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ladytelephagy
27 juin 2010

Ça va devenir une habitude !

Après un article sur la télévision japonaise il y a quelques mois, en voici un sur la télévision coréenne. Vous savez quoi ? Je commence à y prendre goût, moi, à ces heures de recherches, de lectures, de traductions, de synthèses... Mais plus encore, je prends goût, je le confesse, aux commentaires des lecteurs qui indiquent qu'ils ont appris des choses nouvelles. Quand de surcroit ils complètent ces commentaires avec leurs propres connaissances, je suis aux anges.

Ce qui est aussi intéressant à mes yeux, d'un point de vue plus égoïste, c'est finalement que même si possède des bases pour faire ces articles, j'apprends aussi énormément rien qu'en approfondissant les recherches. C'est comme ajouter des fiches sur SeriesLive, ce qui pourrait sembler être un travail soit facile (parce que je connais le sujet), soit fastidieux (parce que je connais quand même pas tout par cœur), me permet au final d'en apprendre encore plus. C'est comme d'écrire sur ce blog quotidiennement, sur le long terme, c'est très satisfaisant de se pousser à aller toujours plus loin.

Bon alors, je vous avais bien dit que j'allais tenter des trucs et que je comptais sur votre soutien ?

AnnyongHasseyo_300x200
Annyong haseyo : la télévision coréenne pour les nuls

Pis attendez : j'ai déjà mes deux prochains articles en tête et croyez-moi, on a pas fini d'apprendre des trucs tous ensemble.
Je sais pas pour vous, mais je trouve qu'on est tous gagnants dans l'affaire.

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26 juin 2010

Qui aime la curiosité me suive !

Quand on parle du Japon, 80% des interlocuteurs pensent immédiatement kimono, shamisen et sushi (si ce n'est avec ces mots, c'est au moins vrai en images). Eh oui, 80% des gens sont convaincus qu'en-dehors des Etats-Unis et de l'Europe de l'ouest, la planète est restée bloquée au XIXe siècle ! Vous savez bien : les Africains tapent sur des tambours en peau, les Arabes se promènent à dos de chameau, les Mexicains portent des sombreros... J'ai envie d'appeler ça "l'inculture de masse", si vous voulez. Et être ignorant de l'actualité culturelle de ces pays et tant d'autres entretient l'ignorance globale.

Quand j'étais ado, il y a eu une grande vague de raï. Pour moi qui vivait dans une maison où on n'écoutait pas de musique et où le racisme était de mise, la mode musicale des Khaled, Cheb Mami et autres Faudel a été un phénomène observé à distance, mais avec intérêt et curiosité. Voilà, exactement : c'était vraiment une chose curieuse. Personne ne se trimbalait avec une tenue de touareg ou Dieu sait quel autre vêtement exotique. Les clips se déroulaient dans un milieu à la fois moderne et oriental. Les femmes ne dansaient pas nécessairement avec leur ventre. Beaucoup de sons m'étaient inconnus. A peu près à la même époque, Amina est arrivée 2e à l'Eurovision, et en dépit du visage écœuré de ma mère, il faut quand même bien admettre qu'on n'a plus jamais fait aussi bien.

Il y avait dans tout ça une leçon à apprendre sur le monde. Il avait évolué partout ; la musique n'était pas réservée à l'Occident. Les cours d'Histoire nous apprenaient qu'il y avait des pays industrialisés et d'autres non. Les cours de récré m'apprenaient que pour autant, nous vivions tous dans un monde où chaque pays avait une culture potentiellement accessible à tous. Nous vivions tous dans une ère de popculture, certaines moins accessibles que d'autres jusqu'au jour ou mystérieusement, on braquait les projecteurs sur la popculture d'un autre pays.

La mode du raï a faibli, mais jamais disparu. Dans toutes les FNUC que je fréquente, il y a un rayon dédié. Ca s'explique démographiquement, bien-sûr, mais je crois aussi que du jour où on a ouvert nos oreilles à cette musique, on a accepté que cette partie du monde entre dans notre quotidien.
Avec cette mode du raï, on a accepté de voir que d'autres cultures avaient quelque chose à offrir, et pendant qu'on scandait "Aicha, Aicha, écoute-moi", on assimilait sans le savoir quelques bribes de réalité sur des pays lointains que la plupart d'entre nous n'avaient jamais vus. La popularité d'un produit culturel a permis d'atténuer les stéréotypes. C'était un début.

Je crois énormément en cela : un produit culturel comme outil pour aider la compréhension mutuelle des peuples.

C'est fou ce qu'on apprend d'un pays en regardant ses fictions, en écoutant sa musique. Nous sommes tellement imbibés de culture américaine qu'on ne se rend même plus vraiment compte de tous les codes culturels que nous avons ainsi assimilés comme étant différents, mais pas choquants. Et je dis tant mieux.

Quand je vivais avec mon ex, il y a quelques années, nous avions la chaîne musicale allemande VIVA dans notre bouquet. J'ai alors découvert des artistes allemands dont je ne suis pas nécessairement l'actualité aujourd'hui (quand ils en ont une), mais j'aime toujours certaines chansons que j'ai découvertes alors. Certains artistes anglophones étaient diffusés sur VIVA avant même que qui que ce soit en parle en France, c'est aussi comme ça que j'ai découvert les Sugababes et Delta Goodrem, dont là aussi quelques chansons font partie des mes classiques.
Deux ou trois ans plus tard, via un ami avec qui je partageais mon goût pour la musique japonaise, j'ai testé un peu popmusic russe (et pas que Tatu). Une amie m'a prêté le film Devdas et j'ai eu une période de cagoulage de clips indiens assez prononcée.

C'est toujours plus facile avec la musique. La musique pénètre mieux les foyers, du fait du nombre de radios et parce que la musique n'engage à rien (sincèrement, on diffuse certaines musiques populaires au Japon en club, je suis certaine que les gens n'y verraient que du feu et s'amuseraient tout pareil). Les films y parviennent plus ou moins, selon ce que propose le festival de Cannes et au gré du bon vouloir de quelques éditeurs courageux (notamment parce qu'engouffrés dans la niche des films asiatiques). Avec les séries c'est encore très compliqué et pourtant, on n'a jamais été aussi proches de repousser les frontières grâce à internet. Je ne vais pas vous ressortir mon couplet sur les bienfaits d'internet en matière de découverte téléphagique, j'ai dû vous le chanter des dizaines de fois ; dire que ce blog est une ode à la curiosité sans frontière et donc au cagoulage n'est pas exactement une exagération de la vérité.

Mais enfin, écoutez, moi, j'en ai marre d'être patiente. J'en ai marre d'attendre que les télévisions se bougent pour nous offrir ce qui tombe sous le sens. Je suis pourtant pas une consommatrice exigeante : je veux qu'on m'apporte ce qui existe déjà, et se vend déjà... mais ailleurs. C'est pourtant pas compliqué d'acheter des trucs et de les diffuser.

Alors je vais vous dire : j'ai entendu dire par mes cours de marketing, il y a quelques années, que le marché est dominé par la loi de l'offre et de la demande, et surtout, que la demande, ça se crée. Qu'à cela ne tienne.
Vous croyez que les manga qui dans une semaine vont faire ruer des hordes d'otaku à Japan Expo, ils sont arrivés en France parce qu'un beau matin, 150 000 personnes se sont réveillées en se disant qu'elles allaient jeter un œil à des BD éditées de l'autre côté de la planète ? Non, quelqu'un leur a apporté les outils, les videos, les supports papier, encore et encore jusqu'à ce que ça fasse tache d'huile. Un marché s'est créé parce qu'on a donné aux gens la possibilité d'être curieux, et sérieusement, je pense pas que les gens soient aussi cons que ce que les chaînes pensent, et qu'ils refusent d'être curieux. Pas tous.

J'ai envie de faire un pari. De dire : voilà, je vais essayer de me cultiver un peu, et ensuite de ne pas garder toute cette popculture nouvellement acquise pour moi, mais au contraire de faire tourner l'info. Au début ya trois clampins qui me suivront, puis ce sera dix, ce sera quinze, ce sera cinquante, et c'est comme ça que ça marche pour tout. Si j'arrive à cent, je suis contente. A 500 c'est champagne. A 1000 je fais péter la coke. Au-delà je loue la navette spatiale la plus proche et je vous emmène tous faire un group hug dans l'espace.

Vous me suivez ? Zêtes avec moi ? Dans les mois à venir, je vais tenter des trucs. Je compte sur vous, ok ? Que tous ceux qui sont curieux me suivent !
Et puis, pensez à tout le pognon qu'on pourra se faire dans 10 ans en organisant Telephagic Expo à Villepinte.


PasContents
Et si yen a qui protestent par allergie à la curiosité, envoyez-les moi.

24 juin 2010

Traveling without moving

Eh bah je sais pas pour vous, mais la semaine téléphagique va en s'améliorant. Si on met de côté certains téléphages eux-mêmes, et encore, que sont quelques abrutis sur la Toile (qui dit : "une majorité" ?), vraiment c'est une bonne semaine.

Non seulement j'ai continué à me gaver de sitcoms américains (les 3 mêmes), mais j'ai aussi pimenté mon menu avec du Japonais (j'ai donné une seconde chance au pilote de Chase, la vache ce qu'il est mou ce pilote, j'ai lutté pour le finir), du Coréen (Nappeun Namja, enfin, on y revient très vite), et...
...wait for it...
...DU MEXICAIN !

Ces semaines-là, le monde tourne dans le bon sens. Et on est que jeudi.

AroundtheWorld

J'aimerais tellement pouvoir faire ça plus souvent ! Je suis sûre que si j'avais les bonnes ressources, je pourrais. Avec les bons sites et peut-être les bons logiciels, je suis certaines que toutes les semaines pourraient être aussi cosmopolites que celle-ci.

Ce n'est pas la première fois que je tente des horizons nouveaux. Si vous suivez ce qui se passe dans les tags, vous verrez que j'ai parlé d'Arslaan et Kasamh Se (Inde), Diplomatic Immunity (Nouvelle-Zélande), Tumble (Australie), un paquet de séries japonaises et coréennes, et quelques occasionnelles séries canadiennes, britanniques et françaises, et franchement je me trouve en progrès depuis l'époque où je ne jurais que par la fiction américaine. Mais ce n'est pas assez. Ce ne sera jamais plus assez.

Évidemment, il y a le problème de la langue. J'ai beau avoir un certain goût pour les langues, je ne peux actuellement suivre qu'une série (doublée ou sous-titrée) en Français ou en Anglais. Mon Allemand n'est plus ce qu'il a été, mon Russe est rouillé, mon Japonais est balbutiant, et je n'ai jamais pris les cours de Suédois qui m'ont toujours fait envie.
Mais j'ai bon espoir : si les séries coréennes sortent avec des sous-titres anglais en DVD, il n'est pas exclu de trouver d'autres pays pour en faire autant. Il faut juste que je cherche mieux.

C'est ça : ça ne peut être qu'une question de persistance.

Mais en toute franchise, un coup de main de la part des diffuseurs et des distributeurs ne serait pas de refus.

19 juin 2010

I know what you'll do next summer

Pour 100 points : quelles sont les séries dont j'engloutis avec gourmandise les épisodes par pack de 2 par jour, minimum ? Le système est bien rôdé : je cagoule les épisodes par couples, et pendant que deux séries arrivent, j'en regarde une troisième. C'est juste parfait...
Allez, un indice.

SitcomGalore_TheMaryTylerMooreShow SitcomGalore_LesCraquantes SitcomGalore_WillandGrace

Si vous êtes vraiment nuls aux devinettes, ne vous en faites pas, la réponse est dans les tags, au bas de ce post.

Regardez-moi ça si c'est pas magnifique : trois décennies de sitcom. Il m'en manque juste une pour la décennie 2000, et ce serait parfait. Mais là bizarrement, les coups de cœur sont rares (d'un autre côté est-ce que je cherche vraiment ? Non, cette trinité est uniquement due au hasard, quand on y pense).

Je crois qu'une fringale comme ça, de trois séries en parallèle, c'est quand même inédit en ce qui me concerne. Je dépasse toutes mes espérances... Les médecins pensaient que je ne guérirais jamais de la téléphagie, ils avaient oublié de préciser que mon état allait empirer ! Et j'aime que les trois séries soient d'époque différentes, de contextes différents... en fait elles me semblent magnifiquement diversifiées pour me garantir un menu téléphagique sain et équilibré. Et il n'y a franchement pas de risque de les mélanger.

Mais le plus étonnant ça reste encore que je regarde non seulement trois séries d'un coup, mais surtout trois séries qui s'avèrent être du sitcom pur jus. Je pensais être blasée côté sitcoms, eh bah comme quoi faut jamais jurer de rien.

Toutes les trois partagent un grand sens du rythme, et surtout une alchimie parfaite entre les personnages. Je suis épatée par le côté vivant de la première (même quand on a l'habitude de regarder des vieilleries, il s'en trouve encore quelques unes pour nous surprendre et nous rappeler que non, c'est pas parce qu'une série est plus vieille que nous qu'elle va nécessairement être guindée et prévisible), la chorale parfaite de la deuxième (pour en être à finir la 5e saison, je pense qu'on peut dire sans se tromper que j'accroche vraiment sur les personnages), et les dialogues pétillants de la troisième (j'avais oublié à quel point, j'ai eu bien fait revoir le pilote l'autre jour, ça m'a motivée pour une intégrale, je me sens bien partie pour 8 saison, là).

Donc si quelqu'un peut me conseiller une série ayant commencé dans les années 2000 qui ait autant de charme, de malice et d'intelligence, moi je suis toute ouïe. En attendant, souffrez que je m'éclipse pour m'envoyer la fin de la saison de...
...euh...
Toutes.

Je pense qu'au vu de cette triple fringale, mon été est tout tracé.

15 juin 2010

Distances de sécurité

Moins de 3 semaines après avoir remis la main dessus, je m'aperçois d'un petit détail en apparence anodin : j'ai regardé le season premiere de la saison 3 de Rude Awakening cinq fois. Et il est en deux parties. Et je me suis refait un intégrale de la série dans le même intervalle. C'est peut-être rien pour vous, etc...

Non que le fait soit exceptionnel. Ma tendance à la monomaniaquerie, largement documentée dans ces colonnes, n'est plus à prouver, et ses manifestations vont de "ah tiens, si je regardais 5 saisons des Craquantes en deux mois" à "bien-sûr je pourrais regarder un inédit mais si je regardais plutôt le pilote de Pushing Daisies pour la troisième fois cette semaine ?", en passant par "je suis pas sûre d'aimer 30 Rock mais c'est pas ça qui va m'empêcher de regarder les 4 saisons pendant 3 jours où je suis clouée au lit". Et encore, dit comme ça, on aurait l'impression que c'est plus conscient que dans la réalité. Mais toujours est-il qu'il s'agit d'un cas relevant de la psychiatrie, je vous l'accorde bien volontiers et ne m'en suis jamais cachée.

Mais revoyons l'action au ralenti, si vous le voulez bien : dans la plupart des cas, il s'agit de regarder plusieurs épisodes différents d'une même série en une très courte période de temps. Pas toujours mais le plus souvent. J'appelle ça une fringale, et si les résultats peuvent être étonnants (les 4 saisons de 30 Rock en trois jours, c'est pas mal dans le genre, même pour une comédie), en revanche ils restent quand même relativement compréhensibles.
Or, regarder le même épisode encore et encore, ça, c'est quand même assez particulier. C'est tout juste si je ne reviens pas au début de l'épisode une fois le générique de fin achevé, oui, c'est à ce point, vous avez raison de me regarder comme ça.

Mais voilà : je ne le fais pas seulement avec des comédies, mais bien avec des séries qui ont sur moi un impact émotionnel fort pour quelque raison que ce soit ; en général il y a une forte corrélation avec d'une part mon attachement pour la série et d'autre part le contenu de l'épisode lui-même.
Et c'est là que je me demande comment ça se fait que la deuxième, la troisième, la quatrième fois que je regarde l'épisode, je suis toujours émue. A ce stade je suis surprise qu'il soit encore capable de m'émouvoir. A plus forte raison en si peu de temps.

Film

Plusieurs hypothèses.
Soit vraiment l'épisode est bon... c'est subjectif mais on va partir du principe que oui, puisque le premier visionnage m'a convaincue que l'épisode valait le coup d'être revu.
Soit je crée moi-même un cercle vertueux, au centre duquel j'entretiens une petite étincelle d'émotion que je revis encore et encore, cristallisant une affection pas tout-à-fait spontanée qui au bout de deux à trois rediffs ne l'est évidemment plus du tout.

Il y a pourtant des cas, et ils restent les plus nombreux je vous rassure, dans lesquels je n'ai pas envie de revoir un épisode dans l'immédiat. C'est pas un problème de suspense (je regarde très peu de séries reposant sur la base du suspense), mais plus un problème de préférer m'occuper de mon stock de pilotes plutôt que de m'envoyer un épisode que je viens de voir, aussi bon soit-il.
Devant un épisode que je revois trop vite, je réalise que c'est trop tôt et je m'ennuie une minute ou deux avant de couper. Et ça, en dépit de ma tendance à la monomaniaquerie, ça m'arrive quand même (c'est même systématique si je regarde une rediff à la télé...).

Quelles sont les distances de sécurité en matière de téléphagie ? Je suppose qu'elles varient d'un téléphage à un autre, et très probablement aussi d'une série à une autre, selon la charge émotionnelle qu'on a bien voulu y investir. On peut regarder en boucle notre série préférée, moins rapidement une série qu'on regarde juste pour tuer le temps (un peu comme quand je regarde The Big Bang Theory la mort dans l'âme mais convaincue de sacrifier à une pulsion sociale). Quand vous avez vu un épisode, combien de temps mettez-vous avant de le regarder à nouveau de votre propre chef ? Quel est votre record ?

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4 juin 2010

Summertime

En quelques années, le calendrier téléphagique s'est modifié.
Jusqu'il y a 6 ans, l'été, c'était aux États-Unis ce que c'est en France : une période-poubelle pendant laquelle on bazarde quelques rediffusions, ou des rediffusions de rediffusions. C'est-à-dire que, quand on est une chaîne de télé, on est un peu obligé de diffuser des trucs, quoi, laisser une mire pendant trois mois ça le fait pas trop, et puis on peut pas non plus ne diffuser que de la pub (je suis sûre qu'on a dû en rêver plus d'une fois chez TFHein, pourtant).

Et puis un jour, il y a eu un pionnier qui s'est levé et qui a dit : "ah ouais mais en fait nan", et qui a décidé de lancer pas moins de 6 nouveautés dans sa grille d'été. On était à l'aube de ce qui allait devenir la saison estivale 2004, et jusque là, il n'y avait pas de saison estivale. Ce pionnier, au lieu d'être une chaîne du câble comme on pourrait le penser, c'était la FOX.
Lancer des émissions l'été, ce n'était pas nouveau, mais en lancer 6 d'un coup, c'était énorme ; il y avait Quintuplets, North Shore, Method & Red, The Jury, côté fictions, The Casino et Trading Spouses, côté... autres.

Aujourd'hui on trouve tout naturel (et pas seulement si on est coutumier des us de la fiction asiatique) de parler de "saison estivale". Car tout le monde ou presque l'a suivie dans l'aventure, certaines chaînes avec plus d'enthousiasme que d'autres.

La série d'été est devenue quasiment une évidence, et en 6 ans, elle est même devenue quasiment un genre à elle seul. En suivant la tradition de North Shore, des séries comme Burn Notice, Californication ou Royal Pains ont établi des critères : du ciel bleu, pas trop de complication, une recherche du glamour un peu plus poussée qu'à l'ordinaire, mais on ne brade pas les intrigues pour autant. Toutes les séries d'été n'ont pas forcément réussi sur le long terme, mais force est de constater que "la saison dans la saison" existe à présent. Il y a encore 10 ans, ce n'était en somme qu'un trou béant. Pas mal, quand même.

Ce qui est fascinant c'est que, en quelques années, la série d'été a (re)lancé des carrières (je pense à Duchovny, à qui ça doit faire drôle de ne plus être appelé Mulder dans la rue), fait sortir des chaînes du lot (USA Network par exemple), et a même créé ses propres mécanismes.
C'est que, pour une série d'été, le challenge est différent : quand on revient un an plus tard (pour ceux qui décident d'attendre aussi longtemps... Nurse Jackie n'en a pas eu la patience, et tant mieux en ce qui me concerne, ça lui correspond mieux), c'est autre chose que laisser son spectateur en suspens pendant trois mois. Que sont devenus les personnages près d'un an plus tard ? Lorsqu'ils vivent dans un coin ensoleillé et/ou touristique, où ont-ils passé l'hiver ? Comment reprendre une intrigue qu'on a laissée pendue à un cliffhanger entre septembre et juin sans perdre tout le monde ? Il y a des questions que les scénaristes avaient rarement à se poser auxquelles il faut maintenant répondre, et vite, car il y a foule. Nouvelle niche, nouveaux défis.

Royal

Par exemple, Royal Pains a vite choisi de reprendre ses personnages exactement où elle les avait laissés, à peine quelques heures plus tard. Ça peut sembler légèrement décevant mais au moins, le spectateur ne risque pas de mettre 10 minutes à raccrocher les wagons ! Après, ce stratagème, parfait pour lancer une deuxième saison, peut aussi avoir ses inconvénients à mesure que la deuxième saison avance. A un moment, on va bien se retrouver hors-saison... il faudra alors trouver une autre astuce pour garder le ciel bleu, contractuel, dans la série.
Mais ces nouveaux défis sont exaltants également pour nous, spectateurs. Nous allons là où aucun téléphage n'est jamais allé...!

La FOX voulait révolutionner la télé, elle a réussi. Pour trois mois de l'année en tous cas.
Eh ; c'est mieux que ce que fait ABC sur l'ensemble de l'année.

2 juin 2010

Savourer l'écran noir

Entre le moment où votre épisode finit, et le moment où vous commencez l'activité suivante (aller prendre une douche, préparer le repas, vous mettre au travail... lancer un autre épisode), combien de temps se passe-t-il ? Exactement ?
La question n'est pas innocente, tout du moins à mes yeux l'est-elle de moins en moins.

Quand j'apprécie un épisode, j'ai envie de le goûter encore un peu. Pour cela il faut aller jusqu'au bout du générique de fin, et prendre tout le temps nécessaire une fois celui-ci fini si besoin est. D'ailleurs rien n'est plus horripilant que de tomber sur une cagoule dont le générique de fin a été coupé. Déjà qu'on a du mal à avoir des génériques de début, mais alors si on nous sucre aussi les génériques de fin...! Contrairement à ce que semblent penser certains (et qui m'horripilait déjà quand France 2 ou M6 réduisaient le générique de fin à un split screen pour permettre de diffuser en même temps une bande annonce quelconque), c'est un temps nécessaire. Vital, même.

J'ai fait cette erreur, par le passé, de regarder un épisode avec un malotrus ou un autre qui, sitôt l'épisode finit, commençait à parler (d'autre chose) ou se levait pour vaquer à ses occupations. On m'a par exemple gâché le final de Buffy comme ça. On regardait la télé tranquillement, la série s'est finie, l'écran s'est assombri pour faire apparaitre le nom d'une des personnes à qui on devait ce spectacle, et mon voisin s'est mis à parler. J'avais envie de lui hurler : "mais ta gueule, attends, laisse-moi savourer l'écran noir !". Rien ne comptait plus à cet instant que de rester dans l'ambiance de ma dernière émotion, et s'il m'avait dit que j'avais gagné au Loto, j'aurais tout aussi désagréablement accueilli son intervention.
Est-ce que ça ne signifie rien, pour ces amnésiques, les 45 minutes qui viennent de se dérouler ? N'ont-ils donc rien ressenti ?

Oh, je ne dis pas que tout épisode vous touche au point de nécessiter quelques minutes pour accuser le coup.
Sincèrement, quand je regarde un épisode de Glee, je n'ai pas besoin de longues minutes de méditation pour m'en remettre ! Mais il n'empêche que je n'arrête pas ce que je fais pour autant, il faut environ une minute de zone de décompression, un moment pendant lequel je vais fredonner un refrain interprété pendant l'épisode, ou essayer de tirer une conclusion de ce que je viens de voir (tout simplement pour faire le point sur ce que j'en pense : bon ou mauvais épisode ? meilleur ou moins bon que le précédent ? etc...), ou simplement me délecter de la pensée que, dans un instant, je vais appuyer sur retour et revoir un passage qui m'a fait rire ou dans lequel j'ai l'impression qu'il s'est passé plus de choses que je n'ai pu en voir le premier coup.

Mais enfin, il faut bien ménager un "sas" dans lequel on se reconnecte progressivement avec le réel, sans pour autant bazarder ce qu'on vient de voir dans les affres de l'oubli. A quoi sert de regarder une série à laquelle on arrête de penser à la seconde même où l'un de ses épisodes se finit ? Si elle ne fait pas la moindre impression, inutile de persister. Il y a toujours assez fort à faire par ailleurs pour ne pas bêtement perdre son temps de la sorte. Si vous ne ressentez rien, je ne vous veux pas à mes côtés pendant le générique de fin.

Depuis quelques temps, lorsque je regarde un inédit, j'aime le regarder en solo. En compagnie, je ne regarde que des rediffs : soit parce que j'ai vu un truc que j'ai envie de partager et que je tente de faire découvrir, soit parce qu'on a déjà vu l'épisode ensemble et que ça fait plaisir de le revoir. Mais un inédit, jamais plus. On ne m'ôtera plus la joie de contempler l'écran noirci en souriant ou en laissant échapper une petite larme. Je peux le tolérer pour un épisode que je connais déjà, mais la primeur de l'émotion m'appartient dorénavant.
Dans ce domaine, je pars du principe qu'il vaut mieux seule que téléphagiquement mal accompagnée.

Alors, entre le moment où votre épisode finit, et le moment où vous commencez l'activité suivante, combien de temps se passe-t-il ?

Ma théorie personnelle sur le sujet, c'est que plus vous restez longtemps dans l'espace de transition, plus l'instant est chérissable.
En-dessous de dix secondes d'arrêt, on arrête les frais. Une minute dans la zone tampon, l'épisode est bon. Au-delà de deux minutes de pause, vous tenez un favori. Passées cinq minutes d'état de choc, c'est un classique.

Et quand une série vous laisse presqu'à chaque fois dans un état second pendant quelques minutes, vous savez que vous êtes un téléphage comblé.


30 mai 2010

I knew I knew you !

On dit que le monde est petit. On n'a pas idée. Et la téléphagie est là pour le prouver, si jamais on venait à l'oublier.

J'avance dans la saison 3 de Rude Awakening (c'est d'un plaisir sans nom !) et je m'y retrouve en terrain familier ; à l'exception d'un ou deux épisodes, je m'aperçois que je l'avais vue en intégralité, même quand je n'ai pas réussi à en tirer une VHS puisqu'à l'époque je devais compter sur des proches qui avaient Jimmy pour me donner ma dose de Rude Awakening, et cela entrainait un grand turn-over de cassettes (sincèrement je ne suis pas sûre que le cagoulage d'aujourd'hui soit inférieur en termes de volume...), et je ne pouvais pas toujours tout garder. Mais c'était pas mon sujet d'origine, pardonnez-moi.

Donc, je me retrouve en terrain familier, avec des épisodes que je n'ai vus qu'une fois de toute ma vie mais que j'ai l'impression de déjà connaître sur le bout des doigts ou quasiment, c'est vous dire la forte impression que m'avait fait la série à l'époque. Si je pouvais craindre, avec presque 10 ans d'écart, que l'image que j'avais gardée de la série n'ait été un peu embellie par mon sentimentalisme, tout doute est à présent écarté : j'adore toujours autant (voire plus, cf. post d'hier matin).

Vient cet épisode que je me rappelle avoir aimé, et, soudain... soudain...

Mais je te connais, toi !

C'est la phrase qu'on a tous sortie des dizaines de fois (et quand je dis dizaines, je veux dire centaines). En tant que téléphage, on regarde tellement de choses qu'on finit par regarder beaucoup de gens. Et du coup, on mémorise une somme incroyable de visages et de noms ; à vrai dire, personnellement c'est un peu à géométrie variable avec les noms, mais globalement je retiens quand même très bien ce genre de trucs (par contre, ne me demandez pas ce que j'ai mangé hier). A force de regarder des dizaines de séries (et quand je dis dizaines, je veux dire centaines), chose que j'ai commencé à faire de façon quasi-industrielle peu après la période pendant laquelle j'ai découvert Rude Awakening, on garde en mémoire l'identité d'une foule d'acteurs et d'actrices, qu'ils aient tenu un rôle principal dans une série méconnue ou un téléfilm, ou qu'ils aient passé leur carrière à jouer les guests. Certaines séries se sont même fait une spécialité d'être des séries "à guest" (et Glee, dans sa fringale de noms à ajouter au générique, n'a certainement pas inventé ce concept), si bien qu'on finit par avoir un répertoire de "connaissances" assez incroyable. Alors, "mais je te connais, toi", on l'a tous crié sous le coup de la surprise devant un épisode ou un autre.

Mais ce qui m'est arrivé aujourd'hui tenait du paradoxe temporel, en quelque sorte. Car j'ai reconnu dans un petit rôle de l'épisode un acteur que j'ai découvert dans un film il y a maintenant deux ans et demi... Et le voilà dans un épisode d'une de mes séries préférées mais que je n'avais pas pu regarder depuis des lustres. Il faut le faire, quand même !!!

IKnewIKnewYou

Oui, il s'agit de Troy Garity, l'autre acteur épatant de Soldier's Girl, un film dont je vous ai parlé il y a quelques temps maintenant. D'ailleurs, si l'un de vous a vu ce film depuis que j'en ai parlé, que cette personne (fut-elle timide) n'hésite pas à s'exprimer dans le post que j'en avais fait quelques mois après l'avoir découvert...

Soldier's Girl est l'un des deux films qui ont servi de déclic pour que mon approche du monde des films change, alors inutile de vous dire que repérer ce visage en particulier dans un épisode que j'ai regardé il y a 10 ans ou presque m'a vraiment fait un drôle d'effet. Ce n'était pas juste le fait de reconnaitre quelqu'un, mais en particulier, de reconnaitre quelqu'un qui est apparu dans deux fictions qui comptent à mes yeux. Qui ont eu de l'influence sur moi.

C'était comme si, tout d'un coup, j'avais réduit mon Bacon number avec moi-même. C'était du hasard, on est d'accord, mais ce ne pouvait pas être une coïncidence. Je me suis dit que quelque part, je devais être destinée à aimer Soldier's Girl. Je sais que ça semble un peu ridicule à dire, mais je me suis fait la réflexion que, quand même, c'est dingue.
De la même façon que j'ai toujours trouvé agréable l'idée que Jonathan Penner ait joué dans Rude Awakening ET Une Nounou d'Enfer, j'aime jouer avec l'idée qu'on retrouve toujours, si on cherche bien, un point commun entre deux fictions qu'on aime. Les années qui ont séparé la découverte de Rude Awakening et celle de Soldier's Girl renforcent encore plus cette impression, parce que je me dis que même sans y penser, j'ai finalement été constante, d'une certaine façon, dans l'univers que j'ai abordé. D'autant que, même si je n'ai vu Troy Garity que dans ces deux circonstances (pour autant que je le sache ; mais après cette amusante découverte, comment en être sûre ?) et qu'en fait c'est peut-être juste l'acteur qui n'est pas très original, j'ai été étonnée de constater qu'en plus les deux personnages interprétés en ces deux occasions différentes m'ont semblé avoir quelque chose en commun. Quelque chose dans les yeux... Un grain de folie et de désespoir...

En tous cas la lady d'il y a presque 10 ans a été impressionnée par le même acteur que la lady d'il y a deux ans, sans le savoir, et je trouve cette idée à la fois attendrissante et intéressante. Est-ce que mon subconscient s'était rappelé de Troy Garity tout de même quand j'ai abordé Soldier's Girl ?
Et si je fouille dans la filmographie de tous les acteurs qui ont figuré dans des fictions qui me sont chères, est-ce que je vais m'apercevoir d'autres manifestations de ce phénomène ?

27 mai 2010

Guide de survie du troll en milieu téléphagique

Ami troll, je le conçois, tu exerces une profession difficile.

Bon, ce n'est pas vraiment une profession (dommage, parce que si tu recevais un euro chaque fois que tu sors une connerie...), mais il s'agit tout de même d'une activité qui mobilise suffisamment ton temps pour qu'on compatisse devant l'ampleur de la tâche (pun intended).
Car la complexité de la chose repose sur sa nature-même : il te faut à la fois faire preuve de suffisamment d'intelligence pour sidérer en de répétées occasion ton public pourtant sans cesse plus blasé, et en même temps, tu dois être abyssalement dépourvu d'intellect afin d'offrir le contenu le plus ahurissant possible de bêtise à chacune de tes représentations. Tu vis dans l'effort permanent de te faire remarquer en écrivant, sans que rien que tu écrives ne soit remarquable. Tout le monde n'est pas capable de jongler avec les contradictions comme tu le fais, et devant cet art consommé du néant, je m'incline humblement.

Ami troll, donc, tu exerces une profession difficile.

Et je ne parle même pas de la difficulté de survivre sur la toile où la concurrence est si rude, et où il faut bien souvent rivaliser avec plus idiot que soi pendant des heures avant de se voir attribuer un point Godwin décroché de haute lutte. Et encore, ça ne nourrit pas son homme, un point Godwin ; ça ne paie pas le loyer, et même pas la facture internet. La vie de troll est décidément bien ingrate !

Ami troll, j'insiste, tu exerces une profession difficile.

Mais tout cela va changer car dorénavant, te voici aidé dans ta tâche (again, pun intended).
Je te propose de troller sans effort (ce qui est un peu le rêve ultime de tout troll ambitieux) lorsqu'il s'agit de parler de séries télé. Je sais que ce qui t'attend, au cours de ta carrière de troll, dépasse largement ce domaine, et il te manque un guide équivalent pour des sujets autrement plus complexes tels que la politique, l'actualité musicale, la mode, les news people, ou le génie biomoléculaire, mais enfin, je ne peux pas être partout, je vais déjà t'aider au maximum dans ce domaine. Et puis tu sais, après quelques années de carrière, tu t'apercevras de toute façon qu'il est difficile de faire long feu dans cette voie sans un minimum de spécialisation. Ce que je t'offre ici, c'est l'opportunité unique de te spécialiser dans le trolling téléphagique. Une voie en devenir, sans nul doute.

Ami troll, tu n'es plus seul, il te suffit de prendre en note les instructions suivantes.

Ainsi donc, tu as besoin de recettes que tu n'aurais plus qu'à suivre à la lettre.
Aussi ce petit guide a été conçu tout spécialement pour toi, après des années et des années d'observation (ça fait seulement huit ans que je suis sur internet, mais il y a eu quelques années de chômage dedans donc j'étais quand même pas mal connectée... mais non les chômeurs c'est pas juste des flemmards qui veulent être payés pour rester chez eux, d'ailleurs je ne touchais pas un rond puisque je n'avais pas l'âge de toucher le RMI et... aha, tu m'as bien eue, ce que tu es doué). Fréquenter les forums, les blogs, et tous les autres endroits où tes semblables (des ancêtres, peut-être ?) ont officié bien avant que tu ne découvres comment on édite un commentaire après que quelqu'un y ait répondu, m'a permis de l'élaborer pour ton plus grand confort. Étape par étape, tout est fléché.

Ami troll, tu n'es plus seul, il te suffit d'écouter attentivement (juste cette fois).

Niveau 1 - "Vous parlez de quoi ?"

TrollGuide_1

La règle la plus simple à suivre est de débarquer dans une conversation et de n'en connaitre ni les tenants ni les aboutissants. Le seul impératif (et j'admets que c'est hautement fastidieux, mais enfin, tu veux progresser ou pas ?) est de lire le titre du sujet, de l'article, du post, etc... mais vraiment pas plus. Une fois le titre lu, une fois, pas deux, ce n'est pas la peine de le mémoriser, localise l'espace de rédaction de réponse, et commence à écrire tout ce qui te vient à l'esprit en réaction au titre du sujet, de l'article, du post, etc... Si tu n'as pas vu la série dont il est question, ne t'arrête pas à ce point de détail et fonce ! Vas-y, c'est sujet libre, carte blanche, la route est dégagée, lâche-toi. Exemples : hurle au spoiler si tu as appris quelque chose sur la série mentionnée (le nom de son acteur principal, l'heure de sa diffusion, son titre original), plains-toi de la qualité de la saison qui est moins bonne que l'an dernier, suggère que l'acteur mentionné soit gay/hétéro/mangeur de crottes de nez (selon ce qui te semblera le plus apte à déranger), demande si quelqu'un sait où on peut télécharger les épisodes, insiste sur le fait que la diffusion de la série a été gâchée, tu vois, tu as l'embarras du choix. Et si tu manques d'inspiration, tu peux toujours relever une faute de frappe dans le texte, que tu qualifieras de faute d'orthographe honteuse (ce qui ne manque pas d'ironie venant de toi). A la suite de quoi, signe de plusieurs smileys, valide sans relire et fiche le camps. Ce n'était pas si difficile... bravo, tu viens de réaliser ton premier troll ! Mais attention, pour le moment ce n'est que du travail d'amateur.

Niveau 2 - "N'importe quoi !"

TrollGuide_2

Le net est ainsi fait : on y trouve des téléphages plus doctes que soi, et qui savent de quoi ils parlent. Ta mission sur Terre étant de les empêcher de communiquer entre eux (nan parce que ça se croit tout permis, à se répondre, à argumenter, à présenter des sources...), tu dois donc ébranler leur confiance en eux. Après tout, si toi, tu ne sais pas de quoi il est question (voir niveau 1), il n'y a aucune raison pour que d'autres le sachent. Prends donc pour cible l'une des personnes s'étant déjà exprimée, de préférence se faisant remarquer par son texte correctement orthographié, divisé en paragraphes articulés et dénué de smileys (horreur !). Plus c'est long, mieux c'est ! Mais pas de panique, tu n'auras pas à lire tout ça. Et là encore, inutile d'avoir vu la série, évidemment. En fait il suffit de prendre une phrase au hasard dans ce texte, et d'y répondre par l'argumentation la plus simpliste possible, genre "tu parles sans savoir" / "tu la ramènes alors que t'as même pas vu le webisode unaired inédit" (imparable) / "t'as lu ça sur Wikipédia ou quoi ?" (très important le ou quoi). Puis signe de plusieurs smileys, valide sans relire et fiche le camps. Pas mal, mais tu n'as encore atteint qu'un niveau intermédiaire.

Niveau 3 - "Si t'aimes pas, critique pas !"

TrollGuide_3

Tu viens, en atteignant le niveau 2, d'insérer une phalange dans l'un des plus beaux mécanismes du web : l'échange. Polluer un espace virtuel et partir sans te retourner ne te donnera plus jamais les mêmes satisfactions après ça. Mais cela demande aussi une plus grande vigilance, car dorénavant il va falloir lire et analyser ces lectures. Ne t'effraie pas, ami troll. Par analyse, je veux juste dire que tu devras tirer des conclusions sur la façon la plus efficace possible de diminuer l'intérêt de la conversation ; mais pas de soucis, tu n'as pas à réfléchir sur le fond de ce qui se dit. Dorénavant, ta cible est plus précise : en plus de tous les critères du niveau 2, elle devra aussi te sembler négative quant à la série abordée. Ainsi, à celui qui explique sur 15 000 caractères pourquoi il n'a pas aimé le dernier épisode de Grey's Anatomy (que tu as arrêté de regarder pendant la saison 3 mais pour laquelle tu gardes une grande tendresse, notamment pour le Dr Papouilles), il faudra répondre par la phrase-clé suivante : "si tu n'aimes pas, c'est pas une raison pour critiquer !". Si tu te sens en verve, tu peux ajouter, au choix : "respecte les goûts des autres", "on te force pas à regarder", "t'as qu'à faire mieux", ou toute autre variation que ton orthographe permettra. A la suite de quoi, signe de plusieurs smileys, valide sans relire et fiche le camps. Tu commences à tenir quelque chose, là.

Niveau 4 - "Tu me fais dire ce que j'ai pas dit !"

TrollGuide_4

Avec cette technique, c'est fatal, il va te falloir revenir sur les lieux du crime après l'une de tes interventions précédentes. Cet exercice nécessite une certaine gymnastique intellectuelle qui consiste à mémoriser les endroits où tu as trollé (à cet égard, sache que tous les navigateurs permettent de... euh, je veux dire : ajoute la page à tes favoris Internet Explorer), mais pas d'inquiétude, à force de pratique, on prend le coup de main. Suite à ta contribution (si tu t'es bien débrouillé), tu devrais trouver une à plusieurs réactions. Plus elles sont véhémentes, et plus tu peux considérer avoir obtenu la reconnaissance de tes pairs quant à tes talents de troll ; mais pas de victoire prématurée, il reste encore fort à faire. Ta cible (toujours la même) ne te reconnait pas le droit de critiquer son texte. Pire, elle te soupçonne de nourrir à son encontre de bien peu louable intentions. Pour la punir, il faut donc montrer aux autres contributeurs que cette réaction est de mauvaise foi. Comme si l'autre personne savait mieux que toi ce que tu penses d'une série que tu n'as pas vue (mais dont on t'a dit qu'elle était un mélange de Desperate Housewives et des Experts, avec un peu de Bones de temps à autres... donc c'est tout comme si tu savais de quoi il est question). Chaque fois que tes propos sont cités, mentionnés ou même furtivement évoqués, étrangle-toi d'effroi et fais savoir que ton interlocuteur cherche à diminuer et/ou déformer ton propos. Toi ! Toi qui a fait l'effort de venir deux fois ! C'est intolérable. Signe de plusieurs smileys rageurs, valide sans relire et fiche le camps. Tu es presque un pro maintenant...

Niveau 5 - "Si c'est comme ça...!"

TrollGuide_5

Troisième lecture de la même page. Les différents contributeurs deviennent familiers : il y a celui avec l'avatar qui bouge, celui qui parle toujours pendant des plombes, celui dont le pseudo finit par un chiffre... et tu te sens maintenant en confiance pour exprimer tout ton talent. Et, avantage non-négligeable, eux aussi commencent à te connaître. Jusqu'au niveau 3, tu étais un inconnu de passage, désormais tu es chez toi. Le simple fait de faire l'effort de revenir ouvre droit à un minimum de respect de la part des autres contributeurs. C'est donc le moment idéal pour commencer à pratiquer le chantage émotionnel. Tu peux ainsi menacer de ne plus jamais revenir, ou, pire, d'en appeler à une instance supérieure (modérateur, administrateur, hébergeur...). Mais mieux encore, tu peux aussi remettre en question l'existence-même du site, forum, blog... Car le simple fait de vous contredire prouve qu'aucun dialogue n'est possible. Or, c'est bien le principe de ce site/forum/blog. Donc ledit site/forum/blog n'a qu'à fermer puisqu'on ne peut même pas s'y exprimer comme on veut ! Car il existe une chose, ami troll, un idéal de vie virtuelle, une valeur sacrée : la liberté d'expression ; et quiconque commencera à tenter d'esquisser le début d'une moitié de contradiction t'empêchera d'en faire pleinement usage. Mais maintenant que tu as découvert toute l'étendue de ce pouvoir, il n'y a plus de retour en arrière possible ! Non, on ne t'ôtera pas le droit de troller !!!

...Car oui, à la troisième, quatrième, cinquième intervention sur un même sujet, le mot a été lâché : troll. Enfin ! C'est la consécration ! Et maintenant qu'enfin, on t'a ainsi couronné (et privé de nourriture), il est hors de question de s'arrêter.

Va, ami troll, va et lance-toi dans l'aventure, dépasse tes limites, teste de nouvelles méthodes ! Le monde virtuel t'appartient, et la communauté téléphagique est si vaste !
Et, un jour, peut-être, à force de parler de séries avec des inconnus dont tu saboteras systématiquement les échanges, tu envisageras... d'en regarder une toi-même ?
Non, pas de panique. Seulement celles qui ne t'obligeront pas à réfléchir.

On n'est pas des bêtes, non plus.

24 mai 2010

Give it some time

Expérience vécue par de nombreux téléphages, et plus particulièrement par les pilotovores : après avoir vu un pilote, dites devant le fan de n'importe quelle série que vous ne l'avez pas aimé, et vous avez une chance sur deux d'entendre en retour que, je cite, "ça s'améliore ensuite". Par ensuite, ce même fan peut aussi bien entendre un épisode de plus... que toute une saison : "ça s'améliore ensuite... pendant la saison 4 !" est en fait souvent le sous-entendu.
Il y a évidemment un certain prosélytisme dans cette réponse, mais pas seulement.

Que quelque chose soit bien clair : c'est absolument contre mes principes de regarder une série en espérant qu'à un moment, ça va bien finir par s'améliorer. Je sais que ça en fait hurler certains, mais ça se passe pendant le pilote, les enfants, c'est là qu'il faut être bon, pas dans deux mois, et encore moins dans quatre ans, d'accord ? Dés le pilote.

Je ne dis pas que le pilote doit être absolument parfait, parce que d'une part, la perfection n'est pas de ce monde, et d'autre part si le pilote était parfait on n'aurait pas envie de revenir la semaine suivante puisque tout aurait été dit dés le pilote, mais il faut que le premier épisode soit suffisamment convaincant. Qu'il inspire une certaine confiance et qu'on se dise que, bon, ok, ya peut-être encore ci ou ça à travailler, mais dans l'ensemble c'était bon et j'ai aimé. Je cherche dans un pilote la même chose que je cherche chez un homme : c'est peut-être pas parfait dans l'absolu, mais l'essentiel c'est que ça me plaise (et qu'au minimum, ça dure plus de 20 minutes). L'idée c'est que je sente du potentiel, pas que ce soit un chef d'œuvre dés le départ. Je suis une téléphage raisonnable, dans ma folie.
Mais enfin, quoi, si je ne suis pas convaincue au premier épisode que j'ai une raison de rester, je ne vois pas pourquoi je me forcerais à regarder en espérant que ça s'arrange ! J'ai autre chose à faire ! D'autres pilotes à découvrir !

C'est donc très rare quand je regarde une série qui ne m'a pas convaincue au-delà de son pilote. Dans ces cas-là, c'est parce que je suis mitigée, ou que vraiment je me demande si j'ai pas loupé un truc. C'est un peu comme mes retentatives téléphagiques, quand je regarde un pilote une seconde fois quelques années après l'avoir découvert, en me disant qu'étant dans un autre état d'esprit, je verrai peut-être quelque chose qui m'a échappé la première fois et que d'autres semblent voir. Eh, ça a marché pour quelques unes, après tout... une minorité, mais quand même.

Une fois arrivée au bout de la saison 4 de 30 Rock cette nuit (je m'inquiète maintenant de ce sur quoi je vais réussir à faire une obsession alors que je dois à présent me désintoxiquer ET de Saturday Night Live, ET de 30 Rock...), je me suis dit que ce cas de figure était quand même super rare. De carrément allergique, je suis devenue (certes à la faveur d'un état de santé médiocre) plutôt enthousiaste vis-à-vis de la série (mot-clé : plutôt). Mais il faut dire que pour 30 Rock, j'ai carrément persisté.

Peut-on aimer n'importe quelle série si on lui donne du temps ?

Je crois que c'est justement la raison pour laquelle je refuse de donner trop de temps à une série pour me plaire. C'est la raison pour laquelle c'est quitte ou double avec moi (ça, et le fait que si on me donne le choix entre un pilote dont j'ignore tout, et le deuxième épisode d'une série qui ne m'a pas tout de suite convaincue de son potentiel, je préfèrerai toujours l'inconnu...).
Au cinéma, on ne se lie pas sur le long terme, mais à la télévision c'est tout le principe et, bien consciente de cette particularité de ma chère passion, je pense que je me méfie spontanément des gens qui veulent laisser du temps à une série pour qu'elle plaise à un spectateur qu'au départ elle a laissé froid. C'est comme un piège. J'ai l'impression qu'on cherche à m'habituer aux personnages, peut-être même à me les faire aimer, et une fois que j'en serai arrivée là je ne pourrai plus dire du mal de la réalisation, du scénario ou quoi que ce soit d'autre ; je trouverai des excuses à la série parce que l'affectif prendra le dessus. Alors, instinctivement, j'ai envie de répondre que oui, on peut aimer n'importe quelle série si on lui donne du temps.

Est-ce que l'étrange expérience 30 Rock vérifie cette crainte, ou la nuance ? Est-ce que le fait d'insister, encore et encore, au prétexte que je ressens une certaine pression extérieure par exemple, ou parce que je vomis tripes et boyaux depuis plusieurs jours, a joué dans le fait que plus je regardais d'épisodes, plus je voulais en voir ?

Je plaisante souvent sur le fait que la téléphagie est une forme d'addiction (et si je le nie, je dois reprendre le programme depuis le début, alors...), mais c'est quand même un peu ça, non ? Si on laisse du temps à une série... on est sûr de s'y accoutumer. C'est pour ainsi dire inévitable.

Pourtant il y a des séries que je n'aime vraiment pas ! Mais je me demande parfois si je leur ai laissé une vraie chance.
Si j'avais regardé tous les épisodes de Ma Famille d'abord dans l'ordre... euh, non, mauvais exemple. J'ai dû voir les deux premières saisons comme ça. Et je déteste la série. Mais je revenais. Mais c'était l'heure qui s'y prêtait. Mais je ne changeais pas de chaîne. Mais je n'aime pas regarder le journal télévisé. Mais j'aurais pu mettre une VHS. Euh, j'en étais où ?!
Oui, voilà : existe-t-il une série que j'aie regardé sur le long terme et que je n'ai pas aimée ? Est-ce que c'est possible ?
Bah, non, puisque j'arrête quand je ne suis pas convaincue ! Et il n'est pas né celui qui me fera regarder un deuxième épisode de Gossip Girl ou de True Blood, ah ça non, même pas la peine d'y penser ! Je ne vais certainement pas m'infliger ça !

Ça me semble un comportement assez effrayant que de dire "tiens, regardons plusieurs épisodes en espérant que ça s'arrange". Je déteste faire ça. Je me méfie de pareil comportement. Si on n'accroche pas, on n'accroche pas, inutile d'insister. D'un autre côté la télévision est justement conçue pour fonctionner sur le long terme. Mais si on n'en a pas envie, pourquoi se forcer ?
Voilà que je recommence à me contredire moi-même !

Non, vraiment c'est un dilemme.

Peut-être que dans le cas de 30 Rock, comme, peut-être, dans le cas d'autres séries que j'ai appris à aimer sur le long terme (il y a eu le cas Big Love, aussi, l'an dernier, et ça a encore mieux marché parce que là j'ai même acheté les DVD !), il y avait un autre facteur au moment du pilote. Un truc du genre auto-persuasion. Peut-être que la première fois, j'ai décidé à mon insu de ne retenir que le négatif. Je croyais ne pas aimer Tina Fey et je me retrouve à regarder 4 saisons d'une série dont elle ne quitte quasiment pas l'écran, ça remet des choses en perspective !

Nan mais, en fait, ça s'améliore ensuite.
...

Giveitsometime

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