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ladytelephagy
28 février 2010

Fear is the mind killer

Ma grand'mère, qui était une femme fort sage, me disait souvent que l'Enfer est pavé de bonnes intentions. Le sens profond de ce dicton populaire vient de me frapper.
Je vous présenterais bien COMA, mais enfin, rien de ce que je pourrais dire sur le pitch n'apporterait grand'chose de plus que ce qu'en disait Livia il y a quelques heures et ce qu'en dit la fiche de SeriesLive. Mais enfin, soulignons qu'il s'agit d'une série d'angoisse, voire d'horreur. Et que je me suis rappelé à quel point je n'aimais pas ça.

COMA

Alors après, il faut le dire, COMA est une série sacrément bien gaulée. Enfin, je vous parle du pilote, hein, parce que j'ai pas eu les burnes de regarder la suite.
Prouvant une fois de plus que les séries coréennes savent piocher leur inspiration dans le cinéma (chose que, quand même, les séries japonaises font très rarement), on a ici un produit fini remarquablement bien travaillé, tant sur le plan de la réalisation que du scénario. On sent la maîtrise.

Il y a eu de nombreux passages pendant lesquels je pensais (espérant sans doute conserver un semblant de contrôle de moi-même) à Kingdom Hospital ; et pourtant, hormis le fait que la série se passe dans un hôpital lugubre, les points communs sont limités (pas de fourmilier géant dans COMA par exemple...). Mais l'ambiance est similaire : on ne comprend pas tout, mais on sait qu'on ne se marre pas DU TOUT.

COMA parvient même à utiliser un gadget suremployé ces dernières années, le flashback, sans griller toutes ses cartouches et se décrédibiliser. Au contraire, les aller-retours entre le présent et le passé sont fluides, efficaces, et en même temps suffisamment cryptiques pour qu'on ne comprenne pas tout tout de suite. De la même façon (mais j'ai cru comprendre à la lecture du post de Livia que ce n'était pas forcément le cas de tous les épisodes), les ingrédients angoissants ne sont pas de l'ordre de l'explicite, et en même temps on n'a pas cet horrible sentiment de se faire balader, juste que la production connait son sujet.

Mais enfin, au bout du compte, COMA est le genre d'expérience un peu trop secouante qui fait que je me refuse à dire trop de bien de la série. Alors oui, le casting est bon, la réalisation est bonne, le scénario est bon, le... tout ce que vous voulez. Mais je déteste cette série du plus profond de mon âme.

C'est tout juste si je ne préfère pas aller regarder le pilote de NCIS: LA, à la place de suivre la série.
...
Nan, je déconne. Même mon masochisme a ses limites.

Je suis ressortie du visionnage du pilote de COMA avec une puissante envie de hurler, de pleurer, et de me détester. Je sais pas pourquoi je m'impose des trucs pareils.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche COMA de SeriesLive.

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25 février 2010

Dorama chicks

Si vous êtes un tant soit peu attentif à l'univers de la pop culture japonaise, vous savez qu'il y existe un phénomène relativement typique : les idols. Je dis "relativement" car il s'est étendu, dans une moindre mesure et avec des variations locales, à d'autres pays asiatiques.
Et si ça ne vous dit rien, asseyez-vous, je vous explique.

Les idols sont des jeunes filles (bon, il en existe un pendant masculin, mais enfin ne nous dispersons pas) qui sont encore dans l'adolescence, voire même juste avant, et sont recrutées au nom d'une qualité et une seule : elles sont mignonnes. Alors, non, bon, quand je dis mignonnes, je ne dis pas nécessairement qu'elles ont une jolie frimousse (ce n'est pas systématique et vous allez voir pourquoi), mais plutôt qu'elles sont mignonnes comme dans la phrase "oooooh, que ce petit chien est mignon !". Voilà : ce genre de mignonnerie. Vers 12-13 ans en moyenne, les petites sont donc recrutées sur ce critère typiquement japonais, et à partir de là, l'idée est de propulser vers la célébrité des filles qui pourraient aussi bien être votre voisine ou votre petite sœur. Euh non, pas petite sœur, n'exagérons rien.
Une fois embrigadées (le plus souvent au sein de groupes uniquement constitués d'idols), les filles sont un peu formées à la danse et au chant, mais pas trop, surtout ! Malheureux ! Puisque tout le principe, c'est que les idols entretiennent une impression de spontanéité et d'innocence (j'ai dit "impression", parce que ça n'empêche pas que les gamines passent systématiquement par des relookeurs et des chirurgiens, notamment pour la sacro-sainte opération de débridage). Il faut qu'elles gardent une attitude authentique de "girl next door", un peu faillible si possible ; genre elle est jolie mais un peu raide quand elle danse, elle a de l'énergie à revendre mais chante faux, etc... Comme ça les fans peuvent lui souhaiter de s'améliorer, ça ajoute une dimension affective.

Le phénomène des idols, s'il connaît des hauts et des bas, repose sur une industrie bien rodée lancée depuis les années 60 au Japon. Par là. S'est développée autour de cette petite recette toute une économie : les filles sortent un single, puis deux, puis trois, puis un album (l'industrie musicale japonaise étant du genre "3 strikes and you're in"), elle se produisent en live un peu partout, elles parcourent l'archipel pour des évènements style serrage de main (l'équivalent de la dédicace, les mains moites de 300 fans en plus), on les voit endosser des marques dans des campagnes publicitaires, elles sortent des photobooks (recueil de photos de plus ou moins bon goût selon le bon vouloir de la prod) et des photos qu'on peut acheter à l'unité dans des boutiques spécialisées, elles chantent le générique d'une émission ou d'une série animée, elles sont invitées dans des émissions de divertissement ou musicales... jusqu'à ce qu'elles obtiennent leur propre émission télé où, contractuellement, elles font les fofolles et interprètent une de leur chanson chaque semaine.
Vous voyez où je veux en venir ?

Les AKB48 sont un des récents groupes d'idols à cartonner au Japon. Elles sont passées par toutes ces étapes et se sont montrées tout-à-fait rentables, mais voilà, leur producteur voulait absolument du marbre pour la piscine de sa villa en Toscane. Les petites AKB48 ont donc hérité, début janvier 2010, de leur propre série, Majisuka Gakuen.
Nous y voilà donc.

MajisukaGakuen

Vous avez toutes les cartes en main pour comprendre qu'il n'y avait rien à en attendre... et pourtant c'est quand même décevant, par le fait d'on ne sait quel miracle.

Le concept repose sur le principe que les AKB48, au nombre de... 48 (ne riez pas, ça n'a pas toujours été le cas !), doivent toutes apparaitre à l'écran. Oui, une série reposant uniquement sur le principe de montrer un maximum de personnages en 12 épisodes, ça existe, et si ça vous fiche les jetons c'est que vous avez tout compris.
Majisuka Gakuen propose pour cela de suivre les aventures d'un collège pour filles qui vont toutes en cours au même endroit mais y consacrent le plus clair de leur temps à se fritter entre clans.

Si vous relisez attentivement ma petite présentation du système des idols, vous remarquerez que, si les filles sont un peu coachées sur le plan de la danse et du chant, en revanche je n'ai absolument pas évoqué une quelconque formation à la comédie. C'est à dessein. Et, oui, je suis consciente que plus vous avancez dans ce post, moins vous vous sentez encouragé à regarder la série...
Puisque tout le concept des idols repose sur la fraîcheur du produit (d'ailleurs dés qu'une idol commence a être trop formatée, et à plus forte raison si elle atteint l'âge canonique de 18 ans, elle se fait virer comme une malpropre et remplacer par une autre ado plus novice et on recommence tout), l'idée c'est que c'est carrément censé faire partie de leur charme. Certaines se défendent à peu près (statistiquement parlant, elles ne pouvaient pas être toutes nulles, quand même), mais la norme, c'est un apparent amateurisme.
Rien de très surprenant, donc, à ce que les performances du cast de Majisuka Gakuen soient... comment le dire gentillement ? Disons... primesautières ?

Ce qui choque, du coup, c'est plutôt l'indigence du scénario et des dialogues. Alors, bon, les Japonais ne se sont jamais spécialement distingués par leur talent pour les dialogues mémorables, mais pour le scénario, il n'y a vraiment aucune excuse.

Bon bah voilà, comme ça, c'est fait, j'ai parlé de Majisuka Gakuen. Vu le nombre de requêtes menant à mon blog ces dernières semaines, je pense qu'il va y avoir des déçus parmi vous, mais tant pis. Et encore, estimez-vous heureux, j'aurais pu le faire dans la catégorie La preuve par trois avec des captures immondes.
Et puis écoutez, merde alors, c'est pas ma faute à moi si les séries les plus pourries de la saison sont sous-titrées en premier.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Majisuka Gakuen de SeriesLive.

23 février 2010

Piégée

Étrange expérience que de regarder le pilote de Lobbyist... arrivée à son terme, je ne suis pas certaine de poursuivre la série, même si l'épisode est parfaitement construit pour qu'on veuille en savoir plus. Mais le problème est précisément celui-là : j'ai l'impression que la structure de ce premier épisode tente de me forcer la main.
Et je pense que pour pouvoir vous expliquer mon dilemme, le mieux, c'est de faire pour ce premier épisode une review un peu plus factuelle qu'à l'ordinaire. Bon, je tente, on verra bien...

Lobbyist s'ouvre une une scène forte en adrénaline, mais dont le spectateur comprend assez mal les tenants et les aboutissants, parce qu'il ignore tout des personnages. Deux otages, un homme et une femme (se nommant apparemment Harry et Maria), sont sur le point d'être libérés en échange d'une forte somme d'argent. Les preneurs d'otage s'expriment en anglais, les personnes apportant la rançon, et accompagnées de militaires armés, partiellement en anglais. Au moment de délivrer les prisonniers, des coups de feu sont tirés et s'en suit une scène d'action et de panique qui remplit pleinement son office. A la suite de quoi, pouf ! On se retrouve dans un tout autre décor, et avec d'autres personnages dont une petite fille de 10 ans, qui a tout d'un garçon manqué. Je ne vous cache pas qu'on est un peu perdu à ce stade. En fait, pas qu'un peu. Du coup, on dévore les scènes suivantes en espérant comprendre ce qui se passe : flashback, flashforward, ou même moment mais un autre lieu ? Pas un seul nom en commun avec les rares à être prononcés pendant la scène d'ouverture. C'est vraiment bizarre.

En cela, Lobbyist sera imité deux ans plus tard par IRIS et son effet de flashback pas du tout explicite, également dans le pilote.
Ah oui ! J'ai oublié de vous dire : Lobbyist est une série coréenne... Bon bah, maintenant que vous êtes arrivés là, autant lire ce post jusqu'à la fin, hein...!

La seconde partie de ce premier épisode de Lobbyist s'attache au contraire à présenter soigneusement ses personnages, et notamment la petite So Young, la gamine de 10 ans qui aime se battre, n'a peur de rien et est un peu têtue. Mais si, avec ses jolies couleurs claires, cette présentation de ce qui semble être l'héroïne offre un contraste visible avec la scène d'action particulièrement violente qui l'a précédée, on va petit-à-petit plonger dans un univers plus angoissant.

So Young habite en Corée du Sud, en bord de mer, et le village découvre un jour avec stupeur que des militaires du nord ont passé la frontière, en arrivant par la mer à bord d'un sous-marin dans lequel ils s'étaient infiltrés. La panique s'empare de la petite localité côtière, l'état d'alerte est déclaré, l'armée est sur les dents, les réservistes sont mis à contribution.
Comme beaucoup d'enfants dans ce genre de situation, So Young ne mesure pas la portée des évènements récents ; avec Joo Ho, un jeune camarade et fils de militaire, qui vient d'arriver dans sa classe, elle s'aventure dans la zone côtière où a échoué le sous-marin, qui attise sa curiosité.

Il y a dans cette suite d'évènements un côté innocent qui est parfaitement retranscrit : imperméables aux peurs adultes, So Young et Joo Ho font des bêtises sans comprendre qu'ils risquent bien plus que d'être grondés. La réalité va les frapper durement quand, un peu plus tard et dans des circonstances similaires, So Young va assister à un assaut au cours duquel l'armée sudiste va exterminer les soldats nordistes cachés dans un corps de ferme. Qui plus est, au cours de ce raid, le père de Joo Ho trouve la mort.

Les deux enfants sont, on l'imagine, bien secoués, notamment So Young qui perd de sa hardiesse et fait des cauchemars. Tous les deux vont être séparés par cet évènement : Joo Ho est envoyé chez une lointaine tante à Philadelphie, aux États-Unis alors alliés de la Corée et pays de cocagne pour nombre de ses ressortissants, et So Young reste cloitrée chez elle... jusqu'à ce que son père ait l'opportunité de faire également émigrer sa famille aux États-Unis, mais à New York.

Bon alors, dites-moi, comment je m'en sors avec les reviews plus linéaires, pour le moment ?

Parce qu'il faut le dire, difficile de parler de Lobbyist sans procéder de la sorte. Probablement parce qu'en tant que spectatrice occidentale, il me manquait des éléments pour situer certains enjeux relatifs à l'histoire de la Corée. Il m'a d'ailleurs fallu un bon moment avant de comprendre que l'enfance de So Young se déroulait dans les années 80, par exemple. Je ne sais pas si c'est capital pour comprendre l'ampleur du traumatisme des deux enfants, mais pour comprendre les réactions des adultes, ça l'est probablement. C'est là qu'on prend la mesure de la pauvreté des cours d'histoire internationale dans un cursus lambda, quand même.

Lobbyist (ah et, tiens, au fait, à quel moment il va être question de lobby, dans cette histoire ? Visiblement après le pilote) s'annonce comme une série dense, c'est clair. Je citais tout-à-l'heure IRIS, c'est vrai que l'ambiance est similaire (l'histoire de la Corée du Sud se mêlant avec l'histoire des protagonistes), bien qu'évidemment l'intrigue soit différente. La réalisation est au moins aussi nerveuse et soignée (on appréciera les couleurs vives du paradis perdu que représente le village, dont la nature idyllique ne semble pas avoir remarqué qu'on a frôlé la déclaration de guerre), le scénario semble savoir où il va et ne rien laisser au hasard, la trame se construit avec précision et intelligence... Mes lectures me confirment d'ailleurs que le budget est à l'avenant et que Lobbyist était une production onéreuse, comme IRIS.

Mais lorsqu'arrive la fin de l'épisode et son trailer pour l'épisode suivant (c'est en effet une particularité asiatique : un trailer de l'épisode à venir est systématiquement proposé après le générique de fin), on comprend enfin que So Young et Maria ne sont qu'une seule et même personne, et de même pour Joo Ho et Harry.
C'est là qu'on se sent comme piégé par la narration. J'aurais sans doute dû le voir venir, mais j'ai quand même le sentiment d'avoir été dupée par un scénario haletant et des éléments cryptiques savamment distillés pour m'empêcher d'avoir toutes les cartes en main. Subitement, je veux savoir comment la petite So Young est devenue l'otage Maria, mais cette envie d'en savoir plus a été provoquée de façon totalement artificielle, par une pirouette scénaristique.

Lobbyist_Generique

Au moins, Lobbyist, ça change des comédies romantiques, dont personnellement je ne suis pas friande (sauf quand il y a des pâtes). Et que même si on se dit qu'on a bien été eu, on sent qu'on a affaire à une fiction intelligente mais aussi parfaitement efficace.
Lobbyist, comme IRIS (je me répète), est la preuve que les fictions coréennes n'ont pas grand'chose à envier à certaines superproductions américaines. Si vous avez le temps d'y jeter un œil, laissez-vous prendre au piège !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Lobbyist de SeriesLive.

20 février 2010

Ma, à table !

En général, quand je veux consacrer un post à une série, à plus forte raison si elle est récente, je commence à écrire après avoir vu le pilote. Mais dans le cas de Pasta, je ne sais pas ce qui s'est passé, mais comme par hasard j'ai tout de suite enfilé le deuxième épisode dans la foulée. C'est vraiment bizarre. Je me demande si ça présente un quelconque rapport avec ça :

Pasta_1

Tiens, on dirait que je bave. Peu importe. C'est certainement une coïncidence.
La saison hivernale japonaise n'est peut-être pas des plus excitantes pour le moment (et encore, vous ne savez pas tout, j'ai voulu regarder le pilote de Majisuka Gakuen... priez pour que je ne vous en fasse jamais un post La preuve par trois. Priez très fort), mais les Coréens, eux, ne déçoivent pas. Je n'étais pas spécialement partie pour regarder cette série tout de suite, mais il s'avère que la toujours bien inspirée Livia de My Tele is Rich, en faisant mention de Pasta et sans même que je ne lise son post, a su me convaincre. Bon effectivement, il ne me fallait pas grand'chose, mais les faits sont là.

Pasta est donc une série sur la cuisine, et faisant partie des 12 personnes dans le monde qui étaient tombées amoureuses de Kitchen Confidential, on peut considérer que la partie était jouée d'avance. Pensez donc : un restaurant immense, une cuisine en constante effervescence...
Vous ne vous rendez pas bien compte, je crois : le pilote s'ouvre sur une scène de 5minutes intégralement consacrée au travail en cuisines en plein coup de feu... eh bah j'étais tout-à-fait partante pour que la totalité du pilote se déroule intégralement de la sorte. Si un jour, quelqu'un me propose tout un épisode avec juste ça, des professionnels qui œuvrent aux fourneaux sans s'adresser la parole pour autre chose que les instructions de rigueur, pendant une heure, je suis absolument partante. J'adore cette impression que donne la première scène de sentir la décharge d'adrénaline, l'exigence de qualité, le défi d'avoir presqu'une dizaine de personnes qui travaillent au coude à coude et qui font preuve d'une aisance et d'une fluidité exceptionnelles. On me propose de regarder 10 cuistots remuer des pâtes dans des poêles pendant une heure, je signe de suite. Subjuguée.

Bon alors, dans Pasta, il y a quand même des intrigues personnelles, des rebondissements et des... pfff, moi j'aurais préféré des pâtes pendant une heure. Ah non mais c'est loin d'être mauvais, hein ! C'est juste que je préfère les pâtes. J'ai pas des origines italiennes pour rien, je suppose.
L'intrigue repose sur le fait que la direction du restaurant La Sfera, où se déroule la série, a décidé de virer le chef actuel pour le remplacer par un petit connard arrogant, le type-même de bonhomme qu'on imagine réussir dans la gastronomie, même si c'est au prix de multiples dépressions parmi le personnel des restaurants où il fait carrière.

Autour de cet élément, on greffe donc une histoire de rêve qu'il faut absolument réaliser (serait-on dans une série asiatique ?), un ou deux triangles amoureux (conformément à la loi), et quelques rébellions parmi le personnel, histoire de ne pas se reposer sur ses lauriers.
Là comme ça, ça n'a pas l'air, mais tout cela est quand même bien divertissant.

Mais plus que l'histoire ou les personnages, c'est le traitement qui fait la différence. Il règne dans Pasta une ambiance électrisante mais également capable de donner une impression de proximité. Chaque personnage principal montre assez vite qu'il est plus que ce que le pitch veut laisser penser, ainsi Kyung Seo n'est-elle pas une jeune cuisinière idéaliste aux grands yeux de Bambi, mais aussi une adolescente mal dégrossie, boudeuse et obstinée, ou le nouveau chef n'est-il pas complètement antipathique, mais au contraire carrément charmant quand il s'y met (c'est juste qu'il ne s'y met pas souvent).

Esclandres et crises de nerfs, clients capricieux et personnel au tempérament explosif, Pasta promet un divertissement rythmé sur le thème de la cuisine. Une série particulièrement alléchante qui...

Pasta_2

Qu'est-ce que je fais à écrire sur ce blog, moi ? Il est l'heure de manger !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Pasta de SeriesLive.

14 février 2010

Tu sais où tu peux te la carrer, ta rectitude ?

Plus vite c'est fait, plus vite c'est fini, après tout. J'espère que vous êtes assis parce que ça va donc aller très vite : je vais parler de Massugu na Otoko encore une fois, et une seule, la dernière, et après on n'y reviendra plus. Parce que, bon, comme c'était un des premiers pilotes de la saison nippone à s'être montré disponible ET avec des sous-titres, il me semble difficile de faire comme si je n'avais rien vu, donc par acquis de conscience, je vais faire un post dessus, mais ensuite ce sera tout. Si vous voulez en parler vous-mêmes, ce sera dans les commentaires ci-dessous, et à partir de là on partira tous du principe qu'on n'a jamais entendu parler de la série et il n'y sera plus fait mention ; tout est le monde est d'accord ?
Fort bien.

Non parce que, autant la saison dernière, j'ai l'impression qu'on n'avait pas trop eu de comédies romantiques vidées de toute substance, autant cet hiver semble marquer le retour de ce genre pénible au possible. Surtout pour moi qui y suis allergique (j'ai un mot du médecin).
Gnagnagna, ils n'ont rien en commun, mais ils vont quand même finir ensemble mais seulement au terme d'une dizaine d'épisodes à s'opposer et/ou à se prendre la tête avec des tiers pour former des triangles amoureux à n'en plus finir... Zut à la fin. Zut, oui, parfaitement ; et je suis polie.

MassugunaOtoko

Massugu na Otoko, c'est donc l'histoire d'un mec droit dans ses mocassins, aux valeurs inébranlables sur l'honnêteté et la droiture, le profil type du "bon Japonais" toujours poli, gentil, travailleur et soucieux de bien faire, la télévision japonaise n'hésitant pas à populariser les stéréotypes nippons à l'intérieur-même des frontières de l'Archipel, le lavage de cerveau à son apogée, le pendant masculin de la jeune femme impossible à marier mais qui va tomber sur le bon gars qui va la faire changer.
A ce seul paragraphe vous avez probablement deviné l'objet de mon ire.
Eh bien, tenez-vous à vos télécommandes les enfants, mais une nana impossible à marier mais qui va tomber sur le bon gars qui va la faire changer, on en trouve une aussi dans ce pilote.
C'est dire si je suis furax.

Avec tous ces éléments, on aura compris que Massugu na Otoko ne joue pas vraiment dans la catégorie "et si je racontais une histoire que tout le monde ne connait pas déjà par cœur ?", probablement parce que c'est l'hiver et que les scénaristes ont trop froid aux doigts pour écrire, alors ils ressortent un vieux script qui trainait par là et changent les noms.

Je le concède : c'est vrai que Masao, dans le rôle-titre du massugu na otoko ("le type droit"... faut le présenter à la nana de Magerarenai Onna, "la fille qui ne plie pas" ?), se montre un personnage un peu plus nuancé que l'abruti moyen dans sa situation. Je pense notamment à l'illuminé de Ii Hito qui vivait également au pays de Candy, mais ne se rendait même pas compte qu'il était le seul. Au moins ici, le gars a vaguement conscience que parfois les gens peuvent être "méchants", et ça n'a l'air de rien mais la prise de conscience est énorme, quelque part. Cela dit, en-dehors de ça, il n'y a rien à voir.
Masao fait la rencontre d'une bonne à rien, glandeuse, squattant le canapé de sa meilleure amie (en lui vidant son frigo), et qui resquille, embrouille, ment et vole. De toutes façons on voit qu'elle est pas fréquentable parce qu'elle a une coiffure asymétrique avec des mèches décolorées, et que ses fringues sont voyantes. Vilaine, vilaine dévergondée qui porte trois boucles d'oreille !!!

J'ai partagé mon temps devant le pilote entre lever les yeux au ciel, et froncer les sourcils avec mauvaise humeur. Car naturellement, ils ne s'entendent pas, ils n'ont rien en commun, mais leurs destins sont liés, comme l'indique la bande-annonce sur le site officiel de la série, où, attention au spoiler après la virgule, on voit la fille de mauvaise vie avec un test de grossesse dans la main, ou bien on l'aperçoit en peignoir dans ce qui semble être le salon de notre gars tout droit. Bah bien-sûr.

Et moi je dis : stop. Un bon poncif est un poncif mort !
Bon, des questions ? Sinon je passe à la suite, et on fait comme on a dit.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Massugu na Otoko de SeriesLive.

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13 février 2010

Lights, camera, action !

Approchez, Mesdames et Messieurs ! Sous le chapiteau ladytelephagy, plus effrayant que l'homme à deux têtes, plus bizarre que la femme à barbe, plus incroyable que l'homme serpent... venez voir nos monstres légendaires ! Éloignez les âmes sensibles et écartez les enfants !

Car voici... la femme indépendante !WorldsWithin_1
[exclamations choquées de la foule]

...Mais aussi : l'homme mal aimable ! WorldsWithin_2
[murmures écoeurés, une femme sort précipitamment de la tente pour vomir]

Et maintenant, le clou du spectacle : le couple impossible !WorldsWithin_3
[protestations outrées du public, scandalisé]

Oui, Mesdames et Messieurs, aujourd'hui au cirque ladytelephagy, on va parler d'une comédie romantique coréenne, et seuls ceux qui ont la téléphagie bien accrochée liront ce post jusqu'au bout, car je sais combien les attractions asiatiques de notre petit chapiteau virtuel peuvent vous effrayer. Pauvres choses.

Au programme, donc, Geudeuri Saneun Sesang que pour des raisons pratiques (et surtout par pitié pour vous) je qualifierai aussi par son titre anglais, Worlds Within. Ceux d'entre vous qui ne pratiquent ni l'un ni l'autre peuvent aussi bien me faire plaisir et utiliser le titre coréen, les autres, c'est déjà bien de rester.

Alors, dans Worlds Within, il faut bien le dire, les poncifs récurrents de la comédie romantique sont omniprésents. Et, je sais bien, ô combien : de prime abord ça peut sembler révoltant.
Ce qui fait toute la différence, c'est que Geudeuri Saneun Sesang n'est pas une comédie, mais une série dramatique. Et ce simple détail dans la classification suffit à tout changer.

Si au départ, j'avais entrepris d'aborder cette série, ce n'était pourtant pas du tout pour ça, mais parce que la série avait pour contexte... les coulisses d'une série. Coréenne, donc. C'est à peu de choses près tout ce que je savais avant de m'attaquer au pilote, et je considérais que c'était suffisant pour me lancer. J'allais bien découvrir le reste progressivement !
Sur ce point, Geudeuri Saneun Sesang ne déçoit pas. Pas beaucoup. Le pilote s'ouvre sur une très excitante accélération : d'abord une petite scène, une autre, et la pression monte, et soudain c'est la panique, il faut tourner à nouveau une scène de l'épisode qui doit être diffusé dans quelques heures. Cette adrénaline a un côté à la fois excitant et, je dois dire, assez documentaire en même temps. En effet, c'est par le biais de cette folle cavalcade que le spectateur occidental apprendra que les séries coréennes sont en grande majorité produite par des équipes appartenant à la chaîne qui diffuse elle-même, plutôt que de sous-traiter à une société de production, ou tout simplement de lui acheter des épisodes, comme c'est le cas plus à l'ouest. En fait, cette séquence, en plus de nous plonger dans l'univers de la série, a pour effet de donner l'impression qu'un monde nouveau, plein de petites anecdotes sur le monde de la télé, vient de nous ouvrir ses portes.

Et c'est comme ça que, sans même sans y prendre garde, on entre à pieds joints dans la vie de Gio et Junyeong, avec leur relation en dents de scie.

Worlds Within
a en effet pour principale préoccupation les affres amoureuses de ses deux protagonistes, respectivement producteur et réalisateur d'une série sur laquelle ils travaillent ensemble. Ils sont donc amenés à se fréquenter régulièrement, par la force des choses, alors qu'ils se sont séparés il y a un certain temps (un peu plus d'un an si j'ai tout compris), et que leur vie sentimentale avec de nouveaux partenaires ne brille pas par sa réussite. Gio fréquente une femme mariée qui n'a pas l'air décidée à quitter son époux, tandis que Jungeong passe son temps à se séparer puis se réconcilier avec son petit ami chirurgien.

On s'en doute, leur passé commun ne rend pas la collaboration professionnelle très aisée. Au regard du pilote, on a l'impression persistante que la rupture n'est pas bien digérée de part et d'autre. De là à dire qu'ils vont se remettre ensemble, ce n'est pas garanti. Mais en tous cas il y a quelque chose à résoudre avant d'avancer dans un sens ou dans l'autre.

Mélange à la fois de scènes sur les coulisses de l'industrie télévisuelle, et surtout, chronique attachante d'un couple défait qui a du mal à faire table rase du passé, Geudeuri Saneun Sesang a pas mal de charme. Les personnages sont attachants, parce que faillibles (Gio est un type abrupt et peu liant, Jungeong est une tête de mule un peu nombriliste). L'atout principal de ce pilote tient à sa sincérité : pas de surjeu côté acteurs, pas de situations rocambolesques côté scénario, réalisation sobre mais propre...

Le côté débonnaire de ce pilote, qui se refuse à indiquer dans quelle direction va s'orienter l'intrigue, peut aussi laisser perplexe. Worlds Within a du potentiel et semble savoir l'exploiter, mais ce pilote est avant tout un tour de chauffe.
Rendez-vous pour un second épisode, en ce qui me concerne.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Geudeuri Saneun Sesang de SeriesLive.
Les deux premiers épisodes sont disponibles gratuitement sur Drama Passion.

11 février 2010

127 millions de consommateurs

Ah, l'idéalisme des jeunes gens qui entrent dans la profession juridique...!
Hein ? Quoi ? Non. Non-non rassurez-vous. Ceci ne sera pas un deuxième post sur The Deep End cette semaine. J'ai pitié de vous. Non, à la place, je vais vous parler de série nippone.
Ah, tiens, étrange, il ne reste plus qu'un lecteur...?
Nan mais arrêtez, les gars. J'ai pas encore parlé de série asiatique en Février, quoi, zut à la fin ! Revenez et cultivez-vous, c'est un ordre !

Je m'apprête en plus à vous parler d'une série qui a commencé en janvier au Japon, Tokujou Kabachi!!, dont si vous vous souvenez, j'avais déjà un peu causé. Tokujou Kabachi!! occupe la case horaire délaissée par JIN et, je vous prie de le croire, c'est un sacré défi. Et pour s'éviter des problèmes, la série a simplement décidé de ne rien avoir en commun avec son prédécesseur. Rien.

TokujouKabachi

Tokujou Kabachi!! se propose donc de suivre les déboires d'un notaire-conseil, le genre qui remplit la paperasse juridique pour vous quand vous avez eu un petit litige de rien du tout. Mitsuhiro, c'est son nom, est l'un d'entre eux, et son intervention permet à ses clients d'éviter de bien fâcheuses expériences, tout en ne passant pas par la case tribunal. Un rôle idéal pour ce défenseur du faible, ce chevalier en armure prêt à secourir la veuve et l'orphelin.

En toute logique, cet idéalisme forcené s'apprête à être salement malmené au cours de la série, et les réjouissances commencent dés le pilote, où l'on s'assure que notre petit gars va bien retenir la leçon : un bon notaire est un notaire vicelard. Au menu : d'abord, Mitsuhiro va se faire dépecer vivant par son opposante dans une affaire, ensuite, son mentor lui-même va lui asséner une claque magistrale (au propre comme au figuré). Sous la pluie, pour ne rien arranger.

Contrairement à The Deep End ou Hokaben, oeuvrant dans le même créneau, il ne s'agit pas ici de partager le douloureux parcours initiatique du héros, mais d'en rire voire carrément de s'en réjouir. D'ailleurs dans l'histoire, Mitsuhiro a plus l'air d'un abruti fini que d'un notaire à qui je confierais mon dossier, il faut le dire. Abruti ascendant Bisounours, même.

Au contraire, son adversaire, la glaciale Misuzu, nous tire quelques sifflets admiratifs. Afin de prendre la mesure de son talent (qui n'a visiblement d'égal que son absence de scrupules), le pilote nous propose de faire sa connaissance de façon ludique, avec une première affaire n'ayant rien à voir avec Mitsuhiro, histoire de se faire plaisir. Misuzu s'y montre à la fois brillante et redoutable. C'est impressionnant et l'objectif est atteint, le personnage parfaitement brossé.
A la suite de quoi, les scénaristes reprennent leur Mitsuhiro et le jettent en pâture à la cynique notaire, et là, on se marre un peu moins parce que franchement, elle a beau jeu de la lui faire à l'envers, rapport au fait que le gars, je l'ai dit, est quand même un abruti fini.

Le mérite de Tokujou Kabachi!!, c'est avant tout de ne pas prendre son sujet au sérieux. Procédé également connu sous le nom de "c'est n'iiiiimporte quoi !". Musique loufoque omniprésente, effets un peu grossiers, couleurs dans tous les sens, acteurs surjouant constamment (à l'exception de Maki Horikita qui campe une Misuzu toute en nuances), rythme effréné... Le pilote e Tokujou Kabachi!! assume totalement son ton de comédie, c'est un festival. Une façon assez futée de ne pas avoir besoin d'être trop pointu sur les subtilités juridiques, en passant, mais au moins le divertissement marche à plein régime pour qui apprécie la comédie grosses tatanes.

La vraie bonne idée de ce pilote, c'est de ne pas avoir cherché à boucler l'affaire qui oppose Mitsuhiro et Mizusu à la fin du temps règlementaire. Mitsuhiro perd un premier round, soit. C'est prévisible mais totalement cohérent vu le profil des deux combattants. Mais les choses ne s'arrêtent pas là et ça fait un peu plaisir, quand même, de voir se développer ce fil rouge fait de revanches et de retours à l'envoyeur.

Globalement, il n'y a pas grand-chose de plus à retirer de ce premier épisode.
Éventuellement, très éventuellement, on pourra picorer çà et là quelques petits détails sur le système juridique nippon, rien de fascinant pour le spectateur occidental, mais pourquoi pas. Après tout, Tokujou Kabachi!! ne va aborder des points de droit que très anecdotiques au regard des grandes problématiques abordées dans la plupart des séries se déroulant dans un tel univers, comme les compensations et dédommagements divers, le remboursement de dettes, les possibilités de rétractation pour un achat...
Initiative amusante à ce sujet : des questions (vraisemblablement tirées d'un quelconque quizz édité par 60 Millions de Consommateurs) sont posées à plusieurs reprises ; l'idée, c'est que les téléspectateurs y répondent par téléphone, et que le gagnant est appelé une fois le pilote fini, par les deux acteurs principaux, en direct ! Il a alors le privilège de les avoir directement en ligne, et de gagner quelques menus cadeaux. Une façon sympathique de la part de TBS d'essayer d'augmenter les audiences, décourageant ainsi les fans des acteurs (extrêmement bankable par ailleurs) d'enregistrer leur épisode pour le regarder plus tard... ou pire, de le télécharger. 'Zont le mérite d'essayer, ces Japonais.

Bilan, Tokujou Kabachi!! n'est franchement pas une série incontournable. On est loin de JIN, comme vous le voyez. Mais si vous cherchez un divertissement presque totalement décérébré sur un thème d'ordinaire pris très au sérieux, la Justice, alors la série est probablement faite pour vous.
Moi, j'ai regardé le pilote entre midi au boulot, ça m'a vidé la tête complètement, c'était finalement pas si mal. Et c'est après tout une qualité qui en vaut une autre !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Tokujou Kabachi!! de SeriesLive.

31 janvier 2010

I don't care, I'm still free

En ce mois de janvier, je ne vous ai infligé que 5 posts sur les séries asiatiques. Certains trouveront que c'est déjà trop, je trouve quant à moi que le déséquilibre serait plutôt dans l'autre sens. Et comme je suis quand même chez moi ici, souffrez que je poste une 6e fois sur ce sujet, promis, demain je vous reparle de l'Occident.
On va dire que c'était un weekend thématique, tiens.

Tout le monde en parlait, il fallait donc bien que je m'y mette : Chuno.
Pourquoi cette impression de l'avoir fait à contre-cœur ? Vous n'êtes pas sans savoir que j'ai un gros problème avec les séries se déroulant dans le passé, et à plus forte raison si elles se déroulent à une époque où la caméra n'existait pas. Je suis ainsi faite, on n'y peut rien. Il suffit de voir le temps que ça m'a pris pour me prendre par la main et regarder Spartacus: Blood and Sand (mais ce pourrait être un mauvais exemple). En Asie comme en Occident, j'aime que mes séries reflètent leur époque (ce qui explique que j'en regarde aussi qui soient vieilles de plusieurs décennies), et mon appréhension est souvent difficile à affronter.
Mais voilà, tout le monde en parlait...

Chuno_KoreanWestern_1

Annonçons la couleur tout de suite : dés les premières minutes (et plus précisément une fois le petit récapitulatif historique fini, car bien que fort utile, il n'était pas très sexy), j'ai laissé tomber tous mes préjugés à mes pieds, je suis tombée à genou, et j'ai mentalement applaudi des deux mains mon initiative de m'y mettre.
Car Chuno a conquis mon cœur très simplement : il lui a cogné dessus. Et comme chacun sait, c'est pour une série le meilleur moyen de me ravir.

Le pilote de Chuno commence donc comme un western fait de sable, de violence et de crasse. Les protagonistes vivent dans une époque de désespoir, où il faut voir la vie avec un certain détachement je-m'en-foutiste pour survivre. Les chasseurs de prime sont comme ça, et j'ai aimé la désinvolture de leur violence, ils ne sont pas vraiment à ce qu'ils font, ils le font parce que, des esclaves ou eux, tout le monde ne peut pas être gagnant, et qu'ils ont besoin de gagner leur croûte. Ils ne prennent pas vraiment plaisir à ce qu'ils font, mais ça ne les écœure pas non plus tout-à-fait, ils ont fini par le voir comme un jeu parce que sinon, quelle serait l'alternative ? Détester ce qu'on fait, et arrêter au risque de ne plus manger ?

Cette première partie est ébouriffante parce qu'elle retranscrit l'atmosphère d'une société livrée à elle-même, qui ne croit plus en rien, qui n'en est même pas à essayer de croire en quelque chose, qui n'a pas le temps pour le spirituel et tente simplement de garder la tête hors de l'eau. C'est une phase particulièrement captivante du pilote, parce que sa description du contexte est forte, mais qu'elle ne se dispense pas d'une efficacité incroyable dans la réalisation. Le combat au saloon bar est très divertissant et sort des sentiers battus, il y a des cascades plutôt originales et chacun des chasseurs de prime donne l'impression d'assister à une performance complète. Comme quoi on peut être intéressant même avec une longue scène de combat dés le début de l'épisode !

Chuno_KoreanWestern_2

L'atmosphère de western ne va pas durer tout l'épisode, mais elles s'estompe lentement pour faire découvrir d'autres qualités de Chuno, ce qui rend la perte moins douloureuse. Car une fois la prime touchée, la caméra n'abandonne personne : ni les chasseurs de prime, ni les esclaves. Nous allons à la fois explorer la vie quotidienne des premiers (faite d'un certain nombre de légèretés bienvenues, histoire de souffler un brin), et l'humiliation profonde des seconds. Vous voulez voir un exemple de déni d'humanité dans une fiction ? Si le pilote de Chuno ne vous donne pas des frissons à ce sujet, alors rien d'autre ne le fera. C'est douloureux mais là encore, nécessaire pour comprendre le contexte de la série.

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Ensuite on s'attaque non plus à l'installation du contexte historique, ou de l'ambiance du monde dans lequel les personnages vivent, mais bien aux protagonistes eux-mêmes. Et là c'est une phase également intéressante, bien que plus lente au niveau du rythme, et pas forcément épatante côté réalisation (mais cela ne se prête qu'assez peu, c'est vrai, aux effets de style). Les deux personnages principaux vont chacun avoir droit à leur petit flashback... Malheureusement il ne m'a pas toujours semblé clair de comprendre à qui appartenaient les flashbacks, entre Dae Gil le chasseur de primes et Tae Ha l'esclave, on ne comprend pas forcément qui était qui avant (surtout que Dae Gil sans barbe ni cicatrice est absolument méconnaissable). Du coup j'ai eu un peu de mal à nager dans les eaux troubles des souvenirs de l'un et de l'autre, si bien que j'ai dû aller lire quelques résumés (et la review de Myteleisrich, en espérant ne pas tomber sur un spoiler) une fois l'épisode fini pour être bien sûre de comprendre qui était passé par quoi.

J'ai été toutefois assez touchée par la candeur tendre du flashback de Dae Gil avec sa petite esclave, c'était très nunuche mais ça fonctionnait très bien sur le coup. En fait je crois que j'ai adoré tout ce que les flashbacks de Dae Gil avaient à offrir (je n'avais juste pas forcément compris qu'il s'agissait de Dae Gil).

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Hélas, j'étais beaucoup moins enthousiaste pendant la dernière partie du pilote. L'intrigue s'embourbe dans la sensiblerie, trace les contours de l'éternel triangle amoureux, et finit par laisser suggérer que l'amour impossible entre Dae Gil et Eonn Yeon prendre le pas sur la dureté de l'univers de Chuno. C'est du moins l'impression qu'il en ressort. Ce qui était au départ une excellente série semble tourner à l'amourette. C'est un sentiment terrible que d'assister, impuissant, à tout ça.

Chuno_KoreanWestern_5

Mais comme Chuno a démontre qu'il y avait du potentiel pour autre chose que les éternelles tortures shakespeariennes, je garde espoir. Trop a été dit pour que je puisse me laisser décevoir par un poignée de minutes trop convenues.
Fermement décidée à donner ma chance à cette série, j'ai donc cagoulé le second épisode... et j'espère pouvoir vous dire bientôt que je ne le regrette pas.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Chuno de SeriesLive.

26 janvier 2010

Réorientez vous... vers une autre chaîne

Au Japon, la saison hivernale 2010 semble avoir pour thématique le monde du travail. Certains pitches promettaient d'être sans concession, comme Nakanai to Kimeta Hi et son exploration du harcèlement professionnel. D'autres laissaient en revanche plus dubitatif quant à ce qu'on pouvait réellement en attendre.
Angel Bank était de ceux-là. Songez donc : une prof qui décide de changer de vie, et qui se trouve elle-même dans la position d'un conseiller en réorientation professionnelle... on pouvait en attendre le pire comme le meilleur.

Et c'est très précisément ce qu'on trouve dans le pilote.

Alors : comédie ou drame ? Les deux, en fait. Principalement le premier, et c'est dommage, car la réorientation professionnelle de Mamako, l'héroïne, fait plus figure de prétexte que d'acte fondateur. Là voilà en quelques minutes en train de se demander quelle est sa valeur sur le marché du travail, et hop ! Elle rencontre le grand gourou de la réorientation professionnelle, qui, ni une ni deux, la prend comme stagiaire. Le mot "facilité" vient à l'esprit.

Mamako va donc aider sa première cliente, une mère au foyer sur le point de divorcer, dont le futur ex-mari l'a mise au défi : soit elle trouve un boulot qui rapporte plus d'argent que lui dans le mois qui vient, soit elle perd la garde de leur fille. C'est donc là qu'interviennent les violons.

Ce n'est donc pas tellement dans le scénario précipité et peu original qu'il faut chercher l'intérêt d'Angel Bank, mais plutôt dans les dialogues, et notamment dans chacune des apparitions de Yasuo Ebisawa, le fameux réorienteur professionnel. S'il est vrai que beaucoup de ses tirades sont à l'économie ce que les termes techniques de Star Trek sont à la science, ça reste quand même bien le seul élément qui apporte de la valeur ajoutée à la série, et élève le niveau du débat.

AngelBank

Les mécanismes économiques dont il est (hélas rapidement) question une fois ou deux présentent un réel intérêt, mais la production n'a pas joué le jeu jusqu'au bout. Afin que la série conserve un maximum de spectateur, on préfère introduire un maximum d'éléments simples à comprendre (maman veut garder enfant, papa très méchant parce que maman pas esclave docile, entreprises pas assez compréhensives, grand gourou franchement antipathique, etc...), voire carrément simplistes. L'autre passage obligé était apparemment de caser une moue différente de Kyouko Hasegawa dans chaque scène, ce qui forcément est un autre genre de contrainte scénaristique.

Bref, Angel Bank gâche lamentablement son potentiel, scène après scène, alors que visiblement il y avait de bonnes bases.
Ce qui signifie que dans le monde de ma téléphagie, cette série a une valeur de zéro. Comprenne qui pourra.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Angel Bank de SeriesLive.

24 janvier 2010

Si tu tombes neuf fois, toujours te relever dix

Pauvres, pauvres télespectatrices japonaises ! Elles font l'objet d'un matraquage manifeste qui, s'il n'était pas aussi lourdement opéré, ferait quasiment rire de par ce qu'il traduit de désespoir dans l'industrie médiatique. Celle-ci semble s'accrocher à tout prix à une certaine vision du rôle de la femme dans la société, où chacune se doit d'être toute entière lancée vers le mariage et la maternité, alors qu'inexorablement, la société change et que les choses ne sont plus aussi nettes. On a déjà discuté de ce problème en de nombreuses occasions.

Magerarenai Onna prend le même postulat de départ, et se présente comme une nouvelle démonstration de sceller le sort des femmes par des modèles médiatiques rigides. Et ça n'a rien de nouveau... ou bien ?

MagerarenaiOnna

Magerarenai Onna se traduit par "la femme qui ne plie pas", et il est vrai que le personnage principal, Saki, est l'illustration-même de notre expression "avoir un balai dans le cul". Ou, en langage plus recherché : psycho-rigide.

Et c'est vrai que c'est pas une rigolote, la Saki. Jamais un sourire... d'ailleurs, peu ou pas d'expression du tout. Elle a raté l'examen d'entrée au Barreau par neuf fois déjà, oui, neuf années de suite, neuf années pendant lesquelles elle n'a rien fait d'autre qu'étudier. Et alors que le bon sens dicterait à n'importe quelle personne sensée d'en prendre son parti et de faire sa vie autrement, Saki persiste.

Au moment du pilote, Saki prépare donc son dixième concours d'entrée, et travaille à temps partiel comme clerc dans un cabinet d'avocats. Sa vie est réglée comme du papier à musique et, sincèrement, ça relève quasiment de la pathologie lourde à ce stade. On a un peu l'impression d'avoir trouvé la fiancée japonaise de Monk ! Les plats préparés à l'avance pour chaque repas de la semaine et empilés sagement dans des Tupperware carrés dans le frigo, le carnet où sont notées quotidiennement les heures passées à travailler comme autant de lignes strictement identiques, l'exactitude avec laquelle chaque activité de sa journée commence à une heure bien précise...

Pourtant, passés les clichés de rigueur et de pointillisme, on comprend que Saki a, en fait, optimisé chaque instant de son existence pour se consacrer au maximum à ses révisions. Chaque seconde compte, et ainsi chacune est économisée dans ce but. L'existence entière de Saki est pensée dans le détail afin d'atteindre cet objectif qu'elle s'est fixé (et on devine qu'en neuf ans, sa technique en ce domaine a largement eu l'occasion de s'affiner).

Au bout de la moitié du pilote, le spectateur occidental commence toutefois à ressentir des pulsions d'homicide.
Sur l'air de :" si les chaînes japonaises se sortaient un peu la tête du cul, elles verraient qu'un tel personnage n'a pas nécessairement besoin d'être la fille impossible à marier qui fait le désespoir de sa maman, c'est pas croyable ça, les commanditaires de Magerarenai Onna sont aussi informés sur l'état de la société japonaise que TF1 sur celui de nos contrées !"
Voir Saki en indécrottable célibataire rigide relève en effet du cliché le plus navrant de la télévision japonaise. Quand on lui dit qu'une femme doit se marier et avoir des enfants, on a l'impression de lire dans son regard qu'elle se demande si elle pourrait concilier contractions et révisions, qu'elle en conclut que non, et qu'elle laisse tomber cette ridicule histoire de bonheur féminin. Alors sa maman, son patron, son petit ami, son ancienne camarade de classe, y vont chacun de leurs allusions plus ou moins fines sur ce qui rendrait Saki heureuse, et comme elle ne marque aucune émotion et semble ne jamais prendre de plaisir à rien, toute tendue qu'elle est vers son objectif, Saki accrédite la thèse du "elle est complètement barrée cette gonzesse qui ne veut pas se marier, faut surtout pas devenir comme elle". Et ça c'est rageant.

Car en plus ces deux états n'ont rien d'antithétiques : Saki aurait aussi bien pu accepter de se marier à Masato, et aurait optimisé leur vie de couple de façon à tout de même préparer son fichu examen tout en faisant tourner la maison. Mais non, il nous fallait une mauvaise élève, on est allés jusqu'au bout de la démonstration, quitte à en faire des tonnes.

On en arrive donc comme ça à la moitié du pilote et, je vais être honnête avec vous, là, j'ai décidé d'arrêter les frais. Plus précisément, quand la maman de Saki est tombée malade et que Saki, allant la visiter, entend sur le répondeur de sa mère que celle-ci a récemment eu une conversation avec une amie où elle confiait avoir vraiment envie que Saki se marie et lui donne des petits-enfants. Le seul truc qui pourrait ajouter du pathos à la situation serait que Saki se découvre un ovaire paresseux histoire de vraiment mettre la pression.
Et donc là, c'est le drame.
Saki s'en retourne dans la neige, pensant à son papa qui est mort quelques minutes après avoir enfin décroché l'examen du Barreau qu'il avait eu beaucoup de mal à décrocher (parce qu'en fait elle ne le veut même pas pour elle-même mais au nom de son père, ce fichu examen), et là arrive Masato qui lui présente une bague et lui propose de l'épouser, et on vivrait ensemble, et on s'occuperait de ta mère, et tu repriserais mes chaussettes pendant que j'ouvre mon propre cabinet, et ce serait magnifique.

Donc voilà, c'est là que, découragée par la télévision japonaise et ses odieux clichés sexistes, j'ai décidé que j'avais suffisamment subi ces conneries avec les  foutaises sur la célibataire mal-aimable qui heureusement va rentrer dans le rang grâce à un gentil garçon, et j'ai déclaré que Magerarenai Onna et moi, on n'étais pas copines. L'effet d'accumulation avait eu raison de moi.

Passent plusieurs jours. Un soir que j'ai mal à la tête mais pas envie de dormir, je me dis, comme ça, que je pourrais regarder un truc pas trop intéressant histoire de passer le temps, et que mes 10g d'anti-migraineux fassent effet. Grand bien m'a pris (pas juste pour les médicaments). Car c'est très tard que la série Magerarenai Onna montre ce qu'elle a dans le ventre.
Sans vouloir vous spoiler, disons simplement qu'après avoir longtemps joué avec l'idée d'un mariage entre Saki et Masato, et vas-y que j'essaye des robes, et vas-y qu'on va réserver une salle de réception, le pilote décide d'enfin dévoiler une information capitale, mais jusque là complètement invisible à l'œil nu : oui, Saki est un être humain. Complexe. Intéressant. Peut-être que le personnage ne plie pas mais ça ne signifie pas qu'il n'a aucun doute.

L'issue de cet épisode connaît alors un très bon moment alors que Saki, au téléphone avec sa maman, fait face à ses projets d'avenir. L'examen au Barreau, pas plus que le mariage, ne sont des garanties de bonheur, et le monde autour d'elle se charge bien de ne pas lui rendre la vie facile quel que soit son choix. Mais Saki démontre soudain que la rigueur à laquelle elle s'était astreinte ne l'empêche pas de craindre pour son avenir. Alors qu'on l'imaginait sûre d'elle et de son objectif, on comprend que son obstination ne signifie pas forcément qu'elle est certaine d'avoir raison alors que le monde a tort à son sujet.

Il faut beaucoup, beaucoup de patience, pour aller au bout du pilote de Magerarenai Onna. Beaucoup. Cela demande de survivre au visage de marbre de Saki pendant pas loin de 50 minutes (sur presqu'une heure d'épisode, ça fait beaucoup), de surmonter courageusement le cabotinage de Riko, proprement insupportable pendant 99% de son temps d'antenne, et surtout de serrer les dents chaque fois qu'un imbécile se croit en droit de faire remarquer à Saki qu'il sait mieux qu'elle ce qui la rendrait heureuse. De nombreuses minutes de frustration, voire de colère, sont à prévoir. A plus forte raison si vous avez le malheur d'être une femme. Mais finalement, ça en vaut assez la peine.

Magerarenai Onna nous permettra-t-elle enfin de faire le ménage dans tous les énervants clichés sur le bonheur de la femme japonaise ? Il est permis de l'espérer. Et personnellement, je suis d'avis que si la série poursuit son chemin, maintenant que je sais qu'elle est capable de plus de nuances qu'à ses débuts, elle pourrait même s'avérer nécessaire.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Magerarenai Onna de SeriesLive.

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