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ladytelephagy
2 mars 2010

Au commencement était le film

Avec l'arrivée de Parenthood ce soir sur NBC (et si le post d'hier ne vous l'avez pas rappelé, SeriesLive s'en est également chargé), j'ai repensé à ces histoires de films qu'on transforme en série...
C'est vrai ça ! Aujourd'hui on parle surtout du trajet inverse, avec toutes ces séries qui sont adaptées pour le cinéma... ou celles dont on espère que ce sera le cas sans trop y croire... et du coup on oublie un peu souvent que ça s'est aussi pas mal fait dans l'autre sens.

Pour une liste (non-exhaustive) de bides, je vous encourage à vous reporter à l'excellent article de Television Without Pity qui recense quelques navets issus de films ayant toutes les apparences de l'honorabilité (enfin, je vous dis ça, mais je confesse n'en avoir pas vu la moitié ; et quand j'ai vu le film, c'est la série qui manque à mon tableau de chasse). C'est vrai qu'on pourrait aussi mentionner les adaptations réussies, mais où serait le plaisir ?

A première vue, ces adaptations télé ont l'air de toutes se ressembler, du moins sur le principe. Le motif semble évident : purement pécunier. Sans rire, vous ne pensiez tout de même pas que c'était pour l'amour de l'art, dites ? Un film rencontre du succès, pouf, on en fait une série. Plus rare est le cas du film qui fait un bide retentissant et se voit offrir une suite, avouons-le.
Mais alors justement, s'agit-il forcément d'une suite ?

Ça pourrait sembler logique de prime abord : la série permet alors de voir ce que deviennent les personnages qu'on avait aimés pendant le film, et qu'on était forcés d'abandonner au bout de 2 heures. Mais voilà, la plupart des acteurs reprennent pas leur rôle au moment de l'adaptation télévisée (alors que dans l'autre sens, c'est bizarre, faut moins les supplier ! Et après ça on nous dira que non-non, la télévision n'a plus rien à envier au cinéma de nos jours...). Donc par la force des choses, les personnages changent, puisqu'ils sont interprétés par de nouveaux acteurs.
Quand ce n'est pas, plus simplement, de nouveaux acteurs qui interprètent des personnages qui n'étaient pas du tout dans le film... Voilà, comme ça c'est clair.
Je récapitule donc les trois possibilités :
- mêmes personnages, mêmes acteurs que le film
- mêmes personnages, acteurs différents du film
- autres personnages, acteurs différents du film

Avec Parenthood, c'est finalement cette dernière solution qui a été retenue. Il était évident que les mêmes acteurs n'allaient pas resigner 20 ans après pour incarner à nouveau les mêmes personnages. Par contre, on aurait pu imaginer, 20 ans après, que la série tente de parler de la même famille à travers les yeux des dernières générations. Ce n'est pas le choix qui est fait. Le choix est au contraire radical, puisque Parenthood (la série de 2010) ne s'intéresse pas à la même famille que Parenthood (le film de 1989), qui avait pourtant été de la partie, bien qu'avec un nouvel éventail d'interprètes, dans Parenthood (la série de 1990). Vous m'suivez ?

Parenthood_All

Donc là, obligé, on se demande : attends deux secondes, ce ne sont plus les mêmes acteurs, ce ne sont plus les mêmes personnages, ce n'est même pas la même famille 20 ans après... euh, pourquoi ça s'appelle Parenthood, au juste ?

Bonne question, merci de l'avoir posée. On pourrait opter pour la réponse cynique : c'est juste histoire de capter l'attention du public qui connaît le film. Sinon, il y a, plus rassurante, la réponse porteuse d'espoir : c'est parce que la série va employer le même ton.

Mais comme je vous le disais hier dans mon bilan du film, il est difficile aujourd'hui d'avoir le même point de vue à la fois drôle et tendre qu'un film des années 80. La fiction a changé et le public attend plus spectaculaire (et il a raison, du moins en partie). Il faudra briller par la pertinence de son regard et se singulariser par son approche des rapports familiaux.
C'est donc là le défi de Parenthood, la série de 2010, si elle veut éviter le sort de Parenthood... la série de 1990.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Parenthood de SeriesLive.

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24 février 2010

Ma came

"Je suis un alcoolique. Je ne prends pas qu'un seul verre. D'ailleurs, je ne comprends pas qu'on puisse prendre qu'un seul verre, je ne comprends pas qu'on puisse laisser un demi-verre de vin sur la table, je ne comprends pas qu'on puisse dire "merci, ça suffit"... Comment peut-on se lasser d'une telle sensation ? Comment ne pas avoir envie de la ressentir plus longtemps ? Moi mon esprit ne fonctionne pas comme ça."
(Leo McGarry, A la Maison Blanche - 3x10 : Bartlet pour l'Amérique)

Bon, je vais être franche avec vous, je viens tout juste de découvrir l'existence des PRISM Awards, via la news du site Le plus en séries. Et encore, même là c'est un hasard, puisque je ne lis jamais ce site d'ordinaire (vu que je ne pratique pas les sites qui ne proposent que des news). Pourtant, le sujet me captive, mais enfin force est de constater que ce n'est pas l'award le plus discuté sur les sites et blogs consacrés aux séries. En tous cas, c'est comme ça que j'ai appris qu'il y avait d'autres personnes que moi qui trouvaient qu'on ne parlait jamais assez de personnages au comportement addictif. Vous voulez qu'on recompte le nombre de fois où je vous ai parlé de Rude Awakening ? Voilà, CQFD.

RudeAwakening

Pour ceux qui, comme moi pour le coup, manquent cruellement de culture, voilà un bref topo : les PRISM Awards sont remis aux œuvres traitant de la consommation abusive de substances comme l'alcool, les drogues, le tabac, les médicaments... Ce qui, en gros, constitue le cast de ma série idéale, si vous voulez. Il n'y a pas que les séries qui peuvent être récompensées, mais comme je suis téléphage avant tout (bien que je fasse des expériences), je vais faire comme si.

Donc comme toujours dans ces cas-là, j'ai fait un peu de lecture, histoire de rattraper mon retard, et je dois reconnaître que bien des séries récompensées font déjà depuis longtemps partie de mon tableau de chasse. Alors je vous ai préparé un petit florilège de mes vainqueurs préférés...

1997 - Winner
Une Maman Formidable - 4x12 : Un Noël mouvementé
Je ne pense pas avoir vu cet épisode mais il faut quand même dire que la série n'a jamais reculé devant les thématiques sur la boisson. Rappelons qu'à la base, l'héroïne Grace est une ancienne alcoolique, qui a cessé de boire quand elle s'est séparée de son ex-mari, qui la battait sous l'effet de la boisson. Oui, c'est un sitcom, pourquoi cette question ?

2001 - PRISM Commandation
Rude Awakening - 3x02 : Putain de soirée
L'absence de cette série dans le palmarès des PRISM Awards aurait été un scandale. Et pour avoir vu cet épisode, plusieurs fois qui plus est, je peux vous garantir que ça méritait franchement de gagner un trophée. Voir Billie s'engueuler avec son miroir dans la salle de bains, alors qu'un type l'attend dans la chambre pour s'envoyer en l'air afin de pouvoir gagner sa dope, franchement, tout le monde n'aurait pas osé. Faudrait que je me le revoie, cet épisode, puisqu'on en parle.
Titus - 2x19 : L'intruse
C'est pas forcément le meilleur épisode de la série. Et je pense qu'il y en a d'autres qui valent au moins autant sur cette thématique que ce petit épisode avec une ado mal embouchée. Je pense notamment à l'épisode d'intervention, au cours duquel la famille Titus tente d'aider le patriarche... à se remettre à boire. L'effet de cynisme fonctionnait bien mieux.

2002 - Winner
The Division - 1x22 : Dérive
Je n'ai pas encore abordé cette série ici (il faut dire que sa réputation discrète et ses diffusions rares n'aident pas), mais il y a bien des choses que j'avais aimée dans The Division, et notamment le personnage de Jinny, alcoolique notoire qui mettait régulièrement sa carrière voire sa vie en péril à cause de son addiction. Le personnage était un peu une Billie Frank sans l'humour, très touchante mais en même temps beaucoup moins facile à prendre en affection, ce qui est quand même vrai de la plupart des alcooliques, disons-le.

2005 - Meilleur arc - Winner
Jack & Bobby - La rentrée / Le discours de minuit / Frères ennemis
Ah bah, en voilà une autre de série méconnue et hélas trop peu traitée y compris dans ces colonnes. En plus, ça irait vite de se la refaire, cette série, je vais y repenser sérieusement, tiens. Il faut dire que tout un axe tournait autour du fait que la mère de Jack et Bobby avait du mal à se passer de son herbe, chose que même son fils adolescent ne vivait pas aussi bien qu'on le croit. Ce n'était pas tant la qualité d'écriture de cet axe que la prestation de Christine Lahti qui impressionnait beaucoup. Non mais vraiment, plus j'y pense plus je me dis que je vais ptet me refaire une cure de Jack & Bobby.
Le Protecteur - Hallucinations / Amende honorable
Avant The Mentalist, il y avait Le Protecteur. L'acteur principal était tout aussi bon à baffer, mais au moins ça s'expliquait par le scénario, puisque Nick Fallin était pris la main dans le sac de dope dés le pilote, et ce petit avocat riche se trouvait à prendre en charge des affaires pro bono pour le service de l'enfance de la ville. Je me souviens avoir dévoré cette série sur TF1, et avoir eu plusieurs fois des envies de meurtre à cause de ce crétin de Nick, complètement apathique. Mais le fait est que du coup, son addiction était un acte fondateur de la série et de nombreuses intrigues personnelles.

2006 - Meilleur arc - Winner
Reba - Help Wanted / Hello, my name is Cheyenne / Where there's smoke / Best lil'l haunted house in Texas
Outre plusieurs mentions, la série a remporté en 2006 une victoire méritée. L'axe de l'alcoolisme est d'autant plus impressionnant que Reba est un sitcom familial qui très souvent (même si pas toujours) se cantonne au politiquement correct, avec des intrigues classiques et un dénouement où tout est bien qui finit bien. Et là, Cheyenne qui devient alcoolique, vlan. C'est du lourd. Et si au début, la série a réagi par l'humour, au final le traitement a bien mérité cette récompense.

2008 - Meilleur arc - Nomination
Rescue Me - Coups de blues / Les héros du 11 Septembre / Amende honorable / Dieux et fantômes / Un match, une vie
Il est difficile de parler d'alcoolisme sans mentionner Rescue Me ! Je n'ai pas encore vu ces épisodes (mais maintenant que j'ai le DVD ça ne devrait plus tarder) mais je ne doute pas, s'ils sont dans la même veine que ce que j'ai déjà vu, qu'ils retranscrivent des problématiques sur l'alcoolisme de façon très honnête.

2009 - Meilleure performance dans un drama - Winner
The Cleaner - Benjamin Bratt
Sincèrement, je suis déçue. The Cleaner, bien qu'ayant parfois reculé devant l'obstacle, a quand même le mérite d'avoir fondé une série toute entière sur le principe de l'addiction et de la façon dont on peut s'en libérer. Ou tout du moins essayer. L'effort est colossal, même si légèrement opportuniste venant d'une chaîne qui diffuse en parallèle de la real tv sur le même sujet. En tous cas ça méritait plus qu'un simple coup de chapeau à Bratt. Pour 2010, The Cleaner n'est nommé que pour un épisode (cf. Le plus en séries). C'est pas normal non plus...

TheCleaner

Vous aurez noté que pour une ou deux récompenses attribuées ("winner"), les PRISM Awards soulignent aussi d'autres efforts ("PRISM commandation"), moindres mais notables tout de même, et régulièrement on trouve des séries comme Les Anges du Bonheur ou Promised Land dans ces citations, ce qui n'étonnera que ceux qui n'ont pas encore lu mon plaidoyer pour réhabiliter ces deux séries, dont pour une fois on va se rappeler l'existence. Urgences a également été de nombreuses fois cité par les PRISM Awards, à raison puisqu'entre les patients et les intrigues de Carter ou Abby, on peut dire que la série a su explorer cette thématique plusieurs fois, avec le talent qui était le sien.
Récemment, j'ai eu envie de redonner sa chance à Saving Grace qui m'avait déçue, mais bon, le temps passe et parfois on change d'avis, ou simplement on est plus réceptif. Vais ptet m'occuper de revoir ce pilote quand j'aurai fini ma rétrospective Jack & Bobby...?

Mais globalement, les séries qui abordent plus spécifiquement ces problèmes d'addiction sont souvent en bonne place parmi mes préférences. En fait, je crois que si je suis sensible à ce sujet, c'est essentiellement parce que je m'y retrouve ; d'une addict des séries aux addicts de séries, il n'y a pas loin, après tout...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (comme moi avant de me pencher sur le sujet) : la liste des gagnants des PRISM Awards.

18 février 2010

Le théorème de "pas encore ?!"

Parenthood

Ça fait des semaines, voire des mois, que tout le monde anticipe l'arrivée de Parenthood... eh bien moi, ça ne commence à prendre que maintenant. Et encore : très lentement. Peut-être que j'ai arrêté d'avoir hâte que telle ou telle série commence. Peut-être que ne plus suivre de très près l'actualité des projets fait que je ne suis plus dans cette boucle où la première news crée une attente qui est entretenue par les suivantes. Peut-être tout simplement que je n'ai plus la moindre confiance dans les pitches.
Toujours est-il que Parenthood, c'est une nouvelle série comme une autre, un pilote que je pourrai bientôt découvrir, comme je le ferais de toutes façons.

Mais déjà, quand Nick a publié les affiches de promo, j'ai commencé à me dire : "tiens mais au fait, c'est que ce serait presque alléchant, c't'affaire !". Drôles, tendres, bien pensées (bien qu'assez éloignées de mes préférences en la matière) ces affiches ont titillé un peu ma curiosité, je suis bien obligée de le reconnaître. Ce qui tombe bien, c'est leur objectif.
M'enfin bon, l'échéance paraissait encore lointaine.

Et puis, quand j'ai ajouté la date du series premiere dans mon petit "Pilot Watch" (z'avez ptet remarqué ce ptit truc récemment ajouté dans la colonne de droite et qui permet de garder un oeil sur les prochains pilotes que je vais dévorer), j'avoue que ça m'a quand même fait un petit quelque chose. Tout d'un coup, le pilote semblait approcher à grands pas. Et j'ai commencé à me dire que cette échéance qui se rapprochait, c'était quand même drôlement chouette.
En d'autres termes, j'ai commencé à anticiper l'arrivée de Parenthood.

Ce n'est pas non plus comme si j'avais eu une révélation quant à l'existence de ce projet. J'ai beau ne pas me frotter à l'actualité de trop près, j'étais au courant de l'arrivée de cette série, j'étais au courant des soucis autour de la santé de Maura Tierney, j'étais au courant de son remplacement par Lauren Graham... Mais je pense que ce qui a participé à l'effet de surprise, quelque part, c'est de voir tous ces visages connus sur les affiches de promo.

Lauren Graham, Peter Krause, Monica Potter, Craig T. Nelson, Bonnie Bedelia, Erika Christensen, Mae Whitman... plein de visages connus (certains plus que d'autres, certes).

Il s'avère que j'ai un théorème personnel sur les acteurs qu'on connait bien et qui se retrouvent en nombre dans une série. Ce n'est pas un théorème infaillible, loin de là, mais enfin, régulièrement elle me donne des preuves de sa justesse, et bien qu'il arrive que le contraire aussi se produise, je garde la conviction que mon théorème est juste. Ledit théorème est donc le suivant :
Quand une nouvelle série est lancée, plus il y a d'acteurs qui ont précédemment connu la gloire dans des séries, plus il y a des chances que la série se plante.

Un casting prestigieux ne me semble jamais être un gage de réussite. Je veux dire : un acteur de renom, bien. Deux, bon, passe encore. Mais les 3/4 du générique, c'est mauvais signe d'office.
Ma conviction, c'est qu'à toutes autres caractéristiques égales par ailleurs, entre deux séries, celle qui a le plus de chances de tenir bon, c'est celle qui a un casting majoritairement peuplé d'inconnus.

Alors après, quand je dis inconnus, je ne veux pas forcément dire que les acteurs sont des débutants qu'on n'a jamais vu ailleurs. Mais il faut que la majorité d'entre eux n'ait pas eu de rôle marquant jusque là. Les rôles précédents étaient des seconds rôles, ou des guests ; et plus le CV est chargé de premiers rôles antérieurs dans des séries ayant marqué les esprits, plus c'est mauvais signe.
J'ai l'impression persistante (mais là encore ce n'est peut-être qu'une impression ; reste que je ne peux m'en défaire) qu'un casting composé de personnes ayant marqué les esprits est une sévère entrave à la réussite d'une nouvelle série. Une nouvelle série doit révéler des talents inconnus de la majeure partie du public. C'est à la fois sa vocation et sa meilleure chance de survie.

Alors quand je vois Peter Krause et son omniprésence à la télé ces dix dernières années (Six Feet Under, The Lost Room, Dirty Sexy Money), Lauren Graham et son front estampillé Gilmore Girls (d'ailleurs dés qu'on lit un article sur Parenthood, c'est terrible, le nom de Lorelai Gilmore revient instantanément quelque part dans le texte), Monica Potter qu'on a vue absolument partout (Boston Justice, Trust Me...), je réprime un frisson.

Parce que, facteur aggravant s'il en est, mon petit théorème se complète d'un axiome complémentaire : plus l'acteur a été vu récemment à la télévision, plus c'est dangereux.
Quand on est un acteur de télévision, il faut savoir faire profil bas pendant une saine période de temps, se faire oublier, et ensuite revenir dans la course. C'est aussi pour ça que Dieu a inventé le cinéma, le théâtre, les apparitions en guest et les économies à la banque : pour laisser passer un peu de temps. C'est la seule option qui permette encore de sauver les meubles : adopter la technique dite "Richard Dean Anderson", et laisser passer quelques années ou une décennie (idéalement deux) sans se faire remarquer avant de reprendre un rôle principal. Et entre MacGyver et Stargate SG-1, la magie de l'axiome complémentaire avait opéré, et personne n'avait l'impression persistante de voir Angus franchir la porte des étoiles en treillis (et c'était, du coup, pas du tout choquant de le voir se servir d'une arme).

Et c'est ça le secret.
Parce qu'autant au cinéma, c'est fatiguant de voir toujours les mêmes, mais pas dangereux pour le succès d'un film, autant repointer le bout de son nez dans un rôle important à la télévision dés qu'on a quitté le précédent, c'est mission suicide pour les audiences.

Il ne faut pas oublier que la caractéristique principale de la télévision, c'est le long terme ; du moins est-ce la règle générale, mettons de côté les annulations intempestives pour les besoins de la démonstration.
Donc, on s'invite non pas 1 fois 1h30, mais 15 ou 20 fois 1h00 dans la vie du spectateur chaque année. Dans l'esprit de celui-ci, il n'y a plus du tout de différence entre le personnage et l'acteur. L'un est nécessairement identifié à l'autre (d'où les acteurs qui se font appeler dans la rue par le nom de leur personnage, ou les cris d'orfraie des spectateurs quand un même personnage est recasté pour remplacer son premier interprète, à raison d'ailleurs). Indissociables pendant plusieurs années !

Puis, la série s'arrête. Le spectateur en regarde d'autres. On ne lui rafraîchit plus la mémoire toutes les semaines à la même heure. Petit-à-petit, les personnages ont le droit à l'oubli. L'acteur a le droit de prendre une seconde peau. Lentement, très lentement. Surtout ne rien brusquer ! Attendre encore. Faire autre chose. Ne pas raviver le souvenir. Tout changer, ou tout faire ailleurs.
Et là, seulement là : revenir.

C'est à ce seul prix qu'une série avec le casting de la trempe de Brothers & Sisters (que Parenthood, dans la configuration de cast, me rappelle beaucoup) peut réussir à ne pas éveiller chez le spectateur un lourd sentiment de "ah non, pas encore ?!". Avec la technique "Richard Dean Anderson", et une saine dose de visages inconnus (ingrédient que Parenthood ne me donne même pas l'impression d'avoir).

J'ai un mauvais pressentiment sur cette série, et je ne souhaite que de me tromper.
Mais je suis désolée, pour Lauren Graham, et pire encore, pour Peter Krause, il n'y pas encore prescription.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Parenthood de SeriesLive.

17 février 2010

Anatomy of Despair

"Maman, où on va après qu'on est mort ?
- On va au ciel mon chéri.
- C'est là où mamie est allée ?
- Exactement, c'est là où mamie est allée.
- Et où est-ce que Mistigri il ira quand il sera mort ?
- Eh bien, il ira au ciel aussi.
- ...Maman ?
- Oui ?
- Et les pilotes, ils vont où après leur mort ?"
On n'a pas toujours toutes les cartes en main, dans la vie, pour répondre aux interrogations les plus importantes, mais les mamans répondent à beaucoup de ces questions, avec patience, il faut le dire.
Mais il faudrait avoir une maman qui travaille à Hollywood, je suppose, pour obtenir la réponse à cette question précise.

AnatomyofDespair

Il y a environ une dizaine d'années, quand ma téléphagie s'est déclarée et que tous les médecins ont admis qu'on ne pourrait rien faire pour m'en guérir, j'ai commencé à me prendre de passion pour les pilotes. Je voulais avoir vu, autant que possible, au moins un épisode de chaque série. Et si cet épisode pouvait être le pilote, c'était encore mieux. C'est comme ça que j'ai commencé, avec mes magnétoscopes de l'époque, à enregistrer tous les pilotes que je pouvais. Ce n'était jamais assez. J'ai mis à contribution le magnétoscope de mes parents, celui de mes amis. Ce n'était pas assez. Il y avait toujours des pilotes qu'on loupait et des chaînes qu'on n'avait pas. L'abomination absolue. Louper un pilote. Alors que c'est pourtant pas compliqué de programmer un putain de magnétoscope et que si tu m'avais laissé venir le programmer ce matin à 5h00 avant d'aller en cours, on n'en serait pas là.

Alors il a fallu apprendre à admettre que, non, je ne verrai jamais le pilote de toutes les séries du monde (et songez qu'à l'époque, je ne savais même pas qu'il existait des dorama !).
Ce qui ne devait pas être une raison pour ne pas voracement me jeter sur les Screenings (à une époque où les Screenings de SerieClub proposaient des pilotes que je n'avais pas eu trois fois le temps de cagouler déjà, et à supposer que quelqu'un dans mon entourage ait SerieClub).

Mais c'est quelque chose que j'ai appris à gérer ; plus ou moins.
Et quand je ne le peux pas, je lance Google et je cherche assidûment un pilote que je n'ai jamais pu voir et qui me fait envie, et parfois je tombe dessus, et souvent non, je me dis que je réessayerai dans quelques mois. Mais globalement, cette façon d'accepter qu'on ne peut pas tout regarder est le fruit d'un long travail sur moi ainsi que de la fréquentation assidue des AA (les Appeurs Anonymes), où j'ai appris la prière du Téléphage dont j'ai déjà parlé et que, j'en suis sûre, vous connaissez tous par cœur.

La seule chose que j'ai encore du mal à admettre, ce sont des pilotes comme ceux de Pretty Handsome ou Faceless qui m'y ont conduite : il existe, là-dehors, des pilotes qui existent sans qu'il n'y ait jamais eu de second épisode.

Maintenant, soyons clairs. Ce qui me pose question, ce n'est pas vraiment de savoir pourquoi ces pilotes n'ont pas réussi à aboutir sur une série. Je me doute qu'il y a des raisons à cela, d'ordre économique principalement, et même si elles sont regrettables, je les admets, je trouve cette force.
Ma question est d'un autre ordre, mais je dois dire que cycliquement, ça me torture franchement.
Je n'ai jamais rien lu à ce sujet. Pas la moindre ligne. Je suis peut-être passée au travers, cela dit, mais reste que, sur toutes les choses qu'on sait sur l'industrie télévisuelle, celle-là reste une grande et douloureuse énigme.

Où vont les pilotes après leur mort ?

Revoyons l'action au ralenti : un mec écrit un script pour un pilote (plus vraisemblablement plusieurs mecs). Une chaîne donne le feu vert pour tourner un pilote à partir de ce script. On procède à un casting. On construit des décors. On fait signer des contrats. On embauche du personnel technique. On tourne une scène, puis une autre, et encore une autre. Et au final on aboutit à un épisode complet.
Complètement complet, j'insiste.
Le pilote est regardé par plusieurs intervenants : le showrunner, des représentants de la chaîne, et peut-être aussi un panel de test ? Toujours est-il que ce pilote existe. Et que ce n'est qu'après l'avoir vu qu'il est décidé de ne pas poursuivre l'aventure.

Alors, où va ce pilote après sa mort ? Quelques hypothèses :
Est-ce qu'il y a une sorte d'INA qui récupère le corps, l'embaume et le conserve dans une urne quelque part ?
Est-ce que chaque mec qui a participé à l'écriture du script a droit à sa petite copie post mortem, pour se rappeler pourquoi il a bossé pendant plusieurs mois pour peau de balles ?
Est-ce que la chaîne récupère le cadavre et planque l'enregistrement là où personne ne viendra copier la bonne idée qui se cache peut-être là-dedans ?
Est-ce que ça se revend ? Est-ce qu'il y a des collectionneurs de pilotes morts et empaillés ?

Chaque saison, 1% des pilotes écrits sont tournés. Et parmi les pilotes qui sont réellement filmés, une poignée à peine trouve le chemin de nos écrans. Vous vous rendez compte du nombre de pilotes qui se baladent dans la nature ?!

Parfois, au milieu de la nuit, je me réveille en sueur, à l'idée que quelque part, il existe un enregistrement du pilote d'Anatomy of Hope. Et je reste là, haletante dans le noir, les yeux arrondis par l'horreur, incapable de trouver le sommeil. Il y a un putain de pilote pour Anatomy of Hope ! Là, dehors ! Et pour des dizaines d'autres séries ! Et impossible de mettre la main dessus ! On ne saura jamais ce que ça vaut ! On n'en verra jamais la moindre image ! JAMAIS !!!

J'ai demandé à ma maman. Elle ne sait pas où vont les pilotes après leur mort.
Mais moi, je n'en dors pas.
Quelqu'un a une maman mieux informée que la mienne ?

5 février 2010

Promo-ted

Depuis quelques semaines, j'ai développé un nouveau fétiche télévisuel. Rien qui ne puisse choquer votre maman, ne vous inquiétez pas. Mais à force de chercher pour SeriesLive des photos pour compléter les fiches, j'ai commencé à comprendre pourquoi parfois, les "promo posters" pouvaient avoir de l'intérêt, question sur laquelle je ne m'étais jusqu'alors jamais penchée, sans doute parce que je m'efforce généralement de ne pas me laisser toucher par la promo précédant l'arrivée d'une série, et qu'ensuite, plus personne ne voit l'intérêt de faire tourner lesdits posters 6 mois après que la diffusion ait commencé.
Ainsi donc, je suis devenue, quasiment du jour au lendemain, un excellent public pour les posters promotionnels.

MAIS ATTAFION ! Il ne faut pas que ce soit du n'importe quoi, une photo prise à la va-vite, un truc tout con. Trouver une photo sympathique de Lost pour le post On Air d'hier n'a par exemple pas été une sinécure (et comme vous pouvez le constater, j'ai abandonné l'espoir de trouver une photo de promo qui soit originale, sachant que je voulais éviter de vous fourguer la cène pour la 712e fois). Il y a des séries qui font vraiment leur promo comme des cochons. Alors je me suis dit que j'allais vous proposer un florilège des promo posters que j'ai vus jusqu'à présent, sachant que d'une part, j'en oublie forcément, et que d'autre part, je ne prétends pas avoir vu tous les promo posters de la Création.

Généralement, mes promos préférées relèvent d'un travail à la fois sur la forme (jeu de couleurs, perspectives, etc...) et la façon de mettre en avant le concept de la série ou la personnalité des protagonistes présentés. Un truc tout joli pour la gloire, ça ne me fait ni chaud ni froid. Il faut que ça m'évoque quelque chose en lien direct avec l'histoire de la série.

Rien ne m'énerve plus que de rassembler les acteurs dans un décor (ou pire, dans un studio quasiment nu) et les faire prendre la pose sans rien en tirer d'autre qu'une espèce de photo de classe à 20 000$ le tirage (au bas mot). Jeu auquel j'ai remarqué que la plupart des séries criminelles étaient très douées... par exemple je n'ai pas pu trouver un seul poster promotionnel de NCIS qui vaille la peine que je pose les yeux dessus. Desperate Housewives a fait des tentatives mais en général ça reste quand même dramatiquement basique, voire carrément laid. Parmi les mauvais élèves, j'ai aussi envie de citer V New Gen (trop littéral), Flash Forward (franchement décevant) ou encore Heroes (ce qui me semble être un comble).

Mais plus encore, pour me séduire, il faut que l'infographie s'en mêle. Dans le domaine du poster promotionnel, il faut user et abuser des filtres, avoir la main lourde sur l'outil brush, et/ou rajouter des éléments improbables. C'est un peu maintenant ou jamais.

Exemple :

Bof...   Voui !
PromoPoster_DrHouse_Non   PromoPoster_DrHouse_Oui

Il est bon de noter que j'ai sciemment pris pour exemple Dr House, dont les posters promo sont de façon quasiment constante extrêmement bons. Mais je suis certaine de ne rien vous apprendre...
Passons donc à mes favoris... Et comme dirait Nakayomi : en cliquant, c'est plus grand.

The Riches
(je n'ai pas résisté à l'envie
de la mettre sur la fiche de SeriesLive,
même si le format imposé, 300*200px,
ne se prête pas forcément à un rendu optimal)
  PromoPoster_TheRiches
 
Scrubs
(là aussi très constant dans la qualité
de ses promo posters en général)
  PromoPoster_Scrubs
     
Nurse Jackie
(tellement bon que j'en ai fait
mon très à propos fond d'écran au boulot.
J'aimais déjà énormément celle qui sert
désormais de cover au DVD)
  PromoPoster_NurseJackie
 
Better Off Ted
(comme je l'aime beaucoup,
vous avez déjà pu le voir ici)
  PromoPoster_BetterOffTed
 
Nip/Tuck
(certaines sont plus réussies
que d'autres, trop vulgaires.
Celle-là, elle l'a.)
  PromoPoster_NipTuck
     
Dexter
(bien plus efficace que celle
avec le jus de fruit !)
  PromoPoster_Dexter
     
Weeds
(je préfère cette campagne
aux promos de type pin-up, qui,
bien que réussies, sont peu originales)
  PromoPoster_Weeds
     
Friends
(c'est un peu plus vieux,
mais c'est un classique !
Je me demande si Friends
n'a d'ailleurs pas été le précurseur
en la matière ?)
  PromoPoster_Friends
   
Chuck
(je ne suis pas fan de la série,
mais là ça donne envie !)
 

PromoPoster_Chuck

Ce ne sont que quelques unes parmi tant d'autres, évidemment, des affiches qui ont attiré mon regard, mais ce sont certainement les meilleures. Mais la présence majoritaire de séries du câble dans ce petit best of ne peut pas non plus être un hasard. Probablement que les séries les plus originales sur le fond ont plus de chances de l'être également sur la forme ?

En tous cas, si vous en connaissez d'aussi sympas, n'hésitez pas à faire tourner en mettant les liens en commentaire !

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4 février 2010

Et le monde devient une île

Lost_Final

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Lost de SeriesLive.

1 février 2010

A mile in someone else's sofa

Lorsque je m'apprête à découvrir un pilote, ma technique est essentiellement la suivante : j'évite les trailers autant que possible (c'est de plus en plus souvent vrai), je ne lis aucune review avant d'avoir moi-même visionné l'épisode, je regarde le pilote, je me fais une opinion (c'est pendant cette phase que je rédige mon post s'il y a lieu), et ensuite, j'entame la phase de lecture.
Et plus la série me plaît, plus je lis. Dans le cas d'un Spartacus: Blood and Sand, mettons, au plus deux blogs suffisent (oh, maximum ; vraiment !). Dans le cas de United States of Tara, ce serait plutôt le contraire, il n'y a jamais assez d'opinions à confronter à la mienne.

Mathématiquement, il est donc logique que du coup, plus je lis d'opinions plus j'ai de chances de sortir de la sphère téléphagique dans mes lectures. Et c'est alors que j'épluche les avis des non-téléphages, ceux que j'appelle les télambdas, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas trop passionnés, ni caricaturalement benêts, le type de la rue en fait ; comme vous et moi mais avec une vie en-dehors de son écran, quoi.

Parfois je tombe des nues. Parfois je trouve ça rassurant. Parfois je découvre des points de vue auxquels je n'aurais jamais pensé. Mais c'est toujours intéressant, en définitive, de voir ce que peuvent penser les gens qui ne baignent pas dans nos références et nos exigences d'habitués. Il faut juste prendre l'habitude de ne pas penser qu'on a raison, et essayer de s'ouvrir à la possibilité que tout le monde ne pense pas comme nous, même si devant certaines réactions qui nous semblent incongrues, c'est parfois une certaine forme de sport cérébral !

Prenons un exemple... tiens, Nurse Jackie ; j'étais hébétée de lire les réactions sur des blogs d'infirmières. La plupart étaient absolument outrée par le portrait que Jackie faisait de la profession. Jamais je n'avais lu, dans les commentaires, une suite aussi ininterrompue de retours négatifs sur la série, voire carrément agressifs.
Comme vous le savez probablement, j'adore Nurse Jackie, mais ce n'était pas vraiment le problème. Le problème, c'est que ces exclamations vexées me semblaient totalement à côté de la plaque. Précisément parce que les télambdas ne comprennent pas forcément l'intérêt d'une série télé : il ne s'agit pas d'un publi-reportage, on n'y fait pas la promo ou la critique d'un métier. Nurse Jackie, c'est le portrait d'une femme qui est infirmière, pas d'une infirmière qui les représente toutes, et si ça me semblait si évident, ça ne l'était pourtant pas pour ces infirmières elles-mêmes, qui se sont senties attaquées.

Dans ce genre de cas, la téléphagie, c'est aussi ça. C'est essayer de se mettre à la place d'un personnage, et puis aussi, une fois de temps en temps, de se mettre dans le sofa d'un autre spectateur, et imaginer son ressenti.
Les infirmières avaient vu quelque chose qui m'avait échappé : Jackie est un mauvais exemple d'infirmière. Et ça m'avait échappé parce que Jackie est, à mes yeux, un excellent exemple d'être humain.

Dans le cas de United States of Tara, que j'évoquais plus haut, j'ai lu bien des critiques (et si vous vous souvenez, le pilote m'avait laissée dubitative), mais celle qui m'a le plus frappée, c'est celle d'un blogueur anglophone qui à l'issue du second épisode constatait : "It's becoming clear that this show is going to use its extreme (and impossible!) premise as a parable illustrating that all families are crazy in their own way, not just ours". En d'autres termes : il devient clair que cette série va utiliser ses prémisses extrêmes (et impossibles !) comme une parabole illustrant que toutes les familles sont folles à leur façon, et pas juste la nôtre.
L'auteur s'appuyait pour cela sur le générique, et notamment les paroles "I know we'll be fine, if we learn to love the ride" (paroles que j'avais interprétées comme faisant référence au travail de Tara pour se trouver elle-même au milieu de toutes ces identités).
Devant une telle lecture, je suis restée sur ma chaise, les bras ballants et la mâchoire sur le clavier. Il ne m'a en fait jamais semblé que la série tournait autour des liens familiaux. Elle tourne avant tout autour de Tara, de ses problèmes, et ensuite de la façon dont ça rejaillit sur sa famille. Il ne s'agit pas de démontrer quoi que ce soit, mais de... profiter du voyage aux côtés de Tara. C'est fou que quelqu'un ait vu ça dans les mêmes images que j'ai regardées.

Ce genre de lectures a souvent pour effet premier de nous faire nous exclamer : "mais... on a regarder la même série ?!", quand, en fait, il faudrait simplement dire : "on a regardé la même série, mais avec des yeux différents". Et ça rend le visionnage, finalement, encore plus enrichissant, si l'on en fait l'effort.

TelephagicDID

28 janvier 2010

Plaisant mensonge

C'était un bien plaisant mensonge, comme il en existe beaucoup. J'avais très envie d'y croire.

Il y a un an et demi maintenant, j'ai passé un concours pour entrer dans la fonction publique. Je n'avais d'yeux que pour la sécurité de l'emploi. Le reste m'importait peu. Je n'avais pas de plan de carrière, d'ailleurs. Je voulais juste réussir le concours afin de continuer à travailler après mon CDD de l'époque. C'est dire si je n'avais aucune intention d'entrer en politique.

Et pourtant, c'est ce qui s'est produit. J'ai passé le concours avec un succès suffisamment net pour que j'aie le choix de mon affectation. Alors j'ai pensé à entrer dans un cabinet ministériel, parce que je me disais que ce serait un sacré challenge. Ce serait l'endroit idéal pour travailler dur, constamment dans l'urgence, et être entourée de personnes intelligentes au-delà de toutes mes espérances. Travailler dans un contexte stimulant, même quand on n'exerce pas la profession dont on aurait rêvé, ça parait assez parfait, quand même !

Avec le recul (vous allez voir où je voulais en venir...), je réalise que le modèle de cabinet que j'avais dans la tête, c'était celui d'A la Maison Blanche. Et moi, l'assistante, j'allais pouvoir y incarner Donna. Non, attendez, pas Donna. Trop de promiscuité avec le patron. Trop étourdie. Disons plutôt Ginger. Oui, voilà : je serais Ginger ! Ce serait formidable d'être Ginger ! J'avais hâte d'être Ginger.

TheWhiteLie

Quelques mois plus tard, j'ai pris mes fonctions. Et ma vie n'avait rien de commun avec celle de Ginger. Ni avec celle de Donna, ou de Bonnie. J'avais intégré le service de presse du ministre, et je n'étais pas Carol non plus, d'ailleurs. Mes patrons n'avaient rien de Toby, Sam, Josh ou CJ. Et aucun ministre que j'ai rencontré n'avait quoi que ce soit en commun avec Bartlet.

Reality check : travailler dans un cabinet ministériel ne ressemble pas à A la Maison Blanche. Loin de là. Après avoir, en un peu plus d'un an (remaniement gouvernemental aidant), testé le travail au sein de deux cabinets ministériels (de taille, d'importance médiatique, et de fonctionnement différents), je pense pouvoir affirmer que ça n'a même rien à voir.

Et c'est ainsi que j'ai pratiqué ce qui restera probablement comme l'étude comparée téléphagique la plus pénible de mon existence.
Voici donc ce que j'ai appris :
Règle n°1 : les conseillers d'un ministre ne sont pas suprêmement intelligents. Évidemment ils ne sont pas franchement stupides, mais enfin, leur intelligence de flirte pas avec les cimes pour autant. Du plus politique au plus technique, aucun de ces postes ne requiert l'intelligence fine d'un Toby, par exemple (n'évoquons même pas Leo ou le Président). Si un conseiller a nécessairement un certain bagage éducatif (mais ils varient énormément de l'un à l'autre), au quotidien ça reste complètement invisible à l'œil nu.
Règle n°2 : dans un cabinet ministériel, conseillers ne travaillent pas très dur. La première des raisons en est qu'ils ne travaillent pour ainsi dire pas. 90% de leur temps est consacré aux contacts à l'intérieur et à l'extérieur du cabinet. De toutes façons un conseiller ne produit rien, ça c'est l'affaire des assistantes (à l'exception de la rédaction des discours, quand même). Les rapports, les notes, et même dans une certaine mesure, les textes de loi, ne sont pas rédigés par eux. Dans le meilleur des cas, ils synthétisent des documents venant de directions ou d'organismes techniques spécialisés. Mais très souvent aussi, le secrétariat a une bibliographie (composée d'ouvrages techniques, de notes administratives antérieures, de rapports téléchargés sur internet...) soigneusement truffée de post-it et de marques à recopier et compiler, dans un document que le conseiller appellera ultérieurement sa note, son rapport, ou sa thèse lorsqu'il apposera son nom dessus. On imagine le stress que cela engendre.
Règle n°3 : on ne travaille pas vraiment dans l'urgence, quand on est conseiller dans un cabinet ministériel. Il y a évidemment quelques coups de bourre de temps à autres, mais ça relève plus de l'exception que d'autre chose. Pas de stimulation due aux deadlines, pas d'adrénaline, rien. Les conseillers ont un rapport au temps très particulier qui explique cet état de fait : au moment où parait au Journal Officiel leur nomination à leur nouveau poste, ils sont déjà en train de se demander à quoi ressemblera le prochain. Et quand je dis "à quoi il ressemblera", je veux en fait dire "offrira-t-il plus de prestige ainsi que la paie qui va avec". Avec un remaniement tous les quatre printemps ou presque, le conseiller a la conviction qu'il ne passera pas plus de 6 mois à 1 ans à son poste s'il mène bien sa barque (et si son ministre de tutelle ne déplait pas au prince). Ce qui explique que son temps soit employé à entretenir ses contacts et non à travailler d'arrache-pied.

Telle est, mes amis, d'après mes observations, la dure réalité d'un cabinet.
Oh, vous allez me dire : oui, mais tu n'as pas vu le cabinet du Président ! Eh bien allez-y, allez donc voir, vous viendrez me raconter...

Je n'ai jamais imaginé qu'il pouvait exister un Président comme Bartlet. Il n'est pas réaliste en cela qu'il est trop idéal pour exister réellement. Je n'en ai jamais douté. De la même façon que je n'ai jamais pensé qu'un Josh insolent puisse vraiment exercer son talent pour le sarcasme sans mettre un peu d'eau dans son vin, ou qu'un Toby ne serait pas toléré dans les cercles politiques avides de courbettes.
Mais regarder A la Maison Blanche pendant des années m'avait tout de même laissé espérer qu'on pouvait travailler selon un certain idéal de travail acharné, de volonté de bien faire, et d'intérêt pour le sujet.

Les conseillers de Bartlet s'intéressaient au fond de leur dossier, au sens qu'il était possible de leur donner. Mauvaise nouvelle, je n'ai pas assisté à cela ne serait-ce qu'une seule fois. Et plus le temps passe, plus je pense à cette série, et ça me fait mal au coeur qu'on m'ait menti à ce point-là.

C'était un bien plaisant mensonge. J'avais oublié que c'est là la définition d'une fiction.

27 janvier 2010

Urban legend

On m'a raconté qu'il existe une série sur la vie de trentenaire. Sur les doutes, les regrets, les choix. Il s'avère que je sais de source sûre que l'ami d'un ami a pu voir cette série, et qu'il l'a adorée.
Et aujourd'hui, que m'annonce ma cagoule ? Que la première saison est là, et s'offre à moi.

Et je n'ose y croire. Je n'ose croire que cette série que je veux découvrir depuis maintenant 10 ans est là, offerte, disponible, à portée de téléphagie en somme, non, mon cerveau ne le conçoit pas tout-à-fait.

Il y a des séries que je rêve de voir depuis toujours, semble-t-il. Et au fond je me demande bien pourquoi puisque précisément je ne les ai jamais vues. Tout ce que j'en sais, je le tiens de lectures de livres, d'articles, parfois de blogs... de propos rapportés en somme. Mes espoirs sont fondés sur quasiment rien finalement. Pourquoi ai-je tellement l'impression que cette série, entre tant que je n'ai pas plus vues, m'est destinée ?
Pourquoi je retiens à grand'peine mes larmes rien qu'à voir les noms des fichiers sous mes yeux ?

Ce n'est pas le cast, je n'ai pas pour eux de tendresse particulière, et a contrario des spectateurs américains, je les ai connus par leurs rôles ultérieurs à cette série. Ce n'est certainement pas le look, mon Dieu, si nous ne devions savoir qu'une seule chose, c'est que le look d'une série des années 80 ne peut pas être à son avantage, et dans le doute vous pouvez consulter mon post tout récent sur St. Elsewhere pour le confirmer. Ce n'est pas non plus l'histoire, car tout ce que j'en sais, c'est ce que je vous ai dit dans le premier paragraphe.

Je suis là, tremblante devant mon chez moi informatique, parce que, tout simplement, quelques personnes qui font autorité ont dit que c'était bien. Elles ont dit un peu plus que ça, mais c'en est la synthèse, une synthèse parfaite, en somme, tout ce qu'il y a à savoir est contenu dans cet adjectif : "bien".
Ces personnes se rendent-elles compte de l'autorité qu'elles ont sur mon esprit de téléphage ? Les louages chantées au nom de cette série ont imprégné mon cerveau voilà une décennie maintenant, et font toujours de l'effet ? Ça parait impensable.

Après tout ce temps, aujourd'hui, après des années d'attente d'un DVD qui n'est jamais venu, après des mois de recherches sur divers sites, des semaines de cagoulage appliqué... aujourd'hui je peux vérifier par moi-même.

Et j'ai peur. J'ai peur parce que j'ai tellement attendu ce moment.

On m'avait dit que tu existais... et je vais le vérifier dans quelques instants, et ma main tremble sur la souris, et mon cœur palpite à cette idée, de cette palpitation typiquement téléphagique qu'on ressent quand on a trouvé le Saint Graal, disons jusqu'à la prochaine fois en tous cas, quand on a trouvé le moyen de regarder quelque chose qu'on pensait inaccessible à jamais, et que l'épisode est là, juste là !

Allez, cliquons sur PLAY. C'est l'instant de vérité.

thiryeverything

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche thirtysomething de SeriesLive.

22 janvier 2010

Dans la ligne de mire

Elle vous avait manqué ? Le soir, dans votre lit froid, vous vous retourniez sans trouver le sommeil, désespérant de sa disparition ? Ne perdez pas espoir : la première Twittereview de l'année se tiendra demain, soit le samedi 23 janvier, à 17h00 ! Pas tapantes, parce qu'on n'est pas des machines...

Vos deux revieweuses préférées s'attaqueront à Human Target, et comme de nombreuses Twittereviews avant elle, celle de ce samedi promet du saignant ! D'après ce que j'ai entendu dire, la série n'est pas aussi convaincante que prévu, ce qui fait tout-à-fait mon affaire quand on sait que les séries précédemment écorchées vives par nos soins ont été Make it or Break it ou HawthoRNe !

Comme toujours, mais en début d'année il est parfois bon de rappeler les bases, la Twittereview s'effectue en direct, sur Twitter (qui l'eût cru ?), par nos bons soins, sur la base d'un épisode que nous n'avons vu ni l'une ni l'autre, en l'occurrence ici, le pilote de Human Target, donc. Si vous voulez suivre nos réactions à chaud, au fur et à mesure, n'hésitez pas à nous suivre !

Twittereview_icon           Logo_bigger

Et si en plus, vous avez envie de vous joindre à nous, aucun problème ! Plus on est de fous, etc... Nous donnerons le compte à rebours pour que vous puissiez lancer l'épisode en même temps que nous !

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ladytelephagy
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