon :
"Voilà : il existe à Paris un séminaire, plutôt progressite, c'est pas le même, mais on s'en est inspirés."
Vincent Poymiro :
"C'est un grand travail de documentation, nous après on fait nos choix, je vais citer Céline : 'le bâton dans l'eau il est tordu, donc si je veux qu'il apparaisse droit, il faut que je le torde avant de le mettre dans l'eau'. La fiction, c'estç a aussi : on fait des choix, on a envie de représenter quelque chose, on part d'une réalité, la garantie de notre honnêteté c'est qu'on cherche à comprendre, après la fiction implique que, pour que ça ressemble à quelque chose, qu'on torde un peu le bâton."
Bruno Nahon :
"Mais il fallait de la justesse dans ce qu'on raconte : à tous les niveaux, dans l'enseignement, dans les gestes, etc., donc on a eu à différents niveaux, différents conseillers. Notre conseiller principal, c'est quelqu'un qui a fait le séminaire pendant 6 ans, qui a ensuite été dans un diocèse en Province, et qui a tenu 6 mois. [...]
David Elkaïm :
"...Sans ressentiment contre l'institution. C'est son parcours à lui. Donc il n'avait pas de comptes à régler, et c'était aussi important de trouver la bonne personne, qui n'était pas là pour justifier une sorte d'échec de vie par la critique d'une institution."
Rodolphe Tissot :
"Pour la mise en images, puisque là c'était surtout sur le travail d'écriture, donc la personne dont on a parlé qu'avaient rencontré Vincent, David et Bruno, a continué [à participer] en préparation, pas sur des choses narratives, sur des choses concrètes pour moi, comment cette scène peut se passer, sur des vraisemblances dans la vie au séminaire... Comme on voulait absolument être le plus vraisemblables et réels possible, même si comme disait tout-à-l'heure Vincent, des fois on est obligés de tordre un peu la réalité, mais on avait quand même à coeur d'être le plus irréprochables possible là-dessus, mais si on faisait de la fiction. En préparation, c'était pas évident de visiter un séminaire, on avait plutôt des refus, mais on a quand même pu passer une journée au séminaire d'Issy-les-Moulineaux. Ca a été un moment assez important dans la préparation de voir leur salle de cours, leur foyer..."

AinsiSoientIls-5

Vincent Poymiro :
"Il vont tous beaucoup souffrir... C'est le principe de la fiction : les gens heureux n'ont pas d'histoire. C'est écrit dans Tolstoi. Pour raconter le monde, il faut bien un conflit."
David Elkaïm :
"Par contre, il y a des moments d'humanité, et moi c'est ce qui me passionne aussi dans ce métier : c'est d'aller trouver des moments d'humanité, en fait. [...]Ce que je trouve assez formidable, c'est que c'est un monde d'hommes, et on voit des hommes pris de doutes, de souffrances, d'angoisses, il y en a qui pleurent... Donc tout ça, ça m'intéresse aussi. En général, dans les séries policières, on montre des hommes qui ne pleurent pas, qui ne flanchent pas, qui n'ont pas de doutes."

AinsiSoientIls-6

Samuel Jouy :
"On se met pas dans la peau d'un séminariste, on se met dans la peau d'un être humain, chaque personnage. Moi, je ne l'ai pas vu comme un séminariste, je l'ai vu comme un homme qui a eu une révélation après avoir eu un parcours chaotique, et qui d'un seul coup décide de s'engager. Mais c'est vrai que je ne l'ai jamais vu trop sous l'étiquette du séminariste. Pour moi, c'était José, avec son passé, son avenir, ses ambitions... A cet instant quand la série commence, son ambition c'est de rentrer dans un séminaire dont on lui ferme les portes, comme de se confronter à des personnes qui ne viennent pas du même milieu que lui, comment gérer sa violence, voilà, pour moi c'était ça, je ne me disais pas : c'est un séminariste.
J'ai été élevé dans un milieu très religieux, mais tout ce qui était de visiter des séminaires et tout, ça ne m'a pas traversé une seule seconde. J'y ai pensé quand on a fait les conférences de presse, parce qu'à chaque fois on nous disait : 'est-ce que vous avez visité des séminaires ?', et je me disais : ah oui, c'est vrai tiens, pourquoi pas. Mais moi, c'était vraiment par rapport à la foi... Il avait quelque chose, tout de suite, dés les premières scènes que j'ai eues, d'ardent, et je crois que c'est autour de ça que j'ai travaillé. Pas dans la vraisemblance dans les attitudes. Parce que, en plus, je suis allé beaucoup à l'église, alors ça, ça ne m'attirait pas. Ce qui m'attirait, c'était sa quête.
Ce que j'ai beaucoup aimé dans le travail de Vincent et David, c'est que, en général, nous les acteurs, quand on nous donne des rôles, les personnages sont toujours tendus vers un objectif qui est souvent, neuf fois sur dix, d'avoir : avoir de l'argent, avoir une place dans la société, avoir une femme... Et là, c'est la première fois que j'avais un rôle où le mec, ce qui l'intéressait, c'était être. Et ça, c'est une nuance infime, mais ça change tout dans l'approche."

AinsiSoientIls-7

Vincent Poymiro :
"Pour faire exister dans la fiction toutes les positions, il faut se styliser. Pour avoir une fiction qui reflète ce que moi je pense, ce qui est le rôle de la fiction, c'est-à-dire justement des complexités humaines. Il n'y a pas que les personnages entre eux, on voit bien que le père Fromenger est contrasté, le père Bosco son bras droit est ultra contrasté et déchiré, monseigneur Gandz, au Vatican, celui qui a la canne, est un personnage contrasté aussi, le Pape lui-même est un personnage contrasté, parce qu'on s'intéresse à son inconscient, il faut regarder la deuxième partie de la saison... Même si c'est toujours pareil, c'est stylisé.
Alors voilà, effectivement, à un endroit on a mis un personnage, auquel effectivement, on ne s'est pas intéressés à l'intériorité, on aurait pu s'approcher un peu plus près et voir la complexité contrastée de monseigneur Roman, bon, il se trouve qu'en fonction narrative, à un endroit, on a un personnage dont on s'est amusés à le charger..."
Bruno Nahon :
"C'est politique. C'est plus un regard politique sur ce personnage, cette dimension-là."
Vincent Poymiro :
"Ce que ça coûte parfois aussi, comment le pouvoir transforme les gens. Il se trouve que voilà, on a aussi accentué ça pour des raisons de lignes narratives générales. Je pense pas qu'on soit totalement, absolument dans la science-fiction absolue, sur l'exercice du pouvoir."
Bruno Nahon :
"C'est comme la série Boss, que moi je vois en ce moment, ya le maire de Chicago, qui est une crapule vraiment quelqu'un de profondément sombre... j'ai l'impression que dés qu'on parle de l'Eglise, on a d'autres façons de poser un jugement sur les personnages, or quand on fait ça, ou quand on fait une série politique, on représente souvent des personnages politiques outrés, et on a du plaisir à ça. Mais quand on fait l'Eglise c'est un peu différent, et c'est dommage."
Vincent Poymiro :
"C'est juste aussi une question romanesque. Nous on avait aussi à coeur de faire une série romanesque. Et c'est vrai que dans le romanesque, de temps en temps, certains personnages sont plus outrés que d'autres. On en avait besoin mais il ne s'agissait pas pour nous en tous cas de dire : à la tête de l'Eglise de France, il n'y a que des gens qui pensent à leur petit pouvoir... absolument pas. Pour nous trois, ça dit bien qu'on n'est pas dans la réalité. On est dans la vraisemblance, pas dans la réalité. On est dans une série romanesque."

AinsiSoientIls-8

David Elkaïm :
"Quand on entre au séminaire pour 6 années, on doit faire le deuil de quelque chose qu'on met derrière. D'où cette relation aux familles, il faut couper le cordon, pour Raphaël c'est évident, pour Yann aussi, d'une certaine manière, donc tous ces personnages-là ont un cordon à couper, qui malgré eux, ou parce qu'il n'est pas totalement coupé, ressurgit au cours de la saison, mais ce n'est pas une histoire de peur, je pense qu'il y avait une volonté, chez Vincent et chez moi, de traiter ça. Comment est-ce qu'on coupe ce qu'on va quitter, en fait ? Donc les familles, les amis, les amours..."

AinsiSoientIls-9

Rodolphe Tissot :
"C'est un personnage assez complexe, dont on peut-être, on peut le dire, on n'a peut-être pas réussi à 100% ce qu'on voulait en théorie faire avec elle. Parce qu'il y a beaucoup de personnages, c'est un personnage secondaire, à un moment elle a un peu souffert d'être un personnage secondaire. Alors c'est vrai qu'il y a d'une part la vraisemblance d'une femme au séminaire, donc ça, tous nos conseillers nous ont dit que c'est possible. C'est rare, mais c'est possible. Généralement elles sont plusieurs. C'est une femme qui a 35-40 ans, qui est plutôt jolie, mais on n'est pas non plus dans l'outrance de 'on va prendre une bombe sexuelle pour faire soeur Antonietta'. Sur la vraisemblance, on est un peu limite parce qu'elle aurait pas du être toute seule, il y aurait dû y avoir deux-trois soeurs, et après ça m'embêtait d'avoir deux soeurs figurantes qu'on allait voir passer dans le fond sans savoir ce qu'elles font, donc on a un peu stylisé en disant qu'elle est toute seule." [...]
Bruno Nahon :
"Même si on a pas optimisé le personnage, si on n'a pas eu le temps et l'oxygène nécessaire pour la faire exister, c'est vrai, on n'a pas réussi totalement là-dessus, mais elle est un accès intime à Fromenger."

AinsiSoientIls-Generique

Bruno Nahon :
"D'abord, ce sont des gens qui ont jamais fait de générique. Mais comme nous, on n'a jamais fait de série, on n'a jamais fait 8x52 ! Moi j'avais jamais produit 8x52, toi t'avais jamais écrit 8x52, toi... t'avais déjà réalisé un téléfilm puis une carrière en tant que premier assistant sur des séries du service public [...] mais ce que je veux dire, c'est que c'est aussi ça qui était chouette, et on l'a fait au bout, jusqu'au générique. On va prendre des mecs qui ont jamais fait de générique de série.
Rodolphe Tissot :
"...Mais qui avaient très très envie de le faire, c'était ça, qui étaient... puisqu'on a même fait un casting. On a rencontré 4-5 personnes qui faisaient des génériques, et les seuls qui avaient trop envie de le faire, qui réfléchissaient, qui venaient avec des idées, c'étaient eux, ceux qui l'ont finalement fait. Après il y avait le cahier des charges, avec l'envie de base sur laquelle on est tous partis, et c'était de faire quelque chose de beau, d'esthétique, de sobre, et qui parle de l'Eglise en même temps quelque chose d'un peu moderne dedans, il y a sur certains plans quelque chose d'un peu moderne et contemporain qui vient titiller une image sur l'Eglise qui est à la base de plus vieux. Donc il y a toujours cette confrontation entre le monde de l'Eglise, qui a une image comme ça, belle mais... c'est des endroits magnifiques mais qui ramènent toujours des images un peu vieilles, et mettre un peu de modernité là-dedans, quelque chose d'un peu mystérieux. Ca fait rentrer le monde contemporain dans l'Eglise en fiction. C'était ça le but de la série, et il fallait trouver une idée visuelle qui puisse amener ça dans le générique."


On reviendra à des posts plus subjectifs sur la série par la suite, promis. En tous cas, demain soir, profitez-en bien, moi je serai au boulot quand ça commencera...
Mais dés que vous aurez vu le pilote, n'hésitez pas à venir en causer ici !

8 octobre 2012

Emmy bis

Ah, la saison du MIPCOM... cet odeur de transactions dans l'air... le fumet délicat de la masterclass... le parfum du format qui se vend le soir au fond des stands... que du bonheur. Mais pardon, je m'emporte : c'est la poésie du moment. Ca me rend toute chose. Un jour j'irai sur place participer à l'orgie ambiante, mais en attendant, je me régale de loin des effluves qui nous parviennent.

L'un des effets secondaires du MIPCOM, ce sont les nominations aux International Emmy Awards. Comment vous dire ? C'est le parfait mélange de ce qui m'émoustille en matière de téléphagie : la télé internationale, et les Emmy Awards. Alors passons, si vous le voulez bien, aux nominations des International Emmy Awards, sachant que comme d'habitude je n'accorderai d'attention qu'aux fictions, et non-animées par-dessus le marché. Curieuse mais pas téméraire.

InternationalEmmyAwards

Les Emmy Awards les snobent, mais les International Emmy Awards leur consacrent toute un pan de leur palmarès : commençons avec les séries pour la jeunesse avant de passer aux catégories plus classiques.

Kids - Meilleure série

ChuugakuseiNikki-MEA

Chuugakusei Nikki
中学生日記
(Japon)

JulieeosFantasmas-MEA

Julie e os Fantasmas
(Brésil)

SLiDE-MEA

SLiDE
(Australie)

Stikk-MEA

Stikk
(Norvège)

Kids -  Meilleur mini-série ou téléfilm

DieSterntaler-MEA

Die Sterntaler
(Allemagne / Téléfilm)

LostChristmas-MEA

Lost Christmas
(Royaume-Uni / Téléfilm)

DeSterksteManVanNederland-MEA

De Sterkste Man van Nederland
(Pays-Bas / Téléfilm)

Dorama-NoPhoto

Fairy Tales on TV
(Corée du Sud)
Impossible de trouver une info dessus.
Ou au moins le titre original, quoi !

Meilleure performance pour un acteur

ArthurAcuna

Arthur Acuña dans The Kitchen Musical
(Singapour)

DarioGrandinetti

Darío Grandinetti dans Televisión por la Inclusión
(Argentine)

JasonIsaac

Jason Isaacs dans Case Histories
(Royaume-Uni)

SteinWinge

Stein Winge dans Koselig Med Peis
(Norvège)

ZhuYawen

Zhu Yawen dans Flying Eagle
(Chine)
Je n'ai pas trouvé le titre original...

Meilleure performance pour une actrice

SidseBabettKnudsen

Sidse Babett Knudsen dans Borgen
(Danemark)

CristinaBanegas

Cristina Banegas dans Televisión por la Inclusión
(Argentine)

Dorama-NoPhoto

Rina Sa dans Zhong Guo Di
(Hong Kong)

JoannaVanderham

Joanna Vanderham dans The Runaway
(Royaume-Uni)

Meilleure comédie

AbFab

Absolutely Fabulous
(Royaume-Uni)

AMulherInvisivel-MEA

A Mulher Invisível 
(Brésil)

Spy

Spy
(Royaume-Uni)

WatAls-MEA

Wat Als?
(Belgique)

Meilleure série dramatique

Braquo-MEA

Braquo
(France)

ICACInvestigators2011

ICAC Investigators 2011
(Hong Kong)

TheKitchenMusical-MEA

The Kitchen Musical
(Singapour)

TheSlap-MEA

The Slap
(Australie)

ElPuntero-MEA

El Puntero
(Argentine)

Meilleure telenovela

RosaFogo

Rosa Fogo
(Portugal)

RemedioSanto-MEA

Remedio Santo
(Portugal)

OAstro-MEA

O Astro
(Brésil)

BulguruiMyeoneuri-MEA

Bulgurui Myeoneuri
(Corée du Sud)

Meilleur mini-série ou téléfilm

BlackMirror-MEA

Black Mirror
(Royaume-Uni)

Shoshuu-MEA

Shoshuu
(Japon / Téléfilm)

HomensdeBem-MEA

Homens de Bem
(Brésil / Téléfilm)

LInfiltre-MEA

L'Infiltré
(France / Téléfilm)

Voilà ! Maintenant qu'on a passé tout ça en revue, et c'est une bonne chose de faite vous serez d'accord avec moi, je vous avoue que j'ai très envie de prendre mon petit panier téléphagique et de faire mon marché sur les merveilles vers lesquelles, une nouvelle fois, les cérémonies de récompenses internationales attirent notre attention. Alors ! Je prendrais une grosse ration de The Kitchen Musical (je me rappelais avoir vu le nom passer à l'occasion des Nymphes d'Or parmi un milliard d'autres noms, mais là, c'est clairement une standing ovation), mais je pense aussi que je me servirai une bonne louche de The Runaway (il faut dire que j'ai vu d'abord la belle ambiance du site web de la série, ensuite le nom d'Alan Cumming, donc c'était joué d'avance... comment ai-je pu ignorer aussi longtemps l'existence de cette série ?!), saupoudrée d'une pincée d'El Puntero (j'avais vu le nom passer il y a quelques mois, j'avais pas percuté, mais ça a l'air sympa).

Vous noterez au passage, mais loooin de moi l'idée d'insister dessus, la présence de Borgen et de Koselig Med Peis au palmarès, dignes représentantes de la Scandinavie. Pas mal aussi du côté de The Slap qui parvient à se distinguer (certes au détriment de Cloudstreet pourtant elligible la même année), décidément le buzz continue pour cette série pas comme les autres...

Et sinon, Case Histories, ça vaut quoi ? Et qu'est-ce qui vous intéresse dans ces nominations ? Et la deuxième saison de Black Mirror, ça ne la disqualifie pas un peu de sa catégorie ? Et quand est-ce qu'on a les résultats ?

Ah, ooops, au temps pour moi : à la dernière question, je peux répondre. Les vainqueurs des International Emmy Awards seront célébrés devant le gratin de la profession à New York le 19 novembre prochain, à l'exception des catégories pour enfants quidevront attendre le 8 février ! Pour le reste, c'est à vous de répondre.

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