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ladytelephagy
16 mars 2012

[#Piemarathon] 1x07, effluves

BlackMarch
Quelques jours de pause, c'était quelques jours de pause. Le Piemarathon revient pour toujours plus de délices, avec un épisode offrant une expérience proche des montagnes russes. Il n'est pas question de mettre ni Olive, ni Chuck, ni personne en avant en particulier, ce qui n'empêche absolument pas l'intrigue de progresser pour un peu tout le monde. Un bien joli épisode en vérité...

Piemarathon_1x07_Title

Ce nouvel épisode n'a pourtant pas choisi un thème facile. Les odeurs, à la télévision, il n'y a rien de plus difficile à mettre en images, et on pourrait s'imaginer que pour Pushing Daisies, si prompte à se lancer dans un délire visuel coloré à la première occasion, ce serait encore plus problématique. Etrangement, pas du tout. Le monde des odeurs fonctionne mieux que prévu ; l'impression de vide et de stérilité de l'appartement de LeNez, par exemple, est parfaitement rendue. Il faut aussi mentionner les brèves mais efficaces références au Magicien d'Oz dans les égoûts, parfaitement rendues par le décor, et saluer l'atmosphère géniale du Pop-Up Palace. Quant à la plus belle scène de cet épisode, je prendrai le temps d'y revenir dans un instant.

Alors finalement, cet épisode, s'il ne part pas dans une débauche de trouvailles visuelles, se défend très bien pour mettre en valeur son intrigue originale et sympathique autour des odeurs. Qui plus est, l'enquête prend plusieurs détours sympathiques qui évitent d'être trop prévisible, oui, même au 712e revisionnage.

Piemarathon_1x07

Mais surtout l'épisode parvient à faire progresser la plupart des personnages.
Ainsi, le Piemaker et la fille morte en sont toujours à faire avancer leur relation. Comme c'est son habitude, Chuck essaye de se faire une place dans la vie de Ned au pied de biche, et Ned, franchement conciliant, cède systématiquement. Cette fois cela se matérialise par un grand secret : Chuck veut étendre l'exploitation de miel dans un but mystérieux... qui est en fait qu'elle veut modifier la carte du Piehole ! Whoah l'autre eh, carrément ? Et pourtant Ned va prendre sur lui, et finir par lui laisser instaurer une nouveauté sur la carte à base de miel. C'est mignon de les voir se quereller un peu, mais j'aimerais qu'une fois de temps en temps, il soit moins paillasson. Par contre, leur connivence est très amusante plusieurs fois au cours de l'épisode : quand Ned raconte ses expériences amoureuses passées, ou quand ils reviennent se doucher dans l'appartement de Ned. Même avec leur configuration parfois agaçante, ils sont mignons en diable, ces deux-là, en vérité !

On retrouve aussi le triangle maladroit formé par Olive, Ned et Chuck. Olive tente comme elle peut de faire contre mauvaise fortune bon coeur (re: le baiser) mais son malaise est malheureusement contagieux. Malgré le visage aimable qu'elle essaye d'afficher, on la verra notamment s'aggripper à Ned pendant la scène de résolution de l'enquête, montrant que visiblement, il ne lui est pas facile de mettre ses sentiments de côté. Une chose est sûre, c'est qu'elle est d'une bonne nature. Elle continue de se lier à Chuck et ne ressent plus la moindre jalousie, et toutes les deux complottent désormais régulièrement dans leur coin ; mieux encore, lorsque Chuck commencera à sangloter devant elle ("ne pleure pas, notre relation n'en est pas encore là !!!" l'avertit-elle, paniquée), elle cède à la compassion. J'ajoute que Kristin Chenoweth donne énormément de sa personne dans cet épisode où son décolleté est plus plongeant que les Darling Mermaid Darlings.

Les deux tantes, justement, vivent probablement l'un de leurs plus beaux épisodes. Chuck poursuit ses tentatives pour les pousser à sortir de leur coquille, sauf que cette fois elle ambitionne de leur donner envie de replonger dans une piscine chlorée, Olive étant évidemment son émissaire pour les y pousser. Difficile de ne pas céder à l'émotion de cette séquence si colorée et pourtant si triste, quand tante Vivian commence à doucement chanter, inspirée par la pluie pour retourner nager. Les petits détails de cette scène, et notamment l'ombre de la pluie ruisselant sur le visage de tante Lily, sont suprêmement touchants, et la beauté des deux sirènes faisant des figures dans l'eau pourrait faire pleurer un Viking. Une magnifique scène dont il est difficile de se remettre ; je persiste à penser que l'épisode aurait dû s'arrêter là.

Pourtant l'épilogue est intéressant. Il met en branle deux nouveaux axes, forcément bienvenus alors que les tantes de Chuck sont sur la voie de la renaissance. Pour une fois, l'un des personnages de l'intrigue de l'épisode s'arrange pour flairer quelque chose de louche qui lui permettra de revenir ; il était temps, après tout, que le secret de Chuck soit réellement mis en péril. Et puis, pour l'instant évidemment, on n'est pas supposés le savoir, mais la passion d'Emerson pour les pop-up books nous prépare à une nouvelle aventure...

Le mélange procedural/feuilletonnant est toujours aussi parfait dans cette série. Alors pour ne pas perdre le fil, ce weekend, on finit la saison !!!

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16 mars 2012

Ascèse

BlackMarch

Le Black March, arrivé à mi-parcours, n'est pas vraiment difficile. Cela me surprend, mais seulement à moitié, à dire vrai ; j'avais déjà la conviction que ce ne serait pas si difficile de me "retenir" d'acquérir de nouveaux produits culturels, vu que je m'étais déjà lancé le défi de ne rien cagouler pendant une semaine.
Ici, certes il s'agit de "tenir" un mois entier, mais c'est par conviction et pas juste par jeu. Et puis, finalement, savoir que cette diète ne durera qu'un mois et qu'il ne s'agit pas vraiment de privation, juste d'attendre un peu, permet de mettre les choses en perspective. Le principe n'est pas tant (comme au moment de mon défi d'une semaine) de me dire que je ne dois pas céder au caprice de l'immédiateté, mais d'envoyer un message pendant ce mois.

Il ya eu des instants de tentation, bien-sûr, pendant cette première quinzaine. J'ai lu deux livres qui étaient plus ou moins en attente (Bossypants de Tina Fey, et le roman éponyme qui va donner lieu à la série australienne Puberty Blues) et quand j'ai réalisé que j'avais déjà brûlé toutes mes cartouches, je confesse avoir cliqué instinctivement sur Amazon pour commander Génériques!, avant de me raviser au dernier moment. Inutile de préciser que j'ai envisagé déjà à trois reprises de faire une entorse à mes principes au nom du coffre de Game of Thrones, c'est l'évidence-même. Il y aussi eu ce moment de faiblesse lorsque toutes les reviews sur GCB ont commencé à affluer, mais là encore ça ne s'est pas concrétisé.
Globalement, l'intégrale Wonderfalls puis le Piemarathon permettent de passer un mois plus qu'agréable téléphagiquement, sans être limité à ces deux seuls titres (ainsi que le démontre ce blog depuis 15 jours).
Je n'ai failli qu'une seule fois à mon voeu de ne rien cagouler : quand j'ai fait main basse, un peu plus tôt cette semaine, sur l'émission du Saturday Night Live avec Lindsay Lohan, n'y tenant plus (et étant proprement incapable de trouver en streaming le sketch "The Real Housewives of Disney"). Je suis faible et je ne le conteste pas. Sur le reste, je me suis parfaitement comportée. Et je n'ai pas pris ce petit manquement à ma ligne de conduite comme une autorisation pour laisser tomber le Black March, soit dit en passant, et j'en tire une fierté qui me permet de résister à l'envie de cagouler tout et n'importe quoi.

Finalement, ce mois de retenue a aussi ses avantages. Prendre le temps de regarder les marathons que j'avais mis en attente (au moins quelques uns, disons, puisque j'ai toujours dans un coin de tête de me refaire Jack & Bobby, par exemple) n'en est qu'un parmis tant d'autres.
Lorsque je m'étais lancé le défi d'une semaine, j'avais réalisé au "retour" que plusieurs séries avaient naturellement été éliminées de ma liste. Ainsi The Defenders avait fait les frais de ce recentrage, et je ne l'ai même pas arrêtée volontairement, mais simplement parce qu'à l'issue de mon régime forcé, elle ne comptait pas suffisamment pour que je songe seulement à m'y remettre.

J'ai ouvert récemment un compte sur Pinterest, dans l'idée de tester ce nouveau "réseau social" ; à l'instar de Google+ que j'ai vite déserté, je me réserve le droit, si je ne suis pas convaincue, de finir par plier bagage, mais pour l'instant, le peu d'exigence de la plateforme fait que je m'en sers à peu près régulièrement. Outre une "board" dédiée à toutes les articles sur les séries que je scanne jour après jour (ce que je nomme sur Twitter ma revue de presse), et qui est très honnêtement ma board préférée pour le moment, j'en ai créé deux autres consacrées à l'affichage de mon planning téléphagique du moment :
- les séries que je regarde en ce moment
- les séries que j'ai arrêtées
Comme je suis d'une légendaire fainéantise, je n'y mets évidemment pas TOUTES les séries que j'ai arrêtées au cours de ma vie de  téléphage, mais celles que j'arrête depuis l'ouverture de mon compte Pinterest (c'est en plus très pratique de faire passer une image d'une board à l'autre). Wonderfalls, une fois achevée, s'y est tout naturellement retrouvée, par exemple.
Aujourd'hui, j'ai décidé d'y faire passer 2 Broke Girls.

2LostGirls
Tout simplement parce que, en 15 jours de Black March, pas une seule fois elle ne m'a manqué.
En temps normal, je la regarde souvent avec une à deux semaines de retard sur sa diffusion, genre un soir où j'ai mal à la tête mais où je ne veux quand même pas me coucher à peine rentrée du boulot, là il faut dire ce qui est, je n'ai vraiment pas la moindre envie de m'y remettre. Comme si un fil s'était détaché, et que c'était le dernier qui me liait à la série.

Alors, ce Black March a aussi des bons côtés insoupçonnés. Il me permet de mettre certaines choses à plat et de faire le tri. Ai-je vraiment besoin de regarder 2 Broke Girls ? Pas vraiment. Ce sont 20mn que je peux employer à autre chose. De la même façon qu'à une époque je regardais The Big Bang Theory puis Mike & Molly histoire de regarder des comédies un peu populaires mais sans grande conviction, j'ai réalisé qu'il ne servait à rien d'insister et de regarder une série "juste comme ça". Pas en me plaignant d'autre part de toujours manquer de temps pour d'autres choses. Comme le marathon Jack & Bobby, tiens.

Eh, vous allez voir qu'avec un peu de chance et en éliminant d'autres séries de mon planning, depuis près de 2 ans que je le reporte, je vais finir par me le faire, ce marathon-là !
D'ailleurs, essayez de remonter le tag Jack & Bobby et de voir ce que je dis de cette série à chaque fois que je la mentionne, c'est absolument hilarant.

15 mars 2012

Hold your horses

BlackMarch

Un petit mot sur l'annulation de Luck parce que je suis encore debout et que je vois les annonces tomber.
Et que demain j'aurai oublié, rapport au fait que je n'ai jamais spécialement accroché sur la série.

C'est quand même incroyable cette histoire. C'est le genre d'annulation qu'on se racontera dans 10 ans en ricanant dans un podcast (ou ce qui aura remplacé les podcasts), parmi une liste d'annulations improbables évoquant vaguement l'esprit des Darwin Awards : "oh, dites, hey, et la série qui s'est annulée toute seule parce qu'il y avait des canassons qui mourraient, vous vous en rappelez ?". On rira un brin et on passera à l'annulation bizarroïde suivante.

UnLucky
Je comprends tout-à-fait que la mort de chevaux soit un soucis pour Luck. D'abord parce qu'il y a une question d'image, comme en a témoigné la réaction de PETA (sans vouloir discuter de la palette de réactions plus ou moins bien fondées de PETA ici). Ensuite parce que ça coûte cher, de racheter des chevaux toutes les semaines, je suppose, d'autant qu'on ne peut probablement pas prendre le premier équidé venu pour faire la course plusieurs fois devant une caméra pour faire toutes les prises dont on a besoin. C'est de la logistique, de prendre des bêtes un peu entraînées, j'imagine. Et enfin parce que j'ai envie de me dire que si on a envie de faire un drama sur les courses hippiques, c'est qu'on aime un peu ça, et qu'on n'a pas vraiment du baume au coeur quand un cheval doit être achevé juste parce qu'on a voulu faire une bonne série sur les courses hippiques ; ça doit sembler un peu dérisoire dans le fond.

Ce que je ne comprends pas, c'est : comment en arrive-t-on à purement et simplement annuler la série ?
Dans les secondes qui ont suivi l'annonce officielle de HBO, les sarcasmes ont fusé, mettant la tournure des évènements plutôt en corrélation avec les audiences qu'autre chose, et c'est sûr, ça a probablement joué. Mais enfin, je suis un peu ébahie.

Comment est-il possible qu'une série sur les courses hippiques n'ait pas songé sur la façon dont elle pourrait survivre sans tourner ses propres courses de chevaux ? Pourquoi n'y avait-il pas de plan B en matière d'effets spéciaux ? Pourquoi personne ne s'est dit : "ok bah si ça marche pas, on filmera de vraies courses et on jouera avec le montage et la post-prod pour que ça colle à nos besoins" ? Pourquoi ne pas pouvoir éliminer les scènes mettant les chevaux en danger pour ne les garder que dans des scènes où les chevaux sont paisiblement dans leur stalles et bricoler le reste autour ? Je n'ai vu que le pilote, je sais bien, mais ça ne semblait pas complètement impossible.
C'était un sacrifice, certes, pour une production qui était vraisemblablement puriste, et qui faisait de ce purisme à la fois sa force (c'était un témoignage de son exigence de qualité) et sa faiblesse (le néophyte s'en sentait exclu).
Mais plein de séries font des sacrifices. Parfois ça fait même de jolies histoires de télévision, comme I Love Lucy qui a inventé le sitcom tel que nous le connaissons aujourd'hui parce que c'était plus pratique, pas parce que c'était innovant. Il fallait jouer autour des impératifs de l'équipe, jongler avec les contigences, et ça a donné une vraie belle histoire de télévision, par accident et par contrainte. La contrainte préside aux choix de nombreuses productions qui ne ferment pas boutique pour autant...

Pourquoi la production de Luck n'a pas pu réfléchir à tout cela dés la mort du premier cheval sur le tournage ?

On parle d'une série qui avait quand même un cast de folie (et après pareille expérience, je ne suis pas sûre qu'un gars comme Dustin Hoffman revienne à la télé de si tôt), une bonne équipe à la réputation solide tant à l'écriture qu'à la réalisation... Et justement, comment se fait-il que personne ne se soit posé les bonnes questions plus tôt ? Des mecs si professionnels... ils se sont incroyablement documentés sur les courses de chevaux, sans savoir que des chevaux meurent tous les jours dans ces mêmes courses et que la question allait peut-être se poser ?
Comment en arrive-t-on à un tel gâchis ?

Le plus impressionnant, c'est probablement que les annulations de ce genre, brutales, radicales, on est plutôt habitués à les voir sur des networks que sur des chaînes du câble. Il est évident que la série avait été renouvelée trop tôt par HBO, un peu trop sûre d'elle sur ce coup, mais c'est devenu une pratique courante chez les chaînes du câble (peut-être parce qu'elles pensent que ça va entraîner un cercle vertueux, je ne sais pas). Boss n'a-t-elle pas été renouvelée avant même le début de sa diffusion ? Clairement on est dans une logique de tout l'un ou tout l'autre.
Cela fait quelques années maintenant, et c'est un euphémisme, que je m'intéresse à l'industrie de la télévision, et j'avoue qu'il y a encore des éléments qui m'échappent totalement dans la façon dont certaines décisions sont prises.
Je n'aimais pas vraiment Luck, mais j'ai l'impression qu'on vient quand même d'assister à un truc vraiment absurde.

14 mars 2012

[#Ozmarathon] 4x16, pour de la fausse

BlackMarch

Entre Pushing Daisies et Oz, il faut avouer qu'il y a un monde, voire plus ! Mais l'équipe du Ozmarathon tenait à finir la saison 4 en dépit du léger contretemps que peut représenter le Black March pour certains d'entre nous, et nous voilà donc devant un season finale... bon, si je dis explosif, ça fait un peu blague facile, non ?

Sauf qu'une bonne partie de l'épisode va reposer sur le principe de pétard mouillé...

Ozmarathon_4x16

Il faut dire que cette seconde moitié de saison 4 avait pu se montrer parfois décevante, ou simplement peu cohérente avec la première partie, et qu'il y avait des intrigues qui ne pouvaient pas offrir un final époustoufflant de toute façon.

A l'instar de la lutte sourde entre Burr et Supreme Allah : ils n'ont pas arrêté de se crêper le chignon, et ça ne nous a pas captivés un seul instant, même quand Hill s'est trouvé mêlé à la bagarre et qu'il a pris tout le monde de haut en prétendant ne pas se livrer à cette guéguerre. La bonne nouvelle, c'est qu'il est un peu redescendu de son piédestale dans cet épisode, et qu'il a fini par prendre partie et même, par mettre la main à la pâte et influer sur le résultat de ce duel. J'ai aimé qu'il ne le fasse pas par erreur, contre son gré ou sous lap ression, mais en toute connaissance de cause, même si c'est ensuite pour en vouloir à lui-même et à Burr. La mort de Supreme Allah n'est pas très digne ; au regard du palmarès de la série en la matière, elle est même limite honteuse. Mais peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! Place est faite pour une intrigue neuve en saison 5, et c'est l'essentiel.

Comme c'est la fin de la saison et que plein de contrats ne seront pas renouvelés pour l'année suivante, Oz en profite pour faire un grand nettoyage de printemps parmi ses personnages.

La mort la mieux accueillie est celle de Clayton Hughes. Nom d'un chien, depuis le temps ! Comme Supreme Allah, on ne peut pas dire que la mort ait beaucoup d'intérêt par elle-même, le personnage étant pourri depuis un bon moment. Voilà donc Clayton qui parvient à organiser une mutinerie en isolement, à se proclamer roi et à décréter que le couloir est une micro-nation, et très franchement à ce stade, on a envie de faire un raid dans les bureaux des scénaristes et organiser un shakedown, parce qu'il y a probablement pas mal de produits à saisir... Mais c'est pas grave, la fin justifie les moyens. Aussi, quand Clayton finit par casser sa pipe, un soupir de soulagement s'est échappé de moi à mon insu, si bien que j'ai presque manqué de saisir l'ironie cruelle que cela signifiait pour Leo Glynn d'avoir assisté, dans des circonstances similaires, à la mort de deux générations de Hugues comme ça. Mais vous voulez que je vous dise ? J'aime pas assez Glynn pour que ça me fasse de la peine, de toute façon. Et même si on peut être à peu près sûrs qu'il ne va pas bouger de son bureau, sa démission ne me fait ni chaud ni froid.

Le Colonel va également y passer ; ce n'était qu'une question de temps, le personnage n'ayant été ajouté que parce que, euh... eh bien... il faut dire que... ouais, bref, on le savait. Son sort avait été scellé dés ses interactions avec Beecher, peu après son arrivée à Em City, et nous sommes TOUJOURS du côté de Beecher.

C'est d'ailleurs pour ça que la conclusion de l'intrigue relative à la libération sur parole est tellement embarrassante. On a une intrigue qui est là parce qu'il le fallait bien (on a mentionné que Beecher y aurait droit lorsqu'il est arrivé dans la série il y a 4 saisons de ça, avant qu'on ne sache qu'il deviendrait un personnage si riche), dont les scénaristes ne veulent pas vraiment, à laquelle même Beecher ne croit pas, et qui franchement hante les cauchemars de n'importe quel amateur de la série. Libérer Beecher sur parole ? Bien-sûr qu'il le mérite, le pauvre, il en bavé, mais on n'imagine pas la série sans lui. Aussi, à chaque étape de cette histoire dans l'épisode, on est obligés de se demander un peu comment ça va foirer. Parce que ça va foirer. Schillinger qui tout d'un coup est de nouveau belliqueux ? Ce bon vieux Robson qui n'a jamais, hm, avalé ce qui lui est arrivé ? Cette mauvaise idée d'avoir une avocate complètement éprise de lui ? Allez quoi, il est obligé de tout foirer !
Je ne crois pas beaucoup m'avancer en disant que tout le monde a les yeux ronds quand s'ouvrent les portes devant Beecher, après qu'il ait réchappé à une tentative de meurtre de la dernière chance (on sent que les scénaristes font vraiment ce qu'ils peuvent). Non mais merde, quoi ! Vous n'allez pas le laisser sort-... ah, bah non tiens.
Et oui, c'est l'un des gros twists de l'épisode : Beecher a droit à une émouvante séquence de libération avec joli ciel bleu, criquets dans les hauteurs d'Oswald, et pique-nique avec son avocate et sa fille... Et c'était un rêve ! Des séries ont sauté le requin pour moins que ça.
Enfin de compte Beecher rempile, non sans mentionner que dans 1 an il a le droit de se représenter devant la commission de libération. Ca m'a fait penser, vous savez, je crois que c'était dans Friends, où Chandler (je crois) ne peut pas s'empêcher de dire aux gens qu'il n'a pas envie de voir "ouais, on se rappelle et on se fait une bouffe ?", et même une fois que ses potes lui ont donné un super truc pour se débarrasser de quelqu'un à qui il avait dit ça, il parvient à finir la conversation sur "on se rappelle et on se fait une bouffe ?". Bah là, même chose. On l'a échappée belle, Beecher a trouvé le moyen de ne pas quitter la série... oh mais, attendez, l'an prochain, on remet ça. Les cons. Bon non c'était ptet pas Friends, je sais plus.

Le plus gros fake était pour la fin. Cette histoire d'Irlandais de l'IRA prêt à tout faire pêter, on savait bien que ça tournerait mal. C'était la seule intrigue valable, par moments, grâce à Ryan O'Riley qui portait quand même la série certains jours. Alors, au moment d'aborder le vrai final, c'était plutôt émouvant de le voir soudainement avoir une, euh, comment ça s'appelle ce truc ? Une ? Vous dites ? "Conscience" ? Ah peut-être, je saurais pas vous dire. En tous cas, il réalise qu'il a un frère et une dulcinée qui comptent sur lui (le frérot peut-être mais je suis moins convaincue pour Gloria), et se ravise au dernier moment. Cela n'empêche nullement l'ami Padraig de tenter de mener son plan à bien et de tenter de faire exploser une bombe au milieu d'Em City.
La séquence est suffisamment chargée en émotions pour fonctionner brièvement. Mais quand la bombe décide de ne pas exploser, on sent que ça va être n'importe quoi. Notamment parce que, en tant que spectateurs attentifs (Oz fait partie des séries qui, dans leurs meilleurs jours, ont encouragé cette qualité chez nous, après tout) on a aussi senti le gaz.
Pas d'explosion de bombe, donc, mais une explosion quand même, histoire de nous surprendre une dernière fois et de nous laisser sur un cliffhanger haletant. On n'a sans doute pas ressenti la même angoisse qu'à la fin de la saison 1 (ce season finale est indétrônable !) mais ça fonctionne quand même relativement bien, au sens où bien malin celui qui pourra prédire les conséquences de cet évènement à l'heure actuelle.

En tous cas, on sait que Beecher survivrait même à une bombe atomique, les scénaristes ont trop besoin de lui. Quant à Kareem Saïd, il est absolument impossible de nous quitter maintenant qu'il a éveillé son Adebisi profond, il est devenu trop captivant ! Mais pour les autres, on se retrouve en saison 5 pour le savoir...

13 mars 2012

L'histoire se répète (trop)

BlackMarch

Voilà deux jours que je tente laborieusement de rassembler mes esprits pour vous faire un petit world tour. Mais entre ma passion pour les tartes et le besoin de dormir au moins trois heures par jours (quitte à rêver d'encore plus de tartes), c'est un peu difficile. Ne désespérez pas, vous aurez un world tour particulièrement copieux avant la fin de la semaine.
Dans l'intervalle je voulais revenir sur la nouvelle qui est tombée aujourd'hui : Antena3 a annulé la série historique Toledo.

Toledo

Ou plutôt, comme le disent sobrement les Espagnols : elle ne l'a pas renouvelée pour une deuxième saison (le terme cruel d'annulation étant uniquement destiné aux séries pendues haut et court en place publique, comme Plaza de España, mais on y revient dans le world tour). On n'est pas des bêtes, on n'annule pas nos séries ; on se contente de ne pas les renouveler.
Pensée magique.

Sur le papier, Toledo avait pourtant tous les atouts dans sa manche. Jugez plutôt : un contexte historique, une distribution comme issue des rêves les plus humides du public adolescent (Maxi Iglesias et ses méchants yeux bleus, venu de Física o Química puis Los Protegidos ; le blond Jaime Olías, issu d'Ángel o Demonio), un budget pas piqué des hannetons, une promo de malade, et un contexte historique.
Pardon si j'insiste mais, si les séries en costumes ont la côte un peu partout sur la planète, il faut dire qu'en Espagne, ça prend des proportions industrielles.

Si vous aimez les fictions historiques, laissez tomber tout ce que vous étiez en train de faire et prenez le premier vol pour Madrid, vous vous rendrez un service. C'est quelque chose que j'avais déjà pu aborder avec vous, d'ailleurs, quand j'avais commencé à me frotter à la télévision espagnole (notez d'ailleurs que pour l'instant, celle-ci arrive seconde dans mes préférences européennes après le Royaume-Uni). Mes tests parallèles de pilotes historiques provenant de 3 chaînes différentes (à savoir Tierra de Lobos, Aguila Rojas et Hispania) avaient abouti à la conclusion émerveillée que, sans pour autant brader l'individualité de ces séries, le courant historique en Espagne possédait des règles très précises qui conduisaient systématiquement au succès.
Eh oui la fiction espagnole, bien que fort dynamique en général, et proposant en définitive une variété décente de programmes prêts à satisfaire une plutôt large palette de publics, a quand même deux grands amours en ce moment : les séries historiques, et les fictions adolescentes fantastiques, genre El Internado ou justement... Ángel o Demonio (sachant que Twilight n'y est probablement pas étranger, mais pas uniquement). Que le monde est petit.
L'annulation de Toledo est en fait symptômatique de quelque chose : ce succès n'est plus systématique. Les deux modes en question sont en train de doucement péricliter, et il n'est pas encore très clair pour l'instant de savoir par quoi elles vont être remplacées ; en ce début d'année, le succès de Con el culo al aire et la persistance d'Aída laissent penser qu'on se dirigerait vers des comédies "populaires", mais c'est encore un peu tôt et peu pour le dire avec certitude.

Mais lorsque le projet Toledo est lancé officiellement à la fin de l'été, ça, Antena3 ne le sait pas encore. Elle pense avoir fait une affaire en or, parce que les séries historiques marchent. Globalement. Bon, euh, ouais, ya des ratées ici ou là, mais ça on n'y peut rien, disons qu'en général ça fonctionne bien ; c'est un peu comme CBS se disant "ouais, les séries policières, ça marche bien, donc go, on en commande encore plus". Personne n'irait dire à CBS que ça fait quelques temps que ça marche bien, que ça va finir par ne plus marcher si bien, et qu'il vaudrait ptet mieux faire quelque chose d'autre avant que ce ne soit la catastrophe. Personne n'irait même rappeler à CBS les quelques cas où ça n'a pas marché. CBS a raison de battre le fer tant qu'il est chaud. Sauf qu'un jour l'accident se produira. Et pour les séries historiques espagnoles, ça aura duré bien moins que 10 ans...

Tournée à l'automne 2011, Toledo jouit donc d'un budget plus que confortable (de quoi payer son cast, mais aussi 1200 figurants et les costumes tous neufs qui vont avec), de décors à tomber par terre alors que toute une ville médiévale a été reconstituée spécialement pour la série (1500m² sur mesure), d'un bon buzz, et de l'assurance des productions qui n'ont aucune raison de douter d'elles-mêmes. Alors, hein ? Pas de raison de craindre le pire !

Premier soucis à l'horizon : une sombre histoire de plagiat. Une série curieusement similaire a été soumise à Antena3 sous le nom de La Espada y la Cruz, et le soucis c'est que c'est franchement trop similaire pour ressembler à une coincidence ; les développeurs de La Espada y la Cruz portent donc plainte. Le tournage est temporairement mis en pause en attendant qu'un juge se prononce, entrainant quelques pécadilles financières. Mais Boomerang, qui produit la série et qui en a vu d'autres (elle produit ou a produit El secreto de Puente Viejo, Física o Química et Los Protegidos pour Antena3, c'est une affaire de confiance), reprend vite le chemin des studios après ce bref intermède, lorsque la cour finit par statuer en faveur de la défense.
Second soucis à l'horizon, les audiences du pilote, diffusé le 10 janvier dernier. Ce n'est pas un mauvais score (un peu plus de 3,5 millions de spectateurs, et 19,7% de parts de marché) mais ce n'est pas épatant, pour un lancement.
De là le troisième soucis a découlé, à vrai dire. L'Enfer d'Antena3 a commencé quand, semaine après semaine, les chiffres ont baissé de façon constante, tout ça pour atteindre un très piteux 11,8% de parts de marché le 28 février (2,1 millions de spectateurs, son plus bas score historique à ce jour). Le 9e épisode, diffusé le 6 mars dernier, reste très insuffisant alors que seulement 2,3 millions d'Espagnols se réunissent devant leur télévision (pour un résultat de 12,8% de parts de marché). On n'était pas partis de très très haut, mais Toledo aurait encore pu s'en tirer à bon compte en perdant peu de spectateurs ; là, c'est l'hémorragie. Heureusement qu'étant donné son budget, Antena3 n'a commandé que 13 épisodes ; la série achève de boucler les dernières scènes à mettre en boîte au moment où nous discutons, et hop, dans quelques jours, on replie tout et on rentre à la maison.
Evidemment ça n'a pas aidé qu'en face, les chaînes concurrentes n'aient pas fait de quartiers. Face aux matches de la Copa del Rey par exemple, pas facile-facile de rivaliser, et on l'a vu avec La Fuga d'ailleurs qui a eu exactement le même problème. Face à du foot. En Espagne. A-t-on idée.

Alors Toledo, un cas isolé ? Bah j'aimerais vous dire que oui, mais c'est plutôt la victime la plus frappante et la plus récente de l'hécatombe qui sévit parmi les séries historiques, et Antena3 est un peu en première ligne pour a avoir largement tiré sur la corde.
Ainsi, les audiences de Hispania, autrefois fer de lance d'Antena3, ont chuté gravement en 2011, au point de passer d'une moyenne de 4,3 millions de spectateurs pendant la première saison, à 2,7 millions, toujours en moyenne, pendant la saison 2. Du coup le personnage principal d'Hispania a été tué sauvagement dans un effort désespéré pour ameuter les spectateurs friands d'émotions fortes, et un court spin-off de conclusion, Imperium, sera diffusé dans le courant de l'année en guise d'épilogue, histoire d'essayer de sauver les meubles.
Tout n'est évidemment pas perdu pour Antena3, dont la série Gran Hotel s'est avérée être une réussite, bien qu'ostensiblement inspirée par le succès de Downton Abbey (y compris en Espagne). Cette série historique se passe néanmoins plus près de nous que la plupart des séries historiques espagnoles qui ont fait les audiences mirifiques de ces dernières années, et elle apporte une touche toute personnelle au mélange des clients et du personnel de l'hôtel de luxe où se déroule l'histoire, en ajoutant une mystérieuse disparition sur laquelle enquêter. Gran Hotel est d'ailleurs promise à une saison 2, comme quoi tout ne va pas SI mal. Non, tout n'est pas sombre, mais il n'empêche que Toledo est la preuve que quand on lance trois à quatre séries par an et par chaîne pour simplement suivre une mode ou deux, ça fait des dégâts assez vite, et ça rend la mode encore plus éphémère qu'elle ne l'est déjà par défintion. Le public espagnol s'est vite lassé des séries historiques ; normal, avec une nouveauté tous les 3 mois ou presque...

La leçon est-elle apprise ? Hélas, il semblerait que non.

Je vous ai dit un peu plus haut que les séries fantastiques pour adolescents étaient l'autre marotte des spectateurs espagnols. Le grand projet d'Antena3 pour le courant de l'année 2012 s'appelle Luna, el misterio de Calenda, créée par la même équipe que pour El Internado, dans laquelle une jeune fille suit sa famille composée d'une juge et d'un garde national, pour aller s'isoler dans un patelin pourri et mystérieux où elle va rencontrer le frisson de peur et d'amour, puisque des phénomènes étranges s'y produisent...
Pour cette série, c'est toute une ville qui a été construite par la production, avec un bar, une école, un tribunal... tout ça sur 1300m². Brrrr... cette histoire d'horreur a un air de déjà entendu.

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12 mars 2012

[#Piemarathon] 1x06, laisse

BlackMarch
Je vais être honnête avec vous, cette histoire de Piemarathon est en train de déraper (mais dans le bon sens du terme).
Je veux dire, bon, je me suis lancée il y a seulement 4 jours et j'en suis déjà à aborder la fin de la première saison... Alors soit, elle n'est pas longue, il y a eu un weekend, je n'ai pas travaillé cet après-midi, certes. Mais quand même, euh, ça devient un peu compliqué. Pis je vous raconte pas le méchant effet de manque dés que je m'éloigne de mon DVD. Heureusement que j'ai le soundtrack sur mon smartphone sinon ça pourrait devenir dangereux pour mon entourage.

C'est d'ailleurs assez fou de retomber amoureuse d'une série qu'on connait (presque) par coeur. C'est une sacrée chance, aussi, parce que j'ai réussi à me laisser surprendre une ou deux fois, notamment dans l'épisode qui nous occupe ce soir, et je ne sais sincèrement pas si je serais capable de me laisser faire comme ça par d'autres séries. Devant Une Nounou d'Enfer, par exemple, je récite les dialogues comme des psaumes, ça n'a rien à voir. Là, je suis dans un état d'esprit particulier où j'arrive à prendre de la distance avec mes souvenirs pour profiter du spectacle, ce qui me permet de ressentir plein de choses, et pas juste l'impression de confort qu'on expérimente devant une série qu'on connait très bien et qu'on adore retrouver. C'est un vrai bon marathon, j'en savoure chaque seconde, même si je commence à baliser à l'idée qu'il me prendra probablement moins longtemps que prévu.
Nan mais voilà, c'est tout, je voulais juste partager ma joie, parce que je parle des épisodes, et truc, et bidule, et très franchement, les marathons bloggés en temps réel je commence à prendre lentement l'habitude (pour moi qui, il y a encore quelques mois, n'était pas coutumière des reviews épisode par épisode), mais du coup j'en oublierais presque de vous dire combien je me régale et combien ça me fait plaisir de me replonger dans la série. C'est donc chose faite.
Sachez que c'est une vraie kermesse. Et que je ne veux pas descendre du manège.

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L'épisode commence alors qu'Olive accomplit son premier acte de bravoure de l'épisode : elle confesse d'elle-même à Chuck avoir embrassé Ned dans l'épisode précédent. Dans à peu près n'importe quelle autre série, ce serait soapesque. Mais ici, c'est une façon magnifique à la fois d'approfondir encore le personnage d'Olive, qui devient lentement mais sûrement le plus touchant de la petite bande du Piehole, mais aussi de faire avancer sa relation avec Chuck. La fille morte prend en effet les choses plutôt bien et toutes les deux parlent très ouvertement de la relation entre Chuck et Ned, comme de vraies amies, de vraies complices. Olive montre alors qu'elle a une très, très bonne nature, en s'inquiétant réellement des problèmes de contact (ou absence de) entre les amoureux, même si elle est encore un peu blessée par le rejet qu'elle vient de subir. Sans le savoir, Chuck vient ainsi de lui ouvrir la porte du petit groupe qu'ils forment, ne se sentant pas menacée par le contact entre Ned et Olive alors qu'elle-même sent bien que ça reste un vrai problème entre eux.

Et il est là, le coeur du problème : plus que de devoir éviter de se toucher, les amoureux continuent de devoir accepter ce fait, et ils ont du mal. Chuck n'est plus vraiment en danger d'être touchée par hasard et de mourir définitivement, que de ne justement pas pouvoir toucher son Piemaker et de perdre son affection (à moins que ce ne soit l'inverse).
Il faut dire que le rêve érotique, ou plutôt le cauchemar de celui-ci a de quoi en troubler plus d'un. Je me souviens encore de l'horreur que j'avais ressentie la première fois que j'avais vu cette scène, cet instant terrible, lorsque Chuck lui tombe dessus et qu'il y a cette petite seconde pendant laquelle le temps est suspendu, mon Dieu, c'est arrivé, il l'a touchée, elle est partie pour de bon cette fois... et puis finalement non et c'est en fait là que commence le véritable cauchemar. Evidemment, difficile de ressentir ce bref désespoir et de croire Chuck disparue avec les visionnages suivants, mais force est de constater que le passage reste déchirant et qu'on comprend bien que cela dérange autant le Piemaker ensuite. On le comprend bien, mais on rit avec Emerson tout de même, hein, l'un n'empêche pas l'autre...

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L'épisode va continuer d'explorer divers sujets relatifs aux relations amoureuses avec l'étrange cas d'un polygame éleveur de chiens qui a été tué de bien curieuse façon. Outre le crime lui-même, qui s'avère n'être pas celui qu'on croit, c'est la quête du tueur qui va les occuper, leur donnant tout loisir de se frotter aux différentes épouses de la victime (pour Emerson, un peu plus près que pour les autres). Aussi bien en ce qui concerne l'intrigue que dans le domaine de l'univers visuel et sonore, on n'est pas exactement dans le meilleur épisode de la saison. L'idée est vraiment de pousser au maximum Ned et Chuck à se poser des questions sur la durabilité de leur tendre amour, et pas vraiment de nous offrir un moment enchanteur. Heureusement qu'il y a toujours les excellents dialogues et l'air empoté pathologique du Piemaker pour nous distraire comme à l'accoutumée.
On notera aussi qu'il n'y a pas de tantes en vue dans cet épisode, pour la seconde fois consécutive, et qu'il n'y est même pas du tout fait référence. Ce n'est pas une mauvaise chose : on ne peut décemment pas les intégrer à chaque fois. Mais elles m'ont quand même un peu manqué.

Alors qu'on commençait un petit peu à trouver que cet épisode manquait de chien (ha ha ha), voilà que le Piemaker et la fille morte se regardent de nouveau dans le blanc de l'oeil pour discuter de leurs problèmes, et que, plus que jamais jusque là, la souffrance de Ned devient très palpable. Il a passé l'épisode à être embarrassé, maladroit, gêné, effondré, catastrophé, mais là, il cesse de faire le clown triste et on peut presque ressentir son pincement de coeur lorsque Chuck enlace Digby à sa place. Ned prend toute la mesure de l'absence de contact à cet instant, on dirait, et l'accepte en même temps. Ca fait une plutôt jolie scène...
...Vite éclipsée par la suivante. Pour la seconde fois dans cet épisode pourtant pas très joyeux, Olive va nous arracher un soupir de chagrin et d'amiration.
Car elle est impressionnante, Olive, quand elle laisse partir son Piemaker. Elle tient à lui mais elle accepte de n'être jamais qu'Olive la serveuse. Elle a ce regard incroyable quand il lui fait ses excuses, comme si elle ne voulait pas l'affliger LUI avec son trouble à elle.
Elle a raison, notre petite chose blonde : elle est vraiment grande.

12 mars 2012

[#Piemarathon] 1x05, ghost

BlackMarch
Alors qu'elle jouait un second couteau lunatique dans le pilote, Olive a désormais le vent en poupe. Elle est une nouvelle fois l'héroïne de l'épisode, et éclipse Chuck (au moins temporairement) alors qu'elle embauche elle-même Emerson pour enquêter sur une curieuse affaire de jockey fantôme...

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On a appris pas mal de choses sur la plupart des personnages jusqu'ici, mais le passé d'Olive Snook était resté brumeux. Voilà donc une opportunité en or d'apprendre à connaître la petite chose qui se présente lorsque son passé de jockey refait surface ; difficile d'ailleurs de ne pas mourir de rire lorsqu'Emerson apprend cette information capitale sur le CV de la serveuse ! Outre cette séquence savoureuse, l'épisode ne sera pas dénué de scènes proprement hilarantes, grâce à un Emerson qui, déjà très en forme en solo (jolie déclaration d'amour à une pelle, notamment), voit ses pouvoirs se décupler lorsqu'il travaille en tandem avec Olive. Ca fonctionne totalement entre ces deux-là. Encore ! Encore !

Mais, à la surprise générale, y compris et avant tout d'Olive elle-même, celle-ci fait aussi un épatant duo avec nulle autre que Charlotte.
D'accord, la défunte n'a jamais montré d'animosité vis-à-vis d'Olive (en fait elle remarque tout juste sa présence, si on veut être honnêtes, et ne lui adresse la parole que depuis qu'elle craint pour son secret), mais ça reste quand même fichtrement imprévu. Et pourtant, il suffit de les voir toutes les deux pendant la fin de l'épisode pour admettre qu'elles forment une combinaison gagnante, tant au niveau de leur dynamique que lorsqu'il s'agit d'être efficaces en temps de crise.

Piemarathon_1x05

Ce que j'aime dans Pushing Daisies, c'est que là où il y a de la gène, il n'y a pas de plaisir. La série assume totalement tous ses effets de style ; qu'il s'agisse d'entendre régulièrement le signal de départ des courses hippiques au cours des différents dialogues, de voir que tout d'un coup les scènes entre Olive la cliente et Emerson le privé ont droit à un éclairage de stores vénitiens ultra-cliché, ou bien-sûr, d'entrer dans l'inénarrable maison de la mère de John Joseph Jacobs, qui pique délicieusement les yeux, les excès sont bienvenus parce qu'ils participent à la création d'un univers bizarre autant qu'amusant, où l'oeil s'attarde et où on passe notre temps à dénicher cent détails formidables.
Qui plus est, le mérite de l'épisode ici présent est d'avoir plusieurs thèmes en un seul ; les épisodes à thème ne sont pas nouveaux dans la série (comme l'avait prouvé le deuxième épisode) mais le concept n'avait jusque là jamais été porté aussi loin ; cela marque définitivement un tournant dans l'univers de la série. Jusque là il s'agissait juste de proposer un contexte merveilleusement étrange, cette fois on est dans une sorte de champs lexical constant. Le meilleur épisode à ce petit jeu sera sans conteste celui des abeilles ; on n'y est pas encore mais c'est ici que tout commence, avec ces rappels permanents de l'univers du cheval (jusque dans les mugs d'Olive). Et pourtant, si l'épisode du jour est dédié à l'équitation, on a aussi un vrai épisode de Halloween, comprenant un hommage implicite à la légende de Sleepy Hollow, et c'est assez incroyable de voir comment ces deux univers se mélangent parfaitement bien. Sans compter, je l'ai dit, le côté légèrement parodique des films noirs que prennent les dialogues entre Olive et Emerson.
Tout cela fonctionne, s'emboîte, se complète parfaitement. J'ai regardé cet épisode avec une vraie admiration ; la série prend vraiment ses marques à partir de là.

Et pourtant, plus que la seule prouesse au niveau de l'ambiance et du style de la série, on a ici un épisode TRES mélancolique qui délivre de vraies scènes d'émotion.
Ned le Piemaker continue d'explorer ses traumatismes d'enfance, Halloween lui rappelant probablement le pire souvenir de tous, quand il a réalisé que son père l'avait abandonné. Les souvenirs de cet épisode de sa vie comme les scènes au présent sont terribles, parce sa souffrance ne s'exprime pas, encore une fois il garde les choses pour lui (mais il est vrai que c'est le genre de choses qu'on ne partage jamais vraiment), et noyé dans son sentiment d'abandon, il met sans le vouloir de la distance avec Chuck. A sa décharge, il faut quand même reconnaître que celle-ci est un peu chiante dans sa façon d'exiger de lui de tout dire de ce qui le préoccupe, alors qu'elle-même lui fait des cachotteries à propos des tartes qu'elle fait livrer à ses tantes.
Ned aura en tous cas l'occasion de refaire le chemin à l'envers, ce qui le mènera dans sa maison d'enfance, mais aussi chez les Darling Mermaid Darlings, et ce sera l'occasion d'une très, très jolie scène entre lui et tante Vivian. Pour elle qui ne supporte pas le contact, la voir cajoler ce petit garçon tout triste qui n'a pas résolu ses souffrances d'enfant, ça voulait vraiment dire quelque chose de fort. L'anecdote sur les coussins qu'elle glisse dans le lit de Chuck était déchirante aussi.
Qu'il s'agisse de souffrance, d'enfance ou d'êtres chers, Pushing Daisies parle magnifiquement bien du deuil.

Pour Olive, c'est aussi le moment de grandir un peu, si je peux m'exprimer ainsi. Après avoir pris la décision consciente, dans l'épisode précédent, d'aider Chuck à protéger son secret, la voilà qui est dans la confidence (du moins le pense-t-elle) et si elle en veut à sa rivale, elle va très vite s'apercevoir que sa colère est retombée. L'épisode nous montre une Olive qui, délaissant progressivement ses petites répliques mesquines, va comprendre l'évidence : quelle que soit la vérité à propos de la fille appelée Chuck, cela ne lui rendra pas Ned d'exposer ses secrets. Le baiser désespéré qu'elle lui délivre est suivi d'une douloureuse épiphanie...

Par le biais de ses dialogues pétillants et de ses excentricités, Pushing Daisies continue de maquiller son ton extrêmement dramatique, et c'est certainement ce contraste qui fonctionne si bien à mes yeux.

11 mars 2012

[#Piemarathon] 1x04, pigeon

BlackMarch

On revient dans ce nouvel épisode à un mystère plus "normal" dans son déroulement (victime, puis passage à la morgue, puis découverte du criminel...), mais original dans son dénouement, tout en poursuivant l'exploration des problèmes de couple de Ned et Chuck. Tout ça pendant qu'Olive compte sur un pigeon pour séparer les tourtereaux...

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Pauvre, pauvre Olive, qui est passé à peu de choses d'arriver à ses fins dans cet épisode, et qui est trahie par son petit coeur. Au lieu que son plan, échafaudé afin de mettre Chuck face à son secret, ne réussisse, voilà qu'elle s'aperçoit qu'elle a passé un peu trop de temps avec les Darling Mermaid Darlings et qu'elle s'est prise d'affection pour elles... Qui peut la blâmer ? La petite chose n'a jamais personne à qui parler si ce n'est un chien, d'ordinaire, alors pour une fois que des gens se lient avec elle, Olive n'allait quand même pas tout gâcher. C'est ainsi qu'en une fraction de seconde, Olive prend la décision de laisser Chuck garder son secret, et entre dans la confidence.

Et tant mieux. La jalousie d'Olive, si elle se conçoit, ne pouvait pas la maintenir trop longtemps dans une situation de "méchante" dont les plans allaient constamment mettre en péril le bonheur de Ned et Chuck. C'est par une jolie pirouette que la blondinette entre en connivence avec eux, sans pour autant cesser de couler des regards enamourés à son Piemaker.

C'est réellement l'épisode le plus triste à ce jour (considering). Aussi bien pour Olive, qui doit mettre de côté sa poursuite impossible de l'éviction de Chuck (même si on peut débattre de l'efficacité de son plan : ce n'est pas parce que Chuck serait dans la panade vis-à-vis de ses tantes qu'elle disparaîtrait du Piehole, ou que Ned l'aimerait moins) que pour les tantes de l'ex-défunte.
D'ailleurs plus on passe du temps avec ces dernières, plus on trouve leur tandem aussi cafardeux que bizarre ; certes, elles ont leurs névroses qui les rendent excentriques, mais on prend vraiment la mesure de leur peine. Qu'il s'agisse de voir Lilian pleurer ou Lily faire la tête, on sent que les deux femmes sont réellement affectées. On pourrait dire en somme qu'elles sont atteintes aussi bien mentalement qu'émotionnellement.

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Du côté du Piemaker et de la fille appelée Chuck, il y a de l'eau dans le gaz. La dangerosité du contact entre ces deux-là étant bien établie dans les épisodes précédents, on s'attaque aux côtés les moins romantiques de cette interdiction de se toucher quand Chuck est attrapée au vol par un homme qui, lui, peut se servir de ses mains. La jalousie du Piemaker n'est pas bien jolie à voir, ses manifestations devenant même plutôt mesquines au cours de l'épisode (m'est avis que Ned est aussi rancunier que jaloux), mais elle se comprend, parce qu'il réalise que la situation va quand même poser problème sur le long terme ; implicitement, Pushing Daisies nous rappelle que ses héros ne sont pas faits de bois et que la romance a ses limites : tout ça c'est bien gentil mais euh, hein, on se comprend.
Comparativement, le début de l'épisode, dans lequel Digby, chien fidèle (et particulièrement intelligent), va retrouver son jeune maître, est moins triste ; et pourtant je mets au défi quiconque de rester de marbre devant le passage où tous les deux se retrouvent, joyeux, avant de réaliser qu'ils ne pourront jamais se toucher non plus. Ned trouve immédiatement une branche (plus tard il aura un outil plus perfectionné) pour pallier à ce petit inconvénient, mais Digby aime son maître sans trop regretter le manque de contact. Ce n'est pas le cas de Chuck qui ressent le besoin qu'on lui prenne la main. Elle s'imagine que c'est la main du Piemaker, mais la vérité c'est qu'elle ne peut pas se passer de contact... Quand on y pense, c'est pire vu que Ned fait son possible depuis des années pour éviter le contact avec tout le monde depuis des années. Ca ne fait que 4 épisodes qu'elle est morte et elle s'amuse déjà à tenir la main du premier venu !

Bien-sûr, la romance de conte de fée n'est jamais totalement absente de Pushing Daisies : une histoire d'amour se met en place entre deux des protagonistes secondaires de l'épisode, racontant une autre histoire d'amour en filigrane, et d'ailleurs en fin de compte, le Piemaker et la fille morte finissent par danser romantiquement enlacés sur le toit du Piehole. Mais en dépit des apparences, Ned et Chuck viennent quand même de se prendre un méchant revers dans leur relation ; ils vont y survivre, mais en même temps, plus que de craindre la mort de Chuck, ils craignent ici la séparation et c'est pire, bien pire.

Assez peu d'humour, donc, dans cet épisode (qui n'en est cependant pas totalement dépourvu), et un Emerson également un peu en retrait, mais c'est normal vu la place prise ici par Olive et les tantes.
On a pourtant droit à une scène absolument tordante (bien qu'un peu longue) lorsqu'un pigeon vient s'écraser contre une vitre du Piehole et qu'il est ressuscité par Ned (à son corps défendant). Le Piemaker et Emerson guettent avec anxiété qui sera alors la proie de remplacement du destin, et entre la terreur d'Emerson (sa couardise n'est pas son trait de caractère le plus attrayant !) et la tristesse de Ned qui est certain qu'un écureuil qui passait par là va vraiment y passer, il y a de quoi se plier de rire. Ce sera franchement la seule scène aussi légère de l'épisode : il y a des bonnes répliques, comme toujours (les dialogues sont émaillés de perles absolues), mais ça reste plus ponctuel.

C'est vraiment agréable, cette façon dont les épisodes changent de ton, je ne me souvenais plus de cette amplitude (curieusement, je n'avais retenu que la partie la plus légère de ces intrigues). J'apprécie les moments comiques, qui admettons-le ont la chance de reposer sur des dialogues d'orfèvrerie débités avec une rapidité n'ayant rien à envier à Gilmore Girls, mais le côté émotionnel n'est pas absent. Peut-être que les fois précédentes, j'avais été un peu éblouie par la forme de la série pour m'en apercevoir, ou peut-être que sitôt le marathon terminé je vais oublier ces avantages-là (me repasser en boucle la BO de la série cycliquement n'aide probablement pas à en fixer une image fidèle non plus), mais ça fait bien plaisir. Vite, la suite !

11 mars 2012

Grand écart

BlackMarch

Le weekend dernier, on a pu causer un peu de l'un des parents pauvres de la télévision internationale, au moins du point de vue de son accessibilité en France : la Russie. Dans le même esprit, j'avais envie de vous parler aujourd'hui d'un des pays qui attise ma curiosité en dépit du fait d'être assez difficile d'accès à l'heure actuelle. Ce pays, c'est la Turquie.
Allez hop, un peu de pédagogie au préable.

Comparée à d'autres pays, la télévision turque est relativement jeune, et ce qui lui arrive aujourd'hui est donc d'autant plus impressionnant. Songez que la première chaîne du pays est née en 1968 (c'était TRT, une chaîne publique), et que la première chaîne privée date de 1989 ! Et malgré cette genèse tardive, la fiction turque est en plein boom depuis une dizaine d'années environ, et ça ne va certainement pas en se calmant vu le succès de ces fictions à l'étranger.
La première série turque à avoir été vendue hors de son pays natal s'appelait Deli Yürek, une série mêlant de l'action, du drame et même un peu de politique, et se déroulant dans un contexte mafieux ; elle a duré 4 saisons de 1998 à 2001 et a même donné naissance à un film "spin-off". C'est grâce à son succès que la fiction turque a attiré l'attention de toujours plus de pays étrangers.

Depuis 2001, environ 80 séries turques se sont vendues dans plus de 40 pays du monde, certaines collectant, certes, plus de miles que d'autres. En 2011, ce business a rapporté 60 millions de dollars, à raison d'un prix allant jusqu'à 15 000 dollars par épisode. C'est dire si ça va BIEN.

On savait depuis quelques années que les soaps turcs fonctionnaient très bien, notamment dans les pays de langue arabe, avec la success story de Gümüş (alias Noor dans sa version arabe). Ce soap a fait un tabac de la Croatie à l'Arabie saoudite, alors que pourtant, la série y montre des choses pas franchement acceptées dans les pays de culture musulmane, comme boire du vin ou avoir des relations sexuelles avant le mariage ; l'un des personnages a même eu recours à un avortement. Malgré cela, 85 millions de personnes dans le monde ont vu ce soap !

Aujourd'hui, les séries hebdomadaires sont également très en forme. Outre le fait que ce sont ces séries qui aujourd'hui capitalisent les meilleures audiences sur leur chaîne d'origine, ce sont aussi celles qui se vendent le mieux (il y a un rapport de cause à conséquence, vous l'aurez compris).
Ce qui est une bonne nouvelle, c'est qu'elles peuvent rivaliser avec les productions occidentales en termes de qualité de production ou de budget (au niveau format c'est plus compliqué, les séries turques ont souvent des épisodes de 90mn qui font régulièrement l'objet de redécoupages en 2x45mn une fois à l'étranger ; notons qu'en France ça ne poserait pas forcément problème, cela dit). Alors forcément ça attire l'oeil ! Evidemment, qui dit plus de ventes à l'étranger implique aussi un cercle vertueux sur le territoire national, puisque ça fait sans cesse plus d'argent qu'on peut investir dans la production suivante.
Et plus il y a de pays différents culturellement pour acheter des séries turques, plus celles-ci tentent de rendre leur contenu plus accessible à des publics étrangers divers ; à l'heure actuelle, les séries turques sont définitivement ancrées dans la culture de leur pays, elles sont également regardables dans des pays de culture musulmane, mais elles sont aussi faciles d'accès pour plein de pays comme la Grèce et les Balkans (on estime par exemple qu'un spectateur sur deux en Bulgarie regarde une série turque), et ça c'est un immense point fort pour nous, spectateurs occidentaux, lorsqu'on les aborde ! Ca veut dire qu'on ne va pas se retrouver devant un trop grand fossé culturel, parce que les productions turques prennent cela en compte.

On a déjà pu parler d'Ezel, par exemple ; à l'époque de Séries du Monde, j'ai ainsi eu l'occasion de vous dire qu'elle s'était vendue un peu partout dans les pays voisins de la Turquie (je me souviens notamment d'une news portant sur un petit soucis en Grèce), et que sa diffusion hors des frontières turques avait eu l'opportunité de s'intensifier encore lors du dernier Ramadan. Depuis, la série a même été diffusée sur K+, une chaîne du groupe Canal+ au Vietnam, et des remakes ont été mis en branle dans plusieurs pays dont, apparemment, la Belgique. Des négociations seraient en cours pour une diffusion aux Etats-Unis, et même dans des pays d'Afrique noire, ce qui est assez inédit.
Mais surtout, il me faut évidemment re-mentionner Muhtesem Yüzyil. La série historique qui est un véritable carton aussi bien dans son pays d'origine qu'à l'étranger (45 pays acquéreurs à elle seule à ce jour) ; j'avais d'ailleurs pu vous dire à quel point ce succès n'était pas injustifié l'an dernier, lorsque j'ai évoqué le pilote. Muhtesem Yüzyil est actuellement le fer de lance de la fiction turque : dans son pays, l'Ottomania est vrai un phénomène (même si la série a apporté sa dose de controverses), et à l'international elle fait systématiquement un carton. Et quand les pays ne l'achètent pas, ce sont les internautes qui en font un phénomène : ainsi en Bulgarie, je lisais le mois dernier que des fansubbers proposant des sous-titres le lendemain de sa diffusion en Turquie ont réussi à créer un buzz immense autour de la série, et maintenant les chaînes bulgares s'entretuent pour en acquérir les droits. Une jolie histoire à la Äkta Människor (moins les chaînes qui s'entretuent, quoi). Un succès que Bir Zamanlar Osmanli: Kiyam, qui débute lundi, va tenter de reproduire, d'ailleurs.
On parle de séries venues d'un pays où, jusqu'à il y a 15 ans environ, c'était majoritairement la telenovela sud-américaine qui dominait les grilles en matière de fiction, quand même... Joli parcours que celui de la télévision turque, je le disais.

Cycliquement j'essaye moi-même de me pencher sur quelques séries turques. C'est à la fois facile, puisqu'avec les bons outils, on découvre très facilement des endroits où s'en mettre plein le disque dur, et compliqué car les sous-titres ne sont pas légion. Fort heureusement, si on reste sur Muhtesem Yüzyil comme exemple, le streaming peut ponctuellement se révéler intéressant, à condition d'aimer le streaming (comme vous le savez, ce n'est pas mon cas) et d'accepter d'avoir très peu de choix.

L'une des séries sur lesquelles je gardais un oeil, en ce début d'année, était Uçurum, diffusée par la chaîne privée ATV. Si Uçurum avait attiré mon attention (elle figurait dans le Pilot Watch), c'était sur deux critères : d'une part, un pitch attirant (et accessible à une pauvre Occidentale telle que moi, comme SON, lancée le mois précédent), et d'autre part, une foison de photos de promo alléchantes, comme celle-ci.
Il faut d'ailleurs préciser que de ce côté-là, les Turcs sont très très bons. Ils soignent leurs photos de promo (chose que ne font pas, par exemple, les Russes, on l'a dit la semaine dernière, mais même les Japonais, qui pourtant devraient être rôdés vu le nombre de séries qu'ils produisent chaque année...), et maîtrisent parfaitement la grammaire de la promotion qu'on peut connaître chez les séries de network américaines par exemple, avec ce qu'il faut de trailers notamment.

Ucurum

Uçurum, qui d'après une sélection de traducteurs automatiques et dictionnaires peut signifier aussi bien "précipice", "abysse", que "écart", est une série au contexte très urbain qui repose sur le principe suivant : dans une grande ville, la vie peut basculer à tout moment. C'est le cas d'Eva, une Moldave qui vient à Istambul dans l'espoir de pouvoir travailler dans la mégalopole turque. Elle est suivie par sa petite soeur, Felicia. Toutes les deux tombent alors dans un réseau de prostitution mené par un certain Yaman ; Eva échappe à ce triste sort de justesse, et trouve refuge dans un taxi. Hélas, sa soeur Felicia ne s'en sort pas aussi bien... C'est ainsi qu'Eva rencontre Adem, un homme qui vient d'accomplir son service militaire et qui commence à travailler comme chauffeur de taxi, travaillant uniquement de nuit. En venant en aide à Eva, vite traquée par le gang de Yaman, la vie d'Adem va ainsi elle aussi basculer.

L'épisode commence dans la confusion la plus totale : une jeune femme à la main ensanglantée reprend péniblement son calme auprès d'un homme agonisant dont on comprend qu'elle vient de le poignarder, et s'enfuit aussi vite que possible, réussissant à trouver refuge dans un taxi dont le conducteur va devoir prendre une décision très vite.

Comment en est-on arrivé là ? Allez hop, flashback, cette fois au ralenti (ce qui offre un incroyable et efficace contraste avec le chaos de la scène d'introduction), alors que, trois mois plus tôt, ces trois protagonistes mènent leur vie sans se soucier de rien, comme en marche vers leur destin. C'est une idée qui n'a l'air de rien mais qui fonctionne très bien. Ainsi, la jeune femme s'apprête à fêter l'obtention de son diplôme de médecin, le chauffeur de taxi (pas encore pourvu de barbe) est un militaire en passe d'être décoré, et l'homme poignardé, encore en relatif état d'intégrité physique, est en réalité un mafieux dans ce qui ressemble déjà à un mauvais jour. On va donc lentement revenir sur la façon dont les évènements se sont mis en place, et c'est l'occasion de pénétrer le réseau de prostitution, que Yaman dirige avec l'aide d'une femme, et sous les ordres d'une sorte de parrain.
L'effet de compte à rebours avant ce moment crucial qui a ouvert l'épisode va être rappelé plusieurs fois au cours de l'épisode par le biais non pas d'un bête compteur, de cliffhangers ou d'autres outils auxquels on pourrait s'attendre pour nous rappeler qu'il y a un gros truc qui nous attend, mais avec l'aide d'un split screen montrant à intervalles réguliers la progression des personnages dans leurs univers respectifs, et pour le moment distincts.

Si Eva est une bien jolie créature et qu'on s'intéresse forcément un peu à son histoire (surtout quand, comme moi, on a déjà regardé Matrioshka ou Blue Natali), celle-ci n'a pas grand'chose d'original. Quant au salopard de Yaman, on n'a pas tellement envie de le plaindre dans ses tracas (car il en a).
C'est Adem qui s'avère être un personnage particulièrement touchant. Pendant son service militaire, son meilleur ami s'est pris une balle (ouais, le service militaire turc, c'est pas la JAPD, hein, on est pas là pour déconner) ; Adem s'est d'abord porté à son secours mais lorsqu'ils ont failli être repérés par l'ennemi, son ami a fait une crise de panique, et en voulant le faire taire, Adem l'a étouffé... Depuis, il est littéralement suivi par son fantôme, qui apparait même à l'arrière de son taxi. C'est de toute évidence une torture pour notre héros que de vivre avec son lourd secret, et il sera à deux doigts de se suicider pendant l'épisode. Cela nous offrira d'ailleurs une scène assez émouvante.

Certaines séquences de ce pilote, par ailleurs relativement conventionnel pendant sa première heure (souvenez-vous : épisodes de 90mn), sont extrêmement impressionnantes de par leur forme très aboutie. Ainsi, pour montrer que le temps a passé après une scène se déroulant dans le dortoir des prostituées prises au piège par le réseau de Yaman, on a une séquence particulièrement élégante. De même, quand Adem conduit des personnes très différentes dans la nuit d'Istambul, difficile de ne pas être touché par la succession de portaits et de situations qui se succèdent à l'arrière de son véhicule.

Mais surtout le pilote d'Uçurum accomplit quelque chose qu'il n'est pas exagéré d'appeler une PUTAIN DE PROUESSE en nous surprenant totalement à la fin de l'épisode ; par contre si vous voulez finir ce paragraphe vous allez être spoilé : on reprend la fameuse scène qui l'avait ouverte, mais en version longue, et on a cette fois des séquences supplémentaires qui ajoutent encore à la gravité de la situation. Au lieu d'avoir simplement Eva qui poignarde Yaman et se rue dans le taxi d'Adem en sortant de l'hôtel où elle était retenue, on a droit à une pénible séquence pendant laquelle Yaman tente de violer Eva, où celle-ci le poignarde dans l'oeil (chose qu'on ne savait pas), où elle cherche de l'aide dans les couloirs, tombe sur une chambre où sa soeur est sur le point d'être violée, est contrainte de l'abandonner là quand l'un des violeurs pointe une arme sur elle, sort dans la rue, et fait irruption dans le taxi d'Adem alors que celui-ci caresse de nouveau l'idée du suicide ; en parallèle, Yaman s'effondre dans le couloir de l'hôtel, le visage en sang et sous les cris d'horreur de la femme qui gère le réseau de prostitution avec lui. Et du coup, alors qu'on pensait ne revenir à cette scène que pour l'adrénaline, on se retrouve avec une dramatisation incroyablement plus forte qu'attendu. On croyait connaître la scène depuis le début de l'épisode, et pour tout vous dire y revenir semblait un peu cliché ; en fin de compte, on se retrouve avec quelque chose qui lance réellement le côté dramatique de la série. C'est un vrai bon moment de télévision qu'on n'avait pas vu venir du tout. Et d'ailleurs l'épisode va s'arrêter là, au lieu d'employer cette décharge d'adrénaline pour nous montrer comment l'équipe de Yaman va se lancer à la poursuite d'Eva, par exemple (ce à quoi on aurait pu s'attendre).

Alors, dans ce paragraphe, il n'y aura plus de spoilers. Mais il y aura de l'amertume : celle de ne pas pouvoir regarder autant de séries turques que je le voudrais, parce que je les regarde toujours en VOSTM. Je serais prête à poursuivre Uçurum, dans le cas contraire. Et c'est une preuve supplémentaire, après Muhtesem Yüzyil que je n'avais pas détestée (et pourtant, moi, les séries en costume...), que la fiction turque a de bonnes choses à nous apporter. Pour le moment, pas facile-facile d'y accéder mais, bon, on sait pas, si des fansubbers bulgares y arrivent, je vois pas pourquoi il seraient les seuls... Un jour peut-être, qui sait ?

10 mars 2012

[#Piemarathon] 1x03, poire

BlackMarch

C'est bien connu, dans funérailles, il y a fun. Et si Pushing Daisies a toujours eu un côté un peu morbide et farfelu à la fois, dans cet épisode qui se passe dans une entreprise de pompes funèbres et qui va être ponctué de remarques cinglantes de la part notamment d'Emerson, on va vraiment être à la fête...

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Je vous disais hier que le côté procédural de Pushing Daisies n'était qu'un prétexte ; eh bien la meilleure preuve, c'est que dés le troisième épisode, la série joue déjà avec cet angle et le pervertit. Dés le départ, on sait comment le cadavre de cet épisode est décédé, on sait qui en est la cause, bref, il n'y a pas de mystère. Le don du Piemaker ne lui servira en réalité pas à grand'chose, ce qui est parfait puisque cela lui donne l'opportunité, ainsi qu'à Chuck, d'explorer les circonstances qui les ont conduits à se retrouver. C'est super agréable de voir la structure ainsi renversée au profit des angles comiques et dramatiques de la série.
Ainsi, Chuck va découvrir que sa vie a un prix, qu'a payé le directeur de l'entreprise funéraire où Ned l'a trouvée. Ce dernier espérait qu'elle ne le sache jamais et est évidemment confus qu'elle apprenne l'horrible vérité, mais plus encore, il est rongé par le remords. Tout ça sous le regard courroucé d'Emerson qui n'a jamais très bien digéré cette histoire de "bitch, I was there".

Plutôt que de questionner leur relation amoureuse, comme dans l'épisode précédent, on s'attarde plutôt sur leur relation tout court étant donné le contexte très particulier dans lequel ils se sont retrouvés. Cela n'exclut absolument pas d'insister sur leur romance, qui prend un tour d'ailleurs plus tactile que précédemment (enfin, autant que faire se peut), mais ce n'est pas le seul focus de l'épisode en tous cas.
Pendant ce temps, Olive persiste à n'avoir (c'est ironique quand on y pense) aucun contact avec la petite bande à l'intérieur du Piehole, ce qui ne l'empêche pas de faire une découverte capitale au sujet de la chère et tendre de Ned, et de se rapprocher des deux tantes de celle-ci.

Piemarathon_1x03
Ici l'accent est moins mis sur la magie de la série (quoiqu'on trouve encore de très jolis plans un peu partout, et toujours autant de délicieuses couleurs) que sur son humour. La star de l'épisode est, contrairement aux apparences dans une histoire qui met Ned le Piemaker et Chuck la fille morte face à ce qui les a réunis mais pourrait les séparer, notre bon Emerson, qui fait preuve à la fois d'une lucidité à toute épreuve, notamment quand il explique pourquoi il a accepté cette affaire, et d'une causticité impayable. Encore une fois, ses échanges avec Ned sont précieux, parce qu'ils ont une super relation ; ça se sent bien quand Ned et lui discutent au retour de la morgue. Emerson n'est pas qu'un simple alibi comique pour contrebalancer la romance de Pushing Daisies, il est un personnage qui s'affirme énormément dans cet épisode.

Encore une fois, la série ne fait pas de quartiers (hormis avec les poires), et ne ménage pas ses personnages. L'épisode met Ned le Piemaker devant ses responsabilités, fermement. Il n'est pas un prince charmant pour les scénaristes (seulement pour Chuck), et son charme ne le protège pas ; il va bien devoir arrêter de fuir les questions qui auraient été posées de toute façon à un moment ou à un autre, de façon à s'assumer un peu, au lieu de chercher à s'en sortir en bégayant et en prenant un air de chiot battu. Il essuie donc l'irritation d'Emerson, mais aussi la colère de Chuck qui n'apprécie pas trop qu'il lui ait menti et n'aime pas qu'on la prenne pour une poire. C'est un peu la même logique que pour notre fille morte dans l'épisode précédent : il va se fritter avec absolument tout le monde... en tous cas, jusqu'au moment où il va se prendre en main.
En acceptant de porter la responsabilité de ses décisions et de ses actes, il grandit un peu. C'est touchant de voir la progression depuis son expérience avec les lucioles, quand il était petit et qu'il a découvert la fameuse règle des 60 secondes (judicieusement justifiée ainsi, d'ailleurs), nous ramenant au moment où il a grandi d'un coup et s'est découvert un pouvoir terrible, et de constater que depuis, il a tout arrêté, et même cessé de grandir, sa mesure de protection consistant à se tenir éloigné de tout le monde et à ne s'impliquer dans rien, si ce n'est la confection de tartes. Le voilà bien obligé de cesser d'être le petit garçon victime de son pouvoir, forcé qu'il est de s'impliquer maintenant qu'il a fait certains choix.

Deux moments très touchants dans cet épisode. D'une part, toute l'intrigue relative aux Darling Mermaid Darlings ; on aurait pu craindre qu'elles disparaissent rapidement de la série, mais on a ici une jolie façon de nous les ramener. Alors qu'elles pensaient gérer un peu mieux leurs névroses, les tantes ont reçu une carte postale en retard de leur nièce qui les replonge dans la dépression. En annulant leur spectacle, les deux tantes de Chuck vont ainsi ramener la jeune femme dans son rôle de jadis, lorsqu'elle prenait soin d'elles. Chuck va donc préparer une tarte aux poires couverte de gruyère et la leur faire livrer (non sans y distiller quelques gouttes d'un antidépressant aux plantes dont elle a reçu un échantillon). C'est joli cette façon que Chuck a de se soucier autant des circonstances de sa mort que des êtres aimés qu'elle laisse derrière elle, et que sa crise avec Ned le Piemaker ne l'occupe pas entièrement pendant cette épisode. Toute pétillante et un rien crampon qu'elle puisse être, Chuck montre ainsi un versant de sa personnalité qui la rend très sympathique.
Et puis il y a Olive et son admirateur secret. Toute occupée qu'elle est à imaginer Chuck disparaitre dans le néant (ignorant que ça se joue à aussi peu de choses qu'un trou dans le film plastique !), elle ne voit pas le client qui ne cherche qu'à attirer son attention. Cette fois, ses frustrations ne s'expriment pas en chanson, mais ça reste extrêmement vif et touchant. La voir se radiner aussi vite que possible sur ses petites jambes quand Ned arrive, se faire renvoyer dans son coin, et perdre immédiatement son sourire, est légèrement répétitif mais très touchant. Inutile de dire qu'évidemment, son intrigue rejoint, par le plus grand des hasards, celle des Darling Mermaid Darlings mentionnée plus haut, lorsqu'elle se retrouve à leur livrer une tarte couverte de gruyère...

L'épisode nous prouve que les mystères sur lesquels notre club des 3 (Ned, Chuck et Emerson) enquêtent sont donc potentiellement soumis à des imprévus, et que la structure des épisodes n'est pas gravée dans le marbre. Cela laisse la part belle au côté feuilletonnant de la série, et c'est un vrai plaisir.
J'ai encore un petit peu de place, je me ferais bien un épisode de plus, mais figurez-vous que je vous prépare d'abord un autre post qui n'a rien du tout à voir... alors la suite du Piemarathon va attendre un peu.

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