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ladytelephagy
6 décembre 2010

Color of your soul

C'était il y a moins d'une semaine. Le temps passe vite, quand on s'amuse. Je redécouvrais le pilote d'Untouchable et, cette fois, j'allais au bout, découvrant par la même occasion ce qu'il n'est pas exagéré d'appeler une bonne série (même si vous ne me voyez pas la qualifier non plus d'excellente).
Et voilà, j'ai vu le final de la série il y a quelques minutes, et elle va déjà me manquer. Heureusement pour elle, elle a assuré ses arrières, juste au cas où. Si je peux me permettre, c'est pas avec ces audiences-là qu'elle va revenir de si tôt, mais enfin l'espoir est permis.

Untouchable avait donc démarré comme une série d'enquêtes journalistiques, pour s'achever sur une immense conspiration. Que de chemin parcouru entre la première et la dernière minute de la série ! Je ne consacre pas souvent un post de clôture aux dorama que je regarde de bout en bout, mais vu l'enthousiasme avec lequel j'ai englouti les 9 épisodes en cinq jours, et la réelle bonne surprise que la série a été, je me suis dit qu'Untouchable avait bien mérité un petit message d'adieu, que je vais toutefois prendre la précaution de dénuer de toute forme de spoiler, comme si ça si vous avez envie de vous joindre à moi et de regarder la série, même seulement le pilote, c'est pas moi qui vous aurai empêchés.

ColorandDarkness

Ce qui ne va pas m'empêcher de chanter les louanges de la série, croyez-le bien. Il y a dans son approche quelque chose de très finaud : on commence par quelques épisodes construits sur le modèle du formula show, et puis, quand le spectateur est harponné, on lui fait réaliser qu'il a mis le doigt dans l'engrenage et que désormais, le dorama deviendra feuilletonnant, qu'il le veuille ou non. Le résultat est imparable parce que du coup, si le mystère d'un épisode donné peut être d'intérêt variable, l'intrigue s'est mise en place sans même qu'on y prenne garde et on reste absorbés.

Ça peut surprendre d'entendre dire qu'une série conspirationniste ne montre pas qu'elle est feuilletonnante au premier abord. On a souvent l'impression que l'un et l'autre sont indissociables.
La raison en est simple : il y a une conspiration, mais aucun adepte de la théorie du complot. Personne, et surtout pas le personnage central, ne tombe dans la paranoïa avant... allez, le septième épisode, disons. Les premiers épisodes se déroulent donc avec une ardoise propre, genre : on a découvert une truc franchement pas catholique dans le premier épisode, mais c'est pas pour autant qu'on va commencer à voir le mal partout, et on ne va pas se mettre à suspecter la main de cette dangereuse entité partout où il se passe quelque chose. Quand on a baigné pendant une grande partie de son adolescence dans l'ambiance des X-Files, franchement, c'est incroyablement rafraîchissant, c'est fou, c'est comme voir le genre d'un œil tout neuf. Pas de "trust no one" à l'horizon, au contraire, c'est avec une facilité déconcertante que l'héroïne, Ryouko Narumi, écoute tous ceux qui veulent bien lui parler, comme si elle n'était jamais complètement échaudée par le pipeautage de l'épisode précédent. Non qu'elle soit absolument naïve, car elle se pose les bonnes questions, mais elle regarde tout avec un vrai regard de journaliste : objectif, dans la mesure du possible. Elle ne commence pas à suspecter tout le monde de lui mentir, ce n'est pas la base sur laquelle elle travaille.
Du coup, c'est un bonheur de la voir évoluer à l'écran, aussi gauche et coincée soit-elle, parce que ce qu'elle croit vraiment, c'est qu'à force d'interroger les gens encore et encore, la vérité sortira. Elle a une sorte de foi dans la vérité qui lui fait penser que même ceux qui mentent finiront par tout lui dire si elle insiste suffisamment. Une ténacité qui, elle, est dans la droite lignée de tous ceux qui avant elle ont enquêté sur des conspirations dans des séries.

La série au lieu d'exclure des personnages progressivement pour rétrécir la liste des suspects qui, potentiellement, sont de connivence avec l'entité conspiratrice, soigne en conséquence sa galerie de personnages, pas forcément en appuyant sur le détail et la profondeur des portraits, mais en n'oubliant jamais de mentionner tout le monde, histoire de garder le flou sur qui est, et qui n'est pas, à la recherche de la vérité. Rares, très rares sont les seconds rôles inutiles à l'intrigue, chacun a un rôle à jouer ou presque. Au fur et à mesure, c'est donc un véritable ensemble show qui se dessine, bien que gravitant essentiellement autour de Ryouko, donnant à un grand nombre de personnages l'occasion de dépasser leur stéréotype d'origine, brossé dans le pilote, pour apporter leur contribution aussi infime soit-elle.

Mais le plus frappant, c'est l'énergie avec laquelle Untouchable s'attaque à ce qui semblerait justement intouchable pour un dorama : la politique et les médias. Deux sujets dans lesquels rares sont les séries qui s'y engouffrent, et où l'esprit critique n'est pas un acquis, le légendaire (et presque pas exagéré) respect des Japonais pour les institutions y étant pour quelque chose du côté de la politique, et la gratitude du ventre jouant son rôle pour la question des médias. Mais Untouchable va purement et simplement flageller ces deux pouvoirs de façon répétée, n'hésitant pas à écorner quelques autres honorables et également intouchables institutions telles que la religion ou la justice.
Si la première affaire était centrée sur le monde des médias, je m'attendais à ce que la suivante s'en éloigne. Au contraire, ce dont veut parler Untouchable, c'est justement la manipulation de ces médias, et les épisodes vont tous tirer partie de cette donnée, chacun dans la mesure de ses moyens. La position du Shukan Untouchable, où officie Ryouko, est bien pratique pour lancer la série : c'est un torchon qui vend du scandale avec de jolies filles en couverture, bref une publication peu prise au sérieux, rarement dans la course pour le scoop sérieux. Une position d'outsider. Cette donnée de départ va être complètement pervertie à mesure que Ryouko, qui ne se console pas d'avoir échoué dans un magazine de troisième zone, progresse dans sa découverte de la vérité.

Ce qui transparait aussi, c'est finalement un véritable questionnement sur la liberté de la presse au Japon. On n'y vit pas dans une dictature où la presse serait contrôlée par le gouvernement, ce serait trop facile ; on est avant tout dans un monde où la presse s'est construite grâce au libéralisme, à la concurrence, à l'argent, et c'est justement là que se loge le vice, la faille du système. Les réseaux et l'argent ont fait la presse, ils peuvent aussi la défaire. Ce que, dans sa fiction conspirationniste, Untouchable dit, c'est quelque chose qui n'est qu'exagéré, pas fictif, sur l'état de la presse. Et ça n'a, au final, rien de strictement nippon...

Au bout du compte, Untouchable est plus glaciale qu'il n'y parait, parce qu'en évitant l'atmosphère de paranoia, qui a tendance à rendre le spectateur éminemment méfiant et à le rendre imperméable à certaines manipulations, la série met en place un monde dans lequel on a l'impression d'avoir des certitudes, et où finalement les limites se brouillent entre ce qui est normal et ce qui ne l'est pas. "Gentils" et "méchants" ne sont pas si simples à cerner qu'il n'y parait... même quand ils sont identifiés. Tout est dans l'image qu'ils renvoient, et ils la manipulent tous un peu.

Alors bien-sûr, je ne vous cacherai pas que j'ai été un tantinet déçue par l'épisode final, notamment parce que les quelques petites choses que j'avais devinées (j'avais encore quelques hésitations sur d'autres choses, qui m'ont effectivement surprise), une fois franchement évidentes, sont appuyées à l'envi pendant de longues minutes qui auraient pu être employées à mettre en place un final plus dérangeant sur le fond.
Le final d'Untouchable donne la "solution", la clé de ses énigmes et répond aux questions posées. C'est un avantage non-négligeable quand on est fatigué de se faire balader pendant plusieurs saisons par des séries ayant la même thématique. Mais c'est dommage car sur le fond, il reste une zone de flou, surtout après les révélations terrifiantes de l'avant-dernier épisode sur certains agissements de l'entité que Ryouko veut percer au grand jour.

Je l'ai dit, je le répète une dernière fois : Untouchable n'est pas un chef d'oeuvre. Mais c'est vraiment une bonne série qui parvient à la fois à divertir et, j'espère avoir su vous l'expliquer correctement, à soulever quelques thèmes intéressants.
Dans le fond, je sais d'ailleurs très bien qu'une deuxième saison ne serait pas souhaitable. Mais vous verriez la toute dernière image de la série...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Untouchable de SeriesLive.

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2 décembre 2010

Contact prolongé

Au juste, je ne me rappelle plus trop bien pourquoi je n'étais pas allée au bout du pilote d'Untouchable. Certainement parce qu'au vu des premières images, j'avais eu l'impression de signer pour l'un de ces procedurals où l'ont remplace le fic par autre chose, histoire de faire genre "moi ? une série policière ? ah bah non, non alors, regardez, la preuve : mon personnage principal est une journaliste !". Ne riez pas, ça s'est déjà vu, hein. Donc en cherchant bien, je pense que l'explication est à chercher par là.

A la faveur d'un rangement, me voilà à me poser la plus épineuse question qui soit pour un téléphage atteint de collectionnite aiguë comme moi : je grave ou je jette ? Certes, dans 99% des cas, la réponse n'est pas favorable à la poubelle. Mais pour prendre une décision éclairée, ne valait-il pas mieux, au moins, regarder le pilote jusqu'au bout ? Ce qui fut dit fut fait, et me voilà, près d'un an après la diffusion de la série, devant le pilote pour une deuxième fois, celle-ci décisive, normalement.

Untouchable

Vous savez quoi ? Il n'est pas si mal, le pilote d'Untouchable. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il est parfait mais il est globalement prometteur.

Deux bons côtés, en essence :
- d'une part, le personnage de Ryouko Narumi n'est pas aussi prévisible qu'il n'y parait. C'est un peu énervant ces personnages gauches, gaffeurs, toujours dépassés par tout ce qui leur arrive. Finalement, notre journaliste n'est pas si empotée que ça, elle est même carrément dégourdie quand il le faut. Et puis, elle est sacrément butée, surtout. L'interprétation de Yukie Nakama n'est pas franchement mirobolante, mais tout compte fait, le personnage est bon ;
- d'autre part, et c'est certainement le plus important de ces deux points, le pilote d'Untouchable dépasse largement le seul domaine de l'enquête déguisée en reportage. C'est une vraie série sur le rapport entre la société japonaise et ses médias.

Je ne sais pas si les épisodes suivants seront aussi bons, parce que ça tenait en grande partie au sujet du premier épisode, dans lequel une femme médiatique tenant une chronique à la télévision annonce des catastrophes qui ont la curieuse faculté de se réaliser, et qui sont en rapport avec une entreprise de construction. L'épisode passe une partie du temps à hésiter entre dénonciation des abus de certaines entreprises peu scrupuleuses, et à soupçonner la chroniqueuse d'organiser des accidents mettant en difficulté la société de construction, dans le seul but de faire monter sa côte d'amour médiatique. Au bout du compte, ce ne sera pas aussi simple que ces deux axes semblent l'annoncer...
Mais surtout, les graines d'un arc mythologique sont semées avec brio, de façon à permettre au spectateur d'en deviner une partie, tout en lui donnant l'occasion de s'exclamer sur la fin : "mais c'est pas vrai, c'était là, sous mon nez !", bref, histoire à la fois de construire quelque chose de fin et en même temps de ne pas s'interdire quelque chose de plus classique, voire grand public.
Quand se croisent plusieurs zones d'influences, forcément, on n'est pas loin des thèmes conspirationnistes, mais avec la presse en toile de fond, c'est franchement prometteur.

Au passage, l'éthique (journalistique ou autre), la religion et les connivences entre cercles de pouvoir en prennent pour leur grade, l'air de rien, sans dénonciation frontale d'une pratique ou d'une autre, simplement par quelques situations au cours desquelles l'attention du spectateur n'est pas braquée sur l'aspect critique, mais plus sur l'action. Les séries japonaises, lorsqu'elles s'y risquent, sont très fortes à ce petit jeu qui consiste à souligner les travers de la société nippone sans froisser personne ni même pointer quoi que ce soit du doigt trop ostensiblement. Et c'est, au final, bien plus fin, comme procédé.

Au bout du pilote, Untouchable n'est pas une révolution, mais c'est le genre de dorama qui répond parfaitement à l'expression "divertissement intelligent". Un peu dans le genre de Hanchou, elle aspire en même temps à quelque chose de pointu et à une vocation mainstream, tout en pratiquant, comme l'a fait The Quiz Show, une sévère radiographie des médias japonais. Tout ça en restant accessible et pas prise de tête.
Rares sont les séries trouvant le bon équilibre. Untouchable y parvient plutôt bien.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Untouchable de SeriesLive.

5 novembre 2010

Hélas, le clonage de la médiocrité est autorisé, lui...

CloneBaby

Quand une fiction est attendue, on espère pour elle que c'est pour les bonnes raisons : une intrigue incroyable, par exemple, ou un casting épatant, peut-être... L'attrait essentiel de Clone Baby, c'était d'être un thriller de 30mn inaugurant la nouvelle case fiction de TBS. On a déjà vu pu attrayant ! Certes, le thème du clonage pouvait s'avérer intéressant, mais les infos qu'on avait jusque là étaient trop parcellaires pour vraiment se faire une idée.
Tremblez, jeunes gens, car j'ai vu le pilote de Clone Baby hier soir, et je viens vous porter de mauvaises nouvelles : il est nul.

Alors, non, bon, ok, peut-être pas nul. Le terme est sans doute un peu fort. Disons qu'il est franchement mauvais, ça va comme ça ? Trop dur ? Attendez que je vous explique.
Mais en premier lieu, je vais commencer par la bonne nouvelle (oui, au singulier...), qui est que Clone Baby possède une réalisation dans la moyenne supérieure de ce que l'on peut trouver comme séries équivalentes au Japon. Il y a une véritable envie d'apporter du mouvement, du rythme, de la couleur, des angles, et pour ça franchement je dis merci, car il n'est pas rare pour un dorama nippon d'être pris au piège des conventions du genre, ne prenant aucune liberté avec la mise en images. A cet égard, chapeau bas, ce n'est peut-être pas une composition magistrale comme certaines autres séries (regardez Mousou Shimai et apprenez à placer la barre très haut...), mais en tous cas il y a une véritable volonté de faire quelque chose de vivant.

C'était donc la bonne nouvelle. Hélas pour elle, elle se trouve bien isolée, car sont à blâmer, sans ordre particulier de pénibilité : le casting et le jeu des acteurs, les dialogues et, problème non-négligeable, le scénario.

Car le choix de Clone Baby, c'est de nous plonger dans deux mystères parallèles, et c'est là que le bât blesse : il y a d'une part le mystère autour du clonage, et d'autre part l'intrigue "individuelle" du personnage central qui de toute évidence vit la conséquence de ce mystère. Le problème, c'est qu'on ne comprend pas vraiment ce qui se passe autour de ce personnage vu qu'on nous laisse dans le noir sur les deux tableaux : si le contexte du clonage était un peu éclairci, on s'inquièterait du sort de ce pauvre gars parce qu'on saurait à quoi il fait face. Mais là pas du tout, les deux axes baignent tous les deux dans une ambiance de "je te dirai pas avant le final de la série" qui rend les choses pénibles. Et pourtant, c'est pas vraiment que l'intrigue soit complexe, c'est juste qu'il est parfaitement horripilant d'être plongé dans l'ignorance simplement parce que c'est plus pratique pour construire du suspense. La solution de facilité, ce n'est jamais la bonne solution, combien de fois faudra-t-il le répéter ?!

Alors du coup, on s'en fout un peu. Tout ça a l'air trop grossièrement pensé, et c'est d'ailleurs mal amené aussi, avec des scènes qui partent dans tous les sens à intervalles réguliers. A l'instar de ce mystérieux institut dont on ne sait rien mais dont les scénaristes organisent une visite qui se veut pédagogique. Ce serait l'occasion de nous expliquer un peu dans quel univers on tente de nous immerger mais ça devient un futile prétexte à présenter un professeur étrange (et grotesque). Sur le monde du clonage lui-même on ne saura finalement pas grand'chose. A ce personnage risible viennent s'ajouter l'intrigue sirupeuse du personnage central, un étudiant japonais complètement mou (pléonasme) qui met tout l'épisode à comprendre ce qui lui arrive... problème, le scénario met autant de temps, alors que n'importe quel spectateur avec un cerveau fonctionnel a compris. Le suspense est donc artificiel, il ne provoque que frustration. Les personnages pseudo-mystérieux et les quelques plans soi-disant effrayants n'aident pas à améliorer cette impression persistante qu'on a de se faire balader sans autre motif que celui de justifier le format feuilletonnant...

Clone Baby, c'est pas vraiment une déception en ce qui me concerne, mais c'est un avertissement clair : ne pas chercher l'innovation là où elle n'est pas. En l'occurrence, ce n'est pas parce que TBS lance une nouvelle case horaire dédiée aux séries que ça veut dire que le dorama qui l'inaugure va forcément avoir quoi que ce soit de nouveau lui aussi. On est ici dans du bas de gamme, ça n'est pas nouveau, mais c'est toujours aussi rageant de se faire avoir.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Clone Baby de SeriesLive.

4 novembre 2010

Principe de réalité

Avant, quand on lançait le visionnage d'une série japonaise mettant en scène un jeune entrant dans le monde du travail, on savait dans quoi on mettait les pieds. C'était simple : animé du désir de bien faire et de s'intégrer à la société, le personnage (non sans quelques embûches, ça va de soi) trouvait sa place. Il en émanait, c'est sûr, quelque chose d'idéaliste et même, dans certains cas, d'un peu bien-pensant, mais une fois de temps en temps, ça faisait quand même du bien. Bien-sûr, les exceptions ont toujours existé, comme Okane ga nai! qui évoquait aussi les working poor, mais on s'y retrouvait, généralement.
Avec Nakanai to Kimeta Hi et maintenant Freeter, Ie wo Kau., j'ai l'impression d'assister à des fictions de plus en plus désabusées sur le monde du travail. La première parlait de maltraitance au travail, la seconde s'attarde sur l'entrée dans la vie active aujourd'hui. Et si à la clé, on devine qu'il y a de grandes chances qu'on trouve une forme de réconciliation avec la valeur travail, pour autant, l'idéalisme forcené n'est plus de mise. J'aurais certainement dû vous faire un post sur Nakanai to Kimeta Hi lorsque j'ai vu le pilote (hélas, même à raison d'un post par jour, il n'y a pas suffisamment de temps pour parler tout dans ces colonnes), mais je vais quand même prendre le temps de me pencher sur Freeter aujourd'hui.

C'est vrai qu'a priori, le pitch semblait dans la droite lignée de la tradition bon enfant que j'ai citée plus haut : un jeune homme qui vit au jour le jour, et qui commence à se mettre au travail après un déclic. C'est le traitement qui fait toute la différence : l'optimisme aveugle est loin. Seiji, le héros de Freeter, est déjà, à 24 ans, complètement désenchanté par le monde du travail, il n'est pas prêt à tout accepter pour obtenir son confort, et ne supporte déjà plus : le chef trop con, les collègues lèche-culs, les soirées où il faut aller se bourrer la gueule avec tout le service parce que c'est dans la culture entreprise, et tout ça en y étant de sa poche. Seiji considère qu'il y a des limites, et un jour pas comme les autres, il décide purement et simplement de démissionner. C'est tout bête, c'est juste qu'il attend un peu plus dans la vie.
Sauf qu'à ma grande surprise, cette démission n'est pas du tout vécue comme une libération, ou un nouveau départ. C'est l'angoisse. Il faut bien qu'il fasse quelque chose... mais trouver un autre emploi, ce n'est pas du tout facile. L'enfer des entretiens, des refus de candidature, et même de l'agence pour l'emploi, tout ça est d'une violence sourde, devenue banale, mais prégnante. Et la réaction de son père n'aide pas spécialement à vivre les évènements sereinement : puisque Seiji vit encore avec ses parents, et qu'il approche gentillement des 25 ans, le paternel se désespère de ce rejeton bon à rien qui n'a pas compris les règles du jeu. Il l'exhorte à se mettre dans le crâne que le boulot, même si ce n'est pas marrant tous les jours, eh bah on serre les dents et on y va tout de même. Comme si le fait de l'insulter violemment et de culpabiliser sa mère (forcément responsable pour avoir trop couvé Seiji) allait faire prendre du plomb dans la tête au jeune homme.

Quand on n'a même pas 25 ans et qu'on mange encore la cuisine de maman, le plomb dans la tête ne vient qu'en faisant ses propres expériences, et il va se passer toute une année pendant laquelle Seiji va se laisser flotter, d'un job précaire à l'autre, attendant le super post (dans le design) qui le motiverait, et supportant cette existence de salle d'attente avec un fatalisme grandissant. Chez le père comme le fils, "frustration" est le maître-mot, en attendant que peut-être quelque chose se produise qui rompe la spirale.
Et hélas, quelque chose se produit. Voilà donc Seiji, sous le choc, qui accepte le premier job venu, un job loin de ses espérances et pas vraiment dans ses cordes, mais qui va peut-être tout de même lui mettre le pied à l'étrier.

Entretien

Freeter, Ie wo Kau., c'est définitivement plus qu'une énième chronique gentillette de l'entrée dans la vie active, ou même simplement l'âge adulte. C'est d'abord et avant tout le constat désillusionné d'une génération prise entre deux feux, avec un dilemme déchirant : accepter l'inacceptable au nom du confort, comme la génération précédente l'avait fait, ou bien galérer péniblement pour exister dans la vie adulte dans des conditions plus saines. Tout ça en supportant le poids du regard gorgé d'incompréhension des actifs de la génération précédente, pour qui le choix semble tout fait.

Le plus fou c'est que, si Freeter s'inscrit parfaitement dans la culture nippone, avec le culte de la vie de salaryman qui y a longtemps eu cours...
... elle s'avère également être une série incroyablement proche de nos préoccupations de jeunes occidentaux, nous qu'on surnomme la "génération sacrifiée".

Du coup, je ne m'étonne plus des audiences de la série, c'est normal qu'elle fasse partie des plus regardées de la saison. Elle touche un point sensible, et le fait avec une grande justesse. Certes, on ne l'empêchera pas de faire un peu plus de sentiment sur certains points de ce pilote (notamment vers la fin), car Freeter reste une série grand public et se doit de conserver un minimum d'optimiste. Mais il faut tout de même reconnaître que la série possède une bien meilleure maîtrise de son sujet qu'attendu... voyons l'usage qu'elle fera de cette maîtrise. Après tout, on peut encore être surpris.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Freeter, Ie wo Kau. de SeriesLive.

2 novembre 2010

Volte-face

Un nouveau look pour une nouvelle vie : si FACE MAKER passait sur M6, je vois bien ce titre. J'ai bien dit "si". Oh, ça va hein.
Car plus qu'une intrigue sur la chirurgie esthétique, ou même sur son chirurgien, FACE MAKER est avant tout une série qui s'intéresse aux conséquences de l'apparence en général.

En dépit de son titre, FACE MAKER ne s'intéresse (en tous cas au stade du pilote) que modérément à son personnage central, l'énigmatique chirurgien, le Docteur Kirishima, le fameux face maker. Et si ce n'était le générique, d'ailleurs, on n'en saurait quasiment rien (du coup c'est même limite dommage de raconter l'histoire du personnage si c'est pour ne le faire que dans le générique), de ce bon Docteur Moreau.
C'est en fait pas si mal car le héros, ce n'est pas lui : il n'est que le moyen. Celui qui, par son étrange don d'échanger les visages, fournit les éléments qui donneront vie à l'intrigue. D'une certaine façon, l'opération de chirurgie qu'il pratique, et qui consiste à prendre le visage de quelqu'un pour donner celui de quelqu'un d'autre, est presque une figure de style, une métaphore qui permet de lancer des postulats à étudier. Ce qui intéresse FACE MAKER, ce n'est pas le thriller, c'est de jouer avec une idée.

FACEMAKER

Le premier épisode est donc dédié à une jeune femme pas forcément gracieuse mais follement éprise d'un petit enfoiré qui la traite comme une sous-merde et la rejette. Décidée à tout changer pour lui, elle tente donc de se faire opérer pour changer totalement de visage, mais voilà, problème : personne n'accepte, car la chirurgie esthétique a des limites éthiques. Jusqu'à ce que l'assistante du chirurgien Kirishima l'aiguille vers le laboratoire secret de celui-ci, où elle pourra littéralement trouver un nouveau visage (parmi un choix de plusieurs dizaines...). Et le plus fort, c'est que ça ne lui coûtera rien : tout ce qu'elle a besoin de faire en échange, c'est faire don de son ancien visage. Belle opération, si je puis m'exprimer ainsi.

Passe un mois, la cicatrisation s'est faite et la jeune fille peut se lancer dans la vie avec son nouveau visage, sous le nom de Reimi. Et c'est là que FACE MAKER dévoile ses intentions, avec un long passage pendant lequel notre héroïne découvre ce que c'est que d'être jolie. Il y a une véritable (re)découverte du regard de l'autre dans ces petites scènes, avec une jeune femme terrifiée que les gens voient qu'elle a été opérée, ou complètement incapable de réaliser que les autres la voient comme jolie, alors que le monde entier semble lui faire des courbettes. L'univers a l'air d'être à ses pieds alors qu'elle était jusque là invisible. Le contraste entre le regard qu'elle porte sur elle-même et le regard que les autres portent sur elle sous sa nouvelle apparence fonctionne du tonnerre, on a la sensation d'être dans sa tête (dans laquelle rien n'a changé, après tout). C'est légèrement exagéré mais parfaitement efficace.
Car ce nouveau pouvoir qu'elle se découvre, qui lui permet d'avoir une grande emprise notamment sur les hommes, va lui faire perdre la tête. Alors qu'au départ elle pensait se rapprocher du jeune homme dont elle était éprise pour se faire aimer de lui, la voilà qui commence à réaliser qu'elle peut faire plus : elle peut se venger du mal qu'il lui a fait lorsqu'il l'a rejetée.

C'est là qu'intervient l'intrigue financière de l'épisode, pendant laquelle on en découvre de plus en plus sur le type en question. Ce n'est pas vraiment un enfoiré, c'est simplement un faible rongé par l'envie de briller. Finalement il n'est pas différent d'elle, il cherche à se faire passer pour ce qu'il n'est pas : son signe extérieur de réussite à elle, c'est la beauté, son signe extérieur de réussite à lui, c'est la grande vie. Pour cela, il raquette de l'argent aux femmes paumées de son entourage, joue, etc... Il s'engage dans une relation avec cette inconnue, Reimi, et comme elle est belle, il devient fou d'elle et veut lui offrir le meilleur, c'est-à-dire le plus cher, chose dont Reimi, soudain aveuglée par le désir de vengeance, se nourrit.

Je ne vous raconte pas la fin mais au bout du compte, FACE MAKER est plus une fable sur les apparences et leur influence néfaste sur nous, qu'un conte fantastique sur des visages qu'on peut échanger. Les éléments empruntés au thriller fantastiques ne sont que des outils pour dépeindre des portraits de personnages qui, ironiquement, s'enlaidissent plus qu'autre chose. Et les dernières minutes du pilote ont de quoi surprendre, avec un twist parfaitement maitrisé (loin des retournements de situation qu'on voit parfois arriver à des kilomètres) et l'absence de morale de la part du chirurgien, qui a donné une bonne leçon mais ne se sent pas obligé d'en faire des tonnes.

Ce n'est pas forcément pour les raisons qu'on imaginait au départ, mais FACE MAKER est absolument saisissant. Sa réalisation légèrement convenue est largement compensée par son très bon scénario et son propos sévère sur la déliquescence d'une société qui se résume aux apparences. Par rapport à son pitch, la série a, elle aussi, fait volte-face... pour mon plus grand bonheur. Voilà donc l'une des séries que je vais suivre cette saison !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche FACE MAKER de SeriesLive.

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24 octobre 2010

Can you keep a secret ?

Douce ironie du sort : la nouveauté nippone pour laquelle j'avais le plus d'appréhension est également celle que j'ai regardée en premier cette saison. Bon, d'un côté, vous me direz, au moins maintenant c'est fait, je suis tranquille. Mais quand même, c'est un pari un peu risqué...
Me voilà donc devant le pilote de Himitsu et, comme je sais que votre curiosité a été piquée (au moins pour quelques uns d'entre vous) depuis que j'ai commencé à en parler, eh bien je me suis dit que je n'allais pas garder mes impressions pour moi. Comme si c'était mon genre de toute façon...

Himitsu

Himitsu, c'est donc cette série au concept étrange (tirée d'un roman ayant déjà fait l'objet d'une adaptation ciné) qui nous parle d'une mère et sa fille qui, prises dans un accident de bus, sont entre la vie et la mort. Lorsque la mère meurt, son esprit semble s'être incarné dans sa fille... On imagine aisément le potentiel d'une telle intrigue quand on sait que le père reste seul face à cet étrange personnage qu'il aime comme une épouse, mais voit comme une fille.
C'était un principe franchement dérangeant, mais bon, à bien y réfléchir, c'était peut-être aussi une façon de voir le sujet avec les yeux des Japonais, loin de notre culture judéo-chrétienne. Une expérience à tenter, de la même façon que 14 Sai no Haha (également avec Mirai Shida) était rafraîchissant sur l'éternel thème de la grossesse adolescente, ou que Gyne offrait un point de vue différent sur plusieurs sujets d'éthique médicale. Ne jamais sous-estimer le pouvoir d'une série étrangère pour vous faire comprendre que vous aviez plus d'œillères que vous ne le pensiez ! Je me tue à vous le dire...

Sauf que déjà, sur le plan de la réalisation, je suis bien obligée d'avouer que Himitsu est une grosse déception. C'est franchement scolaire, voire carrément mauvais, c'est fait sans grande imagination, et si le scénario ne poussait pas pendant une scène ou deux, c'en serait franchement pénible. On tenait un sujet qui permettait pas mal de choses, mais la caméra se refuse obstinément au moindre effort. Il faut dire que la plupart des scènes ne sont pas servies avec beaucoup plus d'entrain par Sasaki Kuranosuke, certainement l'acteur le plus transparent du moment à la télévision nippone (il suffit de voir sa monolithique prestation dans Hanchou dont on parlait il y a peu), qui prouve en plusieurs points qu'il n'a aucune idée de comment aborder son rôle, et fait donc n'importe quoi (ne retranscrivant pas un instant le doute que toute personne sensée devrait éprouver, au moins pendant un quart de seconde, devant les affirmations de sa fille se proclamant être la réincarnation de son épouse). Le sort qu'il fait à la scène la plus tragique de l'épisode est à ce titre parlant, mais pire encore, il gâche totalement la scène-clé de l'intrigue. Bref, c'est un tout, mais un tout fade. Et si Mirai Shida s'en tire à peu près bien, ce n'est vraiment pas parce qu'on l'y aide, croyez-moi.

Bref, c'est franchement bancal sur bien des points. Dommage, parce que le scénario a bien besoin d'une pichenette dans un sens ou dans l'autre, et que visiblement il ne faut pas compter sur la réalisation pour la lui donner. Soit la série veut verser dans le sirupeux (et elle a quelques éléments qui le permettent, déjà...), soit elle veut être dérangeante (et elle le peut encore... pour le moment), mais à un moment il faudra choisir car s'il y a bien deux tons qui ne peuvent cohabiter dans une même série, c'est bien ceux-là. Le pilote offre quelques bonnes idées (dont une très bonne scène, totalement surprenante pour le spectateur occidental, où les familles des victimes sont réunies pour parler dédommagement... et qui contre toute attente s'avère être la scène la plus touchante de tout l'épisode), mais globalement il y a aussi beaucoup de remplissage, et un grand nombre de scènes dont on a l'impression qu'elles sont là parce qu'il le fallait, parce que c'était dans le cahier des charges, parce que sinon la ménagère moyenne ne comprendrait pas... et c'est terriblement dommage.

A ce stade, deux chemins s'ouvrent donc devant Himitsu. Au stade du pilote, rien n'est joué ; on peut partir sur un triangle amoureux (et même pas celui que vous pensez), ou sur une énigme dérangeante. Les paris sont ouverts... Quant à savoir si oui ou non, papa et maman vont consommer leur amour après la réincarnation, qui est franchement la question qu'on se pose tous, le trailer de fin de pilote nous indique que cette question épineuse sera résolue au prochain épisode. C'est vous dire à quel point les problématiques de la série ne sont que tout juste effleurées dans le premier épisode...
Je donnerai donc un épisode supplémentaire à Himitsu pour se décider. Car si je l'autorise à me choquer, voire même me donner envie de vomir... je lui interdis de m'ennuyer. La voilà prévenue.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Himitsu de SeriesLive.

11 octobre 2010

Une histoire de série policière sans intrigue policière...

Ah. Voilà ENFIN un avantage à ma cure d'amaigrissement hadopienne : forcée de fouiller dans mes cagoules, je me retrouve à regarder des épisodes depuis trop longtemps reportés. A l'instar de Hanchou, dont je vous parle depuis je ne sais combien de temps, et que j'avais pris le soin de cagouler et d'oublier quasi-simultanément pour cause d'allergie au poulet... Bon, bah ça y est, c'est fait, j'ai vu le pilote. De la première saison et tout. Ah ouais nan mais, l'air de rien, on en trouve des choses dans ces cagoules !

Hanchou_Pilot

Bon alors, vu l'intro de ce post, vous vous doutez que ce n'est pas non plus l'admiration qui domine. Déjà parce que Hanchou est super classique, dans son genre : plus basique pour une série policière japonaise, je ne vois pas. Il y a tous les éléments de base, tout ce qui en fait un produit grand public. C'est un peu Les Experts de la télévision policière (le côté scientifique en moins). L'équipe d'enquêteurs avec la psycho-rigide, le gentil petit gars (certainement un petit nouveau, en tous cas le plus jeune), le comic relief... et bien-sûr le chef qui est toujours à mi-chemin entre l'humour et le sérieux, ce mélange parfait de professionnalisme et de clownerie légère qui n'existe vraiment que dans les séries japonaises.
C'est un peu lassant parce que ça donne un peu l'impression d'avoir déjà vu cent fois ce cocktail, les personnages ne brillant pas par leur originalité (bien au contraire), l'enquête n'étant pas plus captivante non plus...

...En tous cas c'est vrai sur la forme. Mais dans ce pilote, il y a tout de même quelque chose qui ressort et qui impressionne le spectateur : l'un des portraits, celui d'une suspecte. Et je soupçonne que, si l'enquête est si banale, limite chiante, c'est parce que peut-être, juste peut-être, ce n'est pas le but du jeu que de jouer les bons policiers qui cherchent à démasquer leur coupable. En fait plus j'y pense et moins ça semble être l'objectif de Hanchou.

L'épisode est pourtant construit comme un wudunit, avec une séquence typique montrant le crime, c'est-à-dire la victime tombant à terre, laissant choir son sac à main, dans lequel quelqu'un se saisit quelques secondes plus tard, furtivement, du portefeuille, bien que la femme reste allongée au sol avec tous ses bijoux. Vol qui a mal tourné ? I think not.
Il ne faut pas longtemps à Hanchou pour nous présenter son coupable désigné : une vieille dame dangereusement armée d'un mégaphone qui hurle depuis sa fenêtre des rappels polis à sa voisine sur la nécessité de se réveiller ou sortir les poubelles pendant des heures... la voisine étant la victime. Son comportement d'emmerdeuse patentée (mais polie !) fait d'elle une cible évidente pour quiconque cherche un "méchant" dans le voisinage. Et justement, c'est le cas : la voisine au haut-parleur est immédiatement interrogée et suspectée par la police, car si elle faisait preuve d'autant d'agressivité passive, elle est forcément coupable.

Naturellement, notre hanchou (le chef de section, si vous voulez) a un doute. Et la suite va consister en une observation, un peu futile en apparence et carrément lourde dans son déroulement, de ce personnage et ses troubles. Notre vieille voisine grincheuse est en fait totalement brisée par la solitude ; chaque dialogue, chaque interrogatoire s'emploie à explorer sa souffrance, ses regrets, son amertume, sa lassitude. De ce côté-là, le pilote de Hanchou est incroyablement touchant, et s'attaque à un sujet d'autant plus sensible dans un Japon vieillissant mais à la jeunesse de plus en plus individualiste. Notre voisine antipathique se transforme sous nos yeux en victime ordinaire de la vie. J'ai aimé que, lorsqu'on évoque le cas de son fils qui ne vient plus la voir, on ne cherche pas à nous sortir une justification : ils sont fâchés, il ne vient plus, voilà tout. Pas d'angélisme, pas de scénario à dormir debout, les faits juste les faits : elle est seule. Ce n'est ni sa faute ni celle de son fils, ou un peu des deux : les lignes sont troubles et c'est tant mieux. Lorsqu'elle évoque l'homme avec lequel elle a vécu, un bon rien qui a vécu a ses crochets sans se cacher de n'être là que pour l'argent, et qui est mort d'un cancer en lui demandant simplement d'être là pour lui (cruauté suprême !), elle est parfaitement lucide sur l'accord tacite de cette relation, là encore, pas d'utopique aveuglement. C'est ce qui rend le portrait, tout en détails, d'autant plus déchirant. Le désespoir est à son comble lorsqu'elle supplie (et je ne dis pas demande, non, elle supplie quasiment à genoux) d'être envoyée dans le couloir de la mort pour que tout ça s'arrête.
Sur cet angle-là, Hanchou est incroyablement fort. Ce n'est donc pas tant une série policière au sens strict du terme, qu'une série dramatique utilisant des enquêtes comme prétexte à étudier la société japonaise, une personne à la fois. C'est ce que j'aime dans Law & Order SVU par exemple. A priori ce serait donc un bon point.

Mais la forme est épuisante. Et ça, c'est vraiment difficilement surmontable. Je me désintéresse totalement des personnes qui travaillent dans l'équipe, à vrai dire je n'ai même aucun intérêt pour le hanchou qui est du genre "personnage principal omniscient à l'humour discret", fréquent dans les séries japonaises et surtout les policières, et qui m'exaspère. Il y a aussi une galerie de personnages secondaires qui viennent juste rallonger la durée de l'épisode (le chef du hanchou, son ami dans un autre service, la jolie journaliste...), qui ont dix secondes de présence dans l'épisode, et surtout, zéro utilité. C'est contractuel, et c'est chiant de voir la série presque se forcer à ces petits instants légers pour ne pas perdre la majeure partie de son public. J'ignore si la concession est consciente, mais elle est atroce à regarder parce qu'elle gâche absolument tous les bons points de l'épisode.

Alors forcément, sur la question de la forme, je préfère BOSS. Et du coup je la recommanderais plus facilement à des personnes peu ou pas habituées aux séries japonaises, bien plus que Hanchou qui est vraiment un produit taillé pour un public nippon et relativement peu regardant. La série n'est pas mauvaise, mais elle n'est pas bonne non plus. C'est son drame à elle.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Hanchou de SeriesLive.

7 octobre 2010

How do you like it Japan ?

Ouhlà, mais je suis à la bourre moi ! La première série hebdomadaire de la saison commence ce soir à la télévision japonaise, et je ne vous ai pas encore indiqué le top des séries les plus attendues de la saison ! D'un autre côté, ledit classement n'est paru que depuis quelques heures... je l'ai échappé belle !

J'aimais bien le top des attentes de la saison précédente ; ce n'était pas mon classement idéal mais enfin, l'idée qui s'en dégageait était encourageante. On avait l'impression que le public (peut-être rendu plus exigeant par la saison très inégale du printemps ?) avait envie qu'on le bluffe, et pas juste qu'on lui offre sur un plateau des séries clé en main. Et c'est d'ailleurs en partie ce qui s'est passé cet été. Au cas où vous auriez bêtement oublié de le faire, je vous rappelle que vous pouvez lire le bilan de cette saison dans mon article trimestriel sur SeriesLive.

Donc, cet automne, que veulent les spectateurs japonais interrogés par ORICON ?

1 - Iryuu Team Medical Dragon
2 - Freeter
3 - Aibou
4 - Kogane no Buta
5 - Q10
6 - Guilty
7 - SPEC
8 - Nagareboshi
9 - Juui Dolittle
10 - Himitsu

Si je regrette quelque peu l'absence de séries réellement culottées comme Mori no Asagao (par contre présent sur le classement de BIGLOBE... je connais mal le public de ce site, mais peut-être est-il plus âgé ?) ou FACE MAKER, dont le sujet commence progressivement à me séduire, même si sur le tard, c'est quand même un classement solide, dans la mesure où, outre les incontournables (genre Aibou ou Iryuu) et les remakes (SPEC), on tient quand même des sujets variés et pas nécessairement débiles, même si j'ai de grandes réserves au sujet de Juui Dolittle. Mais au moins, bon, il y a un peu de tout, du thriller à la comédie romantique en passant par une portion nécessaire de séries policières ou assimilées. Peut-être aussi que la grille s'y prête, car à première vue on n'a pas de série ridiculement loufoque comme seuls les Japonais (si, si admettons-le) savent le faire, et pas tellement de thématiques lycéennes ce qui est souvent ma bête noire. Franchement, si au début je pensais que la saison ne pourrait jamais être aussi bonne que l'été, je commence à prendre confiance et me dire, à mesure que les infos sortent, que ça peut être très bon. Et si ça attire du monde, c'est prometteur aussi... en fait c'est un cercle vertueux.

Q10

C'est comme si les pannouilles du printemps avaient obligé la télévision nippone à réviser sa copie et ralentir un peu sur les séries fabriquées au kilomètre pour plaire aux ados : dans ce top des attentes, il y a Q10 bien-sûr... mais il n'y a que Q10 !
Evidemment, je peux me tromper, mais c'est le sentiment que j'ai après avoir vu ces classements, chais pas pour vous ?

6 septembre 2010

L'autre rentrée !

L'été n'est pas tout-à-fait fini, mais quand je fais le bilan, globalement, de la saison nippone, je me sens pleinement satisfaite si ce n'est plus. Limite si j'ai pas envie de pousser un énorme soupir de contentement et m'allumer une cigarette. La saison a été bonne. J'attends juste que les teams de fansubs apprennent à se préoccuper un peu plus de WOWOW, mais à part ça, je suis comblée.
Et pourtant, bon gré, mal gré, il va falloir commencer à dire adieu à ces séries (même si la dépendance au sous-titrage donne un petit sursis), et passer à la saison d'automne !

Ne vous en faites pas, on procèdera à des adieux en bonne et due forme très bientôt, de par le désormais traditionnel bilan de saison sur SeriesLive (c'est devenu l'un de mes rendez-vous favoris, je l'avoue), mais pour l'heure, voyons ce que la prochaine saison réserve !

En quotidienne

- Teppan (NHK)
L'histoire : Une jeune femme charmante comme tout ouvre un restaurant spécialisé en teppanyaki.
L'avis : J'aime cet arrière-goût de Jean-Pierre Pernaut qu'il y a toujours dans les asadora de NHK...!
>  Du lundi au vendredi à 8h15 à partir du 27 Septembre [Fiche SL]

- Tenshi no Dairinin (Fuji TV)
L'histoire : Une femme écrivain s'intéresse au rapport qu'entretiennent diverses femmes avec la maternité.
L'avis : Autant c'est intéressant de pencher sur ces thèmes (à plus forte raison pour série à destination des femmes au foyer)
>  Du lundi au vendredi à 13h30 à partir de, bah, ce soir [Fiche SL]

Lundi

- Cherry Nights (Fuji TV)
L'histoire : Deux puceaux (l'un de 30 ans et l'autre de 18) entrent en colocation.
L'avis : D'après ce que je comprends, c'est Unubore Deka, sans les intrigues policières et en plus cru. Oï.
> Le lundi à 02h00 à partir du 11 Octobre [Fiche SL]

- Kimi ni Tsuita Uso (Fuji TV)
L'histoire : Un homme taciturne et une prostituée contractent un mariage d'intérêt, mais commencent à s'attacher l'un à l'autre.
L'avis : Comme l'idée de la prostituée qui veut mourir mais qui finit par épouser un type pas clair me plaît presque, je vais prendre sur moi et donner une chance à cette romance. A mon corps défendant.
> Le lundi à 21h00 en Octobre [Fiche SL]

- Mori no Asagao (TV Tokyo)
L'histoire : Deux hommes se lient d'amitié : l'un est condamné à mort, l'autre est son geôlier.
L'avis : C'est le genre de projet qui me surprend de la part de TV Tokyo (dont en général je connais plutôt les séries du vendredi soir...), mais qui me ravit par avance. J'vous l'dis, ya intérêt à avoir du sous-titre !
> Le lundi à 21h00 en Octobre [Fiche SL]

Mardi
- Freeter, Ie wo Kau. (Fuji TV)
L'histoire : Un bon à rien prend un boulot parce qu'il faut bien soutenir la famille, mais sans conviction, jusqu'à ce qu'il prenne progressivement goût à ce travail.
L'avis : De la SF japonaise, ben ça alors ! Un mec qui n'aime pas travailler, je vais avoir du mal à m'identifier, quand même...
> Le mardi à 21h00 en Octobre [Fiche SL]

- Guilty (Fuji TV)
L'histoire : Une femme en apparence charmante est en faite une ex-condamnée pour meurtre qui, depuis sa libération, prépare une horrible vengeance.
L'avis : Les Japonais aussi nous sortent des histoires de vengeance maintenant ? Hm, mais non, ce n'est qu'un hasard.
> Le mardi à 22h00 à partir du 12 Octobre [Fiche SL]

- Second Virgin (NHK)
L'histoire : Une femme dans la fleur de l'âge, qui a fait une croix sur les hommes depuis son divorce voilà 20 ans, rencontre un homme marié dont elle tombe amoureuse. En parallèle de leur aventure, elle se lie d'amitié avec sa femme.
L'avis : A ce stade il n'est pas encore très clair pour moi de savoir si cette amitié se fait par quoproquos ou non, ce qui conditionne mon intérêt pour le projet.
> Le mardi à 22h00 en Octobre [Fiche SL]

- Yamiki Ushijima-kun (TBS)
L'histoire : Les tribulations d'un créancier prêt à tout pour récupérer son argent, et donc amené à fréquenter la lie de la société tokyoite.
L'avis : Ça c'est un projet burné ! Et il parait qu'en plus le manga d'origine est super dur dans le traitement.
> Le mardi à 00h55 à partir du 12 Octobre [Fiche SL]

Mercredi

- Aibou - saison 9 (TV Asahi)
L'histoire : Les enquêtes d'un tandem de police qui blablabla.
L'avis : J'ai déjà pas regardé les saisons précédentes, alors bon, si vous voulez...
> Le mercredi à 21h00 à partir d'Octobre (et zou, jusqu'en mars !) [Fiche SL]

- Kogane no Buta (NTV)
L'histoire : Une enquêtrice traque les détournements de fonds publics et autres dépenses indues des agents de l'État.
L'avis : Devinette, à quoi sent-on que c'est la crise ? Aux séries sur ce thème qui se multiplient !
> Le mercredi à 21h00 en Octobre [Fiche SL]

Jeudi
- Kyoto Chiken no Onna - saison 6 (TV Asahi)
L'histoire : Retour des affaires de la femme-procureur la plus célèbre du Japon !
L'avis : ...d'un autre côté c'est la seule.
> Le jeudi à 20h00 en Octobre [Fiche SL]

- Wataru Seken wa Oni Bakari - saison 10 (TBS)
L'histoire : Les histoires d'une petite famille dont les parents sont dotés de trois filles.
L'avis : Bon, bah la question de cette case sur TBS pour l'année à venir est réglée.
> Le jeudi à 21h00 à partir du 14 Octobre... et pour 1 an ! [Fiche SL]

- Nasake no Onna (TV Asahi)
L'histoire : Les enquêtes d'une spécialiste de la fraude fiscale au style particulier.
L'avis : Je disais quoi sur l'obsession des séries japonaises pour les fonds publics depuis une ou deux saisons ? Nan mais, bon, voilà quoi.
> Le jeudi à 22h00 en Octobre

- Iryuu Team Medical Dragon - saison 3 (Fuji TV)
L'histoire : Un chirurgien de talent doit composer avec les réalités sociales et économiques du monde hospitalier.
L'avis : Faudrait d'abord voir à tenter la saison 1, non ? Bon je sais, dans le cas des séries japonaises, c'est pas forcément indispensable...
> Le jeudi à 22h00 en Octobre [Fiche SL]

- FACE MAKER (NTV)
L'histoire : Un chirurgien esthétique peut vous donner un nouveau visage, mais pensez à demander ce qu'il compte faire de l'ancien..
L'avis : Bon, il y a du potentiel, mais j'attends de voir avant de m'enflammer.
> Le jeudi à 00h00 à partir du 7 Octobre [Fiche SL]

Vendredi
- SPEC (Fuji TV)
L'histoire : Un tandem de policiers incapables de s'entendre travaillent dans une division chargée de travailler sur des affaires réputées impossibles à résoudre. Ils devront pour cela mettre leurs différences de côté.
L'avis : J'en ai MARRE de voir toujours les mêmes histoires avec pour seul changement les personnalités soi-disant originales des protagonistes. C'est usé. Moi aussi, à force.
> Le vendredi à 22h00 à partir du 8 Octobre [Fiche SL]

- Himitsu (TV Asahi)
L'histoire : Lorsque son épouse meurt, un homme est au désespoir. Jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que l'âme de sa bien-aimée s'est réincarnée dans leur fille adolescente.
L'avis : Hyper malsain. Je ne connais évidemment pas le manga, donc je n'ai aucune idée sur la façon dont on peut tourner ça sans que ce soit glauque. Mirai Shida est allée se fourrée là-dedans, en plus. Non, non, non, ça va pas, ça.
> Le vendredi à 23h15 en Octobre [Fiche SL]

- Jouou [3e opus] (TV Tokyo)
L'histoire : Certainement encore une histoire d'hôtesses dans des clubs...
L'avis : Dans la continuité de Jouou et Jouou Virgin, mais avec de nouveaux nichons euh, acteurs ! Pourquoi, j'ai dit quoi ?
> Le vendredi à 23h15 en Octobre

- Clone Baby (TBS)
L'histoire : Un thriller construit autour du thème... du clonage (si-si).
L'avis : On n'en sait pas encore grand'chose et pourtant, ça donne déjà envie.
> Le vendredi à 00h20 en Octobre (nouvelle case horaire, et format exceptionnel de 30mn)

Samedi
- Q10 (TV Asahi)
L'histoire : Un lycéen timide découvre que la nouvelle élève qui sème le trouble dans l'établissement est en fait un robot !
L'avis : Bon, ça se passe dans un lycée, l'affaire est réglée. Quoi, sérieusement, vous vous attendez à quoi d'un pitch pareil ?!
> Le samedi à 21h00 en Octobre [Fiche SL]

Dimanche
- Saka no Ue no Kumo - part. II (NHK)
L'histoire : La grande fresque historique en trois volets est de retour.
L'avis : L'hiver dernier, je lui avais préféré Fumou Chitai, mais ça va être dommage de faire l'impasse, quand même.
> Le dimanche à 20h00 à partir du 5 Décembre [Fiche SL]

- Perfect Report (Fuji TV)
L'histoire : Une journaliste au tempérament un peu spécial s'acharne à découvrir la vérité à tout prix.
L'avis : Bon apparemment ça a l'air juste un poil plus compliqué que ça, mais pour l'instant rien d'électrisant.
> Le dimanche à 21h00 en Octobre (nouvelle case horaire) [Fiche SL]

- Juui Dolittle (TBS)
L'histoire : Un vétérinaire mal aimable se trouve pris dans un triangle amoureux, tandis que des clients défilent avec tout un cortège de maîtres ayant bien besoin qu'on les aide à mettre de l'ordre dans leur vie.
L'avis : Une nouvelle série le dimanche face au jidaigeki. Très fort les gars, très, très fort.
> Le dimanche à 21h00 en Octobre [Fiche SL]

- Marks no Yama (WOWOW)
L'histoire : Trois crimes en apparence indépendants les uns des autres pourraient en fait bien avoir un rapport...
L'avis : A priori, l'histoire ne me captive pas, mais bon, c'est WOWOW, alors faut voir.
> Le dimanche à 22h00 à partir du 17 Octobre [Fiche SL]

- Genya (WOWOW)
L'histoire : Un homme qui a tué son oncle par inadvertance se retrouve sous l'emprise d'une femme un peu trop belle pour être honnête.
L'avis : J'avoue mon impuissance à discerner quoi que ce soit à travers le pitch de cette série.
> Le dimanche à 22h00 à partir du 21 Novembre

- Reinoryokusha Odagiri Kyouko no Uso (TV Asahi)
L'histoire : Une surdouée cache son don, qui la complexe, derrière l'identité d'une grande medium. Son aide est bientôt requise pour travailler sur des affaires surnaturelles...
L'avis : Contractuellement, le Japon est obligé de sortir au moins une fois par saison une série dont je ne me souviendrai pas plus du nom que je n'intéresserai au pitch.
> Le dimanche à 23h00 à partir du 21 Novembre

Il en manque encore certainement quelques unes (en tous cas, là, on peut tranquillement avancer que le dimanche est complet !), mais bon, comme chaque saison, en surveillant SeriesLive et en lisant les reviews, vous aurez tôt fait de combler les trous en temps voulu.

MarksnoYama

Parmi les idées intéressantes... bon, les séries de WOWOW s'imposent comme une évidence, Marks no Yama (ci-dessus) semblant mêler le policier au fantastique (mais je peux me tromper), et Genya ayant un côté à la fois sombre et sulfureux. Et puis surtout, il y a du projet sévèrement burné comme Mori no Asagao ou Yamikin Ushijima-kun, des séries qui en ont dans le pantalon, du vrai sujet, du lourd. Clone Baby et FACE MAKER, faut voir, selon le ton employé, et dans un autre registre mais avec le même type de réserves, Kimi ni Tsuita Uso.
Par contre, Himitsu, c'est non. Pas la peine d'y penser. Sauf si les critiques sont bonnes.

Ah, j'adore ce moment où on apprend plein de nouveaux titres, et dont on ne sait pas encore lesquels resteront gravés dans notre mémoire par-delà les saisons ! Pas vous ?
Bon alors, qu'est-ce qui vous parle cet automne ?

EDIT : il semblerait que Kimi ni Tsuita Uso ait été rebaptisée Nagareboshi. Bleh.

1 septembre 2010

Il n'y a pas que le bol qui m'écoeure

Vous avez déjà vu une série raciste ? Attention, hein, vraiment raciste. Je ne parle pas d'une série au ton exagérément patriotique : certes, on ne se sent pas toujours des atomes crochus avec une telle série, mais elle n'est pas raciste pour autant, c'est juste que vous n'êtes pas dans son public-cible. Non, je vous parle d'une série vraiment raciste.

Ce serait trop facile si je vous parlais d'une série qui revendiquerait violemment qu'on brutalise des étrangers, ou incitant au rejet de l'autre. Non, pas un racisme aussi évident, ni aussi spectaculaire.
Vraiment, j'insiste, une série raciste dans le sens le plus banal du terme, un petit racisme ordinaire de derrière les fagots, camouflés sous une bonne dose de sourires et de politesses, le racisme d'une série qui le fait probablement même sans penser à mal, limite avec l'impression d'être tolérante et ouverte.

J'ai vu une série raciste il y a quelques semaines. Désolée de ne pas vous en avoir parlé plus tôt, j'ai préféré d'autres priorités.

Quand je l'ai vue, je n'ai même pas été furieuse. Je n'ai même pas jugé utile de couper avant la fin du pilote. Je n'ai même pas été vraiment offusquée.
Mais quelque part, l'expérience était quand même intéressante. Déjà, parce que la série était raciste, entre autres, envers moi, chose d'autant plus rare qu'il s'avère que je suis blanche et agnostique. Et puis, parce que les manifestations de ce racisme ne m'étaient pas nouvelles, j'en avais déjà entendu parler. Enfin, parce que ce racisme s'exprimait dans un contexte culturel qui n'est pas vraiment sensible.
Si la série dont je vous parle était venue d'Afrique noire, ou d'un pays arabe, nul doute qu'une ribambelle de questions de plus ou moins bon aloi auraient accompagné son visionnage, lequel se serait immédiatement lié avec certaines problématiques actuelles que le gouvernement français a à cœur de ne pas nous faire oublier (je manie bien l'euphémisme, qu'en dites-vous ?). Mais là, j'ai pu voir une série raciste sans que, finalement, aucun lien ne se tisse avec les sujets qui font débat dans notre beau pays.

Le racisme de cette série, je l'ai dit, était dirigé contre moi (bien que probablement de façon bien involontaire), mais n'avait aucun moyen de me toucher personnellement. Je suis consciente de ma chance, car je me demande souvent ce que ressentent certains spectateurs devant la façon qu'ont certaines séries d'aborder certains sujets (pourrais-je être plus vague ?).

Imaginez une série où le personnage principal est une jeune femme moderne, au caractère bien trempé, indépendant, habillée à la dernière mode. Elle pourrait se fondre sans problème dans la masse si elle venait à se promener sous nos latitudes. Mais elle est ici chez elle, donc la question ne se posera pas. Notre héroïne veut enseigner et, par un curieux concours de circonstances, elle se retrouver à enseigner sa langue natale à des étrangers.
Au vu du pilote, on peut raisonnablement deviner que la structure de la série sera la suivante : elle va aider l'un de ses élèves à se fondre dans la société, bien qu'il y soit étranger.

Très vite, il apparait que son premier élève, engagé en outre à temps partiel dans un petit restaurant, a un besoin urgent en vocabulaire culinaires. Elle s'en aperçoit en le voyant se faire engueuler par son patron, en cuisine. Jusque là, admettons que tout va bien. Le langage du patron n'est pas tellement des plus nuancés : il reproche à l'employé étranger de ne rien comprendre et, dans ce qui semble être une furieuse envie de se défouler, lui fait remarquer qu'en plus il est incapable de faire la vaisselle correctement. Mais vu qu'il était en colère, je ne me suis pas tellement formalisée. C'est ensuite que ça s'est corsé. Quand notre héroïne emmène l'étranger/commis de cuisine dans un restaurant, où le chef de l'établissement lui apprend (ainsi qu'au reste de la classe) quelques mots particulièrement précis pour se débrouiller en cuisine. Et alors que tout le monde profite pleinement de la leçon, l'héroïne ajoute que notre étranger n'a plus qu'à faire la vaisselle.

La quoi ?! Je pense qu'il faut que je me le repasse, ce passage !

"Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Tiens ! Lave-le !
- Pas question !
- On te traite comme un moins que rien parce que tu es étranger, alors lave !
...
- Allez, un peu d'huile de coude ! Et rince après avoir lavé ! Rince jusque dans les coins !"
(et encore, je vous épargne la musique puante des violons en plastique)

Ah oui, donc c'est bien ça. Il est étranger, DONC il faut lui apprendre à laver un bol correctement. Et effectivement, son patron est impressionné, il n'a jamais vu un étranger laver un bol correctement. Il fait un clin d'oeil à notre héroïne, oui, il est satisfait, ça c'est un bol lavé comme il faut, merci de lui avoir appris !!!
Vraisemblablement, un étranger qui ne sait pas s'exprimer est forcément incapable de faire quoi que ce soit d'autre.

Et à bien y regarder, tout l'épisode consiste à infantiliser les 9 étrangers venus suivre des cours (c'est leur faute aussi, ils prennent des cours comme des enfants), alors qu'ils sont largement adultes (l'un d'entre eux est un homme d'affaires...). Ou quand l'ignorance linguistique est considérée comme de l'ignorance tout court.

Mais heureusement, cette série est japonaise, et je me suis depuis longtemps faite à l'idée que les Japonais ont un rapport aux étrangers qui n'est pas absolument un modèle que j'aimerais suivre. Rien de nouveau, rien de choquant.
Nihonjin no Shiranai Nihongo (car c'est de cette série qu'il s'agissait) est juste à déconseiller vivement à tous ceux qui ont envie de garder du Japon une image idéalisée et parfaite. Grand bien vous fasse. Mais si vous y allez, pensez surtout à rincer les bols jusque dans les coins.

nihonjin

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Nihonjin no Shiranai Nihongo de SeriesLive.

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