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ladytelephagy
4 mars 2011

Memory of a color

Il y a des rubriques de ce blog qui semblent fourmiller de posts à longueur d'année, et d'autres, on ne sait pourquoi, qui tombent parfois un peu dans l'oubli. Ah, l'oubli... C'est marrant que vous abordiez ce sujet, parce que justement on va parler de mémoire, avec le premier post Comme au cinéma de 2011, et le premier depuis pas loin d'un an. Ce qui est un comble vu que je n'ai jamais vu autant de films que depuis un an, justement. M'enfin, faire un post dans cette rubrique, il s'avère que j'y pense puis j'oublie...
Bon allez, inutile de faire durer le suspense, le film du jour est...

C'est quoi le nom du film ? Memento
C'est plutôt quel genre ? Déstabilisant
Qui on connaît là-dedans ? Bah c'est malheureux à dire, mais j'ai plus facilement reconnu Joe Pantoliano (FBI Opérations Secrètes) et Carrie-Ann Moss (Models, Inc. ou plus près de nous Pretty Handsome) que Guy Pearce, rapport à ma culture plus téléphile que cinéphile (absolument, ce paragraphe n'existe que pour que je puisse placer des tags de l'impossible !)
Ça date de quand ? 2000
En résumé, de quoi ça parle ? D'un type qui veut venger la mort de sa femme.

  Memento___1 Memento___2 Memento___3 Memento___4 Memento___5

En moins résumé, de quoi ça parle ? Un homme qui, depuis une tragédie qui a coûté la vie à son épouse, a perdu toute capacité à avoir une mémoire immédiate, et n'a des souvenirs qu'antérieurs à ce drame, décide de se mettre en quête du violeur et assassin de sa femme. Ce qui n'est pas une chose facile quand on ne sait jamais ce qu'on a fait 5mn auparavant.
Et ça finit comment ? Par le début.

Pourquoi c'est bien ? Parce qu'on ne va pas se mentir : c'est là un excellent film. D'abord parce qu'il propose une narration absolument renversante, qui raconte la même histoire prise par deux bouts : le début, et la fin. Deux types de scènes, l'un en couleurs, l'autre en noir et blanc, qui s'intercalent et parviennent à nous donner deux vues différentes sur l'histoire sans en donner la clé. C'est clairement le point fort du film. Mais Memento est aussi brillant dans sa façon de jouer avec notre perception. C'est la conséquence à la fois de la narration et de l'exploration de la maladie du personnage central, incipable de se souvenir de quoi que ce soit de récent. Le film joue en permanence avec les habitudes qu'il prend pour essayer de tout de même ne pas perdre le fil de sa propre vie, tout en étant victime, en permanence, du black out qui ne manque pas de se produire en permanence dans son cerveau. C'est certainement la partie la plus troublante du film, au final, celle qui laisse une impression des plus durables.
Pourquoi c'est pas bien ? Soyons honnête deux quarts de secondes : sans sa narration alambiquée, le film ne vaudrait pas tripette. Concrètement c'est cet accessoire, j'allais dire ce gadget, qui fait tout son intérêt. L'histoire est banale et le twist ne fonctionne qu'à cause de la narration anti-chronologique. Les personnages n'ont rien de spécialement original, et le héros ne vaut que pour sa maladie, qui ne prend son sens que... grâce à la narration. En gros, sans la narration, c'est bateau. Mais je vous rassure, la narration, on ne peut pas lui échapper pendant ce film, alors ça fonctionne. C'est la raison pour laquelle le film est, au final, particulièrement bon.

Ah, les joies du cinéma ! Wikipedia nous apprend que le tournage a duré 25 jours (pour tourner quelque chose qui semble ne pas s'étendre sur plus de 24 heures, d'ailleurs). Incroyable, j'aurais imaginé beaucoup plus ! Comme quoi ce film aura vraiment joué avec ma conception du temps jusqu'au bout.
La réplique qui tue : "But even if you get revenge you're not gonna remember it" ; ce qui est terrible c'est donc que Lennie se consacre tout entier (corps et âme, on peut le dire !) à une vengeance qui va forcément n'avoir un effet qu'à court terme. Lorsqu'on entend cette réplique, on frissonne devant l'absurdité triste de tout cela, et pourtant...
La scène qui tue :
Je vous ai parlé des différents types de scènes, en couleurs ou en noir et blanc, qui constituent le récit. Les scènes en noir et blanc, c'est-à-dire celles qui se déroulent dans l'ordre chronologique, sont aussi celles qui servent le mieux à expliquer la mythologie du film, à savoir la maladie du héros, la tragédie qu'il a vécue, ou encore le fonctionnement de ses techniques pour pallier à ses oublis. C'est très pédagogique, en un sens, et pourtant les scènes ne se précipitent pas. Voici l'une d'entre elles, qui a également le mérite de retranscrire l'ambiance claustro du film. Et tout ça pour moins d'une minute, que demande le peuple ? Des sous-titres ? Ouais nan mais quand je vous sous-titre un truc vous commentez même pas, alors...

Memento___Extrait

Une note ? CagoulesCagoulesCagoulesCagoules
Que Memento soit un très bon film (entre autres grâces à des trouvailles narratives), ça ne se discute pas, en tous cas pas par moi. Il lui manque trois fois rien pour mériter une 5e cagoule, pourtant.
Bilan : Avec sa narration soigneusement détricotée pour mieux nous perdre, Memento transforme une classique histoire de vengeance, thème usé s'il en est, en un véritable thriller étouffant. Et pourtant, ce n'est pas l'intrigue qui captive le plus, mais son incroyable capacité à jouer avec notre propre perception du temps. Ce qui est fou, c'est que plusieurs heures ont passé après le film pendant lesquelles je continuais d'avoir l'impression de vivre par séquences courtes, à consulter instinctivement des repères (horloge, calendrier...) pour me rappeler où j'en étais dans ma propre chronologie. Je faisais quelque chose et, quelques secondes plus tard, je craignais d'avoir eu un blanc... exactement comme Leonard. C'était assez angoissant comme sensation, mais aussi terriblement excitant parce que ça signifiait que le film avait réussi quelque chose que très peu parviennent à faire : s'insinuer dans le mental du spectateur pour altérer sa perception des choses. Ca n'a pas duré très longtemps, heureusement, mais c'était un phénomène intéressant à observer parce que, de la même façon que Lennie s'oblige à créer des réflexes (prendre des photos, écrire au dos ce dont il doit se souvenir, consulter ses tatouages...), j'avais moi-même été conditionnée pour penser, juste quelques temps, comme ce personnage. Il y a quelque chose de pavlovien là-dedans qui prolonge l'expérience du film.
Et puis, pour finir, Memento brille par son character development. Celui-ci repose à la fois sur la résolution de l'intrigue principale (qui est John G. ?) et sur la véritable nature des personnages qui entourent Leonard, dont il se méfie. Alternant le délire paranoïaque et les preuves qu'il ne peut vraiment faire confiance à personne dans cet étrange journée sans fin, les questions de Lennie ne semblent pas trouver de réponse, et pourtant la réponse, c'est tout simplement les portraits qui se détaillent au fur et à mesure du film. Plus qu'aux faits, c'est aux indices sur la personnalité des protagonistes qu'il faut porter notre attention. Et Memento joue, en plus, de la perception initiale que nous avons de ces personnages, en nous démontrant que nous avions un préjugé sur eux et que nous ne devrions pourtant pas le tenir pour acquis (chose absolument impossible pour Lennie, d'ailleurs, qui les rencontre pour la première fois à chaque rencontre). Sans vouloir dévoiler la fin (si, comme moi, vous manquiez cruellement de culture cinématographique), c'est un stratagème absolument bluffant, parce qu'il joue même avec notre perception des personnages les plus inoffensifs. Et quand Leonard se livre à des actes borderline, voire franchement vicieux, nous avons même tendance à être choqué et/ou tolérant, parce qu'en tant que malade, nous ne le concevons qu'en victime, aidés par les confessions intimistes, désarmantes, qu'il fait lors des scènes en noir et blanc. Et ça, c'est franchement brillant. Tout est à l'image de cette déconstruction progressive des personnages : Lennie est-il manipulé par Teddy ? Par Natalie ? Le film avance, l'histoire remonte dans le temps, et on découvre que rien n'est si simple. Et que personne n'est réellement innocent, non pas par rapport à la quête de vengeance de Leonard, mais simplement parce que chacun a un brin de perversion en lui...

Pour quelqu'un qui blâmait Inception, il y a quelques jours encore, pour son manque de courage dans l'abord du monde du rêve, Memento apparait comme une bien meilleure approche d'un thème assez proche. Ces deux films ont en commun de traiter à la fois de la perception et de l'insaisissable ; de ce qui passe, en substance, dans nos cerveaux, bon gré mal gré. Peut-on contrôler ce que nous percevons ? A quel point sommes-nous maîtres de nous-mêmes... Les réponses des deux films sont bien différentes, et j'ai préféré, et de loin, les pistes de réflexion posées par Memento, que les mystères cosmétiques d'Inception.

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31 décembre 2010

Secret diary of a cinephile : the year in review

CommeauCinema

Cela fait donc un an. Un an que j'ai commencé à sérieusement regarder des films. Ce n'était pas du tout acquis à la base...

Jusque là, le cinéma ne m'attirait pas et j'en disais au moins autant de mal que, mettons, les acteurs français en général. C'est dire. Je ne concevais pas trop comment on pouvait espérer grand'chose de la part d'un film qui possède moins de 2h (bien souvent moins) pour poser, développer et approfondir son histoire. Et puis j'avais l'impression que c'étaient toujours les mêmes sujets qui revenaient encore et encore.
Mais je me suis donc soignée et voici le bilan de cette folle aventure, pour moi totalement nouvelle.

Il faut le dire, jusque là les quelques films que je voyais suivaient deux schémas : soit je tombais dessus par hasard à la télé ou sur internet, soit quelqu'un dans mon entourage m'embarquait. Une approche plutôt subie ou, au mieux, due au hasard, que quoi que ce soit d'autre.
Alors du coup, les règles du jeu étaient le suivantes : pour qu'un film soit comptabilisé dans le Secret Diary of a Cinephile, il fallait que...
- j'aie regardé le film en intégralité
- j'aie découvert le film en 2010
- je n'aie jamais vu le film auparavant
- j'aie fait la démarche personnelle de voir ce film

Mais d'abord et avant tout, LE chiffre de l'année : 95. C'est le nombre de films que je n'avais jamais vus avant et que j'ai donc découverts cette année.
N'ont pas été comptabilisés dans ce total, comme convenu, les films que je connaissais déjà et que j'ai revus cette année (West Side Story dans un cinéma parisien bien avisé, The Fall chez moi au chaud, Harold & Maude, etc...), et bien-sûr, si j'ai vu l'un de ces films plusieurs fois, je ne l'ai compté qu'une fois tout de même. J'ignore si ce chiffre est élevé ou pas, au bout du compte, mais ce n'est pas ça l'important. Si mes calculs sont exacts, ça veut dire que j'ai découvert un film environ tous les 3 jours, ce qui est pas mal, cela dit. Après, c'est sûr qu'il y a eu des hauts et bas. J'ai eu une année chargée téléphagiquement et, par exemple cet été, je n'ai pas eu du temps pour tout. On se retrouve donc avec une répartition assez inégale des découvertes :

- Janvier :

Bicentennial Man (3 Janvier 2010) Children of Men (11 Janvier 2010) Descent (25 Janvier 2010) Garden State (1er Janvier 2010) I,
Robot (3 Janvier 2010) Madagascar (1er Janvier 2010) Madagascar 2 (1er Janvier 2010) Post
Grad (28 Janvier 2010) Ratatouille (10 Janvier 2010) Repo! The Genetic Opera (10 Janvier 2010) Revolutionary Road (12 Janvier 2010) Sunshine Cleaning (17 Janvier 2010) The
Final Cut (9 Janvier 2010) The
Hangover (9 Janvier 2010) The
Island (3 Janvier 2010) Up
(1er Janvier 2010) V
For Vendetta (3 Janvier 2010) Wall-e (3 Janvier 2010)

- Février :

A la
Croisee des Mondes [1] (28 Février 2010) Away
We Go (12 Février 2010) Beyond a Reasonable Doubt (6 Février 2010) Bridge to Terabithia (28 Février 2010) Ferris Bueller's Day Off (12 Février 2010) Julie & Julia (7 Février 2010) Monsters, Inc. (3 Février 2010) My
Girl (10 Février 2010) Prozac Nation (28 Février 2010) Sixteen Candles (17 Février 2010) St.
Elmo's Fire (27 Février 2010) The
Breakfast Club (13 Février 2010) The
Chronicles of Narnia [1] (21 Février 2010) The
Chronicles of Narnia [2] (22 Février 2010) This
Boy's Life (14 Février 2010) Transamerica (21 Février 2010)

- Mars :

Closer (10 Mars 2010) Doubt (6 Mars 2010) Little Miss Sunshine (25 Mars 2010) Nine
(4 Mars 2010) Numb
(9 Mars 2010) Parenthood (1er mars 2010) Possession (9 Mars 2010) Precious (13 Mars 2010) The
Proposal (11 Mars 2010) The
Time Traveler's Wife (6 Février 2010) Veronika Decides to Die (8 Mars 2010) Where the Wild Things are (14 Mars 2010) Winged Creatures (9 mars 2010) Wristcutters : A Love Story (13 Mars 2010)

- Avril :

Reign Over Me (3 Avril 2010) Sweeney Todd (4 Avril 2010)

- Mai :

9
(22 Mai 2010) Adam
(10 Mai 2010) American Psycho (7 Mai 2010) Black Snake Moan (7 Mai 2010) Charlie Bartlett (30 Mai 2010) Couples Retreat (14 Mai 2010) Fanboys (13 Mai 2010) Havoc (7 Mai 2010) Knocked Up (29 Mai 2010) Mean
Creek (19 Mai 2010) My
Life (5 Mai 2010) My
Sister's Keeper (5 Mai 2010) Paris, je t'aime (30 Mai 2010) Rachel Getting Married (8 Mai 2010) Sin
City (12 Mai 2010) Snow
Cake (20 Mai 2010) The
Babysitters (6 Mai 2010) The
Life Before Her Eyes (9 Mai 2010) The
Nines (4 Mai 2010) Thirteen (8 Mai 2010) Watchmen (6 Mai 2010) Whip
It (15 Mai 2010)

- Juin :

Brokeback Mountain (18 Juin 2010) Jeffrey (5 Juin 2010) When
in Rome (6 Juin 2010)

- Juillet :

Rien.

- Août :

District 9 (8 Août 2010)

- Septembre :

Temple Grandin (4 Septembre 2010) The
Invention of Lying (12 Septembre 2010) The
Joneses (5 Septembre 2010)

- Octobre :

Marmaduke (19-22 Octobre 2010)

- Novembre :

Rien.

- Décembre :

Avatar (20 Décembre 2010) Cube
(20 Décembre 2010) Date
Night (13 Décembre 2010) Easy
A (23 Décembre 2010) Eat
Pray Love (22 Décembre 2010) How
to train your Dragon (12 Décembre 2010) Love
& other impossible pursuits (14 Décembre 2010) Splice (19 Décembre 2010) The
Kids are All Right (20 Décembre 2010) The
Perfect Score (21 Décembre 2010) The
Tortured (22 Décembre 2010) Toy
Story 3 (22 Décembre 2010) Wall
Street - Money Never Sleeps (12 Décembre 2010) World's Greatest Dad (12 Décembre 2010) Zombieland (15 Décembre 2010)

On peut essayer de s'interroger sur le modus operandi mais je ne pense pas qu'il y en ait réellement un. Souvent, j'ai regardé un film parce qu'il était là, à portée de cagoule, sans prendre garde au reste : pitch, casting, année de sortie... voir même sortie en France (j'ai regardé quelques uns d'entre eux avant leur arrivée sur les écrans français, ahem...). D'ailleurs sur ces 95 films, seul Nine a été vu au cinéma (mais deux fois).
Certes, il y a eu une sorte de cycle animation au tout début et à la fin de l'année (comme quoi je dois être conditionnée !), et j'avais esquissé un cycle "science-fiction/dystopies" qui n'a pas vraiment survécu au-delà du mois de janvier mais a été très fourni tout de même. En mai, pour des raisons personnelles abordées alors, la mort et la maladie étaient très présentes également, ainsi que les comportements addictifs. En-dehors de ça, c'est le bazar, et très franchement je trouve ça tout aussi bien. J'ai vraiment pu tenter des tas de genres très différents, sautant de l'un à l'autre sans chercher absolument à retrouver ce que j'avais ressenti avec le film précédent. Il me semble que c'était quand même la meilleure façon de faire des découvertes.

Alors, passés les statistiques, qu'est-il ressorti de cette aventure ?

Eh bien d'abord, même si de temps à autres j'ai encore eu du mal, tenir devant un film de 2h sans prier pour que les coupures pub me libèrent, ça s'apprend. Et ça devient un peu moins pénible avec le temps. L'air de rien, pour quelqu'un qui n'avait jusque là qu'un régime téléphagique, c'est important.

Et puis bien-sûr, il y a des genres qui me plaisent plus que d'autres, finalement. J'ai appris que dans le domaine des comédies, j'étais très difficile. Les succès publics que j'ai tentés m'ont rarement plu, voir carrément ennuyée. Pire encore, les comédies romantiques sont certainement le plus grand obstacle auquel je me sois heurtée : c'est simplement insupportable ! Est-ce que je n'ai pas essayé les bonnes, ou bien est-ce que tout simplement ce n'est pas fait pour moi ? Un peu des deux sans doute mais, la vache, il va falloir me convaincre pour regarder un film de ce genre à nouveau maintenant que je vois à quoi je dois m'attendre. C'est convenu, pénible, et le terme comédie est largement exagéré parce que ce n'est simplement pas drôle. Il n'y a sans doute pas de remède à cette allergie que j'ai développée cette année, tant pis, je poursuivrai donc mon existence en évitant soigneusement les comédies romantiques. Quelque chose me dit que mon entourage masculin m'en remerciera, par contre.

Pour les besoins de la démonstration, j'ai décidé d'essayer de sélectionner un petit palmarès parmi ces films.

Teruki d'Or du film qui me rend toute nostalgique alors que, rappel, je l'ai découvert cette année
The
Breakfast Club (13 Février 2010)

Teruki d'Or du film tellement bien que j'ai fait chier tout mon entourage avec pendant des semaines après l'avoir vu
Nine
(4 Mars 2010)

Teruki d'Or du film dont, si c'est pas trop demander, je voudrais bien voir la suite rapidement, merci d'avance
Sin
City (12 Mai 2010)

Teruki d'Or du film dont j'ai pas vu toutes les scènes parce que, vraiment, là je pouvais plus regarder sans hurler
The
Tortured (22 Décembre 2010)

Teruki d'Or du film qu'on veut pas avouer avoir aimé, mais qu'on est quand même bien content d'avoir vu
The
Life Before Her Eyes (9 Mai 2010)

Teruki d'Or du film dont le DVD aurait intérêt à être vendu avec une boîte de paracétamol collector
Snow
Cake (20 Mai 2010)

Teruki d'Or du film pour lequel j'aurais certainement pas voulu avoir payé une place pour le voir
Fanboys (13 Mai 2010)

Teruki d'Or du film qui avait bien commencé mais qui a loupé le virage et a fini aux urgences
Charlie Bartlett (30 Mai 2010)

Teruki d'Or du film qui s'annonçait comme franchement nul, et qui a été à la hauteur de mes espérances
Marmaduke (19-22 Octobre 2010)

Teruki d'Or du film qui aurait été bien avec d'autres acteurs, mais pas de bol c'était ceux-là
Couples Retreat (14 Mai 2010)

Teruki d'Or du film qui aurait été, mais alors, super mega bien, s'il y avait eu un scénario
Avatar (20 Décembre 2010)

Teruki d'Or du film qui m'a donné des crampes au ventre à force de rire, bon pas à ce point mais presque
Easy
A (23 Décembre 2010)

Teruki d'Or du film qui voudrait bien qu'on en dise du bien mais qui veut pas trop se donner du mal pour ça
Eat
Pray Love (22 Décembre 2010)

Teruki d'Or du film que j'aurais pas regardé si j'avais cru en mon instinct, et faut se fier à son instinct
Brokeback Mountain (18 Juin 2010)

Teruki d'Or du film dont j'avais beaucoup entendu parler, et finalement j'ai eu bien fait de suivre le mouvement
Zombieland (15 Décembre 2010)

Teruki d'Or du film dont j'avais jamais entendu parler, mais que j'ai regardé quand même et je ne le regrette pas
Wristcutters : A Love Story (13 Mars 2010)

Teruki d'Or du film que je suis bien contente qu'on m'ait recommandé
The
Invention of Lying (12 Septembre 2010)

Teruki d'Or du film dérangeant qui m'a laissée nauséeuse pendant plusieurs jours ensuite
Children of Men (11 Janvier 2010) District 9 (8 Août 2010)

Voilà, c'était quand même un sacré défi. On n'en fera plus des comme ça... pas ici du moins. Ces 95 premiers films, regardés volontairement et en intégralité, avec curiosité et même avidité, parfois, ils resteront les 95 films que j'ai testés pendant une année où j'ai voulu me pousser plus loin. Ils ne sont évidemment pas les 95 premiers films que j'ai vus de ma vie, mais ils marquent un tournant. Après eux, chaque découverte sera une aventure, évidemment, mais ne sera plus jamais cette palpitante aventure d'un an à la découverte de l'inconnu.

Alors, le Secret Diary of a Cinephile... il ferme ?
Je me suis posé la question : stop ou encore ? L'intérêt du défi, c'était quand même d'avoir un début et une fin, pour ne pas se laisser aller et attendre que ça passe. Je n'aurais pas spontanément regardé autant de films en un an si je n'avais pas eu ce défi. Et avoir cette page sur laquelle consigner chaque visionnage m'a encouragée à essayer de varier les plaisirs, de reprendre quand j'avais un peu freiné, etc.

Aussi il serait bon de ne pas tout arrêter d'un coup. Mais d'un autre côté, cela deviendra très exactement un journal de mes visionnages, et plus un journal de mes découvertes. Non, mais assurément, le Secret Diary of a Cinephile ne ferme pas, mais il sera différent, en 2011. J'espère que de temps en temps vous y glisserez un œil... même si, faute de réactions de votre part, j'ignore si vous avez suivi mon aventure cette année. Dans tous les cas, je me suis vraiment amusée.

9 mai 2010

La vie devant soi

L'embarras du choix. En voilà une expression qui exprime bien mes possibilités en ce moment pour vous parler d'un film en particulier. Oh, évidemment, il y a toujours ce post sur The Breakfast Club que je n'ai pas fini alors que le coup de cœur date de février. Et puis, il y a des millions de films que je connais par cœur et dont je pourrais vous parler des heures.
Bon d'accord, pas des millions. Mais quelques uns.
Vous avez vu Dune par exemple ? Question idiote, tout le monde a vu le Dune de David Lynch dans sa version director's cut de 3 heures, et croyez-moi, si vous ne voulez pas être un paria sur ce blog, il vaut mieux pour vous, soit que ce soit vraiment le cas, soit que vous fassiez semblant le temps de rattraper votre retard pendant que j'aurai le dos tourné.

Bon alors : quel film ? Eh bien pourquoi pas celui que j'ai regardé cette nuit, par exemple... Pourquoi ? Eh bien parce que c'était un bon film, voilà pourquoi. Meilleur que Dune, non. Que The Fall non plus, évidemment. Mais c'était un bon film, alors...

C'est quoi le nom du film ? The Life Before Her Eyes
C'est plutôt quel genre ? Mortel
Qui on connaît là-dedans ? Uma Thurman, que je ne vous fait pas l'affront de vous présenter, et Evan Rachel Wood, principalement connue des téléphages pour Once & Again, et à présent il parait qu'elle est (mais ce n'est pas moi qui irai vérifier) dans True Blood.
Ça date de quand ? 2007, mais date de sortie en 2008
En résumé, de quoi ça parle ? Des conséquences d'un massacre dans un lycée.

TheLifeBeforeHerEyes___1 TheLifeBeforeHerEyes___2 TheLifeBeforeHerEyes___3 TheLifeBeforeHerEyes___4 TheLifeBeforeHerEyes___5

En moins résumé, de quoi ça parle ? Deux jeunes filles : Diana et Maureen. Ce sont les meilleures amies du monde, et pourtant elle n'ont rien en commun : l'une est délurée, l'autre est sage comme une image. Ces différences vont prendre une signification nouvelle alors que dans leur lycée, un élève ouvre le feu sur ses camarades et ses professeurs.
Et ça finit comment ? Comme j'aurais dû le prévoir si je ne m'étais pas laissée berner.

Pourquoi c'est bien ? The Life Before Her Eyes possède une narration bien particulière, qui met en parallèle trois ingrédients : d'une part, l'adolescence de Diana et Maureen, d'autre part, l'une d'entre elles parvenue à l'âge adulte, et enfin, et je pense que ça fait partie du récit, des plans contemplatifs lents et sourds. Cette expérience en trois dimensions est particulièrement intéressante parce qu'en fait elle attire toujours l'attention du spectateur sur un des deux autres axes que celui dont on vient de parler, permettant d'entretenir une sorte de suspense sans employer les ressorts habituels du thriller. C'est très habile, et c'est d'autant plus épatant quand on en est à la fin du film et qu'on se dit que, punaise, on aurait dû le voir arriver. Mais voilà, on est tombé dans le panneau, et pourtant Dieu sait que...!
Pourquoi c'est pas bien ? Narration très habile, on l'a dit. Esthétisme très convenable, pas forcément imaginatif mais très honnête. Excellente interprétation. Mais bon sang, tout le reste ! En fait, une fois arrivée à la fin du film, je me suis demandée si on s'était pas un peu foutu de ma gueule. Quelle est la morale à retirer de tout ça ? Je crains d'en avoir une idée. Le vrai problème de ce film, et j'ai mis un fichu temps à m'en apercevoir... c'est son histoire !

Ah, les joies du cinéma ! Les types qui font les castings sont des gens formidables, le dira-t-on jamais assez. Ils vous trouvent des ressemblances là où vous n'aviez jamais pensé en voir avant ça. Mais là, penser à mettre Evan Rachel Wood et Uma Thurman dans le même film, bon sang, c'est au moins aussi sadique que mettre Rosemarie DeWitt et Mary-Louise Parker dans le même film, vous voyez le truc ? Complètement dérangeant. Les types qui font les castings sont des gens tarés. J'ajoute que si j'étais Evan Rachel Wood, je le prendrais mal, physiquement.
La réplique qui tue : Tout au long du film, les scènes se succèdent pour nous montrer des photographies de l'adolescence de Diana et Maureen, le plus souvent ensemble ; leurs conversations sont alternativement anodines et pleines de petites perles de sagesse comme on a l'impression d'en sortir à 16 ans quand on se pose des questions sur... la condition humaine. Une fois, les deux jeunes filles se promènent près d'arrosoirs automatiques qui font tomber de fines gouttes de pluie sur elles ; Diana dit alors : "Peut-être qu'on est comme la pluie qui s'évapore, et qu'on va retourner dans l'atmosphère ? Regarde toute cette brume... Hm... Je me demande qui on est en train de respirer à cet instant ?".
La scène qui tue :
Je vais demander au moins de 16 ans de sortir de ce post, car la scène qui tue... tue vraiment. C'est la scène de la fusillade et c'est l'acte fondateur de tout le film. Mais ne croyez pas que je vous spoile quand je vous mets cette scène qui, d'ailleurs (et contrairement au nom du fichier), n'est peut-être pas vraiment la scène par laquelle commence le film, mais c'est tout comme. Franchement, cette scène, vous allez la voir trois ou quatre fois pendant le film si vous le regardez, donc sérieusement, il n'y a pas de suspense à ce stade. Chaque mot de ce post est pesé, croyez-moi ya pas l'ombre d'un spoiler dans ce post, et cette affirmation inclut le très violent (psychologiquement) passage ci-dessous. Comparativement, l'affiche en dit plus que moi sur l'issue du film !

TheLifeBeforeHerEyes___Extrait

Une note ? CagoulesCagoulesCagoules
Loin d'être le film qui va vous posséder pendant des semaines comme d'autres le font, The Life Before Her Eyes n'a rien d'un classique du cinéma, mais les critiques sont tout de même dures avec lui car, si on le laisse faire, ce film réussit tout-à-fait son entreprise.
Bilan : Un peu plus haut, je vous parlais de la structure du film. Elle fait partie de ses artifices, ne nous le cachons pas. Mais c'est aussi la grande force de The Life Before Her Eyes, dans le sens où ses trois volets, mis en parallèle, font leur œuvre lentement mais sûrement. Les nombreuses scènes de l'ordre du contemplatif, que j'évoquais, jouent parfaitement leur rôle à la fois de description (le film est l'adaptation d'un livre, après tout) et de plongée dans une certaine ambiance morbide. Bien-sûr que ce film parle de la mort, vous vous en doutiez déjà parce que j'en parle en ce moment, ce qui ne peut être anodin, et également parce que vous avez lu le résumé et que vous n'êtes pas plus bête qu'un autre ! Mais les très nombreuses scènes de ce type s'intercalent dans la narration pour donner une impression de malaise. Ça n'a pas été sans me rappeler les effets similaires dont je parlais dans Le Lagon Bleu, il y a quelques mois, on repose sur le même mode à vous montrer des choses qui en apparence, sont jolies, mais cachent en fait quelque chose de glauque et de sinistre sitôt que l'œil s'attarde. Et l'œil s'attarde. Parce que la caméra s'attarde. Je le disais, c'est habile.
Le film soulève aussi (à dessein) les questions sur la conscience, la culpabilité et d'autres valeurs morales qui semblent, après réflexion, peut-être un peu teintées de religion. Mais ne craignez pas l'endoctrinement, c'est juste mon interprétation... vous me direz ce que vous, vous en pensez.

1 mars 2010

Ne riez pas, ça pourrait vous arriver

Je suis une téléphage appliquée, MOI. J'ai bien fait tous mes devoirs, MOI. J'ai regardé le film Parenthood, MOI.
Je devrais avoir droit à un bon point ou une image, non ?

C'est quoi le nom du film ? Parenthood
C'est plutôt quel genre ? Film d'horreur
Qui on connaît là-dedans ? Steve Martin, Dianne West(Law & Order, In Treatment...), Mary Steenburgen (Joan of Arcadia), et bien d'autres, sans compter que derrière la caméra ya un peu Ron Howard quoi (Happy Days).
Ça date de quand ? 1989, c'est presque dommage de lancer la série en 2010 tiens !
En résumé, de quoi ça parle ? Des innombrables et intarissables joies de la vie de parent.

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En moins résumé, de quoi ça parle ? Dans la famille Buckman, je voudrais le parent stressé... euh, c'est forcément bonne pioche. Les enfants de la famille Buckman ont tous des enfants à présent, et dans les quatre foyers qui constituent cette petite tribu, élever des gamins n'est jamais simple...
Et ça finit comment ? Comme dans la plus réussie des propagandes natalistes.

Pourquoi c'est bien ? Ces derniers temps (vous le savez peut-être si vous suivez les tribulations de mon Secret Diary of a Cinephile), j'ai regardé plusieurs films des années 80 ; ce weekend encore, je vous parlais de My Girl (qui date de 91 mais bon, ça va, quoi, on a compris) et son esprit incroyablement sincère et touchant, sans fioriture ou presque. Dans Parenthood, on est dans la même configuration, avec beaucoup de tendresse, un regard lucide mais pas forcément négatif, et, en plus,beaucoup d'humour. On réagit en permanence aux petites touches d'humour (Steve Martin est très en forme, en plus) comme aux petits coups au cœur.
Pourquoi c'est pas bien ? Je l'ai dit et le répèterai jusqu'à mort s'ensuive, je n'ai qu'un intérêt très limité pour les bébés. Vous me donnez le choix entre avoir un bébé ou un vampire à la maison, c'est bien simple : j'hésite. C'est à ce point. Alors franchement, le final... non, ça va quoi, faut arrêter.

Ah, les joies du cinéma ! Je vous jure que Keanu Reaves a DEUX expressions dans ce film. Si vous ne le regardez pas pour la série Parenthood, si vous ne le regardez pas pour Steve Martin, si vous ne le regardez pas pour votre culture générale... regardez-le pour ce fait incroyable et, à ma connaissance, totalement unique.
La réplique qui tue : L'une des perles de sagesse du film (qui mine de rien en recèle quelques unes) vient certainement du personnage dont on attendait le moins de fulgurances. Mais c'est le genre de sortie qui ne peut que ravir mon coeur : "you need a license to buy a dog, to drive a car - hell, you even need a license to catch a fish. But they'll let any butt-reaming asshole be a father". On est bien d'accord.
La scène qui tue :
J'étais pliée de rire pendant cette scène. De toutes façons, beaucoup de très bonnes scènes ont lieu dans ce foyer mais je voulais avant tout vous montrer celle-là. La fille d'Helen, Julie, a fait des photos coquines dans l'intimité avec son petit copain Todd... mais comme vous allez le voir, elles ne tombent pas dans les mains qu'il faudrait.

Parenthood___Extrait

Une note ? CagoulesCagoulesCagoules
Une de ces fois magiques où divertissement rime avec intelligence. Oui je sais ça rime pas, mais justement là si. Mais je suis sûre que ça aura plus d'impact quand je serai moi aussi devenue l'esclave de ma progéniture.
Bilan : Avec My Girl, je sortais les violons et je vous racontais combien, ah, des films comme ça, on n'en fait plus. Je suis en train de vous préparer la même chanson sur The Breakfast Club qui est un peu ZE film du mois de février pour moi. Eh bien en attendant, je vais vous le dire de Parenthood, même si ça n'est pas un coup de cœur, c'est quand même la vibrante révélation (ou en tous cas, l'indispensable aide-mémoire) que, ah mon Dieu, des films comme ça, on n'en fait plus.
Mais je me demande sincèrement si du coup, une série comme ça, on peut la faire, aujourd'hui. En tous cas je ne m'attends pas à trouver dans le pilote que je regarderai, si le Dieu de la Téléphagie est avec moi, demain soir, la même ambiance un peu naïve... non, naïve c'est pas le mot... un peu innocente... non, innocente non plus... enfin bref, je pense que l'esprit de la série ne peut pas être le même, c'est impossible, on parle d'une génération différente, d'un climat où la fiction repose sur le fait que les gens sont plus blasés qu'ils ne l'étaient, alors qu'ils ont strictement les mêmes soucis, si on y pense.
Cela dit je ne demande qu'à avoir tort, et que NBC me le prouve sans tarder. Mais enfin je n'y crois pas trop.
J'ai aussi l'impression persistante que ce sera difficile pour Parenthood de parler de la famille comme Parenthood en parle, mais en plus moderne, pour la bonne raison que justement Modern Family me semble l'avoir pris de vitesse. Modern Family dont je n'ai vu que le pilote, certes, et donc mon avis vaut ce qu'il vaut, mais enfin, Modern Family est dans la même dynamique, avec juste l'effet de style typiquement XXIe siècle qu'est le mockumentary. La niche de Parenthood se trouve là, dans la capacité à essayer de rester dans le "vrai", dans le "je vais pas vous raconter des cracks, ça va pas toujours être marrant", dans le "de vous à moi, sincèrement", que Modern Family ne peut pas saisir en permanence du fait de son statut de comédie. Mais dans ce cas il faut aussi éviter l'écueil inverse, le trop sérieux. Et tout ça sans oublier que Brothers & Sisters est aussi passé par là, et qu'il s'en est dit, des choses sur les familles, depuis 1989...
Au regard de ce film réussi (et qui finalement n'a pas tellement vieilli que ça), j'ai quelques appréhensions pour Parenthood, mais si le pilote est, disons, moitié moins bon que le film, il y a de l'espoir.
Mais plus j'approfondis le dossier, plus je suis quand même hyper méfiante. Ça, plus mon théorème... c'est pas joué d'avance, on va dire.

27 février 2010

Sunshine on a cloudy day

J'ai regardé ce film il y a environ une quinzaine de jours (au fait, vous pouvez continuer à suivre mon éducation cinématographique dans la rubrique Secret Diary of a Cinephile), et il n'a pas été nécessairement le plus marquant ce mois-ci, mais enfin, il est plein de charme et je me suis dit que j'allais le mentionner, même si ce devait être avec presque 20 ans de retard.
Comme on dit, vaut mieux tard que jamais, après tout.

C'est quoi le nom du film ? My Girl
C'est plutôt quel genre ? Chronique estivale
Qui on connaît là-dedans ? Plein d'acteurs habitués au cinéma : Dan Aykroyd, Jamie Lee Curtis, Macaulay Culkin... et dans son premier rôle, Anna Chlumsky, ça ne vous dit rien mais c'est le plus important.
Ça date de quand ? 1991
En résumé, de quoi ça parle ? De l'été d'une petite fille de 11 ans.

MyGirl___1 MyGirl___2 MyGirl___3 MyGirl___4 MyGirl___5

En moins résumé, de quoi ça parle ? A 11 ans, Vada est une gamine éveillée, voire un peu plus dégourdie que la moyenne. Mais c'est aussi une petite un peu troublée, et on le serait à moins ! Son papa est entrepreneur des pompes funèbres, et, surtout, elle n'a jamais connu sa maman, décédée peu après l'accouchement. Mais Vada, en dépit de ses accès hypocondriaques et de son hyperactivité, n'est pas du genre à se laisser abattre. Elle s'apprête à passer cet été de 1972 avec son meilleur ami, Thomas J., mais la vie ne se passe pas toujours comme prévu.
Et ça finit comment ? Je peux pas vous dire, je pleurais trop pour voir l'écran.

Pourquoi c'est bien ? Comme tout ceux qui ont vu ce film, je pense, j'ai été impressionnée par la performance de la petite Anna Chlumsky. Il faut dire que le personnage est aux petits oignons, mais l'un ne pourraient rien sans l'autre. Chaque fois qu'on a l'impression que son jeu est bon, Anna fait une élégante démonstration de souplesse et émeut. Chaque fois que le personnage donne l'impression d'être facile à cerner, Vada fait une ravissante pirouette et surprend. A ce stade, ciseler à ce point l'écriture comme l'interprétation, c'est du travail d'orfèvrerie.
Pourquoi c'est pas bien ? Le personnage de Shelly, la maquilleuse embauchée par le père de Vada, donnait toutes les apparences d'un salvateur élément perturbateur dans la vie de Vada. Et finalement, non. La relation avec Vada s'étiole et devient finalement fade, au point que sur la fin, sans vouloir vous spoiler, il est étrange d'assister à un rapprochement entre ces deux-là. Je ne blâme pas vraiment la progression de la relation, en fait, mais ce qui m'ennuie c'est qu'elle se déroule en quelques mois, puisque le film se déroule en un été (et même probablement un peu moins que ça). C'est un peu rapide.

Ah, les joies du cinéma ! Anna Chlumsky pourra se vanter d'être la première personne à avoir embrassé Macaulay Culkin. Bon, la deuxième, si on compte Michael Jackson.
La réplique qui tue : Alors qu'elle assiste, impuissante, à un rapprochement entre son père et Shelly, Vada a la réplique suivante, qui, comme ça, a l'air hors contexte, mais en fait pas trop : "I used to like to play with my Ken and Barbie dolls. Ken was my favorite. Then one Christmas I got them a camper and all they wanted to do was hang out in it by themselves. So I wasn't too upset when they took that wrong turn and went over the cliff." Rappelons au passage que Shelly vit dans un camping car... mais ce n'est probablement qu'un hasard.
La scène qui tue :
Bon, je vous préviens, il va y avoir un petit spoiler dans cet extrait, mais rien de bien méchant parce que c'est un spoiler qu'on aura tous vu arriver. Mais si vraiment vous êtes à cheval sur les spoilers, vous savez qu'il vaut mieux regarder le film directement que regarder ce court extrait. Je ne l'ai pas choisi juste pour vous pourrir la surprise, mais bel et bien parce que c'est un moment à la fois drôle et tendre, mais qu'on prend bien la mesure du personnage de Vada, intelligente et mûre pour son âge, mais finalement quand même une enfant. Elle est mignonne...

MyGirl___Extrait

Une note ? CagoulesCagoulesCagoulesCagoules
Ou comment avoir l'illusion de retrouver une part d'innocence pendant une heure et demie... pour la perdre aussitôt, un peu.
Bilan : Je me souviens quand My Girl est sorti ; j'avais une dizaine d'années moi aussi. Je voulais voir ce film, mais ça ne s'est jamais fait. Alors je l'ai oublié... mais pas complètement. En le voyant aujourd'hui, à 28 ans, j'ai toutefois pu réaliser une chose : j'ai eu de la chance de grandir dans les années 90. Des films comme celui-là, il en sortait beaucoup plus à l'époque, j'ai l'impression. Des films adaptés à quasiment tous les publics. Tout le monde pouvait regarder des films comme My Girl et en retirer quelque chose de précieux. Aujourd'hui, les films ne me semblent plus être capables de ça. Il y en a évidemment des bons, et même quelques très bons, et j'en ai abordé quelques uns dans la catégorie Comme au cinéma. Ne croyez pas que je crache dans la soupe. Mais ils n'ont pas cette sorte de sincérité et d'innocence dans la réalisation, l'interprétation ET l'écriture. Les films d'aujourd'hui semblent pleins d'effets de style, le scénario cherche à impressionner, ou bien c'est la photographie, et parfois ça réussit et ça n'est pas une mauvaise chose, mais au final, des films comme My Girl ont réussi ce que je n'ai pas l'impression d'avoir vu récemment : maintenir une qualité constante, mais discrète. S'effacer pour laisser la place à l'histoire et aux personnages. Être humble, mais sans forcément faire les choses à moitié.
My Girl parle de sujets graves et principalement de la mort, mais ne construit pas son intrigue de façon à nous démontrer quelque chose. Il n'y a pas vraiment de leçon à retenir, on ne cherche pas à éduquer le spectateur, il ne s'agit pas non plus de nous surprendre par un retournement de situation sensationnel. Rien dans les manches. My Girl, c'est juste quelques semaines dans la vie d'une petite fille qui va grandir sous nos yeux, et c'est tout, on vous laisse seul avec ces quelques émotions, et vous allez vite vous apercevoir que ça suffit, plus serait trop. L'émotion ainsi suscitée est pure. Dans les années 90, on savait encore s'en contenter. Le plus proche auquel je puisse penser aujourd'hui de cet état d'esprit serait, éventuellement, Juno (il est vrai que je manque d'éléments de comparaison cinématographique et je ne m'en suis jamais cachée, aussi n'hésitez pas à m'éduquer en commentaires). Mais Juno est épouvantablement superficiel dans sa réalisation, par rapport (et je n'aborde même pas le fait que son succès soit légèrement surfait).
Le seul effort consenti pour ajouter un petit effet à cette chronique, c'est le fait que ce film se déroule en 1972, ce qui ajoute à l'image d'Epinal. A mon sens, ce n'était pas forcément inutile, mais bon, c'est assez inoffensif.
My Girl est un film tendre, touchant, profondément humain. Il parait qu'il est connu pour s'adresser plus particulièrement aux enfants, mais sincèrement, en tant qu'adulte, je l'ai trouvé tout aussi touchant. Parce qu'universel dans les émotions auxquelles il en appelle ; Anna Chlumsky porte le film avec une force et une fragilité impressionnantes. Ces derniers temps, j'ai regardé pas mal de films, mais ça, je crois que c'est un vestige d'une époque aujourd'hui disparue.
Quand on faisait des films pour communiquer avec le spectateur, et pas aux fins de lui en donner pour son argent.
My Girl est un double voyage dans le temps.

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15 février 2010

Secret Diary of a Cinephile

Ça fait quelques semaines maintenant que je m'observe. Et j'ai bien repéré mon petit manège ! Je regarde un film, puis un autre, puis un autre...
Je vous avais déjà expliqué que je m'étais mise à regarder des films. C'est très récent que j'en voie autant, et, hasard du calendrier, c'est à peu près depuis le début de l'année (disons, depuis le 29 ou 30 décembre, peut-être, mais allez, arrondissons). Et le plus incroyable c'est que ma téléphagie semble n'en pas pâtir du tout.

A force de regarder tant de films, j'ai commencé à me dire qu'il serait intéressant de garder une trace de tout ça.
Parce que, quand même, jusqu'alors, je n'ai jamais été vraiment cinéphile. Je regardais un film ou deux à l'occasion, principalement par hasard, et ça s'arrêtait là. En 2009, je suis allée 4 fois au cinéma : deux fois pour Miss Pettygrew Lives for a Day (une fois j'y ai trainé une amie, une autre j'y suis retournée seule ; merci à mon cinéma local qui a bien voulu le passer rien que pour moi ce jour-là d'ailleurs), une fois pour Gran Turino (ma mère voulait le voir, elle n'osait pas y aller seule), et une quatrième fois, Bambou, où l'un de vous m'a trainée quasiment de force, et s'il y a un Dieu quelque part, tout ça se payera en Enfer. Voilà mon tableau de chasse. C'est franchement pas la gloire. Et je n'ai rien fait pour que ça change.
Jusqu'à ce que, donc, me prenne cette fringale de films.

Alors j'ai bien réfléchi, et j'ai décidé d'en faire un petit défi personnel.
Dans la colonne de droite, un petit icône est apparu, qui vous permet d'accéder à la rubrique "Secret Diary of a Cinephile", où je vais dorénavant répertorier tous les films que je vois, avec l'affiche, la date à laquelle je les ai vus, et mon appréciation générale, complètement sincère (c'est-à-dire que si j'ai vu une grosse merde mais que j'ai adoré, je vous le dirai quand même). Parfois je vous mettrai aussi un lien si j'ai développé le film dans un post Comme au cinéma. Et ça arrivera encore, ne vous inquiétez pas, c'est juste que je ne peux décemment pas le faire pour chaque film vu.

__Cinema__

L'idée c'est d'essayer, en un an, de voir un maximum de films. Et si possible, qu'une majorité d'entre eux me plaisent (ce qui ne signifie pas forcément qu'ils seront tous bons...).

Les films que j'entrerais dans cette rubrique devront impérativement répondre aux critères suivants :
- j'ai regardé le film en intégralité (là par exemple j'ai tenté Some Kind of Wonderful, bon pas tout ce qui est fait par John Hugues n'est pas forcément génial, en fait...
- j'ai découvert le film en 2010 (je suis plus très sûre de la date exacte de Garden State et Up, mais comme c'est avec ces films que ça a commencé, je les garde quand même... mais vous n'y trouverez pas Dune, dont pourtant on m'a offert le DVD récemment mais que j'ai déjà vu souvent)
- je n'ai jamais vu le film auparavant, du coup (donc quand je rerererererevois The Fall pour la 20e fois, il n'a pas droit à sa petite page... sinon je compte A Chorus Line, Dune, etc... non c'est trop facile)
- j'ai fait la démarche personnelle de voir ce film (je ne suis pas tombée dessus par hasard à la télé, ce n'est pas quelqu'un qui m'a fait le regarder, et il ne passe pas au ciné ; c'est moi qui ait cherché à le voir en DVD ou en cagoule)
Pas de limite de date (si c'est sorti dans les années 70 ou 80, je regarde, c'est pas obligé que le film soit récent), pas de limite de genre (dans les 26 films déjà fichés, il y a un peu de tout je pense), pas de limite autre que celles ci-dessus pour ce défi.

Et alors dans l'histoire, qu'est-ce que ça peut vous faire, à vous ? En vérité, ce petit challenge cinématographique, c'est un peu grâce à vous que j'y suis venue. Vous avez réagi à (quasiment) tous mes posts Comme au cinéma, c'était enrichissant, ça m'a donné envie de continuer, et puis parfois, vous, vous m'avez suggéré des films et ça c'est avéré être de bonnes expériences.

Donc maintenant que vous avez un aperçu des films auxquels je réponds plus ou moins positivement, je compte sur vous pour me faire des suggestions parmi lesquelles piocher, pour que je fasse mon éducation cinématographique, parce que même si j'ai quand même vu des films avant que n'arrive 2010, il faut l'avouer, je suis franchement pas au courant de la moitié des bons films qui sont là-dehors. J'ai quand même plus plus de 20 ans à voir The Breakfast Club, quoi.

Aussi ce post restera-t-il bien en évidence, accessible en permanence depuis le Secret Diary of a Cinephile, et vous pouvez poster dans les commentaires soit vos réactions aux avis que je donne sur les films (Canalblog ne donnant pas la possibilité de répondre sous chaque film...), soit afin de me donner vos suggestions.

Et à la fin 2010, on verra si on relance ce petit challenge d'un an, et je ferai un bilan de mes découvertes !

9 janvier 2010

Coupé au montage

De tous les films que j'ai regardés ces 15 derniers jours (et il y en a eu un paquet, dans une sorte d'euphorie jusque là jamais égalée), The Final Cut est probablement le plus renversant de tous. Alors, plutôt que d'être la millionième personne à vous parler d'un film avec Scarlett Johanson ou Will Smith, je me suis dit que j'allais plutôt faire un post Comme au cinéma avec celui-là. Des fois que.

C'est quoi le nom du film ? The Final Cut
C'est plutôt quel genre ? Tech-noir
Qui on connaît là-dedans ? Au programme et avant tout, Robin Williams, l'homme par qui le cinéma est arrivé dans ma vie il y a 20 ans, et je l'en remercie encore aujourd'hui. Après, personne de très excitant, genre James Caviezel ou Mira Sorvino...
Ça date de quand ? 2004... mais où j'étais en 2004 ? Pourquoi je n'entends parler de ce film que maintenant ?
En résumé, de quoi ça parle ? D'un homme qui fait des montages à partir de la vie d'autres personnes.

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En moins résumé, de quoi ça parle ? Alan Hakman est un monteur qui travaille sur les "films-mémoire" enregistrés tout au long de la vie d'une personne, et récoltés à sa mort afin de servir d'éloge funèbre. Il voit défiler les parties les plus intimes et les plus sombres de leur existence, et les compile pour n'en montrer que le meilleur. Il s'avère être le seul monteur qui accepte les cas les plus douteux moralement, en raison d'une blessure passée qu'il cherche désespérément à se pardonner lui-même.
Et ça finit comment ? Sur un plan fixe...

Pourquoi c'est bien ? The Island, I, Robot, Bicentenial Man, V pour Vendetta... ces derniers temps, les films questionnant la nature humaine ont été nombreux sur mon écran. Avec finalement, toujours la même question : ce qui fait de nous des êtres humains. Voilà un aspect peu ou pas du tout abordé dans les films précités, que The Final Cut explore de façon à la fois précise et évasive : en quoi nos souvenirs participent-ils à faire de nous ce que nous sommes ? Avons-nous besoin de nos souvenirs pour exister ? Pour faire nos choix ? Qui sommes-nous dans les souvenirs des autres ? Ce ne sont que quelques unes des nombreuses thématiques de ce film qui est incroyablement dense de ce point de vue. Le nombre de problématiques que The Final Cut soulève sur la mémoire, le libre-arbitre, les relations sociales... et évidemment, ce que son pitch de science-fiction interroge plus ponctuellement : les conséquences d'une société où nous devenons des caméras nous-mêmes. Imaginez un monde où, même si vous, vous n'avez pas d'implant enregistrant la totalité de vos souvenirs (mêmes les plus triviaux), votre voisin, votre patron, votre petit(e) ami(e), votre marchand de journaux... tous peuvent en avoir de vous. Vous êtes filmé à tout moment, du moins potentiellement. Cela conditionne forcément votre comportement ! Et le plus fou, c'est qu'une personne ne fait pas le choix d'être implantée, elle l'est, par ses parents, avant même la naissance ! Imaginez le nombre de problèmes, de questionnements, que cela soulève ! Les implications d'une telle technologie sont sans limite, on pourrait en parler des heures et des heures ! Il faudrait en faire toute une série, avec un épisode pour chaque axe ! C'est passionnant comme concept !
Pourquoi c'est pas bien ? Contrairement aux films cités dans le paragraphe précédent, The Final Cut n'a rien du film d'action, il a la forme d'un thriller psychologique. Et moi, ça me convient tout-à-fait. Mais je peux concevoir qu'on puisse lui reprocher son rythme, son statisme, ses silences, son personnage principal souvent impassible. Il y a quelque chose de froid dans ce film qui, plutôt que de donner la chair de poule, se contente de donner de la distance. Et la distance de ce film, bien que nécessaire, le rend aussi un peu imperméable par moments. C'est un film assez exigeant, en fait, dans ce qu'il demande d'implication émotionnelle, et tout le monde n'a pas forcément envie de se mettre à ce point dans le bain.
Au rayon des vraies mauvaises nouvelles, j'ajoute aussi la bande-son. Comme vous le savez, je suis assez peu réceptive à ce genre de choses, à moins d'un extrême. Ici, c'est bien simple, on a l'impression que toutes les musiques ont été piquées dans d'autres films/séries/publicités. Et c'est emmerdant de se voir rappeler d'autres univers (je pense notamment à Ultime Recours) dans un film pareil.

Ah, les joies du cinéma ! Si je travaillais dans le cinéma, à quelque poste que ce soit, je pense que je banderais à l'idée de travailler sur un film pareil. C'est quand même le comble du comble, si vous voulez. Le fantasme ultime cinématographique : monter un film avec un monteur comme personnage principal. Réaliser un film avec sur des films-mémoire. Jouer dans un film sur la vraie vie des gens qu'on filme. Braquemard terrible, quand même !
La réplique qui tue : Accaparé par ses interrogations personnelles, Alan se rend chez la famille du défunt sur lequel il travaille actuellement, et interroge la fille de celui-ci en espérant qu'elle l'aide à éclaircir ses propres questions. Sauf que, dans les scènes précédentes, il a été plus qu'insinué (mais pas tout-à-fait explicité) que le père en question avait été par trop affectueux avec la gamine, mais le sujet est tabou et Alan n'aborde pas le sujet frontalement. Pourtant, la petite l'apostrophe :
"Alan... vous allez réussir à réparer les souvenirs de mon papa ?
- ...Dans un sens, oui.
- Est-ce que vous pourrez lui faire oublier que j'ai... que j'ai dessiné sur un de ses contrats avec un crayon ?
- Je vais essayer.
- Et que j'ai tiré les cheveux de Doty si fort qu'elle a pleuré ; vous lui ferez oublier ?
- Oui, il oubliera... Mais pas toi, surtout."
La scène qui tue :
Bon, je sais pas si le concept de film-mémoire vous parle beaucoup. Personnellement ce n'est pas la première chose que je penserais à faire dans un monde où on peut enregistrer la totalité des souvenirs d'une personne : prendre le meilleur et le diffuser à ses funérailles. "Moi par moi", post-mortem. Étrange société de fossoyeurs de souvenirs... Mais quand on voit cette scène, on comprend aussi ce que, dans les circonstances si particulières du deuil d'un être cher, cette perspective peut avoir de rassurant (le problème à mes yeux étant que quelqu'un d'extérieur a choisi les images, par contre). Peut-être après tout que j'aurais aimé, moi aussi, savoir que ma grand'mère avait de bons souvenirs de moi...
Et j'ajoute que faire la démarche d'ouvrir un logiciel et de découper cette portion de ce film procure vraiment une sensation déconcertante vu le contexte...

TheFinaCut___Extrait

Une note ? CagoulesCagoulesCagoulesCagoules
Un film d'autant plus oppressant qu'il ne cherche que très modérément à remplir le rôle du divertissement. En gros, on n'est pas là pour rigoler, se changer les idées ou s'éloigner du réel.
Bilan : En gros, la question, c'est... de quoi je me souviendrai à propos de ce film ? Un miroir de plus, finalement.
Tout au long du film, et bien que happée par l'histoire d'Alan (du sur-mesure pour Williams, ce rôle, j'ai envie de dire d'ailleurs), je n'ai eu de cesse de me poser des questions. C'était quelque part assez excitant d'être mise face à un film qu'on regarde autant sur l'écran qu'à l'intérieur de soi. Est-ce que je souhaiterais une telle technologie ? Très franchement, pour moi qui ai si souvent l'impression d'oublier des pans entiers de mes souvenirs (ce qui fait que j'essaye de mémoriser des dates, des mots et des videos pour m'y raccrocher), ça pourrait sembler une solution parfaite. Sauf que l'idée d'enregistrer ses souvenirs, dans le cas de The Final Cut, se fait avec comme finalité les autres, et non soi-même. On n'est pas censé avoir accès à ses propres souvenirs. Ce sont, à votre mort, les autres qui en "profitent". Le monteur, d'abord ; et c'est sans doute le plus gênant, d'imaginer cette personne qui peut tout voir de vous, jusque dans vos moments les plus prosaïques. Et puis, vos proches, qui verront une sorte de best-of de vous-même, et chercheront à voir des souvenirs communs dans les vôtres. C'est pas si idyllique que ça, même pour moi.
Il y a des choses que le film n'aborde pas, déjà parce que ce n'est pas tellement son sujet, et ensuite parce qu'on ne peut pas tout faire en 1h30 (je maintiens qu'une série sur ce thème serait formidable). Par exemple l'aspect juridique : peut-on encore parler de délai de prescription quand les faits peuvent ressortir des décennies après s'être produits ? Vous imaginez si la petite fille prenait un avocat, dans 10 ou 20 ans, et que celui-ci trouvait le moyen d'avoir accès aux films-mémoire du père ? Elle obtiendrait une reconnaissance de ce que tout le monde lui nie, grâce à ces enregistrements. Je pourrais tuer pour ça, pour avoir des "preuves", pour qu'il soit impossible de faire semblant, pour que ce soit su par tous. Et juridiquement, ça transforme une société, des avancées pareilles. Surtout avec ce que pose le problème de la subjectivité, et donc de la différence entre réalité et vérité.
Parmi les sujets effleurés, il y a la société Big Brother qui se profile derrière tous ces enregistrements. Non qu'on veuille vous surveiller, mais vous l'êtes tout de même, et on vous verra dans les films-mémoire des autres dans plusieurs années, vous serez figurant, ou rôle majeur, mais vous serez là, votre histoire n'a pas droit à l'oubli, finalement. Il y a aussi la problématique liée au fait que les implants sont mis en place avant la naissance, donc sans le consentement de la personne. Déjà sur un plan éthique, c'est de la folie que la société de ce film l'ait accepté (en grande partie disons - et les arguments contre sont diversifiés, et plus ou moins sensés). Et puis naturellement, vient le moment de la découverte... comme cette femme qui a changé de vie du jour au lendemain parce qu'elle a compris que tous ses actes seraient visibles après sa mort. Donc jugés...
Et puis, franchement, les souvenirs de The Final Cut sont factuels, et ça c'est assez dérangeant aussi. Pour des raisons aussi bien cinématographiques que logiques, on n'aborde pas un problème majeur de l'implant : il enregistre du son, des images, mais pas de pensée. Est-ce que ça ne change pas tout, pourtant ? Si on regarde le film-souvenir d'une personne en train de se raser, le plus intéressant, ce qui nous rapproche vraiment d'elle, n'est-ce pas de savoir ce qu'elle pense à ce moment-là ? Savoir si elle se posait des questions, appréhendait sa journée, se faisait une joie de vous retrouver... Je crois que c'est certainement la clé la plus importante pour avoir accès à l'histoire de quelqu'un. Évidemment, au moment de l'éloge funèbre, on ne veut pas savoir si untel se demandait pourquoi la Terre est ronde plutôt que carrée en se rasant, mais au final, on aimerait apprendre quelque chose sur les gens qu'on a côtoyés, non ? Et si cet homme que j'ai toujours pris pour un type renfermé avait en fait une vie intérieure extraordinaire ? Quelle merveilleuse découverte ! Et si j'arrivais à comprendre ce qu'il pensait au moment de faire telle ou telle chose, est-ce que ma compréhension du monde ne s'en trouverait pas améliorée ? La société de The Final Cut passe à côté de bien des choses, mais c'est un choix (et une limitation technologique sans doute aussi). Reste que ça ouvre des portes fascinantes !
The Final Cut a trouvé un thème si génial qu'on en demande plus sur son univers. Il faudra se contenter de l'anecdote de ce monteur tourmenté et de sa recherche à la fois d'intimité et de vérité. Et franchement, ce n'est pas l'objet d'une déception à mes yeux, ce n'est pas différent de regarder l'Histoire via une histoire personnelle. En cela, The Final Cut est l'un des meilleurs films du genre dont on puisse rêver, finalement. Parce qu'il n'a pas l'ambition de dépeindre un monde, mais juste de raconter une histoire qui se passe dans ce monde. D'ailleurs, son idée de la technologie (aussi bien des structures relatives au montage que sur les immeubles, les voitures...) est si sommaire qu'on est loin des m'as-tu-vu que je citais plus haut (même V pour Vendetta semble en faire des caisses à côté). C'est même assez étrange, ce choix de faire se dérouler pareil film dans un monde ressemblant aux années 50... je ne me l'explique pas tellement mais pourtant, ça colle.
Tout cela est si perturbant et intrigant, donne à la fois une envie de curiosité et une leçon de réserve, qu'on ne peut qu'être impressionné, au final, par ce que ce petit film canadien méconnu au budget probablement limité parvient à accomplir.

4 décembre 2009

Let me dance for you

Ce soir, c'est mon coup de cœur du moment que je vais vous présenter. C'est d'ailleurs un film qui m'a l'air bien parti pour égaler le record de The Fall... songez donc : je l'ai découvert il y a un peu plus de quinze jours, et déjà regardé intégralement 3 fois, plus revu certains passages que je me suis découpés, plus les chansons que j'écoute en boucle. Parvenir à faire tout ça malgré mes horaires ces derniers temps, c'est un indicateur assez clair du coup de foudre qui s'est produit !

C'est quoi le nom du film ? A Chorus Line
C'est plutôt quel genre ? Musical
Qui on connaît là-dedans ? A part Michael Douglas (que, jusqu'à mes 15 ans, j'ai identifié uniquement à son rôle dans Les Rues de San Francisco, avant de découvrir qu'il était vaguement connu...), pas grand'monde. Les danseurs ne se font pas souvent un nom à la télé, en plus. Mais la petite Michelle Johnston... je suis sûre de l'avoir déjà vue quelque part.
Ça date de quand ? 1985 (et ça se voit)
En résumé, de quoi ça parle ? D'une audition pour une comédie musicale.

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En moins résumé, de quoi ça parle ? A Chorus Line retrace les quelques heures que dure une audition un peu particulière, dont le producteur, Zach, attend énormément. Bien qu'il ne s'agisse que de recruter des chœurs, il tient à savoir qui les candidats sont réellement, quitte à se montrer très indiscret.
Et ça finit comment ? Sur scène... Comme toute comédie musicale devrait finir, je vous ai dit !

Pourquoi c'est bien ? Entre 2000 et 2002, après avoir fait l'acquisition de la VHS de Cats pour moi toute seule, et tombant une nouvelle fois sous son charme, je me suis ruée sur les comédies musicales. Au format video, comme avec Jesus Christ Superstar, ou, le plus souvent, au format audio. En deux ans, et en plus de mes habitudes téléphagiques, j'ai acheté une bonne quinzaine de CD, sur une comédie musicale ou plusieurs, pillé la FNUC et Gibert, sondé les fonds des bacs des solderies de CD. A Chorus Line, je l'ai découvert à ce moment-là, et j'ai écouté le CD au moins, je ne sais pas, des centaines de fois, disons. J'essayais de m'imaginer son histoire, ça ne semblait pas très clair parce que chaque personnage parlait de lui, et que tous ces morceaux ne se recollaient pas tout-à-fait dans ma tête. Et puis un jour, il y a un peu moins d'un mois, j'ai réalisé qu'il y avait un film, et que je ne l'avais jamais vu, et que par le pouvoir de la cagoule suprême, ça pouvait changer. Et les chansons que j'ai aimées toutes ces années (One, I can do that...), je les ai finalement découvertes en images, après tout ce temps. Double exaltation ! D'ailleurs je n'avais jamais fait attention, mais en fait, c'est le CD du film que j'avais. Alors finalement, on était un peu entre nous pendant le visionnage de ce film ! Mais il n'y a pas que la nostalgie qui a fait bondir mon cœur. Ce que j'ignorais sur A Chorus Line, et que j'allais découvrir avec près d'une décennie de retard sur ma fringale musicale, c'est que le film propose bien plus qu'un simple défilé de danseurs qui parlent d'eux. Avec les dialogues et le jeu des acteurs, les silences aussi, on s'aperçoit que l'histoire a une dimension plus profonde. A Chorus Line dépeint des personnages animés par une passion sans limite pour la danse. Si peu de limites qu'on va explorer tout ce que ça a pu leur coûte de tenter d'en vivre, et comment ils y sont venus. C'est quasiment une thérapie de groupe qui se déroule sous nos yeux ! Et en musique !
Pourquoi c'est pas bien ? Mêmes causes, mêmes conséquences : je connaissais effectivement la BO par coeur. Quand on retrouve les chansons qu'on aime (et même celles qu'on aime moins), c'est bien. Quand on peut chanter à l'unisson, c'est mieux. Mais plusieurs numéros (irai-je jusqu'à dire que comme par hasard, ce sont mes préférés ?) sont entrecoupés par les dialogues. Ce qui, certes, participe à l'histoire, mais casse quand même un peu l'ambiance. Surtout que ces dialogues, souvent, sont en rapport avec l'intrigue la moins intéressante de toute : l'histoire de Zach et Cassie. C'est peut-être un détail pour vous, mais sur 2h de film, pour moi ça veut dire beaucoup.

Ah, les joies du cinéma de Broadway ! C'est quoi le comble du comble pour un danseur ? Passer une audition pour jouer dans A Chorus Line.
La réplique qui tue : Des répliques qui tuent, il y a en a quelques unes. Elles prennent par surprise d'ailleurs, parce qu'on ne s'attend pas forcément à une telle sincérité. Mais celle qui m'a touchée en plein coeur, c'est celle que Bebe sort à un moment, vers la fin. Bebe est une petite chose toute discrète, timide, mal assurée... mais quand elle danse, on sent qu'elle est elle-même. Le reste du temps, il est palpable qu'il y a quelque chose de cassé en elle ; plus tard, elle révèle donc : "A few months ago, the night before I was gonna audition for another show, I had a... kind of breakdown. I started crying and I couldn’t stop for about two weeks. I just now got out of the hospital, and my doctor said it was too soon to try again. But I did. And now, even if I lose... I win".
La scène qui tue : Comprenez mon désarroi quand je réalisé qu'il ne faudra retenir qu'une scène sur tout le film. C'est comme demander à une mère de choisir lequel de ses enfants sauver ! Non je n'exagère pas, ou si peu. Bref, j'ai opté pour la solution de facilité, si on peut dire : j'ai exclu les numéros musicaux de ma liste. Voilà, comme ça c'est fait. Et du coup, c'est naturellement que s'est imposé l'extrait suivant. Et comme je suis vraiment motivée pour vous faire découvrir A Chorus Line, et que j'ai pas été foutue de vous trouver le film en VF, vous savez ce que j'ai fait ? J'ai sous-titré. Eh oui. J'avais pas fait ça depuis Soldier's Girl, quand même... Dans l'extrait ci-dessous, le plus gros de l'écrémage a été fait en danse, et l'audition porte maintenant sur une petite proportion de candidats. Mis en ligne (d'où le titre), ils sont sommés de se présenter chacun à leur tour. Dans tout ça, Cassie, une danseuse plus âgée que la moyenne, et dont on comprend qu'elle a eu une histoire avec Zach il y a quelques temps, essaye de passer l'audition... La séquence a le mérite de très bien poser les enjeux du film, de présenter les personnages (bien qu'un peu scolairement mais vu que c'est le principe de 80% du film de les présenter, si vous en voulez plus il faudra vous diriger vers l'intégralité du film), de montrer aussi l'ambiance. Comme le film avait un encodage loin d'être parfait, posant des soucis lors du réencodage avec sous-titres, ce sont des softsubs. Il suffit de les enregistrer dans le même dossier et d'ouvrir un lecteur gérant les sous-titres, comme VLC ou mplayer entre autres, pour qu'ils apparaissent.

AChorusLine___Extrait
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Une note ? CagoulesCagoulesCagoulesCagoules
Ah, faites-moi penser à faire une demi-cagoule ! A Chorus Line, à mes yeux en tous cas, le mériterait.
Bilan : A Chorus Line, ce n'est pas Chicago. Pas de mise en scène recherchée, pour commencer. On y trouve au contraire une unité de lieu et de temps qui rappelle énormément les impératifs d'une comédie musicale. Mais à travers ce huis clos chanté et dansé, le film va aussi bien plus loin que beaucoup d'autres dans l'exploration de ses personnages. Les histoires sont autant de petites touches qui décrivent la réalité de la vie à Broadway, pour des personnes qui ne sont pas, et ne seront jamais, des stars dans leur milieu. Des anonymes parmi d'autres qui lèvent le voile sur les espoirs et les déceptions d'une vie dédiée à leur passion, et qui est vouée, comme le rappellent Cassie et Sheila, à ne pas durer bien longtemps. Toutes ces histoires personnelles enrichissent le spectateur, parce qu'on va bien au-delà du simple "Let me dance for you" pour aller vers une vraie mise à nu, honnête, douloureuse, précise. Quand Sheila laisse tomber ses défenses de femme mature, quand Bebe évoque un épisode dépressif, quand Diana aborde ses doutes sur son don, quand Greg raconte la découverte de son homosexualité... ce qui se dessine va au-delà, bien au-delà, du divertissement. Qui peut dire qu'il ne s'est pas retrouvé dans un de ces personnages ? Nul n'est besoin de danser pour cela. Sans aller jusqu'à devenir le supporter de l'un ou de l'autre, il faut bien admettre qu'un lien se tisse, et d'ailleurs, entre les personnages aussi le lien est fort, alors qu'ils sont mis en compétition pour ces rôles, en se dévoilant ils s'attachent les uns aux autres. Il y a sur la fin une impression de cohésion qui fait vraiment mal... parce qu'il n'y a que 4 et 4 rôles. En quelques heures, quelque chose naît entre eux, et quelque chose naît en face de l'écran. A Chorus Line est une aventure humaine mise en musique, où chacun rit, s'émeut, se rappelle, réagit aux histoires des autres, parce qu'ils ont cette passion en commun.
L'audition est un prétexte à explorer la psyché de ceux qui font Broadway. Les questions de Zach pourraient être celles d'un psy, froid et placide, en retrait, en observateur. Il les oblige à faire bien plus que se vendre : s'exposer.  C'est ce qui rend A Chorus Line si vivant !
J'ai lu pas mal de choses, notamment que le film n'avait pas du tout fait l'unanimité, parce qu'il était en-deçà de l'original. Comme il me tarde de voir la comédie musicale sur les planches, dans ce cas ! J'ai aussi lu qu'un projet de remake était plus ou moins en cours, et si cela doit aboutir, il est possible d'aller encore plus loin (notamment d'atténuer l'histoire entre Zach et Cassie), et de rendre le résultat plus ambivalent encore, passant des exploits de Mike dans "I can do that" à une expérience confinée et nerveuse, comme celle de Paul. Si ce film voit le jour, ce sera une vraie curiosité de voir comment on peut aborder cette expérience de nos jours.
Et puis évidemment, et même surtout, A Chorus Line est dotée de numéros musicaux épatants (même si musicalement un peu datés, mais je suis née dans les années 80, alors ça ne me choque pas, ces arrangements), et le casting est absolument impeccable. J'ai une vraie admiration pour ces danseurs. La performance physique est énorme, elle participe même au témoignage en fait, parce qu'on se dit que ce qui a l'air si facile et aérien et souple... a demandé des milliers d'heures de travail pendant des années, en amont. Cela suppose des souffrances qui sont elles aussi très présentes, même si elles n'apparaissent pas dans le scénario, et elles sont aussi prégnantes que la timidité de Kristine ou la carapace de Sheila.
Vous êtes encore là ? Quoi, vous en voulez plus ? Je trouve que c'est clair pourtant : regardez A Chorus Line !!!

3 décembre 2009

And that rhymes with "P" and that stands for "piemaker"

Ce soir, au lieu de vous parler d'une comédie musicale que je connais depuis plusieurs années je vais vous en présenter une que j'ai découvertes il y a quelques jours à peine. Oh j'en avais souvent entendu parler mais il y a tant de comédies musicales... et je n'avais jamais vraiment percuté que celle-ci avait eu une adaptation filmée récente. Jusqu'à ce que...

C'est quoi le nom du film ? The Music Man
C'est plutôt quel genre ? Musical vieillot
Qui on connaît là-dedans ? J'ai vu Matthew Broderick au générique, ça ne m'a pas faite frémir. J'ai aussi vu Victor Garber (ALIAS) et Molly Shannon (Kath & Kim), et même si c'étaient des habitués de la télé, ça ne m'a pas émue. Et puis... j'ai vu Kristin Chenoweth (Pushing Daisies, pour ceux qui l'ignorent encore). On se demande bien ce qui m'a décidée.
Ça date de quand ? 2003, ce qui ne nous rajeunit pas même s'il y a un progrès par rapport à hier
En résumé, de quoi ça parle ? D'un escroc qui se rend à River Cityafin d'y jouer une fois de plus sa petite arnaque.

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En moins résumé, de quoi ça parle ? River City, dans l'Iowa, est une petite bourgade charmante où il est rare que des voyageurs descendent du train. Aussi Harold Hill attire-t-il l'attention en venant s'installer. Il se présente comme un professeur de musique, venu former un orchestre (ce qui tombe bien puisque le 4 juillet approche), mis en réalité, après avoir vendu instruments et uniformes, il s'enfuit avec l'argent de ses victimes. Il va cette fois trouver sur son chemin la libraire de River City, également prof de piano à ses heures, qui n'est pas dupe.
Et ça finit comment ? En fanfare.

Pourquoi c'est bien ? N'ayant pas vu la première adaptation ciné de la comédie musicale, je prends cette version de The Music Man en novice, et je dois admettre y avoir retrouvé l'ambiance de films comme Mary Poppins. Non seulement à cause des numéros musicaux et des robes, mais aussi pour l'abord finalement assez naïf et enfantin, quoique parfaitement charmant pour les adultes, que propose cet univers coloré et plein de musique. Si un certain nombre de chansons ne sont pas nécessairement mémorables, il en reste deux ou trois dans le lot qui valent largement le détour. En particulier, le début du film est très accrocheur !
Pourquoi c'est pas bien ? Eh bien, comme je l'ai dit, beaucoup de chansons sont assez moyennes. Du point de vue du divertissement, la question ne se pose pas, mais du point de vue musique, ça reste assez banal. Le solo de Kristin Chenoweth sur "Goodnight, my Someone" est assez évocateur de ce genre de défauts : on ne peut rien reprocher techniquement, mais à mon sens, une comédie musicale doit laisser des chansons dans la tête pour les 10 jours qui suivent (c'est un minimum). Or là, j'ai fini le film, et tout ce qui me restait, c'était le souvenir du timbre de Kristin, mais certainement pas l'air de sa chanson. C'est le cas de beaucoup et c'est très dommage.

Ah, les joies du cinéma ! On a échappé au pire, ç'aurait pu être Sarah Jessica Parker à la place de Kristin Chenoweth dans le rôle principal. Je ne pense pas avoir déjà entendu SJP chanter mais je suis quand même certaine qu'on aurait perdu au change.
La réplique qui tue : Dialogue entre un vieil ami qui tient aujourd'hui un hôtel à River City et Harold : "So, what's the new picture ? [Harold esquisse les gestes d'un chef d'orchestre] ...Oh you're not back in the band business ? I heard you was in steam automobiles !
- I was.
- What happened ?
- Somebody actually invented one."
Bah ouais c'est couillon, c'est sûr.
La scène qui tue : J'ai aussi regardé The Music Man pour ce passage (j'aime bien Kristin, mais elle ne fait pas tout non plus). En l'occurrence, si vous me connaissez un peu, vous devinerez pourquoi. Aussi n'est-il pas très étonnant que j'ai littéralement exulté devant ce morceau de bravoure de Matthew Broderick (il a pris des cours de plongée en apnée pour préparer ce rôle, je suis sûre). "Trouble" est un titre entrainant, basé plus sur le rythme que sur la musique (en cela, le morceau répond à la perfection à la scène de début, dans le train... celle-là aussi il faudrait vous la mettre mais enfin, la règle, c'est une scène qui tue, pas une hécatombe), amusant, et qui a le mérite de montrer Harold sous son vrai jour, homme à la fois affable et escroc doué, qui pour lancer son commerce, n'hésite pas à faire passer une pauvre table de billard comme l'incarnation de la déchéance prochaine des jeunes de River City. Accessoirement, j'ai envie de dire que ce stratagème est aujourd'hui plutôt utilisé en politique...

TheMusicMan___Extrait

Une note ? CagoulesCagoulesCagoules
Amusant, rythmé, coloré, rempli de visages connus... The Music Man remplit son office mais n'a pas les caractéristiques requises pour devenir un chef d'œuvre dont on parlera dans une décennie ou deux.
Bilan : Le problème de The Music Man, c'est que finalement c'est une comédie très américano-centrée (le 4 Juillet, le côté conquête de l'ouest...) et que ni son histoire, ni ses chansons, n'ont vraiment eu la possibilité de se faire connaître chez nous hors des cercles d'initiés. Bien que connaissant "Trouble" depuis quelques années, ainsi que "Pick-a-little, talk-a-little" (qui entre parenthèses donne l'impression de déguster des macarons, tant c'est frais et coloré), je me suis trouvée assez désorientée dans cette comédie musicale dont je ne savais rien. Vous allez me dire : bah oui, faut bien commencer à découvrir les choses à un moment. Et je vous l'accorde. Sauf que comme je l'ai dit, c'est vraiment très américain.
Ce qui est un avantage comme un inconvénient pour The Music Man, c'est son côté tous publics. En ce qui me concerne, ça n'a pas été un soucis. En ce moment je suis fatiguée, j'ai découvert ce film un soir où je n'avais fait que 12h de boulot dans ma journée, c'était parfait. C'était amusant, j'ai battu des mains pendant 2h12 (eh oui, 2h12 les enfants, rien que ça), et ensuite je me suis endormie en souriant un peu, c'était déjà pas mal, je n'en demandais guère plus. Mais a contrario des quelques comédies musicales dont j'ai déjà pu vous parler depuis que cette semaine thématique a commencé, The Music Man n'apporte pas grand'chose qui aille au-delà du simple plaisir immédiat. Plaisir de voir Kristin Chenoweth s'ébattre musicalement dans un rôle qui semble être fait pour elle, certes, plaisir de découvrir en Matthew Broderick un petit gars plutôt sympa, aussi, plaisir de regarder un film plein de chansons et de malice... oui mais après ? Après rien. On n'a pas de sujet de réflexion ni d'émerveillement, comme peuvent l'être respectivement West Side Story ou Cats. L'émotion est elle aussi assez basique, l'arnaque, l'histoire d'amuuuur, les intrigues en ville... on ne se sent pas tellement sollicité, en fait.
Je pense que si The Music Man a une telle réputation de classique de la comédie musicale, ce n'est pas pour ses qualités intrinsèques mais probablement aussi en grande partie parce que les chansons se sont incrustées dans la culture américaine, et qu'elle utilise des éléments typiquement américains. Les étrangers n'ont à mon avis qu'assez peu de chances d'y trouver là une révélation. En même temps, c'est aussi à ça que servent les comédies musicales, et j'insiste, je n'ai pas perdu mon temps. Simplement, la hiérarchie s'impose d'elle-même.

2 décembre 2009

En un claquement de doigts

...tout est dit. La comédie musicale de ce soir, tout le monde la connait. Je serais étonnée que vous ne l'ayez pas vue tant elle fait partie du patrimoine culturel depuis toujours. A la seule évocation du nom de Nathalie Wood, normalement, vos yeux s'éclairent.

C'est quoi le nom du film ? West Side Story
C'est plutôt quel genre ? Musical tragique
Qui on connaît là-dedans ? Pour les téléphages c'est naturellement Rita Moreno (Oz) qui attirera l'oeil en premier. Mais il n'y a pas qu'elle au générique, ça va de soi. Quoique, dans certaines scènes, le doute est permis. On y trouve aussi le papa d'Amber Tamblyn, Russ !
Ça date de quand ? 1961, je n'avais pas réalisé qu'on allait parler de films si anciens cette semaine
En résumé, de quoi ça parle ? De gangs qui s'entretuent. Oui, donc ça pourrait aussi bien se passer en 2009 en fait.

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En moins résumé, de quoi ça parle ? Les Sharks et les Jets tentent de cohabiter dans leur petit bout de New York, les premiers étant des immigrés basanés tandis que les seconds... bah, descendants d'immigrés blancs, en fait. Au coeur de tout ça, un jeune homme et une jeune femme vont tenter de s'aimer.
Et ça finit comment ? Tragiquement.

Pourquoi c'est bien ? West Side Story a laissé dans les mémoires des airs intemporels, on ne va pas revenir dessus, des chansons comme "America", "Tonight" et quelques autres ont marqué les esprits. Pourtant ce n'est pas ce qui est le plus impressionnant. Dans West Side Story, il n'y a pas que des chansons superbes ou des chorégraphies réussies, il y a aussi un vrai travail de réalisation qui (a contrario du look des protagonistes) n'a pas vieilli. C'est dynamique, vivant, imaginatif... parce qu'il était évident que se contenter d'une bonne histoire (ou disons, de l'adaptation d'une bonne histoire), d'une bonne B.O. et d'un bon casting, ça faisait trop flemmard, vous voyez ?
Pourquoi c'est pas bien ? On peut ne pas aimer West Side Story ? Vraiment ? Je veux dire, bon, oui, le film date des années 60, il y a une romance au milieu, c'est une comédie musicale... on pourrait se dire que c'est pour les gonzesses ce film. Etant une gonzesse et aimant le film, je ne nierai pas totalement mais enfin, la thématique des gangs a quand même le mérite de toucher bien plus que cette simple cible. Le traitement n'est peut-être pas aussi violent et noir que dans Oz (pour reprendre le même tag...) mais enfin, le constat a la même force.

Ah, les joies du cinéma ! Vous connaissez beaucoup de films qui font danser les trois quarts de leur cast dans les rues de New York ?
La réplique qui tue : "Now I can kill too, because I have hate !" Et le cercle infernal de la violence continue. West Side Story, c'est l'histoire d'une société qui a perdu sa plus importante guerre.
La scène qui tue : Allez, sur une note plus gaie, je vous propose "America", certainement l'une des chansons les plus célèbres de ce film et de l'histoire du cinéma (en toute modestie). Regardez-moi ces couleurs, cette énergie ! Ecoutez aussi avec quelle précision les problématiques sont abordées... je dédie cet extrait à Eric Besson pour l'aider à réfléchir à sa mission. Il y a est question des avantages et des inconvénients de l'immigration :, pourquoi les porto-ricains ne se sentent finalement chez eux nulle part, ils veulent une vie meilleure aux États-Unis, mais n'ont pas tout-à-fait droit à la même chose que les autres... C'est pas tous les jours qu'on écoute une réalité sociologique mise en musique. Et le plus terrible, c'est qu'elle a pris 50 ans... et pas une ride.

WestSideStory___Extrait

Une note ? CagoulesCagoulesCagoulesCagoules
C'est tout simplement un classique. Peut-être sous-estimé sous nos latitudes (pas autant de rediffusions qu'il le faudrait sur les grandes chaînes par exemple) mais définitivement moderne sur son fond comme sa forme.
Bilan : Car oui, au-delà du plaisir musical, et il n'est pas des moindres, West Side Story, c'est aussi et avant tout une œuvre qui a su saisir l'esprit de son temps, les problématiques de son public. Au final, ni les Jets ni les Sharks n'ont individuellement tort de vivre dans une telle violence perpétuelle, la faute est générale, elle dépasse les limites de New York, elle est collectivement la faute de toute une société qui ne sait pas résoudre ses problèmes.
Et évidemment, il semble assez criant en regardant ce film aujourd'hui que West Side Story est le témoignage d'un problème dont personne n'a su trouver la solution. Ce qui rend son visionnage plus primordial encore.

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