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ladytelephagy
21 décembre 2012

On verra si on est devenu des grands hommes

Cette fois, c'est la bonne !!!
Ca fait bientôt trois années que je me promets d'entamer un marathon Jack & Bobby. Ce n'est pas comme si la série était longue ; ce n'est pas comme si je ne savais pas où la trouver, mais il y avait toujours quelque chose pour m'arrêter. Il faut dire que je fonctionne essentiellement au coup de tête et à l'envie, et que, pour des raisons idiotes, je peux mettre en pause certains visionnages au profits d'autres, sans être capable de le justifier même auprès de moi. Je n'ai aucune excuse, simplement Jack & Bobby n'est jamais prioritaire. Et j'ai passé près de trois années à me répéter combien c'était dommage.
Alors que j'étais en train de me tâter pour voir si je ferais le désormais célèbre Challenge Séries 2013 de Hellody (je ne me suis pas encore décidée à ce sujet, d'ailleurs, pour de multiples raisons), j'ai en tous cas pensé que ce challenge serait idéal pour finalement me mettre le coup de pied à l'arrière-train qui m'a manqué depuis trois ans.

Alors ce soir, puisque j'y étais, j'ai revu le pilote de Jack & Bobby.

JackandBobby

Surtout qu'une fois qu'on se retrouve devant le pilote, c'est tellement évident que cette série est faite pour moi.

Il me faut à ce stade préciser que je suis extrêmement friande d'autobiographies (quand il me reste quelque chose que mon budget DVD n'a pas encore aspiré, ça passe dans le budget autobiographies ; d'ailleurs ma lecture de la semaine prochaine devrait en être une sauf revirement de situation). J'aime qu'une personnalité plonge dans ses souvenirs et, plus encore, soit capable de prendre du recul sur ce qui l'a mené(e) à être la célébrité que nous connaissons tous aujourd'hui ; à ce titre, Lucky Man: A Memoir de Michael J. Fox est certainement le plus abouti que j'aie lu jusqu'à présent, et je le recommande donc plus que chaudement.
Plus que connaître les bêtises qui faisaient enrager leurs parents ou l'âge à laquelle ils ont perdu leur virginité, ce qui m'intéresse, c'est que ces personnages (plutôt) importants soient capables de refaire le chemin à l'envers et de dire que, oui, sans tel évènement, ils ne seraient pas la même personne. Quand dans Bossypants, Tina Fey raconte son expérience dans le théâtre d'improvisation, elle le fait avec énormément de sincérité et de franchise (ce qui tranche dans un ouvrage essentiellement humoristique et d'une immense pudeur) parce qu'elle est consciente, et veut l'expliciter pour ses lecteurs, que ce qu'elle a appris pendant ces années formatrices à bien des égards a modelé sa personnalité et sa vision du monde. Et c'est merveilleux d'avoir l'opportunité d'explorer cela, de comprendre comment quelqu'un est devenu cette personne, et comment cette personne est devenue, à sa façon, extraordinaire.
Du fait de mon goût pour les autobiographies (ou peut-être que ce goût en est en réalité la cause), quand j'admire quelque chose, surtout dans le domaine artistique me vient immédiatement la brûlante question : comment on devient la personne capable de créer cette chose ? L'éducation est évidemment une immense part de cela ; mais aussi les rapports qu'on entretient avec sa famille, ses amis, et ainsi de suite. Devenir quelqu'un est le résultat d'une multitude de facteurs qui ne sont pas tous identifiables ; il suffit d'un détail pour que le destin d'un enfant change pour devenir un adulte différent...
Hélas, David E. Kelley se refusant pour le moment à écrire son auto-biographie, nous ne savons pas avec précision comment est né l'un des plus grands esprits de la télévision américaine contemporaine, mais on se consolera en se disant que, fort heureusement, Snooki en a écrit un ! Oui, le monde est injuste, je suis navrée que vous le découvriez de cette façon.

Jack & Bobby se propose précisément de répondre à cette question. La série n'a évidemment pas de valeur autobiographique, car les personnages de Jack et Bobby McCallister sont fictifs (bien que s'inspirant apparemment, comme je l'ai appris récemment, je crois via Twitter, de Jack et Bobby Kennedy). Elle n'a pas non plus valeur de narration à la première personne, car elle est tournée à la fois comme une fiction et comme un documentaire rassemblant des images d'archives et des interviews des proches du Président McCallister.
Oui, le Président. Car Jack & Bobby est également une série politique. Mais une série politique telle qu'on l'a rêvée au cours de certains épisodes d'A la Maison Blanche, comme dans Two Cathedrals, quand on essayait de comprendre comment Bartlet était devenu Bartlet ; une série politique qui essaye de plonger dans ce qui a façonné l'homme politique, et non dans ses décisions du présent.

Le Président McCallister est donc encore jeune quand commence la série ; le pilote va à vrai dire maintenir le mystère pendant presque toute sa durée quant à l'identité du Président : s'agit-il de Jack, ou s'agit-il de Bobby ?
Chacun a ses forces et ses faiblesses. Jack est un adolescent mature, mais qui s'est endurci, sans aucun doute, plus que nécessaire. Il refuse de s'occuper de son petit frère qui vient d'entrer au lycée, parce qu'il a une image plutôt cool et que le petit frère est justement tout sauf cool. Il commence également à s'intéresser aux filles, et dans le pilote, il n'aura d'yeux que pour l'une d'entre elles. Bobby est plutôt un pré-ado, avec de grands yeux naïfs et des réflexes encore enfantins, un peu geek sur les bords, et qui plus est atteint d'asthme ce qui n'aide pas. Mais c'est aussi un garçon très intelligent, et armé d'une volonté de fer.
Alors, lequel deviendra Président des Etats-Unis d'Amérique ? Eh bien... il vous faudra à votre tour regarder le pilote pour le savoir. Sachez simplement que dans l'épisode, on rapporte que le Président McCallister aurait dit que ce n'était pas le bon frère qui avait été élu... tout un programme.

Car il ne s'agit pas tant de mettre les deux frères en concurrence. Il s'agit aussi de voir comment le Président est façonné par son entourage pour devenir un grand homme. Par son frère, d'abord, qui visiblement l'inspire, et puis, par sa mère.
Grace McCallister est, de l'avis de tous, une force de la nature. Femme d'une intelligence aigue, cultivée et fière de l'être, elle est professeur d'université et ne perd pas une occasion d'essayer de stimuler intellectuellement ses garçons, ou plutôt, l'un d'entre eux précisément. On sent d'ailleurs confusément, dés l'introduction de la série, qu'il existe un fils préféré, ou au moins un sur lequel plus d'espoirs reposent que sur l'autre. L'épisode commence en effet alors que c'est l'anniversaire d'un des garçons, et que celui-ci veut une télévision ("Of course, the idea that we're stupid because we sit around watching TV all the time is just as simplistic as the idea that kids shoot other kids because they witness violence in the medias", explique Grace dans sa toute première réplique qui sonne comme du Sorkin, "but what is clear, is that the majority of television caters to the majority of Americans, and is, as a result... garbage"). Mais au moment de laisser son fils choisir son cadeau, Grace s'enthousiasme pour un synthétiseur sur lequel, prétend-elle dans une vague d'excitation, il pourrait composer toute une symphonie ! Cédant devant la fièvre d'ambition de sa mère qui le voit déjà grand pianiste, alors qu'elle s'est toujours estimée trop vieille pour apprendre le piano, le garçon accepte donc à contre-coeur d'échanger la télévision contre le synthé. Clairement, Grace est en train de fabriquer de toutes pièces le génie dont elle rêve (le génie qu'elle aurait probablement aimé être), et conçoit toute son éducation en ce sens ; un peu comme le fera d'ailleurs GOLD. Mais ce n'est évidemment pas si simple, d'abord parce que c'est lourd de connotation pour son autre fils (il le lui fera d'ailleurs remarquer pendant l'épisode), et ensuite parce qu'on ne peut pas vraiment façonner de A à Z un être humain pour qu'il devienne un idéal.

Entre son frère et sa mère, entre son désir de faire ce qui le passionne et son envie dévorante d'être aimé (et d'être aimé par tous, le rejet le meurtrissant plus que tout), le futur Président McCallister va avoir sur sa route bien des obstacles avant de devenir un grand homme. C'est son parcours que Jack & Bobby se propose de suivre, en étudiant la complexité de son milieu familial (dans lequel il n'y a pas de figure paternelle, notamment, mais aussi alors que Grace fume de la marijuana pour se détendre quand sa vie devient trop stressante), en renvoyant en permanence l'idée de ce que deviendra le Président McCallister, au travers de flashforwards détournés, à savoir les interviews de ses proches dans les années 2040, face camera.
Le procédé relève d'ailleurs du génie, parce qu'au lieu de simplement nous dire : ce jeune deviendra un homme immensément respecté (il sera plus tard surnommé "The Great Believer"), et nous montrer son présent, on a un renvoi constant entre sa croissance de nos jours, et ce que l'on dira dans plus de 40 ans d'un des grands hommes de la nation, sur un plan politique mais aussi et surtout humain.
Quelle immense promesse !

Maintenant que j'ai commencé à re-voir la série, je me souviens à quel point il était important qu'elle reste sur ma liste des revisionnages et que je ne l'oublie pas ; à la différence qu'elle n'aurait pas dû y rester trois ans !
Alors cette fois, c'est la bonne : je me fais un marathon. Notez bien ce que je vous dis : avant la fin de l'année 2012, j'aurai vu l'intégralité de la série !

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20 décembre 2012

The end is nigh

Ok, que tout le monde respire un grand coup : pour le moment, tout va bien !
Les internautes néo-zélandais et australiens sont toujours actifs, le monde n'est donc pas encore plongé dans l'Apocalypse.

Bon, je vous accorde que ça se trouve, l'Apocalypse ne tombera que le 21 décembre à minuit, heure guatémaltèque, hein ; mais disons qu'on peut commencer à se dire que tout ça est une affaire à peu près classée. Je vais quand même garder ma hache près de mon lit, mais en me disant que les zombies ne débarqueront pas forcément cette nuit.
Bien.
Donc ça, c'est fait.

Cependant la question de l'Apocalypse est intéressante, même si elle ne tombe pas un 21 décembre, parce que, eh bien, il y a des tas de personnages de fiction dont on se demande s'ils en mourraient.
Eh non, ce n'est pas nécessairement une évidence !

Highlander

Prenez Duncan McLeod, par exemple. On ne pense plus à ce bon vieux Duncan McLeod, alors que Highlander a quand même égayé les fins d'après-midi de M6 pendant de nombreuses années. Et pourtant, eh bien, pour Duncan McLeod, le deal c'est qu'il est immortel, sauf si on lui coupe la tête. C'est comme ça. Si l'Apocalypse consiste en un nouveau Déluge, par exemple, il est plutôt peinard. Vous allez me dire : ça ne marche pas, Duncan McLeod est devenu mortel dans Highlander: The Source. Soit. Mais la question vaut pour tous les immortels... dont L'Immortelle, Amanda, dont, pour autant qu'on sache, l'immortalité est toujours bel et bien valide.
Mais plus drôle encore, rappelons que les immortels ne se révèlent l'être que si la personne meurt une première fois. C'est-à-dire que quelque soit la façon dont l'Apocalypse s'abat sur le monde... certains d'entre nous vont y survivre et découvrir qu'ils sont immortels. Et à partir de là, non seulement le monde sera probablement détruit voire même invivable (genre si c'est une boule de feu qui s'abat sur notre monde ou qu'une guerre nucléaire explose dans les prochaines heures), ce qui en soi n'est déjà pas marrant à supporter, mais en plus, les autres survivants voudront leur trancher la tête pour déclencher un Quickening ; que du bonheur en perspective, donc.
Dans un registre proche, je pense aux vampires de Buffy et donc Angel. Théoriquement, il faut impérativement leur planter un pieu dans le coeur pour les tuer (ou décapiter, pour ne pas changer, d'après ce que je lis), ce qui explique la fascination des vampires pour les Apocalypses quasi-annuelles de Sunnydale : ils ne risquent rien. A plus forte raison si l'atmosphère de la planète devient irrespirable, puisque les vampires du Whedonverse ne respirent pas (bon, ils fument, mais ils ne respirent pas). Ce qui veut dire que pendant que nous périrons dans d'atroces souffrances, des créatures comme Spike auront droit à la vie éternelle (qu'elles partageront donc avec les immortels, ce qui veut dire que les arts martiaux ne s'éteindront pas avec notre civilisation).

La question se pose d'ailleurs de façon similaire pour les loup-garous puisque, comme chacun sait, seule une balle en argent tirée dans le coeur vient à bout de ces effroyables bestioles. Bon, je ne suis pas très versée en mythologie Teen Wolf (seulement en mythologie Le loup-garou du campus, ce qui d'ailleurs me fait me sentir très vieille), mais a priori ça signifie que plein de lycéens nous survivront. Là encore la perspective est terrifiante, vous en conviendrez !

En revanche, certains autres personnages de télévision ont assez peu de chances d'en réchapper, si jamais l'heure venait à sonner.
Ainsi, comptons parmi les victimes : les sorcières de Charmed et Ma Sorcière Bien-Aimée, les personnages de conte de fée de Once Upon a Time, les mutants de Heroes (dans le cas de Claire Bennet, tout dépend de la façon dont la fin du monde se manifeste, puisque les scénaristes ont déclaré qu'elle pourrait être incinérée ou décapitée) ou de Mutant X, les X-5 de Dark Angel, et bien d'autres.

Quant aux personnages humains, que vous soyez amateur de comédie, de drama, de thrillers conspirationnistes ou dramédie politique, de séries policières, juridiques ou musicales... ils sont tous morts, n'espérez même pas, et inutile d'entrer dans le détail. Quel que soit votre personnage préféré du moment, il y passe, point barre.

Enfin, quelques inconnues subsistent.
D'abord, les personnes touchées par Ned dans Pushing Daisies sont-elles immortelles ? On peut supposer que oui, au sens où elles ne vieillissent pas : on sait que Digby n'a pas pris une ride depuis que Young Ned l'a ressucité ; cependant, rien ne dit qu'une maladie, un accident ou une mort violente n'auraient pas de tragique conséquences. Le cas n'a jamais clairement été abordé. Qui peut être certain que, par exemple, Chuck ne serait pas frappée par une épidémie foudroyante ? Elle reste humaine.
Dans un autre domaine, quid des humains "améliorés" ? Super Jamie, L'homme qui valait trois milliards, et Michael Wiseman de Now & Again, par exemple, sont tellement tunés qu'il est tout-à-fait possible qu'une de leurs options leur permettre de survivre ; dans le cas d'une zombie apocalypse, mettons. D'ailleurs Michael Wiseman est un cerveau greffé dans un corps bionique, ça se trouve même une attaque de zombie ne peut rien sur lui (si, comme l'explique The Walking Dead, les zombies sont en fait des victimes d'une maladie contagieuse provoquant la dégénérescence du cerveau), il y a sans doute toutes sortes de protections pour que le cerveau ne soit absolument pas atteint en cas de morsure.
Enfin, un petit tour par nos amis les extra-terrestres, de l'ado de KYLE XY à Alf en passant par les visiteurs de V et les voisins de The Neighbors : nous n'avons que trop peu d'éléments sur la biologie de ces créatures pour pouvoir avancer ; même dans le cas des héros de Roswell, nous n'avons aucune donnée concluante (le seul cas de décès est celui d'un personnage hybride/alien).
Bon, j'ai arrêté 666 Park Avenue en cours de route (d'autant que, hein), mais on se situe où, avec les Doran, dans la mythologie de cette série-là ? Mortels ou pas ?
Une dernière interrogation pour finir : qu'adviendra-t-il des glisseurs de Sliders ? Si c'est l'Apocalypse, est-ce que ça signifie que c'est l'Apocalypse dans tous les mondes parallèles, ou existe-t-il une dimension dans laquelle l'Apocalypse va se produire ? Si tel est le cas, ils ont peut-être une chance... à condition de se trouver dans le bon monde au bon moment.
Il y en a sans doute d'autres, je vous laisse lever ces lièvres en commentaire.

De toute façon, je sais pas pourquoi on s'inquiète, le Docteur va venir empêcher l'Apocalypse, comme d'habitude, ça se trouve il est même déjà à l'oeuvre pendant qu'on plaisante.
Bon, circulez, demain, vous le voyez, yaura vraiment rien à voir.

19 décembre 2012

Troubles cardiaques

En environ un mois, j'aurai donc revisité le Sacred Heart Hospital de fond en combles. Je ne vous cache pas que ce marathon impromptu ne faisait pas, mais alors, pas du tout partie de mes priorités, et que je me retrouve néanmoins avec le coeur bien abimé par cette séparation, parce que, eh bien, ce fut un accident heureux, mais qui hélas a bien dû trouver une fin.

La série n'a cependant pas exactement été une découverte ; j'ai toujours pensé que Scrubs était une excellente comédie. Je n'avais, en toute sincérité, vu que la première saison en intégralité (plusieurs fois), c'était la seule que j'avais d'ailleurs dans ma telephage-o-thèque ; les saisons suivantes avaient été attrapées au vol, plusieurs vendredi soirs, sur M6, mais de façon irrégulière (qui peut être systématiquement chez lui chaque vendredi soir à minuit ?! même pas moi) et avec la sensation d'avoir plus souvent vu des rediffs d'épisodes des premières saisons qu'autre chose. Je ne les avais pas encore achetées, ce marathon en a été l'occasion.
J'allais découvrir grâce à lui que Scrubs est aussi, voire peut-être même avant tout, une fabuleuse série dramatique.

Je suppose qu'un visionnage sporadique (quand bien même mon souvenir si vif de l'épisode avec Kathryn Joosten était resté dans mon esprit comme l'un des plus grands épisodes de la décennie passée) n'aide pas vraiment à saisir ce genre de choses.
C'est d'ailleurs tout l'intérêt des marathons à mes yeux, décriés parfois par certains qui pensent que le caractère boulimique des intégrales enfournées en quelques semaines n'ont que des inconvénients ; au contraire, j'ai la sensation que c'est le meilleur moyen de saisir des subtilités qui échappent à un visionnage hebdomadaire (je me rappelle m'être fait cette même réflexion, déjà, pour le marathon Roseanne, lequel m'avait permis de repérer d'habiles mais discrets efforts de continuité, qui m'auraient échappé si j'avais laissé passer une semaine entre chaque épisode). Evidemment, une série, et le lien affectif qui se construit avec elle, bénéficie des années qui passe ; mais pour découvrir la richesse parfois insoupçonnée d'une fiction, je maintiens que pour moi, rien ne vaut le marathon.
Je reste pourtant convaincue que, avec le recul, j'aurais adoré faire plus attention à Scrubs dés le début, j'aurais voulu la suivre amoureusement d'année en année, me construire une histoire avec ses personnages au lieu de simplement les traiter à la plaisanterie, parce que la série a commencé quand j'avais 19 ans, et que j'y aurais certainement puisé énormément de choses au fil des années, en grandissant en même temps que les personnages. On ne refera pas l'histoire, hein, mais j'ai eu l'impression de n'ouvrir les yeux sur la véritable profondeur de Scrubs que sur le tard. Cependant, vaut mieux tard que jamais.

Alors si vous le voulez bien, poussons les portes battantes de cet hôpital pas comme les autres, et offrons-nous le luxe d'un bilan de la série...
De ce fait, oui, ça va être un post fleuve.

Scrubs_ItsDangerousToGoAlone_3

Ce qui m'avait sans aucun doute induite en erreur au début de Scrubs, c'est la facilité avec laquelle la comédie jongle entre les séquences farfelues au possible (et, presque contractuellement, il y en a au moins une par épisode quand la série commence) et les dialogues (ou monologues) à flux tendus, présentant d'ailleurs une parenté, tant au niveau du débit que de l'intelligence des échanges, avec Gilmore Girls.
Les épisodes ne ménagent aucun temps mort, et il faudra en fait plusieurs saisons avant que Scrubs ne se réconcilie totalement avec les silences, qu'elle a du mal à ménager, comme en témoignent ses effets sonores omniprésents et sa passion dévorante pour la musique (pas étonnant d'ailleurs que tant de soundtracks soient sortis pour la série, qui de ce point de vue serait plutôt à ranger dans la catégorie des séries pour ados qui font vitrine pour de nombreux artistes musicaux).

Dans cette cavalcade humoristique échevelée, où je comprends qu'il était facile de me perdre et de croire que Scrubs n'était quasiment que plaisanteries et séquences imaginées, très vite se détachent les joueurs essentiels de cette partie.

Il y a Zach Braff, évidemment, pas toujours excellent au départ, mais dont les maladresses ne sont pas dommageables puisqu'elles servent le personnage de JD (il sera par contre d'une épouvantable fénéantise en saison 9, mais on revient sur cette saison à part plus bas) ; Sarah Chalke, dont les efforts dans la peau d'Elliot n'ont rien à envier à Lucille Ball (pour une raison qu'il me faudra documenter, on la sent brutalement refroidie à peu près à mi-parcours, et ses prestations seront assez peu passionnées à partir de là) ; et John C. McGinley, qui impose rapidement son interprétation du Dr. Cox comme à la fois à contre-courant du reste des acteurs et de leur fonctionnement, et comme joueur de soutien essentiel (le drame est simplement que sur la fin de la série, il se contentera de s'auto-parodier).
A leurs côté, Donald Faison (Turk) et Neil Flynn (The Janitor) semblent se donner énormément de mal sans systématiquement atteindre leur but (Flynn est plus aidé par les scripts que Faison, paradoxalement), mais s'en tirent avec un peu de dignité tout de même.
Et puis, il y a les cancres... Judy Reyes propose, avec Carla, un éteignoir insupportable (elle connaîtra une phase lumineuse entre la fin de la saison 4 et le début de la saison 6 avant de disparaitre dans le néant), et souvent parfaitement redondant dans les scénarios. Quant à Ken Jenkins, en Dr. Kelso, est trop superficiellement renvoyé à jouer indéfiniment la même chose dans 2mn de chaque épisode pour avoir une chance immédiate de faire des merveilles (il est celui qui bénéficiera le plus du long terme).

Leur interprétation (comme le rôle accordé à leur personnage) vont évoluer avec le temps, vous le voyez, mais les débuts sont donc placés sous des auspices un peu bancals, alors que seuls trois acteurs trouvent parfaitement leur place d'emblée. Si l'humour saute donc aux yeux au début de la série plus que l'aspect dramatique, c'est parce que la comédie repose sur trois acteurs qui y excellent, mais qui doivent piloter chaque épisode sur leurs trois paires d'épaules en attendant que les autres se chauffent, ce qui ne leur laisse pas souvent le temps de vraiment aborder le côté émotionnel.

Et pourtant, il est là, cet aspect de Scrubs, très rapidement, comme je le disais, parce que dés l'épisode My Old Lady ; première d'une longue liste d'épisodes incroyablement touchants, profonds, et même scarifiants pour certains. Bill Lawrence est vraisemblablement un showrunner qui ne pense pas que faire de la comédie empêche d'aborder des interrogations graves et douloureuses, et qu'au contraire, l'humour est là pour atténuer le choc quand on veut vraiment se lancer dans un sujet pénible ; ce sont là les caractéristiques bénies entre tous d'un showrunner à mes yeux, comme vous le savez. Des caractéristiques qu'on retrouve parmi nombre de mes comédies préférées, telles que Rude Awakening ou Titus, à la différence que, Scrubs n'ayant aucune vocation autobiographique comme ces séries, Lawrence s'autorise de très nombreux sujets, beaucoup plus universels, et donc d'autant plus capables de toucher le spectateur. Il ne s'agit pas de vous inviter à partager les difficultés et les doutes d'un personnage à mille lieues de votre expérience, mais au contraire d'utiliser son existence pour aborder des sujets qui nous concernent tous, en particulier la mort.

Scrubs_ItsDangerousToGoAlone_1

Rarement une série aura autant parlé de la mort, de ce que c'est que d'y être confronté professionnellement ou personnellement. Je ne connais pas assez l'oeuvre de Lawrence (comme je peux par exemple connaître celle de Kelley), pour des raisons variées (je suis notamment allergique à Cougar Town), pour supposer qu'il s'agit là de quelque chose qui le hante, mais clairement, il y a une interrogation récurrente sur la vieillesse et/ou l'approche de la mort qui est véritablement l'un des grands thèmes de Scrubs.

Pour une comédie soutenue essentiellement par des personnages jeunes, rarement autant de personnages auront été des personnes âgées, fussent-elles de passage. Ainsi, au long de la série, plusieurs personnages en fin de vie vont défiler, chacun ayant le temps d'expliquer aux héros (généralement JD) comment ils font la paix avec leur mort imminente.
Car si JD, et occasionnellement les autres personnages impliqués dans ces storylines (Turk et le Dr Cox), sont révoltés ou effrayés, les futurs défunts sont en général d'un grand calme, quand bien même ils ont des peurs ou des questions, et ont tous en commun, surtout, de montrer une faculté étonnante à accepter leur sort. Dans Scrubs, il n'y a pas de personnage, pas même de passage, déterminer à "lutter contre la maladie" ; ce sera particulièrement palpable dans le cas du beau-frère et meilleur ami du Dr. Cox qui ne fait montre d'aucune combativité, ou dans une moindre mesure, de Turk qui, découvrant qu'il a le diabète, ne fera la démonstration d'aucune émotion négative (en-dehors du gag récurrent de la junk food sur laquelle il doit désormais faire une croix). Comme si la série avait déjà accompli 4 phases du travail de deuil, et se contentait d'explorer essentiellement le dernier stade. Scrubs n'est que douce-amère acceptation.

Il est de notoriété publique qu'en dépit de son caractère fantasque, Scrubs est la série la plus fidèle à la profession médicale. Cela vient en grande partie de son parti-pris : la série s'intéresse non pas aux cas médicaux (lesquels semblent faire parfois l'objet d'un tirage au sort pendant les épisodes), aux procédures ou aux traitements. Les médecins de la série n'interviennent pas sur les urgences, n'administrent quasiment aucun soin sous l'oeil de la camera (et les chirurgies se limitent la plupart du temps à montrer les médecins avec des gants tâchés de rouge, et avec un patient presque toujours hors-champs), et les scènes du personnel du Sacred Heart Hospital relevant du professionnel les montrent en général passant d'une chambre à une autre soit pour prescrire des examens ("we're gonna run some tests" étant probablement la phrase la plus prononcée de la série), soit pour en commenter les résultats ou éventuellement discuter du traitement. Allons donc jusqu'à avancer que si Scrubs est une série si fidèle à la profession qu'elle a choisie pour sujet, c'est parce qu'elle n'en montre en réalité aucun geste technique ; c'est à la fois une pirouette astucieuse, et une véritable ambition.

En se plaçant uniquement sur un niveau dialectique, Scrubs affiche sa volonté de traiter uniquement les dilemmes de la vie de médecin en milieu hospitalier, qu'il s'agisse d'interrogations quant la nature de la profession autant qu'à la carrière individuelle de chacun. A bien des degrés, la série pose la question : "quel médecin vais-je être ?", et explore les différentes façons de répondre à la question. Sauf que Scrubs ne se demande pas comment soigner ; la série se demande uniquement comment être un soignant. Dans les premières saisons, ces questions sont cristallisées par l'opposition manichéenne entre les docteurs Cox et Kelso, qui apparaissent comme deux alternatives radicalement opposées : le médecin qui soigne des cas particuliers au mépris de l'ordre général des choses, ou le gestionnaire qui a plus à coeur de préserver l'équilibre de l'hôpital que la santé d'un patient. Evidemment, les personnages et notamment JD découvriront progressivement qu'il existe une infinité de possibilités "d'être médecin" entre ces deux extrêmes, JD s'opposant à plusieurs reprises à ses supérieurs aussi bien pour aider des patients en particulier que pour accepter la notion de concession (ironiquement, c'est toujours le Dr. Cox qui incarnera la figure représentant ce contre quoi JD s'insurge, à la faveur d'évolutions de carrière successives qui lui feront endosser, à son corps défendant, les deux rôles opposés, celui du gestionnaire et celui du soignant).
L'un de mes moments préférés de la série (avec à peine un millier d'autres...) se situe par exemple pendant la fameuse 5e saison, et implique que ce paragraphe va comporter des spoilers. Le Dr. Cox découvre que ce qu'il pensait être sa plus grande victoire, à savoir réussir, grâce à son habituelle volonté de contourner le règlement pour venir en aide au plus vite, à activer la demande de transplantation de 3 patients suite au décès soudain d'une 4e patiente (Jill Tracy, une patiente récurrente qui est certainement celle qui remet le plus en question les certitudes de JD et du Dr. Cox), devient en fait son plus atroce cauchemar quand il apparait que les transplantations ont toutes condamné les patients : la donneuse était porteuse de la rage. En contournant les règles de validation du don d'organe, Cox a en réalité mis ses patients en danger. Le pétage de plomb est sans détour, et nous montre un Cox déprimé auprès duquel les personnages se relaient afin de le requinquer, évidemment en pure perte. Au départ ébranlé voire fâché, et refusant de prendre part à la rotation, JD va finalement aller voir son cher Perry Cox chez lui, en fin d'épisode, pour lui asséner l'un des monologues les plus emblématiques de la série : "I tried to convince myself the reason I didn’t come in before was because of you coming into work drunk. But that’s not it. I was scared. I guess after all this time, I still think of you as like this super hero, who will help me out of any situation I’m in. I needed that. But that’s my problem, you know? And I’ll deal with that. I guess I came over here to tell you how proud of you I am. Not because you did the best you could for those patients, but because after 20 years of being a doctor, when things go badly, you still take it this hard. And I gotta tell you man, I mean, that’s the kind of doctor I want to be".
En choisissant quel docteur ils vont devenis, les jeunes interns, puis residents, puis attendings (rarement une série médicale américaine aura d'ailleurs autant insisté sur la lente progression de carrière de ses héros par palliers), choisissent en réalité quel être humain ils vont devenis. Bill Lawrence s'est, en définitive, "simplement" chargé de trouver un contexte qui lui permette de mettre le caractère et les choix de ses personnages au défi dans un milieu professionnel. Et cette mission, Scrubs s'en aquitte systématiquement avec les honneurs.

ItsDangerousToGoAlone_4

Pas question pourtant pour la série de se montrer pesante. Au contraire, de nombreuses intrigues plus feuilletonnantes, et légères, viennent s'ajouter à ce propos de fond pour le moins pesant. En conséquence, jusqu'à la prochaine image, cette partie de ma review va être truffée de spoilers.

Ainsi, de la même façon que Ross et Rachel, JD et Elliot sont de véritables homards, dont les amours et les passions vont rythmer les saisons, avec autant de pas en avant que de pas en arrière.
Pour moi qui suis, vous le savez, peu friande de romances (et c'est un euphémisme !), et qui n'ai absolument jamais ressenti le soupçon de l'ombre d'une envie de shipper quelque couple fictif que ce soit, c'était une drôle d'expérience à faire, d'ailleurs. J'ai partagé mon temps entre être excédée par le yo-yo de leurs relations, et trouver que ne pas les mettre ensemble était absolument insupportable ; je ne pense pas les avoir shippés, car je n'ai à aucun moment pensé, au cours d'un épisode, "allez, mettez-vous ensemble !" ou moins encore espéré qu'ils s'embrassent, mais toute la période Kim a été assez frustrante parce qu'elle était illogique, tant il semblait couru d'avance qu'elle était vouée à l'échec (les rebondissements autour de la grossesse n'aidant pas).

Outre ce fil conducteur récurrent (mais heureusement, ne faisant pas l'objet de considérations à chaque épisode), l'épanouissement de la relation entre Turk et Carla occupe largement la première moitié de la série environ. Il faut dire que Scrubs a ici l'intelligence de partir du principe que Turk et Carla se sont trouvés, point barre. On ne trouvera pas la plus petite tentative de créer un faux-suspense sur leur avenir : Turk drague Carla, Carla se laisse draguer puis accepte de sortir avec Turk, puis ils vivent ensemble, se marient, et ont des enfants ; et personne ne peut prétendre qu'on ne le savait pas depuis la première saison. Ils forment le seul et unique couple qui va durer pendant absolument toute la série. Chacun de leurs problèmes, chacune de leurs querelles, chacune de leurs évolutions, seront accomplis par les scénaristes sans chercher à placer la moindre ambiguité sur leur avenir ; les Turkletons, c'est du solide, le genre de couple qui est construit pour durer, et on n'y reviendra plus. Au contraire, absolument chaque petit incident de leur vie consistera à montrer comment ils vont systématiquement faire front et surmonter l'obstacle, qu'il s'agisse de concilier leurs différences de tempérament et de maturité, ou de composer avec la sévère dépression post-partum de Carla. Quel que soit le degré, la relation de Turk et Carla est un pillier que personne ne remettra jamais en question.
A contrario, du côté de Perry Cox et de Jordan, la vie de couple n'est justement faite que d'à-coups et d'accidents. Mais c'est en fait ce qui les maintient ensemble, car rien ne les effraye plus que l'absence de drama (on le verra bien quand ils vont se dépêcher de divorcer lorsqu'il s'avèrera qu'ils étaient toujours mariés depuis des années, bien qu'ayant un enfant ensemble et vivant côte à côte). Peu de couples de télévision peuvent se vanter d'être aussi peu romantiques que les Cox-Sullivan, mais peu d'entre eux, aussi, montrent une relation sortant autant des clichés sur l'amour, le mariage et la famille. Car dans le fond, et même s'ils s'en défendent, Perry et Jordan vont fonder une famille tout-à-fait traditionnelle, simplement, dans l'esprit, leur relation et la façon dont ils la conçoivent fait souffler un vent de liberté, sans tomber dans le cliché de la phobie de l'engagement. Perry et Jordan sont tout avant tout  deux individus à la personnalité forte, fonctionnant parfaitement l'un sans l'autre, ne nécessitant absolument pas d'affection pour vivre, mais qui le veulent tout de même, et font leur vie ensemble. C'est la définition-même de la fameuse expression "choisir tous les jours d'être ensemble", et l'illustration faite de cette façon de voir le couple est trop rare à la télévision. En dépit de leurs vacheries incessantes, Perry Cox et Jordan Sullivan sont certainement le couple de télévision qui me parle le plus, paradoxalement...

Mais dans la série, le célibat n'a pas bonne presse, de toute façon, et tout le monde ou presque aura droit à sa romance ! Ted l'avocat, pourtant modèle du personnage repoussant (et parfaitement conscient de l'être), servant de souffre-douleur permanent à tout le monde de façon assumée, finira par trouver l'amour. Même le Janitor, personnage pourtant initialement conçu comme totalement imaginaire (dans le pilote, seul JD était supposé être capable de le voir) puis absolument antipathique (et qui grâce à son interprète, est finalement devenu partie prenante de l'aventure et a su s'étoffer un peu), finira par connaître le bonheur conjugal.

Mais Scrubs, en dépit de son cast principal déjà fort occupé par les amours tumultueuses qui l'agitent, c'est aussi une série où les personnages secondaires sont légion, et où chacun participe pleinement à la vie de l'hôpital. Ils sont une galerie foisonnante de personnages de passage, de rois du gimmick (comme The Todd), ou de rôles secondaires ou plutôt tertiaires qui font des apparitions persistantes et suivies au long de la série (comme le Dr. Mickhead qui a tué sa femme, mais sera innocenté).
Sauf qu'il ne s'agit pas de personnages ayant pour stricte fonction d'apporter des gags aux épisodes. Bien-sûr, c'est une tâche dont la plupart d'acquitte avec grâce, mais ce n'est pas tout. Ils composent, tous autant qu'ils sont, un panorama complexe et bruissant de visages et de fonctions, parmi lesquels les jeunes médecins apprennent à naviguer ; cela fait partie de l'apprentissage de toute personne entrant dans la vie professionnelle que d'apprendre à développer le sixième sens permettant de reconnaître les dynamiques internes, ou les personnes sur qui compter. C'est aussi un plaisir qui renforce l'expérience professionnelle que d'avoir des petits contacts en apparences anodins avec des collègues lointains, de cancanner sur la vie privée des autres employés, et de tout simplement participer à la vie d'une structure. Là encore, Scrubs atteint une parfaite universalité en utilisant le monde hospitalier comme cas particulier, mais totalement généralisable à toute expérience professionnelle ; l'institution hospitalière, bien qu'elle ait ses codes particuliers, est une entreprise comme une autre dans le fond, et pour moi qui regrette tant que peu de séries montrent le monde de travail pour ce qu'il peut être réellement lorsqu'on y entre (et pas nécessairement sous un angle négatif), la série parvient parfaitement à retranscrire ce sentiment diffus.
D'autant que JD, Turk et Elliot sont là pour rester un bon moment, pour se faire une place, et ils le savent bien ; il leur faut donc trouver leurs repères dans la jungle de leur lieu de travail, s'intégrer, se faire une place, une réputation ; ils doivent se créer leurs habitudes, trouver les endroits où se regrouper (d'abord le self de l'hôpital, puis le Coffee Bucks), ils doivent s'approprier un univers dense qui deviendra leur quotidien. La palette inouïe de personnages secondaires souligne cela.

Ce que Scrubs dépeint aussi, bien qu'évidemment sur le ton de la plaisanterie, c'est que plonger dans un nouvel univers professionnel, même s'il est aussi impressionnant et responsabilisant que le métier de médecin, voire peut-être même encore plus, n'a pas à être une quête douloureuse.
Les rêveries et les doutes de JD le montrent : le questionnement intérieur permanent est une bonne chose, bien que difficile. C'est un facteur d'apprentissage pratique et humain ; puis d'amélioration constante dans les deux domaines. Mais ce que démontrera la série au fil de ses saisons, comme en réponse à la fameuse phrase du générique, c'est que ce chemin n'a pas à être parcouru seul.

ItsDangeroustogoalone

Pour appuyer sa démonstration, Scrubs fait montre d'une richesse rarement égalée dans l'écriture de ses épisodes. Et ce très rapidement.
Bill Lawrence et sa bande de scénaristes tous terrains sont capables, en départ arrêter, de monter dans les émotions les plus intenses comme de courir un marathon de l'humour, et l'une des meilleures preuves, c'est la capacité de la writer's room à trouver des structures narratives originales permettant de souligner cette versatilité.

Il y a évidemment tous les épisodes voulus pour être spéciaux (chose que soulignera le making of de l'épisode dans les Bahamas oui, j'ai regardé un bonus de DVD, moi ! C'est vous dire le caractère exceptionnel de Scrubs), comme celui de conte de fées, l'épisode Muppets, l'épisode musical (dont il semble difficile à croire qu'il soit l'un des moins réussis, y compris musicalement, ce qui dépasse l'entendement), l'épisode sitcom...
Ces épisodes sont avant tout un condensé d'une vingtaine de minute de lâchage total, tant côté scénaristes que côté acteurs. Il s'agit de se faire plaisir en se mettant au défi, puis d'espérer que le défi se remporté et que le plaisir sera partagé. L'épisode sitcom est un excellent exemple : en soi, il n'est ni drôle ni même bien écrit ; mais pour quelqu'un qui vient du sitcom traditionnel comme Bill Lawrence, clairement, c'est un moment d'amusement avant tout. Le spectateur apprécie ces épisodes à la condition d'admettre comme présupposé que Scrubs est une grande famille de gens de la télévision qui s'adore et qui a envie de se lancer dans un délire, et que nous sommes invités à le partager quand bien même ce n'est pas exactement pour ce qui en résulte qu'on aime le plus la série. Ces épisodes fonctionnent principalement parce qu'à ce moment-là, on a le sentiment de faire partie de cette équipe.

Mais il y a les autres. Les vraies variations, les vraies innovations narratives.
Les épisodes à point de vue, par exemple, comptent parmi ces prouesses : Her story, His story, Their story, etc... sont autant de déclinaisons brillantes et vibrantes du principe sur lequel repose la série. Le meilleur de tous reste à mes yeux le premier volet de Their story, qui permet de rendre hommage à tous les personnages secondaires de la série à travers The Todd, Jordan et surtout Ted, qui offrent ici une remarquable opportunité de renouveler le propos de la série par un simple rafraîchissement de perspective.
Dés la première saison, Scrubs prouve ouvertement qu'elle est capable de contorsions intelligentes et osées avec son scenario, comme dans My Old Lady (encore !) qui parvient à apporter à la fois un regard plein d'humilité sur le métier de médecin, une interrogation sur la mort, comme on a pu l'évoquer plus tôt, et un twist final parfaitement maîtrisé.

Mon préféré (vous savez : avec 181 autres !) reste cependant My Way Home. Jonglant avec une agilité incroyable entre son propos, l'émotion qu'il véhicule, et une palette de références de la plus subtile à la plus évidente au Magicien d'Oz, l'épisode est l'un des meilleurs de l'histoire du format d'une demi-heure. Et il ne dure qu'une demi-heure ! On se prend à rêver à ce que pourraient faire les scénaristes avec un format d'une heure entre les mains !

D'autres épisodes encore, viennent gonfler les rangs de ceux qui vous font pousser un juron admiratif à la fin de l'épisode, et je ne peux tous les citer, mais pendant la plus grande partie de son existence, Scrubs va se faire un devoir de ne jamais se reposer sur ses lauriers, et c'est cette ambition, alors que la série fonctionne parfaitement sans ces coups de génie ponctuels, qui fait d'elle ce que j'ai presque envie d'appeler un chef d'oeuvre. Rien de moins.

ItsDangeroustogoalone-WizardofOz

Presque ? Oui, presque.
Ecoutez, les enfants, arrivés là, il faut qu'on s'asseye et qu'on parle. J'ai chanté les louanges de Scrubs depuis le début de ce post, les plus courageux d'entre vous ont vécu suffisamment vieux pour arriver à cette partie de la review, et je crois que vous avez mérité que je sois totalement franche avec vous.

Comme la plupart des gens qui ont vu l'intégralité de Scrubs, je m'apprête donc à me joindre au concert de sifflets accompagnant la saison 9.
Je n'étais pas très attentive au sort de la série à l'époque ; comme je la considérais comme une simple comédie (et que, soyons sincères, jusqu'à il y a quelques années, je déconsidérais énormément les comédies avant de m'atteler à la tâche d'en redécouvrir et réhabiliter quelques unes), je n'avais pas tellement suivi l'affaire de son annulation par NBC puis de sa récupération la maison-mère ABC. Très franchement, j'avais bien entendu un vague bruissement de mécontentement, mais je l'avais écarté de mes préoccupations rapidement.
Maintenant que j'ai achevé ce marathon, je comprends. Je comprends la colère, je comprends le dégoût, je comprends... l'incompréhension.

Que diable s'est-il passé ? Qui a tordu le bras à Lawrence et sa bande avec une telle insistance qu'il a montré tant de mauvaise volonté à écrire ces épisodes ? Ca a dû être d'une violence folle pour qu'on en arrive là.

La fin de la saison 8 donnait, déjà, des signes d'essoufflement ; certains acteurs donnaient des signes d'essoufflement, mais surtout, les sujets semblaient tourner en boucle, avec l'arrivée d'internes ne parvenant pas souvent à soulever des sujets originaux.
Mais avec encore quelques excellents épisodes dans ses manches (comme le puissant My Last Words) et surtout un season finale à mourir de chagrin (more on that in a bit), Scrubs montrait qu'elle n'était pas à l'agonie, elle semblait même mourir de sa belle mort. Mais il a fallu qu'un sorcier fou fasse revenir la série d'entre les morts, visiblement pour des raisons purement pécunières, et c'est un zombie qui est revenu à la vie.

Là où la saison 8 ramait pour renouveler les découvertes de ses internes, les étudiants en médecine de la saison 9 font tout simplement de la brasse coulée. Non que tous les personnages soient à jeter (comme le prouve la persistance de Denis "Jo" Mahoney, apparue l'année précédente, ou l'arrivée de Drew Suffin), mais ils n'ont clairement rien à raconter. Pire que ça : ils vont mal le raconter.
Il n'y avait aucun mal ni crime de lèse-majesté à changer la perspective, abandonnant la psyché délirante de JD (Zach Braff se contentant de n'apparaitre que dans quelques épisodes, et encore, uniquement parce qu'il était sous contrat je pense) pour entrer dans celle d'un novice ; mais en reprenant un personnage similaire à JD, en la personne de Lucy Bennett, l'échec est total. Il aurait bien mieux valu s'intéresser à un personnage portant un regard nouveau sur le monde de la médecine ; Drew, avec son background riche et son sarcasme (plus son rapport inédit au Dr. Cox) aurait été une cible de choix. Au lieu de ça, on est dans la répétition totale, et purement stérile, des mêmes questions posées sur le même ton, des insécurités et du monde de Bisounours (pardon, des chevaux). Quel intérêt ?

Pour couronner le tout, cette 9e saison s'arrête de façon honteusement abrupte et vaine, avec un épisode qui n'est pas une vraie conclusion à quoi que ce soit, et certainement pas à une série qui aura vécu près d'une décennie sur les écrans américains.
La flemmardise et l'absence de passion qui sont palpables à chaque épisode de cette saison ont de quoi donner l'impression à Whitney Cummings qu'elle écrit un chef d'oeuvre. C'est vous dire mon niveau de colère.
Et encore, ne me lancez pas sur les webisodes Scrubs: Interns.

Scrubs_Saison9

Dans ces conditions, je préfère donc m'en tenir au series finale de la saison 8 ; il était écrit pour après tout. Et il clot à merveille la série, avec encore une fois, la bonne dose d'intelligence, d'humour et d'émotion.

Je suis souvent émotive quand une série s'achève (même quand je ne l'ai intégralement découverte qu'à l'occasion d'un marathon d'un mois), c'est d'ailleurs sans doute ce qui explique que j'évite au maximum de regarder les épisodes finaux des séries que j'aime (toujours pas vu la fin de Pushing Daisies, et ceux qui ont suivi mes activités cette année savent que j'ai soigneusement évité d'en arriver là en écourtant mon Piemarathon cette année, parce que je suis une lâche dans ce genre de cas, et que je n'aime pas devoir dire adieux ; bon sang mais pourquoi croyez-vous que je ne sois pas cinéphile, enfin ?). Je redoute d'ailleurs la fin du Ozmarathon, mais on aura le temps de voir ça de près (déjà je vois bien que je renâcle à poster mes reviews, c'est un signe qui ne trompe pas, je me connais comme si je m'étais faite).
Mais à ce point ? C'était quasiment inédit ; il ne doit y avoir qu'une ou deux autres séries qui m'aient fait cet effet-là. Voilà comment les choses se sont passées, j'ai regardé l'épisode, passé 98% du temps à sangloter bruyamment, et à la fin, je me suis roulée en boule dans mon lit et j'ai pleuré une bonne heure d'affilée. C'était méchamment brutal, comme sensation de perte et de déchirement, et pourtant, je suis une chialeuse, téléphagiquement, c'est vous dire s'il y avait du niveau.

Là j'ai l'air de faire la maligne (ça se voit parce que mon vocabulaire s'est relâché), je fais semblant d'avoir pris du recul et de me moquer gentillement de ma réaction extrême, mais vous lisez le post de quelqu'un qui a dû s'y reprendre à plusieurs fois, aujourd'hui, pour écrire les morceaux de ce post, tout simplement parce qu'elle éclatait en sanglots (et j'écrivais pourtant mon post au bureau entre deux trucs, pas vraiment le contexte propice aux émotions débridées). Pas vraiment parce que j'avais terminé Scrubs, mais parce que ce final de la saison 8... je veux dire : ce final (le déni, ya que ça de vrai), m'a touchée de façon intense et totalement imprévisible.

Il y a environ un mois, je me suis lancé le pilote de Scrubs comme ça, pour déconner. Quelques semaines et 182 épisodes plus tard, je suis à l'agonie. La téléphagie est ainsi faite qu'on peut être surpris à chaque moment par des fictions qu'on juge parfois mineures, qu'on croit connaître parce qu'on les a survolées ; je n'ai jamais été capable d'être assidue avec une diffusion télé et je mesure, avec cette expérience, à quel point les marathons peuvent faire comprendre au téléphage qu'il passe à côté de véritables perles.
Scrubs s'est achevée il y a deux ans et demi, et je n'en ressens la brûlure qu'à présent. C'est un peu triste, mais moins que si j'avais continué de considérer la série comme une comédie plutôt réussie, avec quelques moments d'émotion, mais inoffensive.

Il va me falloir un bon bout de temps avant d'être capable de parler de Scrubs sans hoquet de chagrin. Peut-être bien que pour la première fois, je me suis vraiment, totalement, identifiée à une série. J'aime les séries qui parlent de choses tristes sur le ton de la rigolade, vous le savez bien !
Dans quelques mois, ou plus réalistement, dans quelques années, je me ferai sans doute un nouveau marathon au Sacred Heart Hospital. Mais là, tout de suite, j'ai surtout besoin d'un gros, gros hug de quelqu'un qui a une "odeur de figure paternelle", ou d'un "chocolate bear". Des volontaires pour consoler une téléphage au coeur brisé ?

18 décembre 2012

En famille

Dans le cadre du défi que whisperintherain et moi nous sommes fixés, il y a des hauts et des bas. Des séries traitées immédiatement, d'autres pour lesquelles, pour diverses raisons, on prend notre temps. Sincèrement, une série avec Jenna Elfman n'est jamais dans mes priorités. Mais je vais tout de même vous parler de 1600 Penn, dont le pilote a été diffusé par NBC en avant-première hier soir, parce que... eh bien parce que comme ça, c'est fait, voilà.
Mais si vous voulez quand même en savoir plus, eh bien comme toujours, la bannière au bas de ce post vous emportera chez mon camarade whisper qui devrait, je crois, reviewer l'épisode aussi. Un jour ou l'autre, nécessairement. Sinon il perd le défi, alors, héhé...

1600Penn

On est entre adultes, alors on peut se dire les choses honnêtement, hein. Non ? Quelques oreilles sensibles pourraient trainer dans le coin ? Bon, laissez-moi trouver une façon délicate d'aborder le sujet.
...
J'y suis : Noël !
Et en plus c'est de saison.

Mais si, vous savez, Noël en famille ! Ca rate pas, absolument chaque année !
Tout le monde est de relativement bonne humeur (bien qu'une partie de cette bonne humeur soit feinte, parce que la fatigue et les indigestions ne donnent pas nécessairement le sourire), on se retrouve, on fait un grand dîner de réveillon, ou éventuellement un déjeuner de Noël selon les traditions familiales de chacun (si vous êtes un personnage d'A Moody Christmas, par exemple), il y a des embrassades, des souvenirs, des "oh comme tu as grandi", des bons moments à partager, des cadeaux bien-sûr (dont des DVD de séries, en tous cas je vous le souhaite), bref, l'ambiance générale est aux sourires et tous les membres de la famille sont fréquentables, ou ont la bonne grâce de faire semblant de l'être.
Tous ? Non ! Un membre de la famille résiste à l'humeur ambiante.
Mais si ! Vous le connaissez ! C'est ce vieil oncle qui a bu un coup de trop avant de venir et qui a l'alcool ronchon, ou cette grand'mère qui passe son temps à juger la qualité de la nourriture avec la mine écoeurée, ou encore cette cousine qui reste vissée sur son smartphone en envoyant des textos excédés qu'elle ponctue de soupirs ostensiblement poussés pour tester les limites des adultes présents !
Chaque année, à tous les coups, il y a UN trouble-fête qui casse les pieds à tout le monde, qu'on regarde en coin en réprimant une furieuse envie de l'étrangler et en se reversant un verre de punch ou de champagne. On l'aime, hein, mais franchement il pourrait faire un effort ; parce que sincèrement, entre nous, s'il ne change pas de tête tout de suite, ça va mal finir.

Eh bien 1600 Penn, c'est exactement ça : une famille pas forcément drôle, mais disposée à faire semblant de l'être le temps d'un épisode, et UN personnage qui à tous les coups va menacer l'équilibre fragile avec son caractère à la con.
Ce personnage, c'est évidemment le pitoyable fils aîné de la très présidentielle famille Gilchrist, il est lourd, pas drôle, et absolument omniprésent dans ce pilote, ce qui rend les choses d'autant plus douloureuses que je n'avais ni punch, ni champagne à portée de main. A côté de ce personnage insupportable, les autres semblent presque appréciables, en dépit de Bill Pullman qui singe Martin Sheen (il est allé jusqu'à adopter la même coiffure et gagner 20kg !) et de Jenna Elfman qui, eh bien, est Jenna Elfman. En-dehors de l'adolescente un brin hystérique et franchement arrogante, dont l'intrigue est la seule chose qui laisse supposer une structure feuilletonnante, les deux autres enfants sont totalement transparents (même avec la "révélation" finale de l'épisode), donc irréprochables par définition. Vraiment, seul le personnage de Josh Gad vient plomber l'ambiance. Mais avec quelle persistance !

Il s'avère que cette année, pour Noël, je ne me farcis aucune réunion de famille, et ce on-ne-peut-plus volontairement. Alors vous pensez bien que 1600 Penn, je ne vais pas me la coltiner pendant toute une saison (si elle a la chance, et nous la malchance, de vivre aussi vieille).

Challenge20122013

17 décembre 2012

Effet papillon

Tandis que les abonnés de Canal+ se régaleront ce soir du final d'une série française qui n'a cessé de soutirer des jurons admiratifs à bien des critiques qu'on a connues plus mesurées. Il me fallait donc voir par moi-même cette série qui semblait faire l'unanimité !
whisperintherain, je n'en doute pas un instant, se chargera également de vous donner ses impressions sur le pilote, et à ce moment-là, la bannière au cas de ce post vous y conduira ; en attendant, souffrez que je vous dévoile ma review du premier épisodes des Revenants.

LesRevenants-Poster

On l'attend comme le Messie. Encore et encore et encore. Chaque fois qu'une série décente apparait à la télévision française, on parle de faire un pas en avant. Quand c'est une série qu'on peut qualifier de bonne, je peux ressentir l'euphorie générale jusque dans ma tanière solidement taillée dans une montagne d'a priori en anti-fiction française brute. Il y a quelques mois, j'avais réussi, pour la première fois, à me mettre au diapason de cette violente envie d'espoir, avec Ainsi Soient-Ils.
Mais ce n'est jamais assez. Ce n'est jamais la série que l'on attend. Ce n'est jamais le coup de poing que l'on voulait se prendre dans les gencives. Il y a toujours les petites choses qui ne vont pas, les acteurs plus laborieux que les autres, les lignes de dialogues un peu plus raides qu'il ne faudrait, le twist un peu plus simpliste qu'on ne le voudrait. Alors, une série française passe et on se tourne vers la suivante. Et pour moi qui ne me suis sérieusement mise à tester des séries françaises qu'en 2012 (c'était mon défi de l'année, pourrait-on dire), il y avait cette impression de se joindre au mouvement de téléphages-tournesols qui suivent la courbe du soleil mais finissent toujours par rebaisser la tête quand la nuit tombe ; il n'y a jamais assez de lumière, pour les téléphages exigeants, qui vienne des séries françaises. Le terme "fiction française" est autant porteur d'espoir, que de lourds sous-entendus sur l'incapacité de notre télévision à le concrétiser.

Cet automne, je trouvais qu'arte se débrouillait plutôt bien avec Ainsi Soient-Ils. Et puis j'ai vu le final de la saison 1 et j'avoue avoir eu un soupir désabusé : non, Ainsi Soient-Ils n'était pas la série française que j'attendais de voir un jour.
Allez, chère télévision française, jouons encore ! ...Peut-être que ce sera cette fois le cas des Revenants ?

En tous cas, au regard du pilote, il y a de fortes présomptions pour qu'enfin, on puisse dire qu'une série française est vraiment très, très, très solide, sans réprimer l'envie de faire venir un "mais" juste derrière. Les Revenants, c'est une série de genre qui fait tout ce que font les meilleures séries de genre : être un bon drama. Et ça, forcément, ça ne pouvait que me charmer.

Tout commence avec une scène glaciale, en ouverture du pilote, avec un car rempli d'adolescents, qui quitte la route. Plus tard, une jeune fille qui était à bord du bus réapparait ; elle remonte en toute hâte, à pieds, le chemin qui la conduit chez elle, ignorant qu'elle y est pleurée depuis 4 années.
C'est dés sa première séquence qu'il est clair que Les Revenants ne nous laissera aucune forme de répit. Les personnages auront beau respirer l'air pur des montagnes, l'épisode va intégralement exhaler une oppressante odeur d'ozone ; sous les néons qui palpitent, la tension est présente à chaque instant, une impression renforcée d'ailleurs par l'excellence du thème musical secondaire (qui relève à vrai dire assez souvent du bruitage, comme les respirations sifflantes et étouffées d'Oz savaient le faire). Alors que quelque chose semble aspirer l'énergie vitale de cette petite ville ordinaire, le spectateur retient instinctivement son souffle...

Comme l'annonce très clairement le panneau qui ouvre l'épisode avec le prénom de Camille (c'est notre fameuse "rescapée"), la série fait aussi le pari de ne pas tout-à-fait se la jouer ensemble show, et son pilote affiche des ambitions de semi-anthologie. Les Revenants sera l'histoire de plusieurs revenants, à n'en pas douter, c'est quand même dans le titre, et nous en effleurerons les vies (ou plutôt, les re-vies) au cours de cet épisode, mais de façon très fugace. Seule Camille fait vraiment l'objet des attentions scénaristiques.
Son cas est à la fois emblématique (une mort tragique, des parents endeuillés qui ne sont que joie à son retour, du moins passée la surprise) et, on le sent, exceptionnelle (le retour des autres personnages n'a rien du happy end). La storyline fonctionne donc parfaitement pour un épisode d'introduction, qui cherche à nous dresser les grandes lignes des interrogations suscitées par ces retours à la vie. Les aspects mythologiques, car il y en a (cette seule nouvelle devrait faire frémir de joie jusqu'au moins captivé d'entre vous par le pitch de la série), sont également caressés l'espace de quelques scènes-clés, mais volontairement limités.
Car ce que veut faire Les Revenants, ce n'est pas simplement vous pousser à vous demander comment ces anonymes reviennent à la vie, ni même pourquoi (ce qui suppose une réponse encore plus terrifiante, d'ailleurs). Evidemment, ces questions sont incontournables, ainsi que quelques autres, notamment en rapport avec Victor (si je fais des cauchemars à base de petit garçon de 8 ans, je saurai qui blâmer). Mais ce n'est pas vraiment ce sur quoi s'appuie majoritairement l'épisode.

A la façon de ce que faisait Babylon Fields (à propos de laquelle vous pouvez d'ailleurs vous rafraîchir la mémoire à l'aide des tags), le retour de ces personnes pose la question du temps qui passe, leurs proches ayant poursuivi leur vie, et pansé leurs blessures.

A cet égard, le cas de Camille, une fois de plus, est le plus parlant, puisque la jeune fille a une soeur jumelle qui n'était pas dans le bus ce jour-là, Lena, et qui a continué de grandir. La scène pendant laquelle les deux soeurs se croisent est terrible, et bien plus violente, en fait, que la plupart des images volontairement plus choquantes de cet épisode, et il y en a quelques unes. On ressent dés ce premier épisode, par procuration via les personnages qui ont survécu à leurs proches décédés, une sorte de culpabilité d'être en vie, une cassure non seulement venue du fait que l'autre est mort, mais aussi du fait que quand il revient, on ne l'a pas attendu ; on l'a trahi.
C'est évidemment une sensation très puissante, et elle imprègne les différentes storylines de ce pilote à différents degrés, tous rendant extrêmement palpable cette question du deuil qu'on voudrait continuer de porter, mais qu'on ne peut pas ; des douleurs qu'on voudrait nourrir, mais qui s'apaisent juste assez pour qu'on s'en veuille. Il y a les revenants, et il y a ceux vers lesquels ils sont revenus. Ce sont eux, les héros de ce pilote, à mes yeux (et puis en toute franchise, la plupart des revenants ne semblent pas avoir conscience de ce qui leur arrive).

La différence majeure avec Babylon Fields (outre l'ambiance beaucoup plus étouffante et, paradoxalement, réaliste), c'est que les circonstances de la mort de la plupart des chers disparus n'ont qu'assez peu d'importance (même si la fin de l'épisode a semé le doute dans mon esprit).
On sait comment Camille a trouvé la mort, puisque deux scènes, au début et à la fin du pilote, le montrent explicitement, en revanche on ne le sait pas pour la plupart des autres, et on ne se pose même pas la question. J'aime que cet aspect soit si peu intéressant pour les scénaristes à ce stade, même s'il ne fait pas grand doute dans mon esprit que, selon les cas, la question vaudra peut-être la peine d'être évoquée, comme dans l'histoire de Monsieur Costa.

Les prochains épisodes, à n'en pas douter, nous permettront d'avancer plus avant dans le mystère de ces retours, ainsi que sur l'identité et/ou la nature de Victor, qui se pose immédiatement comme un revenant à part. La plongée dans les eaux troubles du barrage voisin réserve également, c'est certain, bien des surprises. A ce stade, je n'ai l'impression qu'aucune réponse ne se pose comme une évidence, et cela me plaît, car c'est un sentiment rare.
Les épisodes nous permettront aussi, c'est une promesse et au vu du pilote, c'est celle qui a le plus de chances d'être la mieux tenue, de pénétrer l'intimité de chacun de ces revenants, y compris dans l'intrigue qui se crée vers la fin de l'épisode, et qui très franchement est, avec l'histoire de Camille, celle qui m'attire le plus d'un point de vue dramatique (là encore, une image choc bien saisie, d'ailleurs). Mais d'une façon générale, il est clair que ce sont ces éléments qui ont la préférence des scénaristes, ce qui me les rends immédiatement sympathiques, car il s'avère que c'est une préférence que je partage.

Mais je triche. J'essaye de vous dire que j'ai apprécié le pilote des Revenants, et qu'une fois arrivée à son terme, je me suis enfoncée dans mon fauteuil, je me suis gratté le menton, et je me suis dit : "alors, je l'ai aimé, ce pilote ? Il était bon ? Pour la suite, ça semble prometteur ?". Et ce n'est pas vrai. Ce n'est pas du tout comme ça que ça s'est passé.
J'ai su que j'allais aimer Les Revenants... quand j'ai vu les papillons. Quelqu'un qui a cette idée magnifique ne peut pas faire une mauvaise série, j'en suis convaincue. Le pilote l'a confirmé ensuite.

Maintenant excusez-moi, il faut que j'aille dans ma FNUC réserver le coffret DVD de ma nouvelle série française préférée, qui sort mercredi. Pardon, je me corrige : le coffret DVD de ma première série française préférée.

Alors c'est donc vrai. L'espoir fait vivre.

Challenge20122013

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16 décembre 2012

Does it seem real ?

En matière de films, je n'ai pas du tout de "technique". J'en ai vu, au final, très peu (et je ne vais pas au cinéma plus d'une ou deux fois par an pour en voir de très récents), et j'ai la sensation d'avoir un énorme retard à rattraper en la matière ; et en même temps, je n'ai pas vraiment envie de me taper tous les Transformers qui sont sortis, sortent ou vont sortir. Une part de mon inculture cinématographique est totalement assumée, parce qu'il y a des films dont je sens qu'ils ne sont pas pour moi, quand bien même ils ont du succès et/ou tout le monde en dit du bien.
Ca rend assez compliqué de me recommander des films, d'ailleurs, parce qu'il y en a que je ne sens pas du tout, et ce n'est pas la peine de me les suggérer, je sais très bien pourquoi je ne les ai pas vus ; et d'autres, l'immense majorité des autres, dont je ne soupçonne tout simplement pas l'existence, rapport au fait que je ne suis absolument pas l'actualité cinématographique en général, que je ne regarde même pas quels sont les films à l'affiche, et que comme je n'ai pas la télé par exemple, je passe à côté des promos des plus gros blockbusters dont on parle à un moment donné. Et du coup, toute mon éducation est à faire sur le plan des longs métrages (ne nous lançons même pas dans les courts, c'est pire), même si, obstinément, il y a des films que j'ignore volontairement.
Pour autant, il y a des films dont le pitch me rebute, et puis, un jour, allez savoir pourquoi, après avoir tourné autour du pot, il me vient soudain l'envie, ou plutôt le courage, ou quelque chose entre les deux, de finalement me mettre devant. Pour en avoir le coeur net. Et quand ça se produit, il n'y a pas de raison. Personne ne m'en a parlé récemment. Je n'ai rien lu au sujet du film qui ait déclenché un rappel ("ah ouais, j'en avais entendu parler..."), rien du tout. Mais tout d'un coup, et ce en dépit du fait que j'ai une liste de film sur mon ordis qui attendent d'être testés, eh bien, c'est celui-là que je vais tenter. Sans aucune raison apparente.

Mon rapport aux longs métrages a toujours été compliqué, et c'est ce qui m'avait poussée à tenter un challenge cinématographique en 2010 (j'avais à cette occasion découvert 95 films en une année, j'étais plutôt contente de mon effort) ; actuellement je me demande si je ne vais pas m'en lancer un autre en 2013 d'ailleurs. J'me tâte.

Enfin bref, tout ça pour dire : ce soir, quand j'ai pu me poser, plutôt que de lancer un épisode de série, j'ai décidé de regarder Lars and the Real Girl. Sans aucune raison apparente.

Pour ceux qui sont encore plus incultes que moi cinématographiquement (il faut le faire), Lars and the Real Girl, c'est l'histoire d'un jeune homme (probablement situé du côté fonctionnel du spectre de l'autisme, mais ce n'est que mon interprétation) qui décide d'acheter une love doll qu'il se met à traiter comme sa petite amie au vu et au su de tous, y compris de son frère et de sa belle-soeur, enceinte.
Mais ce dont je voulais parler dans le post du jour, c'est de ceci.

A un moment du film, environ aux deux tiers, disons, tout d'un coup j'ai eu un mouvement de recul, et je me suis dit : "tu te rends compte que t'es en train d'être émue pour une poupée ?". Pendant une petite minute, j'ai donc commencé à me quereller avec moi-même plutôt que d'écouter le film, sur le mode : "que Lars y croie, c'est une chose, mais toi, tu es supposée être consciente qu'il s'agit d'une poupée".
Et puis j'ai réalisé que ça ne faisait pas de grosse différence, dans le fond. Que se serait-il passé si la poupée avait été incarnée par une actrice totalement immobile, est-ce que ça m'aurait autorisée à ressentir les émotions ? Le plus fou, c'est que sur le moment, je n'ai même pas eu l'idée de me dire que Lars non plus n'était pas vrai. C'est un personnage ! Lars pense que la poupée est vraie parce c'est ce que veut la scénariste, c'est comme ça que fonctionne son histoire, mais Lars n'est pas plus vrai que ne l'est la poupée.

Comme l'indique la suite du film (pas d'inquiétude, si vous ne l'avez pas vu non plus, vous ne serez pas spoilé), la question de savoir si la poupée est "vraie" est finalement réglée sans même qu'on n'y prenne garde (ou, plus explicitement, balayée en une seule réponse par l'extraordinaire personnage de Patricia Clarkson).
Ce n'est même pas vraiment une question, dans le fond, et c'est ce qui rend, en partie, ce film si fabuleux.

ButItIsReal

Mais la question était posée à la spectatrice que je suis : pourquoi s'inquiéter de savoir si quelque chose est "vrai" dans une fiction ?

Pas au sens de réaliste, parce que ça n'est pas un vrai problème à mes yeux ; on peut évidemment se demander quelle est la bonne dose de réalisme et quelle est la latitude que peut prendre un scénariste avec la réalité, mais quand on affectionne autant les dramédies de Showtime que moi, par exemple, le réalisme des situations reste quand même un point très secondaire, pourvu que les personnages n'en manquent pas. Non, la question qui se posait, c'était de se demander ce qui est "vrai" dans ce qu'on regarde, bien qu'il s'agisse d'une fiction, et que chacun en soit parfaitement conscient.

Au moment de faire le film, aucune des personnes impliquées ne doute qu'il s'agit d'un film, pour commencer, et donc de quelque chose qui n'est pas "vrai". On peut supposer qu'aucun acteur ne pensait de la poupée qu'il s'agissait d'une personne véritable, par exemple.
Bon, peut-être qu'un acteur vraiment jusqu'auboutiste irait jusqu'à le croire le temps d'un tournage (je sais pas, un mec qui suivrait la méthode Shia LaBeouf, par exemple), et/ou par ce même phénomène qui fait que deux acteurs dont les personnages sont liés romantiquement pendant un film ont tendance à sortir ensemble durant la période du tournage. Il y a aussi, évidemment, le cas à part des biopics... Et c'est à peu près tout. Mais sinon, c'est sans ambiguité.
Pourtant, il y a des choses qui sont vraies dans ce film. Ce sont de vraies larmes qui coulent sur les joues des protagonistes (à moins que les interprètes soient mauvais au point d'avoir à recourir à des artifices genre collyre...), et plus généralement, pour avoir dû afficher ces émotions à l'écran, les acteurs ont dû, dans une certaine mesure, les ressentir. Et ça, c'était "vrai". De façon détournée et/ou brève, mais "vrai".

Pourquoi m'en suis-je voulue, sur le moment, de ressentir quelque chose au sujet de cette poupée, au prétexte qu'elle n'est pas réelle ? Je ne me suis jamais fait la réflexion devant un film d'animation, et pourtant, mon émotion devant, mettons, l'introduction d'Up était on-ne-peut-plus réelle. Eeeh bah voilà, j'ai fait pleurer tout le monde rien que d'en parler, ah bravo lady ! Sans doute que c'est ce qu'une partie de Lars and the Real Girl essaye de questionner aussi, après tout, à travers les réactions des personnages qui croisent la route de Lars et de sa poupée.
Mais c'était vraiment une sensation bizarre que de me poser cette question, quand la ligne de démarcation est normalement tellement évidente.

L'interrogation n'a pas duré longtemps, et j'ai pu regarder le dernier tiers du film sans être gênée, ni prendre une attitude de recul qui m'aurait tenue à distance des émotions véhiculées par la fin de l'histoire. Ca m'aurait gâché l'expérience.
Mais je n'ai toujours pas répondu à la question. J'ignore pourquoi j'ai eu ce mouvement de recul vis-à-vis de cette poupée.
Peut-être parce qu'elle était un peu trop vraie, à la réflexion.

Mais je suis curieuse d'avoir votre avis. Quelque chose de similaire vous est déjà arrivé en regardant une fiction ?

15 décembre 2012

Have yourself a merry little Jul

Puisque nous sommes arrivés à la mi-décembre, je vous propose de faire un propose de faire un petit "point Julkalender", histoire de voir un peu ce que les chaînes des pays scandinaves ont à offrir...

Le Julkalender ? C'est cette tradition qui remonte à l'année 1960 ; à l'époque, en Suède, SVT met en place une sorte de calendrier de l'Avent télévisuel. Le concept est simple : il s'agit d'inventer une série sur le thème de Noël, regardable par toute la famille, et d'en diffuser un épisode chaque jour à la même heure, jusqu'à la fameuse journée de Jul, avec un total de 24 épisodes (puisque dans ces pays, on fête Jul le 24 décembre, et non Noël le 25). Progressivement, l'idée a fait son chemin ; DR, au Danemark, a repris l'idée, puis YLE en Finlande, et NRK en Norvège avant la fin des années 60. Si bien que désormais, c'est une tradition dans toute la Scandinavie que de se rassembler, chaque jour, devant la télévision, pour apprécier un conte de Noël... pardon : de Jul... en famille.
Loin d'être des productions au rabais, ces séries de l'Avent sont souvent de belles productions soignées, tant à l'écriture qu'à la réalisation, et se taillent bien souvent une place de choix à la fois dans le coeur du public et de la critique. Certaines obtiennent même des nominations, voire des récompenses lors des cérémonies télévisuelles comme les Gullruten ou les Kristallen ! En un mot : ce sont de véritables évènements.

Si vous le voulez bien, voyons donc ce que les principales chaînes proposent depuis le 1er décembre.

Julekongen

En Norvège, d'abord, c'est Julekongen qui a démarré sur NRK Super (la chaîne publique dédiée aux enfants) à 18h25. La série raconte comment Kevin, un petit garçon un peu solitaire mais passionné par le bricolage, voit Jul tourner au désastre alors que des champignons ont été découverts dans sa maison, et que le 20 décembre, leur famille sera donc mise dehors. Comment célébrer la fête la plus importante de l'année dans ces conditions ? Pire encore, la famille de Kevin est invitée à célébrer Jul avec la famille de son pire ennemi Peder... Mais heureusement, avec son amie Eiril, Kevin va découvrir une grotte qui mène à un royaume secret, dans lequel ils vont devenirs des rois en combattant auprès de preux chevaliers contre un terrible sorcier. Il y a peut-être encore un espoir pour sauver Jul !

Pour ceux qui sont curieux, le site de NRK propose (sans aucune barrière géographique) de visionner les épisodes de Julekongen en streaming (avec sous-titres uniquement norvégiens, je vous l'accorde), et il faut bien admettre que le pilote est une petite merveille. Entre son côté délicieusement rétro (la ville de Sølvskogen, où se déroule en partie la série, ressemble à celle d'Edward aux Mains d'Argent, par exemple), son esprit malicieux (Kevin est un petit garçon pas forcément très expansif, mais très malin), et son incroyable soundtrack (qui n'a rien à envier à des films comme Hook, par exemple), c'est une petite demi-heure pleine de charme que propose la chaîne publique, parfaitement dans l'état d'esprit de la saison, et regardable par toute la famille sans que qui que ce soit ne s'ennuie. Si vous avez envie de passer un bon moment pour vous plonger dans l'esprit de Noël, je recommande !
Julekongen a d'ailleurs ravi le public d'entrée de jeu : son pilote a été regardé par 908 000 spectateurs, c'est-à-dire qu'on estime que 89% des enfants norvégiens l'ont vu !

Pour l'anecdote, la série est produite par Sven Clausen, déjà responsable d'une autre série de fin d'année, Jul med Clevin, en 1992 ; il est également le producteur de séries tout-à-fait pour adultes, et primées à l'occasion des International Emmy Awards, telles qu'Ørnen, Livvagterne (qui d'ailleurs va sortir au Royaume-Uni en DVD au printemps) ou Rejseholdet.

Julestjerner

Au Danemark, DR fêtait les 50 ans de sa tradition télévisuelle, et pour l'occasion a décidé d'offrir un 25e épisode à sa série annuelle. Julestjerner, c'est son nom, est plutôt orienté vers les préados et les ados. Il s'agit de l'histoire de Sus, une jeune fille passionnée par le vélo acrobatique (mais tout aussi passionnée par son instructeur, un type qui se surnomme The Whizz), qui s'apprête à fêter avec ses parents, John et Maria, son dernier Jul en tant que fille unique, puisque Maria attend un enfant. Problème : le 1er décembre, une terrible tempête imprévisible vient ébranler leur immeuble ; comme la structure est désormais dangereuse, ils sont évacués et partent en urgence s'installer à la campagne, là où la famille a hérité d'une vieille bâtisse ; Sus peut dire adieu à sa vie à la ville ! Cependant, dans ce nouvel endroit qui ne lui plait pas, elle fait la rencontre de Bob, un passionné en astronomie qui passe son temps dans un observatoire désaffecté. Avec lui, elle va découvrir que les choses étranges qui se passent en ville, comme la tempête, proviennent en réalité de l'apparition d'une nouvelle étoile dans le ciel...

Si vous n'êtes pas trop fan des contes de fées du genre de Julekongen, Julestjerner et son temps bien plus sérieux pourraient être plus pour vous. Cependant, la mise en place de l'histoire est beaucoup plus lente ; il faut attendre la fin du 2e épisode avant que la famille de Sus n'arrive seulement dans son patelin campagnard paumé, et il n'a encore même pas été question d'étoiles ! Un peu gênant pour une série dont le titre contient le mot danois pour "étoile", quand même. Cependant, ça change des clichés sur Noël. Là encore, DR vous permet de visionner les épisodes sur son site, si vous voulez aller jeter un oeil.
Avec 1,16 million de spectateurs pour son premier épisode, samedi 1er décembre, soit 53% des spectateurs, Julestjerner n'en est pas moins un joli succès. C'est le meilleur démarrage pour un Julekalender sur DR depuis 1993, rien de moins.

JuliValhal

Si Julstjerner a pris la tête des audiences danoises, le 1er décembre à 19h30, un petit mot tout de même sur le Julkalender de la chaîne concurrente TV2, qui rediffusait Jul i Valhal, une série déjà dévoilée au public dans les mêmes conditions, en 2005. On y découvre Sofie, à laquelle sa mère apprend qu'à la fin du mois de décembre, elles devront déménager pour Singapour pour des raisons professionnelles ; en attendant, comme leur appartement est rapidement vendu, la mère et la fille vont vivre pendant le mois de décembre avec la grand'mère Ragnhilde. Mais la vieille dame est pleine de surprises : elle habite juste à côté d'un dolmen sous lequel on dit que nul autre que le dieu nordique Loki est enchaîné. Et effectivement ! Sofie découvre Loki, lequel lui promet d'exaucer son voeu de ne pas avoir à aller vivre à Singapour, si elle veut bien le libérer...

La rediffusion peut sembler être un procédé un peu parasseux, mais Jul i Valhal est un véritable succès international dans la catégorie des séries de l'Avent (elle a été diffusée en 2006 en Norvège, en 2007 en Suède et en 2008 en Finlande !) ; comme les épisodes sont également sortis en DVD, il est assez facile de les trouver en streaming, par exemple sur Youtube (ici le pilote). L'originalité essentielle de la série, c'est qu'elle inclut des numéros musicaux (ou plutôt des clips) chantés par les personnages de la série, aussi bien sur le thème de Noël, que sur ce que le personnage alors mis en vedette traverse. Ainsi, voici la chanson de Loki sur ses années d'enfermement sous le dolmen :

JuliKommunen

Il ne faut pas oublier une troisième chaîne publique danoise, DR2, qui a elle aussi son Julkalender... mais comme chaque année, elle s'adresse à un public légèrement plus âgé. Avec Jul i Kommunen, une satire politique qui se déroule dans une petite ville où le maire est égocentrique au possible, doit gérer la tradition des fêtes de Noël même si, en réalité, il s'intéresse bien moins aux citoyens de sa petite commune qu'à sa propre personne.

Vraisemblablement inspirée par la formule de séries comme The Office, la série, ainsi que c'est souvent le cas pour un Julekalender de DR2, est clairement tournée avec peu de moyens. Vous pouvez tenter d'aller la regarder sur le site de DR, où elle est disponible en streaming, mais sans sous-titres, elle perd énormément d'intérêt (c'est le problème des comédies en VOSTM).

MysterietpaGreveholm-GrevensAterkomst

Chez SVT1, en Suède, le 1er décembre était l'occasion de diffuser la suite de Mysteriet på Greveholm, dont la première diffusion datait, tenez-vous bien... de 1996 ! Mais en 2007, cette série a été élue "meilleur Julkalender de tous les temps", alors forcément... Mysteriet på Greveholm: Grevens återkomst, ce sequel un peu tardif, Greveholm est un manoir hanté par Le Comte, à l'abandon depuis 16 longues années, quand les Olsson (la famille qui était l'héroïne de la première série) sont partis, et qui est mis en vente. Saga et Benny, les deux enfants de la famille qui achète le manoir pour le remettre en état, vont progressivement découvrir les secrets de cette étrange demeure...

Diffusée quotidiennement à 7h15 et 18h45, Mysteriet på Greveholm: Grevens återkomst est comme son aînée, un grand succès : 2,57 millions de spectateurs étaient réunis devant le premier épisode (pour comparaison, c'est un peu plus que les 2,13 millions qui avaient assisté au démarrage de Tjuvarnas Jul l'an dernier à la même époque). Sachez que si jamais vous êtes amateur de torrents, on peut trouver les Julkalendern récents de SVT dans la fameuse baie des pirates ; et contrairement aux autres pays scandinaves, les Julkalendern de SVT durent seulement un quart d'heure.

Joulukalenteri-2012

En Finlande, c'est un peu différent. Joulukalenteri n'est pas une superproduction, et ce n'est pas vraiment une série feuilletonnante non plus, mais plutôt une sorte de comédie à sketches, et les épisodes durent 10 minutes seulement. Avec cette série peu originale, YLE nous emmène en effet dans la maison de Joulupukki (l'équivalent finlandais du Père Noël), qu'il partage avec son épouse Joulumuori et divers autres personnages typiques de l'univers de Joulu (comprenez : Noël), préparant, devinez quoi, son travail annuel de distribution de cadeaux. Si vous voulez jeter un oeil au Joulukalenteri de cette année, YLE a la bonne idée de mettre, elle aussi, les épisodes en ligne sur son site.

Voilà pour l'essentiel de ce que les grandes chaînes scandinaves proposent en ce mois de décembre. Je vous avoue avoir une énorme préférence pour Julekongen, qui est vraiment parfaite pour la saison, et parfaitement réalisée. J'ai déjà mentionné que je vous la recommandais ? Dans le doute, souffrez que je me répète : ça vaut vraiment que vous y jetiez un oeil.
Pendant ce temps, nous nous amusons à compter le nombre de rediffusions d'Une Nounou d'Enfer sur les nouvelles chaînes de la TNT. Ca fait chaud au coeur de se dire qu'il y a des pays où la télévision sait fêter dignement les fêtes de fin d'année, non ? Chaque année à la même époque, entre les Christmas Specials des plus importantes séries britanniques du moment et le Julkalender, je suis prise d'une interrogation douloureuse : et à la télévision française, où sont nos traditions en matière de fiction ?
...Ensuite je me souviens qu'on n'a pas vraiment de tradition télévisuelle en matière de fiction le reste de l'année non plus, et je vais pleurer un bon coup. Espérons que dans mes chaussettes cette année, on trouve des DVD de séries scandinaves, ça pourrait me remonter le moral !

14 décembre 2012

Ástríður's diary

Que se passe-t-il quand une trentenaire, pas super jolie et pas super assurée, se retrouve brusquement célibataire et sans emploi ? Eh bien ça donne Ástríður, une héroïne islandaise à la Bridget Jones dont je voulais faire connaissance, et dont j'avais donc acheté les aventures en DVD cet automne. Dans la série qui porte son nom, Ástríður fait figure de personnage un peu cliché au premier abord, mais fort heureusement, le personnage se montre plus intéressant qu'il n'y parait.
Alors, une fois n'est pas coutume, je vous embarque aujourd'hui dans une petite comédie (un peu) romantique...

Astridur

L'histoire d'Ástríður, la série, commence alors qu'Ástríður, l'héroïne, revient du Danemark où elle vivait en couple avec celui qui était supposé être l'homme de sa vie, et où elle également achevé ses études. Malheureusement, sa relation n'a pas fonctionné, et la voilà qui revient en Islande avec à peu près rien, si ce n'est une valise, et un appartement vide qui l'attend. On pourrait se dire que c'est là le parfait portrait de la nana paumée et sans doute malheureuse comme les pierres, mais pas vraiment.
Et je crois que c'est ce qui, d'instinct, m'a plu chez Ástríður, le fait qu'elle perçoive tout cela comme des changements, un nouveau départ, mais pas comme un échec. Elle m'a plu d'emblée, cette petite nana, parce que sa vie ne finissait pas avec sa relation éteinte, voilà : elle commençait.

Lorsque l'épisode commence, Ástríður est au téléphone avec sa mère, restée au Danemark : elle l'appelle pour lui dire qu'elle est bien rentrée (sa mère ne comprend pas à quoi ça sert, ça donne bien le ton). Sa mère ne l'écoute qu'à moitié ; elle s'inquiète de savoir si son ex-gendre va bien, et pas vraiment de savoir comment Ástríður se remet de sa rupture. Bagage à la main, Ástríður lui explique qu'elle vient d'arriver, que l'appartement est peint et qu'il lui plait bien comme ça tout blanc, qu'en somme, elle va bien... et ça n'est pas du chiqué. Elle a vraiment l'air d'aller bien. Elle soutient que c'est elle qui a plaqué son copain, et en dépit de sa mère qui semble convaincue que sa fille s'est faite larguer brutalement et renvoyer au pays. Elle est évidemment un peu anxieuse à l'idée de commencer un nouveau boulot dans l'entreprise de son oncle, mais enfin, elle a l'air solide, cette petite bonne femme, et ça me l'a instantanément rendue sympathique. Ástríður, en dépit de sa mère qui se désintéresse totalement d'elle et se contente de lui asséner des banalités négatives, c'est une fille chouette.

Seulement, elle est quand même un peu maladroite, Ástríður, et elle sait qu'elle ne sera pas forcément d'emblée à l'aise dans son nouveau boulot, d'autant qu'elle commence une toute nouvelle carrière. Ca se confirme effectivement quand elle commence à bosser le lendemain et que son oncle (jovial mais aussi franc qu'un âne qui recule) lui fait quelques remarques un peu étranges, et, surtout, qu'elle rencontre Fanney, une femme superbe, mais glaciale, avec laquelle elle va devoir travailler. Fanney la met sans cesse en boîte, notamment sur son look (cela conduira Ástríður à aller faire les boutiques, poussée par son oncle trop content de la faire ressembler à l'employée idéale), ne perdant pas une occasion pour la rabaisser avec des remarques cinglantes, mais toujours effectuées avec le plus parfait des sourires. Sauf que, là encore, plutôt que de totalement se laisser marcher sur les pieds, vous savez ce que fait Ástríður ? Elle est formidable cette petite. Elle râle. Bah ouais, elle n'allait quand même pas se laisser complètement saper le moral par une bitchasse, quand bien même elle n'a pas forcément l'aplomb pour la remettre à sa place.
Sauf que, Ástríður étant quand même la reine de la bourde, lorsqu'elle se plaint de Fanney à un collègue bien plus sympathique qui a l'air d'être mieux disposé à l'accueillir à bras ouverts au sein de l'entreprise, un charmant geek du nom de Bjarni, elle ignore que celui-ci est en couple avec Fanney ! En fait, c'est même pire que ça, ils vivent ensemble...

C'est là qu'on sent qu'Ástríður a décidé de se la jouer quand même un peu comédie romantique sur les bords, à la façon dont, coulant un regard vers Bjarni, Ástríður a envie de lui dire : "comment tu peux être avec une fille comme ça alors que, toi et moi, dés le départ, on s'entend si bien ?". Mais ça reste suffisamment léger pour que votre serviteur ne trépigne pas d'impatience devant son écran, et conserve le sourire.
Plus tard dans l'épisode, lorsqu'on lui demandera si elle a fait des rencontres dans son nouveau boulot (parce que malheur, il ne faudrait pas qu'en plus elle reste vieille fille), Ástríður bégaiera qu'il y a un type bien au boulot, mais que ça ne se fera jamais (...mon oeil !).

Mais Ástríður, c'est aussi, en grande partie, une comédie de bureau rappelant vaguement les dynamiques du genre The Office, mais avec un humour typiquement scandinave. Ainsi, l'entreprise où atterrit notre héroïne compte un type en fauteuil roulant, qui va sans cesse sortir mettre Ástríður mal à l'aise avec ses remarques mi-figue mi-raisin, et sa façon de rappeler constamment qu'il est en fauteuil roulant (un peu comme Todd dans Committed, pour ceux qui se souviennent du personnage handicapé le plus pervers de toute l'histoire de la télévision). Ou encore, Ástríður va provoquer une crise cardiaque chez un employé... sauf qu'elle est tellement poissarde que lorsqu'elle vient le visiter à l'hôpital, il fait une autre crise cardiaque ! Ástríður se fait ensuite expliquer que le collègue en question fait souvent des infarctus ; rassurée, elle retourne voir le pauvre collègue... qui REfait une crise cardiaque et reste sur le carreau.
La série, sans avoir d'immenses ambitions, est donc jalonnée de petites séquences de ce genre ; on est à vrai dire plus dans la dramédie absurde que dans une véritable comédie. L'oncle d'Ástríður compte aussi parmi les énergumènes étranges de la série, également, mais jamais jusqu'au point où il deviendrait un personnage de comédie.

Résolument, ce qui me plait dans Ástríður, c'est surtout la façon dont l'héroïne aborde une nouvelle phase de sa vie. Et, comme tous les personnages qui essayent de changer de vie, elle force parfois peut-être un peu le changement, par envie absolue d'aller de l'avant et/ou à cause de la pression extérieure, en oubliant qu'on ne peut pas tout changer. Quand son oncle l'emmène changer sa garde-robe, parce qu'Ástríður ne fait pas très "professionnelle" avec ses fringues (et qu'évidemment elle s'est prise une remarque de Fanney), les vêtements choisis par son oncle sont tellement austères et sérieux, qu'Ástríður sent immédiatement que ce n'est "pas elle". Elle tente quand même d'aller au boulot déguisée le lendemain, mais elle n'est pas à l'aise et finit par quand même modifier sa tenue ; c'était agréable de la voir refuser de se forcer à accepter un changement qui ne lui correspondait pas.
Et puis, je me suis particulièrement sentie proche d'Ástríður lorsqu'elle explique à Bjarni, au bureau, qu'elle va meubler son appartement uniquement avec un design épuré, et qu'elle ne va pas se contenter d'acheter des meubles chez IKEA, qui sont confortables mais pas très esthétiques, quand même. Mais quand l'épisode finit, Ástríður est au téléphone avec sa mère, au milieu de ses nouveaux meubles... et des cartons IKEA. Eh oui, changer de vie, ça ne veut pas dire changer soi-même, et il y a certaines choses qui après tout, par confort ou habitude, n'ont pas forcément lieu d'être changées. Ca me plaisait bien qu'Ástríður vive les choses de cette manière ; ce n'est pas parce qu'on vient de rompre que tout est à jeter !

Aujourd'hui, Stöð 2, la chaîne qui diffuse la série, a annoncé qu'Ástríður reviendrait (enfin !) pour une nouvelle saison au printemps 2013, après plusieurs années de développement (la première datait quand même de l'été 2009). Cette seconde saison est à nouveau écrite par Sigurjón Kjartansson (également auteur de Réttur et Pressa, le monde est petit), et le tournage devrait commencer en janvier.
Alors mille hourras pour Ástríður (et donc Ástríður), dont je vais donc achever les aventures dans l'intervalle histoire d'être parée... et vous devriez en faire autant !

13 décembre 2012

Pour le meilleur, et rien que le meilleur

Quand je vous disais qu'il me restait des pilotes dans un coin, je ne plaisantais pas : j'en ai PLEIN ! Et d'ailleurs tant mieux, parce que la vie sans pilote m'est inconcevable. Place cette fois à une nouveauté lancée le mois dernier par la chaîne câblée TBS ; comme toujours, sitôt que mon camarade whisperintherain aura rattrapé son retard, un lien apparaitra au bas de ce post pour que vous puissiez comparer nos points de vue sur ce pilote.

WeddingBand

C'est une plutôt bonne saison que nous fait TBS, et le fait est suffisamment rare pour être noté. Après Sullivan & Son (dont je reconnais aisément qu'elle ne plaira pas à tout le monde ; mais franchement, à qui peut plaire Men at Work en comparaison ?!), la chaîne a lancé une série du nom de Wedding Band, lançant pour la première fois dans une série d'une heure depuis le pénible Glory Daze. C'est d'autant plus une prouesse que TBS ne commande que des comédies, et que Wedding Band était commandée à l'origine comme une comédie d'une heure, une façon d'aborder le format assez exceptionnelle ; force est de constater que le pari est réussi.

Vous connaissez le terme de "tear jerker" ? Eh bien Wedding Band est un méchant "smile jerker". Je n'avais pas réalisé à quel point c'était devenu rare ces derniers temps de sourire de bout en bout pendant une série, et plus encore une série d'une heure, mais c'est bel et bien ce qui s'est produit devant ce pilote. J'en suis ressortie avec une banane incroyable !

Il me faut préciser, à ce stade, que je suis extrêmement friande d'amitiés masculines à l'écran (quand elles sont bien écrites), bien que je regrette qu'on soit si rarement capables de trouver un équivalent parmi les amitiés féminines. En gros, une amitié entre mecs (ou mixte) est souvent écrite de façon plus vraie, plus sincère, quand une amitié entre femmes passe par tous les archétypes possibles et simplistes qu'on connait depuis au moins Carrie Bradshaw et sa clique ; ça va quand une série les emploie, on peut décréter que cela fait partie de son style, mais quand tout le monde s'y met, c'est insupportable tant c'est cliché.
La bande de potes de Wedding Band (ah ah) a ce petit quelque chose de sincère, de chaleureux et de vibrant qu'ont les meilleures bandes de potes ; sans aller jusqu'à avoir le sens aigu de l'authenticité de Men of a Certain Age (certainement la meilleure série sur une amitié masculine de ces dernières années), la comédie d'une heure est capable de trouver ce petit quelque chose qui rend non seulement ses personnages sympathiques de façon indépendante, mais surtout, en groupe. La dynamique fonctionne très bien, immédiatement, et cela permet immédiatement de ne pas prendre le monde dans lequel ces quatre gars évoluent pour un truc absolument ringard et miteux.

Parce qu'osons le dire, être dans un groupe qui joue dans les mariages et autres fêtes, c'est quand même bien ringard. Les personnages n'en ayant qu'une conscience vague (ils se trouvent ringards par rapport à d'autres groupes spécialisés également dans les évènements familiaux, mais pas forcément dans l'absolu), il était nécessaire que les spectateurs se placent immédiatement dans un état d'esprit similaire, afin de ne pas les prendre pour des losers : ils ne se ressentent pas vraiment comme tels. Tommy, Barry, Eddie et Stevie font quelque chose qu'ils aiment, et qui leur apporte une vraie satisfaction personnelle ; c'est d'ailleurs tout l'objet de la fabuleuse introduction du pilote, alors que Stevie intègre le groupe et que les trois autres lui donnent les règles qui permettent à la fois de faire passer le meilleur moment possible à leur public, et comment eux aussi passer un super moment (si possible, pour ceux d'entre eux qui sont célibataires, en trouvant une jolie demoiselle d'honneur à charmer à peu de frais). Cette introduction fonctionne parfaitement, parce qu'elle condense toute l'optimisme de la série, toute la joie débridée des personnages pour leur activité, et en même temps, possède un rythme parfait, ponctué par plusieurs chansons qui terminent de donner au tout un tour incroyablement convivial et festif.
Ce qui m'a aussi plu dans Wedding Band, c'est que ces mecs-là, ils ne font pas vraiment le boulot de leurs rêves ; ils sont parfaitement conscients, d'une part, que c'est une sorte de sous-rêve (ça se sent bien pour Tommy qui se rêve en rockeur le reste de la semaine, ou dans leur réaction quand Stevie leur explique qu'il préfère jouer avec eux que d'apparaitre sur des albums de stars), et surtout parce que c'est uniquement leur job du weekend, ils ont une vie à côté, mais qu'ils l'aiment et s'y donnent à fond (à l'instar de Barry et son inventivité débridée dés qu'il s'agit de rajouter des effets spéciaux à leur numéro). Pour quelqu'un qui tente de commence à tenter de vivre un peu de sa passion depuis cet automne, cet angle m'a particulièrement touchée ; c'est avec une belle énergie qui se dégage du point de vue des héros sur leur métier secondaire. Clairement, ils ne peuvent pas tout-à-fait en vivre, mais c'est ce qui les fait vivre...

Dans tout cela, l'intrigue de ce premier épisode n'est pas forcément des plus originales, mais elle se laisse regarder. L'ex de Tommy (la seule à l'avoir plaqué, ce qui en dit long sur ce tombeur) vient le voir pour lui annoncer qu'elle va se marier, et qu'elle aimerait qu'il joue à son mariage (QUI FAIT CA ?!), l'occasion à la fois d'en apprendre un peu plus sur ce personnage, de l'étoffer un peu (ce qui est fort utile car cela le sort de son cliché ; espérons que par la suite chaque personnage fasse l'objet d'une intrigue similaire même s'ils ne sont pas mariés à Megan Fox dans la vie) et d'offrir quelque chose d'un peu plus dramatique, ou disons, dramédique, que si la fine équipe se contentait d'arpenter les mariages pour faire de la musique et se taper les demoiselles d'honneur. Bien que ne prenant pas du tout son intrigue au sérieux, comme le prouveront les développements épiques de cette mésaventure, Wedding Band prouve aussi qu'elle a du coeur et la capacité de faire un peu plus que jouer au clown, et c'est appréciable à voir. C'est aussi l'occasion de voir à quel point les liens entre les personnages sont forts (à travers la façon dont Eddie tente de mettre Tommy en garde contre lui-même), bien que cet angle-là ne soit pas forcément le plus important de la storyline. Mais enfin, les ingrédients sont là pour faire la démonstration, fort utile dans ce pilote, que Wedding Band a aussi du coeur, même si elle prend tout sur le ton de la plaisanterie.

Enfin, ce qui termine de donner un tour positif à ce premier épisode, c'est qu'outre les quatre personnages masculins, la série met en place deux autres, féminins (les organisatrices de mariage de Rutherford Events) également hauts en couleur, et permettant de sortir un peu du cercle des quatre copains. Cela augure aussi de frictions à venir qui ne manqueront pas d'apporter du piquant et des rebondissements, évitant à Wedding Band de plonger dans la routine grâce à ces deux figures qui se posent comme des employeurs un peu à part. C'est plein de potentiel, d'autant que le personnage de Rachel, plein d'insécurités, fonctionne vraiment dans chacune de ses scènes (celui de Roxie Rutherford, pour l'instant plus froid, un peu moins, mais nul doute que cela peut changer). En dépit de la tournure que prend la toute fin du pilote (et encore), il semble assez clair qu'il ne sera pas vraiment question avec ces deux femmes, au fil de ces multiples mariages, de questions amoureuses, a contrario de ce que faisait The Wedding Bells il y a quelques années en arrière, employant les mariages pour parler des émois de ses héroïnes.
Imaginez ça : une série qui se passe dans des mariages, mais qui ne fait pas de la comédie romantique son argument principal ! Comment ne serais-je pas charmée ?

Avec son cocktail de bonne humeur, ses personnages sympathiques et sa belle énergie, Wedding Band m'a donné une énergie folle ! J'avais vraiment le sourire du début à la fin, ce qui, pardonnez que je me répète, est éminemment rare par les temps qui courent. Ce n'est évidemment pas une révolution à bien des égards (concept, narration, etc.), mais c'est définitivement une série qui peut rapidement se tailler une place de choix dans l'emploi du temps de tout téléphage aimant passer un moment positif avec une vraie bande conviviale de personnages attachants. Je m'attendais, en toute franchise, à un résultat bien différent, moins équilibré sans doute, et au final, sans aller jusqu'à avoir un coup de coeur, je dois dire que je suis charmée.
Je n'ai pas encore abordé le deuxième épisode, mais soyez sûrs que ça ne va plus tarder !

Challenge20122013

12 décembre 2012

Tu ne cilleras point

Vous vous rappelez quand j'ai dit que j'avais parfois du mal avec les séries britanniques ? Et la fois où j'ai évoqué le fait d'être assez peu friande de séries d'espionnage ? Voilà.
Donc j'ai testé Spooks.

Spooks

Cela semblait en effet incontournable. Cependant, je crois que Spooks a relativement mal vieilli, au moins si l'on s'en réfère à son pilote.
Celui-ci a en effet toutes les apparences de la série britannique typique qui me repoussait il y a encore quelques années. Pour autant qu'il s'agisse, sur le fond, d'une fiction qui semble solide, je n'ai pas pu m'empêcher en la regardant de penser à toutes les fois où (c'était alors que j'avais encore la télévision chez moi) je me dépêchais de zapper en voyant Affaires non classées le samedi soir, notamment. Dans le cas d'Affaires non classées, pas de grief contre l'écriture, qui n'était en rien responsable ; simplement j'étais rebutée par le jeu des acteurs (assez rigide), la réalisation (assez chirurgicale), et l'esthétisme (assez glacial). Il se dégageait de l'ensemble quelque chose qui ne me parlait pas, qui ne m'invitait pas à entrer dans cet univers ; j'avais aussi le sentiment d'épisodes qui ne s'adressaient pas à moi, à ma génération (ce qui est ironique quand on sait que je regarde des vieilleries sans aucun froncement de sourcil). On était au tournant des années 2000 et pourtant quelque chose m'y agrippait le pied pour me tenir dans les années 90 ; c'était en tous cas comme ça que je le vivais (alors que, encore une fois, des séries des années 90, j'en ai regardé plein, paradoxalement !).
Le pilote de Spooks m'a ramenée à ce genre d'impressions. C'est vrai que c'est un pilote qui a 10 ans, mais c'est vrai aussi que c'est un pilote qui n'a que 10 ans (d'ailleurs, je ne voudrais pas faire de généralités, mais les séries anglaises ont quant même bien progressé en 10 ans, non ?). Ce genre de réflexe infondé est justement ce que j'essaie de combattre quand je m'attaque aux séries britanniques (et allemandes, ponctuellement). Alors, contrairement à tous ces samedis soirs où j'ai fui peu courageusement devant Affaires non classées, j'ai tenu bon devant le pilote de Spooks, même si, je l'avoue bien volontiers, il y a eu des scènes pendant lesquelles j'ai dû lutter pour rester concentrée.

Pourtant Spooks est d'autant plus impressionnante qu'elle emploie des ressorts typiques de la série d'espionnage, y ajoute des procédés issus de la série policière... pour aborder en réalité un sujet de société. Peu de séries d'espionnage (et peu de séries policières en-dehors de la franchise Law & Order) sont capables de faire ce genre de pirouettes.
Ainsi, le premier épisode de Spooks, dans lequel l'équipe du MI-5 se lance sur la piste d'une terroriste américaine pro-life qui fait sauter des médecins britanniques pratiquant des avortements (et, non, l'ironie de ces actions n'échappe pas aux agents). Comme tous les espions de télévision (ou presque), il va s'agir de mettre des gens sur écoute ou de se faire passer pour quelqu'un d'autre ; comme toutes les forces de l'ordre de télévision, il va être nécessaire de procéder à un interrogatoire... Mais tout cela ne se fait pas sans réfléchir, entre autres, au sens des actions de cette activiste à l'accent du Sud des Etats-Unis. C'est ce qui m'a plu, dans ce pilote, le fait que les agents, et notamment Tom Quinn, ne se contentent pas d'intervenir sur une affaire, mais aussi d'avoir leur propre ressenti à son sujet. La discussion qui en résulte avec la terroriste, pendant l'interrogatoire, se montre à ce titre fascinante.

Après un peu plus d'une semaine passée à observer toutes sortes d'espions et d'agents secrets, c'est là que j'ai réalisé que c'est assez rare, en fait, que ces personnages aient une opinion politique ; ce qui semble être un comble car leur activité est totalement politique ! Beaucoup d'espions tentent de discerner qui sont les gentils et les méchants comme s'il y avait un absolu : je travaille pour les gentils (= le Gouvernement), ou pour les vrais gentils (= les gens de mon organisation qui ne complottent pas contre le Gouvernement, dans les cas où la série d'espionnage mette en place des éléments conspirationnistes).
C'est le cas par exemple dans ALIAS, où une grande partie de la problématique au début était de savoir à qui faire confiance, de choisir son côté. Mais pas d'avoir une opinion, in fine, sur ce qui allait réellement arriver si un camps parvenait à ses fins. Et si le SD-6, en dépit du fait qu'il n'agisse pas dans l'intérêt du Gouvernement, servait mieux le bien général que la CIA ? La question ne semblait pas vraiment se poser à Sydney Bristow. Ces derniers jours, aucune question similaire n'a semblé se poser pour Annie Walker (de Covert Affairs) ou Sam Hunter (de Hunted) non plus, qui travaillent pour un organisme, quel qu'il soit, dont elles ne questionnent jamais les intentions, mais plutôt la nature des agissements.
Ici, Tom Quinn, dont nous pouvons voir qu'il a énormément de mépris (et sans doute un peu de colère voilée) pour sa cible l'activiste pro-life, affiche clairement que la raison pour laquelle il déploie son équipe sur cette affaire : c'est non seulement parce que, tuer des gens en piégeant leur voiture, c'est illégal, mais tuer des gens au prétexte qu'ils tuent des bébés, c'est effectivement absurde et immoral. Cet engagement du personnage dans la cause dans laquelle il a engagé ses forces et celle des agents travaillant avec lui donne une dimension dramatique qui m'a semblée précieuse à ce pilote.
Cela ouvre, en outre et évidemment, le débat sur la question pro-life/pro-choice, de façon plus originale qu'à l'ordinaire ; une tâche dont en général une série juridique s'acccomplit bien plus souvent qu'une série d'espionnage ; en cela, le point de vue sociétal du premier épisode de Spooks semble vraiment original étant donné le genre.

Malgré cette vision ambitieuse de la série d'espionnage (et un coup d'oeil au résumé de quelques autres épisodes de la série semble indiquer que c'est un esprit qui dépasse le cadre du pilote), Spooks, c'est aussi une grande humilité dans sa façon de montrer le travail d'espion. Cette humilité se traduit par le choix, d'une part, de montrer des hommes et non des superhéros (la seule raison pour laquelle la bombe n'explose pas en fin d'épisode... est un vulgaire coup de chance, sans quoi tout le monde sautait), capables de faire du bon travail, mais pas à l'abri d'une bévue. L'exemple absolument génial trouvé par le pilote est quand une maison doit être mise sous écoute, évidemment en laissant l'endroit intact pour que leur cible ne se doute de rien ; sauf que lorsque l'équipe a pénétré le bâtiment, ils craignent d'avoir laissé s'échapper le chat ! Le temps perdu à essayer de mettre la main sur un bête matou, dont l'absence suffirait à compromettre l'opération, et le sentiment d'absurdité de la bévue, renforcent l'impression que parfois, remplir une mission pour le MI-5 tient à peu de choses. A cela encore faut-il ajouter les insécurités des personnages, comme dans l'échange entre Danny et l'une des collègues, laquelle explique qu'elle ne se sent pas à l'aise parce qu'il y a une procédure qu'elle n'a quasiment jamais employée. Cette humilité est précieuse, surtout si on la compare à l'incroyable aplomb d'espions qui, même débutants, semblent toujours savoir comment se comporter, et connaître leur manuel par coeur. Imagine-t-on Jack Bauer (parfait exemple du personnage d'espion pas inquiété par les questions d'humilité) admettre qu'il n'a fait une manoeuvre qu'une fois lors de sa formation ? Pas vraiment. Pourtant cela donne en un instant une épaisseur appréciable aux personnages, et les rend incroyablement plus humains.

Spooks, c'est aussi, un peu, une série dramatique, et c'est Tom Quinn (encore lui) qui incarne cet angle dans cet épisode inaugural. L'homme entretient en effet une relation naissante avec une mère célibataire, à laquelle il doit mentir sur son identité ; il se fait passer pour Matthew Archer, un simple fonctionnaire travaillant dans un service informatique. Il est clair cependant que ce mensonge ne pourra durer qu'un temps, et Quinn en semble éminemment conscient. Lorsqu'il s'absente sous un prétexte fallacieux pour passer un coup de fil ("des serveurs ont sauté ?", lui demande sa dulcinée ; "presque tous", glisse-t-il avant d'aller appeler sa collègue Zoe à propos d'une terroriste internationale), ce mensonge ne reste pas innocent ; il est surpris en pleine conversation par la fille de sa petite-amie, laquelle répètera ensuite le prénom de "Zoe" en se brossant les dents le soir-même.
Quinn s'inquiète-t-il que le nom de "Zoe", répété par la petite, éveille des soupçons chez la femme qu'il aime ? Pas vraiment : un si petit détail ne peut pas suffire à dévoiler son secret, à quoi bon chercher à empêcher la gamine de le prononcer ou s'essayer à une explication précipitée ? Mais il semble aussi tout-à-fait clairvoyant quant au fait que le mensonge ne fonctionnera pas éternellement. En fin d'épisode, il explique tout simplement qu'il a un secret, et qu'il ne peut pas en parler, et que c'est comme ça, mais que ça ne l'empêche pas de ressentir de l'attachement.
J'ai trouvé ça très touchant, bien plus que s'il avait tenté de rattraper le coup. Ce n'est pas que son coup de fil mensonger soit une menace pour son secret, c'est que son secret soit une menace pour son couple qui est immédiatement posé comme question. Cela évite bien des artifices sur l'éternel thème de la double-vie des espions.

Pourquoi j'ai, au regard de ces excellents ingrédients, eu tout de même du mal avec le pilote de Spooks ? Eh bien parce que, comme je l'ai dit, il ne s'agit pas d'une série qui nous invite à entrer aisément dans son univers ; une fois de plus, j'étais rebutée par le jeu des acteurs (assez rigide), la réalisation (assez chirurgicale), et l'esthétisme (assez glacial), quand bien même le fond de cet épisode était, répétons-le encore une fois, parfaitement intéressant. Pour une série capable d'apporter quelque chose de si humain dans sa trame, que des facteurs de forme empêchent l'empathie, l'identification ou la plupart des formes d'émotion, est vraiment dommageable de mon point de vue. Je le ressens comme une mise à distance qui ne m'aide pas à m'intéresser au reste de l'épisode, ces phases plus typique des séries d'espionnage. Ce qui fait la force de Spooks, je le sens bien, c'est qu'elle offre un peu plus que l'espionnage, mais elle ne sait pas le mettre en valeur dans son pilote.

Alors je sais, je sais, ce n'est qu'un pilote, mais tout de même, c'est supposé donner envie, pas suggérer qu'il faudra lutter et s'accrocher pour attraper "le reste", la moëlle, ce qui fait l'intérêt de la série. C'est, très sincèrement, un effort que je ne m'imagine pas faire sur toute une saison, moins encore sur dix.
Cependant, je ne vous cache pas être assez satisfaite de moi : je n'ai pas flanché, j'ai résisté à mon envie d'arrêter le pilote et d'aller plutôt folâtrer dans les couloirs du Sacred Heart Hospital (et ce quand bien même je vienne de commencer la saison 8 de Scrubs), et j'ai réussi à trouver de bons côtés à ce pilote. La téléphage que j'étais il y a quelques années n'en aurait pas eu la patience ; ce n'est pas grand'chose, mais j'ai tenu bon !
Pour ma peine, j'ai gagné le droit d'aller retrouver JD et Turk, tiens !

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