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ladytelephagy
16 janvier 2012

Home alone

Chaque année je vois de nouveaux téléphages apparaitre dans le paysage. Parmi eux, une part non-négligeable de "petits jeunes" qui ont découvert les séries télévisées entre 2004 et aujourd'hui, la génération Lost. Certains ont la soif de découvrir, d'autres pas du tout. On peut avoir une conversation avec eux et réaliser qu'ils n'ont jamais vu un épisode de X-Files de leur vie. On peut aussi avoir une conversation avec eux et s'apercevoir qu'ils ont tenté de regarder des séries qui a priori n'étaient pas vouées à se trouver dans leur champ de vision. De tout.
Et à chaque fois que je vois de ces jeunes spectateurs arriver, et commencer à se faire le relai de leur téléphagie, je réalise que les points de repère bougent. Que la téléphagie dont ils parlent ne sera de toute évidence jamais la même que la mienne. Qu'ils ont vécu leur adolescence devant Skins, pas devant Dawson (bon d'un autre côté pour moi ça n'a été ni l'un ni l'autre, mais vous saisissez l'idée). Que certaines séries qui me semblaient faire partie des "classiques", même quand je ne les ai pas aimées, leur sont étrangères et qu'ils ne voient pas le problème. Ils ont d'autres références et ça ne les étonne pas plus que ça.

Mais dans cette sorte de fossé des générations téléphagiques, ce qui s'exprime de plus en plus clairement, c'est qu'ils ont grandi dans un monde où tous les téléphages peuvent échanger entre eux, et où, quoi qu'on aime, on trouvera toujours quelqu'un avec qui partager notre passion pour une série donnée. Et moi-même, j'ai parfois tendance à oublier que ce n'est pas quelque chose de si évident, de par mon utilisation d'internet, notamment. On aimerait croire qu'aujourd'hui, on peut, quelle que soit la série qu'on apprécie, trouver son "âme soeur" téléphagique, et cela fait partie des charmes de notre époque.

Pourtant.
On oublie parfois, moi la première, que non seulement il a existé une époque pendant laquelle on pouvait être seul à regarder, suivre, aimer une série, sans jamais trouver avec qui deviser gaiement ou gravement à son sujet, mais ce genre de no man's land existe encore, de nos jours.
Au fond, on peut bien faire toutes les expériences de contagion qu'on veut, essayer de faire découvrir des séries qui a priori ne sont vues que par une poignée de personnes sur notre continent, ou passer le mot au sujet de fictions obscures de chaînes méconnues, il y a toujours un moment où on se sent juste très seul dans la vision qu'on a d'une série en particulier.

Cette séquence nostalgie vous a été proposée par House of Lies.

HouseofLoneliness

Parce que c'est assez dramatique cette sensation d'isolement que je ressens quand j'ai envie de parler de la série. Certes, je sais que je ne vais pas aller en discuter avec Florian, dont le biais anti-Showtime est célèbre dans toute la francophonie grâce à ses légendaires prises de position dans le SeriesLive Show. Mais j'ai un mal fou à trouver d'autres interlocuteurs qui en ont eu une bonne impression.

Pendant un moment, je m'étais même dit que c'était parce que j'avais eu une bonne impression sur le pilote, et que ça allait se calmer voire même disparaitre ensuite ; ça s'est déjà vu sur d'autres séries après tout, l'un des exemples récents qui me vient à l'esprit est Combat Hospital. Au bout d'un ou deux épisodes de plus, j'ai fini par me dire que, bon, le pilote n'était pas si mauvais que ce que d'autres semblaient bien vouloir le dire, mais il n'était pas non plus excellent au point de continuer à suivre la série.

Mais rien à faire. Là, je viens de regarder le second épisode, et je me suis marrée comme une malade. J'adore la dynamique de groupe, j'adore le cynisme ambiant, j'adore le côté délicieusement absurde de la vie professionnelle des protagonistes. Et j'adore la dynamique de groupe, aussi. Déjà dit ? Pas grave, ça vaut la peine d'être répété.
Pas l'ombre d'une déception. En fait, le pilote était pas mal, mais définitivement moins bon à mes yeux que l'épisode suivant, plus déjanté. Il y a toujours deux-trois trucs qui ne m'intéressent pas (en général connectés à la vie du personnage principal), et qui ne sont pas nécessairement du meilleur goût (tout ce qui est relatif à l'ex-femme du personnage principal), mais c'est totalement mineur au regard du reste, et notamment de mes véritables fous-rires. Au point de devoir mettre l'épisode en pause et m'éponger les yeux.

Je me sens très, très seule dans mon appréciation de House of Lies.

Comme avant d'être une téléphage sur internet. Sauf que je suis sur internet, et que je lis plein de gens qui en parlent, et qu'ils n'aiment pas du tout.
En pire, donc.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche House of Lies de SeriesLive.

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15 janvier 2012

Mr. Dismissed

Il sera dit que ce dimanche sera canadien ! Mais cette fois, on va changer de registre et s'intéresser à une comédie, Mr.D, qui a débuté en début de semaine. Pour être honnête, la teneur du post va également changer de ton par rapport aux deux précédents.

MrD
"Mr. D", en fait Mr. Duncan, c'est un prof de sport qui a assuré plusieurs remplacements, mais qui n'a trouvé de post permanent qu'en tant que prof d'Histoire. Il intègre la Xavier Academy, un collège privé, dans un domaine où il est donc totalement incompétent. Il se retrouve également à coacher l'équipe junior de basket féminin, nous permettant de constater ses ravages aussi bien en salle de classe qu'en salle de gym.

Le problème, c'est que Mr. D est un pauvre con. Sérieux, ya pas d'autre mot. Il est arrogant, il se prend pour le copain des élèves, le mec super cool de la salle des profs, l'expert en sport, le beau gosse... il a tous les travers. Il est insupportable. Son comportement est systématiquement du style tête à claques.

Le pilote est donc entièrement dédié à un seul objectif: vous le faire détester. Pas une seule fois il ne se montrera touchant, comme peuvent l'être d'autres personnages écrits pour être détestables, non, le but est uniquement d'agacer le spectateur un peu plus à chaque nouvelle scène, dans l'espoir paradoxal qu'il n'éteigne pas sa télé avant la fin de l'épisode mais qu'il lui vienne quand même une grosse envie de meurtre.
Je vous avoue que c'est vraiment quelque chose qui échappe totalement à ma compréhension. On n'est pas tout-à-fait dans un système humiliant comme dans des séries du type The Comeback, dont j'ai déjà pu parler, mais la dynamique est quand même assez proche puisqu'il est absolument impossible d'apprécier le héros de quelque façon que ce soit, et qu'il n'offre aucune forme d'aspérité à laquelle on puisse s'attacher. Ca me rappelle un peu mes souvenirs brumeux du pilote de The Office, sauf que là on n'arrive à le trouver pathétique, au mieux, que dans les "bons" moment. La grosse différence étant qu'on n'est pas dans une logique de mockumentary ce qui a au moins le mérite d'être original.

Au final, Mr. D est surtout le portrait d'un pauvre gars qui va persister dans sa bêtise, avec en plus, assez peu d'occasions pour les personnages l'environnant de vraiment exprimer l'exaspération du spectateur. Les rôles secondaires pourraient en effet être intéressants (le surveillant psychorigide, la prof sérieuse qui a des vraies angoisses de prof, la secrétaire du collège qui flirte avec tout ce qui bouge...) mais n'ont pas l'opportunité de vraiment se développer, et ne réagissent que de façon assez brève à leur insupportable interlocuteur, sans lui river le clou ni vraiment le mettre face à ses défauts (ce qui, en l'occurrence, constituerait l'humiliation, quasi-absente de cette étrange comédie comme je l'ai dit). Une curieuse comédie, vraiment.

C'est vraiment le genre de série que je recommande à ceux qui aiment les séries susmentionnées. Sans quoi... sans quoi eh bien, vous êtes un peu comme moi, et ça va vous mettre mal à l'aise. Zetes prévenus.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : pas de fiche. Pour changer.

15 janvier 2012

Halte aux complexes

Canada, you're on fire !
Après Bomb Girls, et dans une moindre mesure Apparences et Arctic Air, la mid-season s'annonce très convaincante pour les Canadiens. Et si The CW vient d'acquérir les droits de la série The L.A. Complex, c'est parce que la chaîne américaine aimerait être capable de proposer des séries maison de cette trempe et qu'il n'y avait tout simplement pas de question à se poser.

Complex

The L.A. Complex a réussi à capturer tout ce que j'aime dans le mythe hollywoodien, sans aboutir à un résultat qui manque de sympathie ou de "réalisme", et surtout pas de chaleur humaine. Les héros de la série sont, certes, tous frappés du sceau du tout-le-monde-il-est gentil (le côté tout-le-monde-il-est-beau était sous-entendu par le sujet de départ), mais il ne s'agit pas de raconter des parcours qui vont nécessairement bien se dérouler, ou conduire à la gloire, ou rendre heureux. C'est comme ça que j'aime mes histoires sur le monde du show business.

Il y a quelques semaines, je vous parlais de ma déception en réalisant qu'il m'était impossible de trouver une série qui parle de la vie des danseurs comme le fait A Chorus Line. Il y a une danseuse dans The L.A. Complex, d'ailleurs. Mais sans se limiter à la danse, je retrouve dans la série retranscrit plutôt bien l'ambiance que je cherchais dans ce style de fictions ; la somme de travail, d'espoirs, de désillusions, d'échecs que cela représente que de chercher à percer dans cet univers, trop souvent dépeint, dans les séries adolescentes notamment, comme un milieu où comme par hasard on va venir vous chercher parce qu'on a découvert ce que vous valez (parfois alors que vous-même ne le saviez pas !).
Sans pour autant être une série déprimante, sombre et glauque, The L.A. Complex tire admirablement partie des éléments négatifs de la vie de ces jeunes (et moins jeunes). Il en résulte à la fois l'illusion du réalisme et l'impression d'une certaine fraîcheur, puisque l'idée n'est pas non plus de s'écarter trop d'un esprit de camaraderie (typique des séries destinées à cette tranche d'âge) entre les différents personnages.

Peut-être que, dans le fond, le rêve hollywoodien, ce ne sont pas les séries américaines qui peuvent en parler le mieux. Souvenez-vous de The Assistants (ou glissez un oeil dans les tags et prenez un air intelligent) : c'était un peu le même topo. Dans ces deux séries canadiennes, même si la forme varie beaucoup, l'idée reste la même de montrer un envers du décor à la fois sympathique, enjoué et coloré, et de tout de même rappeler ce que c'est que de s'escrimer à survivre dans ce milieu quand on vient de débarquer, plein d'espoirs prêts à se faire écraser.
C'est sans doute un peu sadique de ma part, mais c'est exactement ce que je cherche dans une fiction qui s'apprête à me parler d'un milieu supposément glamour comme peut l'être l'industrie du divertissement.

Oui, peut-être que ce sont ceux qui cherchent à percer à L.A. qui parlent le mieux de ce qu'on peut ressentir quand on est un outsider qui essaye d'entrer dans la boucle hollywoodienne. Après tout, la série est canadienne, et elle ne s'appelle pas The L.A. Complex pour rien.

Et pour ceux qui... eh non.

15 janvier 2012

Notre pas si belle famille

Ah, comme j'aimerais regarder plus de séries québécoises ! J'ai un peu de mal à suivre aussi bien les nouveautés canadiennes francophones que leur pendant anglophone, qui tendent à trouver bien plus d'échos sur internet (c'est peut-être aussi un problème de sources, me direz-vous ; c'est toujours un peu un problème de sources, non ?). J'ai été ravie par un grand nombre de séries québécoises que j'ai découvertes ces derniers temps, à l'instar d'Un Homme mortMirador, Malenfant ou Prozac (pas Trauma, mais on ne peut pas tout avoir) ; sincèrement, l'impression que j'en ai, c'est que les meilleures fictions francophones ne sont pas françaises, même si on sent quelque chose de similaire, peut-être dans les moyens financiers. Les séries québécoises sont, sans aucun doute possible, de la même famille que les séries françaises, et pourtant, elles réussissent là où si souvent les nôtres ont du mal.

Apparences

La preuve par l'exemple : la construction du pilote dans Apparences est assez classique dans son déroulement.
Mais ce qui est intéressant, c'est le choix de rendre non pas la disparition de l'une des héroïnes extraordinairement inquiétante, mais au contraire, de rendre étouffantes la plupart des scènes familiales, à la fois via l'esthétique sombre, froide et gris-bleutée des images, et par le fait que les personnages qui constituent cette famille ont tous l'air de cacher quelque chose. La disparition, si elle est au centre des dialogues, n'est en réalité qu'un prétexte à explorer cette famille en apparence si fonctionnelle, et pourtant, un peu boiteuse dans le fond, parce que ses membres ne sont pas si lisibles que ça.

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Ils n'ont pas un terrrrrrible secret à cacher, en tous cas c'est pas l'impression qui ressort de l'épisode, mais par contre ils ont cette manie de s'envoyer des regards de côté, d'être constamment sur les dents les uns vis-à-vis des autres, même avant que les choses soient réellement inquiétantes. Ca construit vraiment vite l'ambiance.
On sait assez vite qu'une partie de ces comportements en apparence suspects sont dûs au fait que l'un des garçons de la famille est un toxicomane qui vit en désintox (on ne veut d'ailleurs pas trop le dire, mais il y est un peu enfermé contre sa volonté), et que du coup, c'est plus cette espèce de culpabilité familiale qui s'exprime en de nombreuses occasions. Mais ce n'est pas tout. Les protagonistes de la famille Bérubé ont tous un côté légèrement maussade qui attire l'attention.

Il apparait d'ailleurs assez clairement qu'en dehors du personnage principal qui a disparu et de sa soeur jumelle, les relations ne sont pas vraiment radieuses chez les Bérubé. Celui de leur deux frères qui n'est pas en désintox n'est pas vraiment charmant, son épouse semble un peu apeurée par lui, la mère cache un tempérament peu commode sous ses apparences de gentille grand'mère, etc... Tous s'inquiètent pour la gentille maîtresse d'école sans histoire qui s'est évaporée dans la nature, mais tous s'observent aussi avec une certaine méfiance. Le climat est incroyablement bien installé même si on a l'impression qu'il s'appuie sur trois fois rien, des regards, des gestes, des silences, un mot légèrement plus haut que l'autre. C'est assez édifiant.

Avec tout ça, l'épisode se déroule lentement, sans grand retournement de situation. Le pilote ne cherche pas à nous tenir en haleine avec des twists ou des mystères, et se concentre donc sur le drama en construisant surtout ses personnages avec minutie, leurs relations, leur angoisse grandissante. La fin de l'épisode, si elle surprend, n'est pourtant pas tant dirigée vers le mystère de la disparition d'un personnage, que vers sa personnalité, et cela a quelque chose de rafraîchissant par rapport aux thrillers classiques.

Apparences2

A ce stade, l'idée semble être plutôt de bâtir un huis clos, en fait. Les personnages ne sont pas, techniquement, enfermés ensemble, mais on élimine très vite les suspects extérieurs au cercle familial (même si au moins l'un d'entre eux est quand même pas très net) pour se concentrer sur la petite cellule qui fonctionne tant bien que mal, et où, même si tout le monde s'inquiète pour ce qui semble être une victime, on ressent un certain malaise quand ils sont ensemble. C'est un parti pris intéressant pour qui préfère les séries dramatiques aux thrillers souvent prévisibles.

Une vraie bonne surprise dont trop peu de monde va vous parler. Maintenant que c'est fait, je compte sur vous pour donner sa chance à cette série québécoise. Quant à moi, je serai au rendez-vous pour les épisodes suivants.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Apparences de SeriesLive.

14 janvier 2012

En un mot comme en cent

MindRape

Et pour ceux qui manquent cruellement de... pas de fiche sur SeriesLive, bien fait.

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13 janvier 2012

Voilà ce qui va se passer

Les post La preuve par trois ne sont pas les plus courants, surtout ces derniers temps alors que le Ozmarathon règne sans partage. Mais puisque vous avez massivement répondu à la petite énigme du début de la semaine, et qu'en plus, l'un de vous a trouvé la bonne réponse (ce qui était quand même un peu le but), alors voilà sans plus attendre le post promis sur la fameuse séries française qui a ravi mon coeur voilà quelques jours et dont j'ai, d'ailleurs, d'ores et déjà acheté le DVD de la première saison, eh oui chuis comme ça.
Cette série, c'est Boeuf Wellington qui en a trouvé le titre, il s'agit du Visiteur du Futur. Mais vous n'êtes pas sans savoir que j'ai des antécédents en matière de coups de coeur sur ce type de production, puisque je vous avais déjà offert un post La preuve par trois sur NERDZ... N'hésitez d'ailleurs pas à aller faire un tour dans les tags pour vous rafraîchir la mémoire.

LeVisiteurduFutur - 1
Pourquoi pendant longtemps avais-je évité de tenter Le Visiteur du Futur ? Bah déjà, rapport à son titre à la con. Et ensuite parce qu'on ne me l'avait pas vraiment présenté pour ce qu'il allait vite devenir à mes yeux : une  série éminemment intelligente dans sa construction d'un univers cohérent. Les mecs, si vous voulez me tenter avec une série française de SF destinée en priorité aux geeks, c'est par là qu'il faut commencer. Pas par me parler du nombre de vues sur des sites de streaming, vu que j'ai le streaming en horreur. Mais un truc que je ne pouvais pas prévoir, que personne n'aurait vraiment pu me faire comprendre sans que je regarde la série, c'est à quel point il y avait un talent incroyable devant l'écran. De la même façon que je voue secrètement un culte à Frédéric Hosteing (Flander's Company) qui porte sa série, c'est également le cas désormais de Florent Dorin. Putain, les mecs, on a des gens comme ça en France, rendez-vous compte. L'espoir renait.

LeVisiteurduFutur - 2
Derrière ce qui pourrait apparaitre de prime abord comme une petite morale écologiste (qui aurait au contraire pu laisser le craindre le pire quant à l'évolution ultérieure de la série, finalement, pour en faire un produit politiquement correct de plus sur le sol français), on découvre pourtant ce qui semble être une idée assez précise de la suite des opérations. Maintenant que j'ai (déjà) achevé la saison 2, je m'aperçois que Le Visiteur du Futur avait décidé de ses thèmes principaux très vite, alors que ses premiers épisodes, reposant sur une formule répétitive propre à beaucoup de shortcoms, avaient l'air finalement inoffensifs (bien qu'hilarants).

LeVisiteurduFutur - 3
Mais ce qui, certainement, fonctionne le mieux dés ce premier épisode, en dépit des changements qui s'opèreront progressivement aussi bien du côté narratif que pour le reste, c'est de voir que la question cruciale du rythme est parfaitement maîtrisée. Le rythme, c'est vital d'abord quand on est sur un format court, mais aussi et surtout dés qu'on touche à l'humour. Dans un scénario de cauchemar, le personnage du Visiteur, tout charismatique qu'il soit, se lançait dans de grandes tirades excitées, et on frisait l'overdose. Mais dés le pilote, on sent une volonté de vouloir être réactif, de ne pas se reposer simplement sur cet atout ou sur l'idée de départ, mais bien d'offrir un épisode parfaitement agencé pour que le spectateur se tienne les côtes de bout en bout. C'est du beau boulot.

De surcroît, quand on voit le chemin qu'a pris la série ensuite, en incorporant rapidement mais avec inelligence une mythologie dense sans être tirée par les cheveux, efficace, et toujours bien gérée (notamment avec le problème casse-couilles des paradoxes temporels), ça donne vraiment envie de gonfler le torse et de se dire qu'on a un véritable vivier de talents, à bien des égards, en France. Et venant de moi, pour qui la fiction française reste encore LA kryptonite, c'est pas un petit compliment que de crier mon coup de coeur. D'ailleurs, découvrir la fiction française avec plaisir, c'est la grande aventure qui m'attend dans les prochaines années, et je ne suis pas fâchée d'avoir commencé 2012 de cette façon.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture, eh bah, ya pas de fiche, voilà.
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13 janvier 2012

Are you there, shitty sitcom? It's me, NBC

Cela vous paraitra probablement étrange de la part de quelqu'un qui aime lire des autobiographies, mais peu de choses m'énervent autant que les séries ostensiblement commandées pour s'intéresser au passé d'une personne célèbre. Je trouve que c'est un manque effroyable d'imagination, une technique de vache à l'ait insupportable. Everybody Hates Chris, par exemple, n'est pas drôle ET épouvantablement égocentrique. Are you there Chelsea? : même chose.

Vodka

On est d'accord qu'il y a des nuances, et/ou des exceptions. Et jamais vous ne me verrez reprocher à Rude Awakening ou Titus leurs vertus biographiques, ce sont même de véritables plus à mes yeux, amplement commentés dans ces colonnes. Mais derrière la démarche de ces derniers, il y a moins la volonté de mettre la personnalité en avant, qu'une réelle expérience (et une vision de l'humour toute personnelle). Are you there Chelsea? est au contraire totalement artificielle, aussi bien dans son sujet que dans sa façon de le traiter. On n'y décèle aucune personnalité, ce qui est un comble !

Ce genre de série m'évoque, au mieux, les 712 pitches de films et de séries qui, chaque année, se déroulent à Hollywood ou New York ; dans ces séries-là, systématiquement, le personnage principal est une scénariste qui ne parvient pas à vendre son projet et fait des petits boulots (The Minor Accomplishments of Jackie Woodman), le personnage central est un humoriste divorcé à la vie personnelle en déroute (Louie), le héros est un acteur sur le retour (The Paul Reiser Show), etc... Les mecs ne se fatiguent même pas à faire semblant de se trouver un contexte un peu original, une profession imaginaire, un itinéraire bis. Ils s'interprètent eux-mêmes, à un tel point qu'on se demande si ce ne serait pas plus simple de se lancer dans une émission de télé réalité... (quoique, Fat Actress et The Comeback dansaient sur la ligne de démarcation entre les deux).

Ces travers autobiographiques, Are you there Chelsea? en fait la démonstration sans que, toutefois, la célébrité qui en est à l'origine ne passe devant la caméra, ce qui permet de faire mine de prendre de la distance. Ce devrait donc être une plutôt bonne nouvelle.
Le problème que j'ai, et qui m'empêche de trouver que c'est une bonne idée, c'est que je trouve que de toutes les actrices de la création, Laura Prepon est probablement la moins drôle. Depuis That 70s Show, j'ai toujours l'impression qu'elle est incapable d'interpréter la moindre scène sans se tordre de rire, et très franchement, une actrice qui rit avant d'avoir prononcé la moindre blague drôle, ça me coupe tout, un vrai tue-l'amour. Mais plus tard, j'ai aussi découvert qu'elle ne m'apparait pas plus crédible dans des rôles plus sérieux, genre October Road. Elle n'est donc pas drôle, pas touchante, et dans une série sur une nana qui veut reprendre sa vie en main, l'un comme l'autre font gravement défaut.

Il est vrai que pour ne rien arranger, Are you there Chelsea? n'a pas vraiment hérité des meilleurs dialogues de la création. On est dans la veine de 2 Broke Girls, la passion pour les vannes débitées d'un air mutin par Kat Dennings en moins (ce qui est quand même le seul véritable à-peu-près-atout de ladite comédie), c'est sans âme.

Eh oui, sans âme. J'aimerais pouvoir retrouver ce sentiment que j'ai quand je revois des épisodes de Rude Awakening, où l'alcoolisme et la vie de débauche sont vus avec un humour véritable, personnel, et en même temps touchant quand l'occasion se présente. J'aimerais pouvoir dire qu'une autre série est capable de faire quelque chose de bien sur un thème similaire. J'aimerais pouvoir vous dire que, wow, c'est vraiment drôle et original ! Mais non, c'est du sitcom bête et méchant, sans aucune plus-value.

Nan mais alors ok, si on veut la jouer comme ça, à faire des autobiographies à la con parce qu'on n'ose pas faire des trucs plus originaux par frilosité, alors d'accord. Je vous annonce donc la sortie de ma biographie, Are you there, strawberry milkshake ? It's me, lady, prochainement dans toutes les bonnes librairies. Les droits d'adaptation sont à céder.

Quand à la prière au Dieu du sitcom pourri, on l'a vu avec How to be a Gentleman, Whitney et Work It, tous les networks le prient, en ce moment. Pour l'heure, je n'ai pas encore regardé Rob!, mais je vous avoue mon très relatif optimisme.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Are you there, Chelsea de SeriesLive.

12 janvier 2012

[#Ozmarathon] 3x06, chemins tortueux

Notre Ozmarathon continue alors que, l'air de rien, on est en train de se diriger vers le season finale de la saison 3...

Ozmarathon-3x06

L'épisode est dédié majoritairement à suivre les esprits complètement tordus qui peuplent Oswald. C'est donc un bon épisode, par définition...

Du coup vous comprendrez que je suis obligée de commencer par évoquer notre Dieu à tous en la matière, ce cancrelat de Ryan O'Riley. Je sais qu'en général, je considère la première intrigue de l'épisode comme la plus mineure, mais ici je me suis tenu les côtes pendant tout le long. C'est du grand Ryan. La façon qu'il a de toujours retomber sur ses pattes, de survivre à absolument tout et de toujours finir par parvenir à ses fins sans jamais avoir été en danger ni physique, ni financier, c'est simplement brillant. Et en plus c'est fait sans malice, c'est ce que j'admire le plus : il le fait uniquement dans l'intérêt de la survie des O'Riley, mais pas pour faire le mal. Depuis le début de l'intrigue sur la boxe, il pousse Cyril pour leur faire gagner de la thune, et il s'avère d'ailleurs que son instinct était le bon puisque son affaire de trafic de drogue va brutalement péricliter. Mais pas de problème, Ryan a toujours une solution, et avec son talent tout particulier pour dire aux autres ce qu'ils veulent entendre tout en leur faisant faire ce qu'il veut éviter de faire lui-même, il va réussir à se débarrasser des deux Russes en un rien de temps, et même de se remettre dans les bonnes grâces de Pancamo. C'est du grand spectacle : on applaudit, on bat des mains, on rigole à en perdre haleine parce que c'est juste parfait ; c'est, dans Oz, ce qui s'approche le plus d'une comédie (mêem si bon, ya des gens qui se font crever la jugulaire, mais c'est un détail). Je dis Monsieur.

Dans une certaine mesure, Alvarez montre aussi des signes de perversion. La scène qui m'a le plus frappée, c'est qu'il abandonne avec une facilité déconcertante les Latinos dés qu'il sent le vent tourner. Ca nous rappelle à quel point ce mec est malin, quand il n'est pas écrasé sous le poids de ses émotions. Dans un autre contexte, sans le bébé et tout ce qui a suivi sur un plan personnel, il aurait certainement pu être quelqu'un comme O'Riley.
Mais ce n'est pas le cas. Et son esprit tordu, osons le dire : masochiste, va le conduire à demander à voir ce qu'il a fait à Rivera. Encore prétexte à une excellente performance de la part d'Acevedo, toujours parfait dans ce genre de postures, mais hélas, on a du mal à s'émouvoir alors qu'on n'attend maintenant plus qu'une chose : la confrontation. Il faut qu'elle vienne, on est à point.

On a aussi, l'air de rien, assisté à quelque chose d'énorme du côté d'Adebisi. Alors je vous la refais : le mec, il torture et/ou viole Wangler tous les soirs dans l'intimité de leur pod, et en même temps, il envisage l'air de rien de faire remplacer McManus. La routine, hein.
Il y a encore pas si longtemps, Adebisi ne voyait pas plus loin que la prochaine livraison de dope, et maintenant il en est carrément à envisager de prendre le pouvoir sur Em City. Mais pas comme une brute, comme ça a été le cas pendant l'émeute, ni en renversant la société avec son propre système juridique comme l'envisageait un temps Kareem Saïd... non, pour lui, le pouvoir, c'est aussi simple que de mettre un des "siens" à la tête d'Em City. Rendez-vous compte l'intelligence suprême de ce plan. C'est celui qui, avouons-le, a le plus de chance de réussir à lui garantir la belle vie. Après, comment peut-il y parvenir, c'est une autre paire de manches...

En parlant de Kareem Saïd, c'est cette fois lui qui a, frontalement, affaire à des esprits tortueux. Ils ont sournoisement organisé une fronde à l'intérieur du clan des Muslims (qui entre parenthèses ne sont plus 4 du tout), et Saïd est tout surpris, le moment venu, de les voir obéïr à Hamid Khan. Je dois dire que, pour qu'ils soient si ordonnés, c'est bien qu'ils ont répété leur mutinerie au préalable, et ça les rend absolument ignobles. Même si on ne peut pas nier que les Musulmans aient donné des avertissement à Saïd à plusieurs reprises, dont Hamid Khan.
Un mot sur ce dernier. Etrangement je me rappelais moins de lui que de Zahir Arif, mais j'ai été absolument dévastée par sa reconstitution. Elle était à la fois terrible dans sa signification (Khan est en prison pour être intervenu lors d'un viol) et ignoble, notamment dans le plan prolongé de la victime tentant laborieusement, après l'aggression, de remonter son collant dans un élan désespéré de pudeur et d'impuissance. Je crois que j'ai sincèrement plus serré les dents pendant cette scène que pendant, disons, la crucifixion du prêtre pédophile dans la saison précédente, pour vous donner une idée. Il y avait quelque chose de tellement réel et tangible, ça m'a rendue malade. Et surtout, ça dresse le portrait d'un Khan droit et juste, incontestable dans sa nouvelle fonction d'imam. Saïd ne peut certainement pas l'attaquer par là.

L'esprit le plus noir, le plus tordu, le plus pervers d'Oswald est, cependant, celui de Chris Keller. Parce que, comme je l'ai dit pour l'épisode précédent, c'est un chasseur. Et on a la preuve ici de son goût pour la chasse à la conquête. C'est sûr qu'en un sens, ce qu'il décrit ici à Sister Peter Marie est plutôt une soif de co-dépendance, et ça pourrait être attendrissant si, dans ses yeux, on ne lisait pas une certaine fièvre, une volonté d'en passer par une relation sado-masochiste pour éprouver les sentiments des autres, et une capacité terrible à calculer ses chances de réussite pour avoir de l'emprise sur le coeur des autres. Je serais émue s'il ne se disait pas que sa grosse ex, ou le fragile Beecher, ont plus de chance de tomber dans son piège parce qu'ils sont vulnérables. Là, je ressens une sorte d'alarme, un danger. L'instinct de Beecher est juste de le tenir à distance, même si tout est à craindre du moment où Keller, sentant sa proie lui échapper, voudra cette fois cogner. On peut déjà lire cela aussi dans ses yeux...

Une dernière mention, pour la route, va à ce bon vieux Nappa, dont les jours sont apparemment comptés. Son désir de repentance à travers son autobiographie va lui coûter très cher, et je suis triste qu'il n'ait pas l'opportunité d'aller au bout parce que les Italiens ont peur de ce qu'il dévoilera. Il n'empêche que l'intrigue est bien ficelée par Pancamo. Il ne parvient probablement pas à penser seul, mais il a quand même une bonne façon de mettre les ordres en pratique... employer un travelo parce que Nappa ne s'en méfiera pas, c'était un (triste) coup de génie.

Et, non, je ne mentionnerai ni mon désintérêt total pour l'intrigue autour du jeune CO assoiffé de vengeance (et donc le "mystère" Leo Glynn), ni le peu de cas que je fais de la soi-disant quête spirituelle de Beecher. Par contre, Rebadow et Shirley m'ont beaucoup manqué... on les revoit quand ?

11 janvier 2012

[DL] Arctic Air

Je m'aperçois qu'il y a quand même assez peu de génériques canadiens dans le coin, il faut dire que je regarde, on l'a établi, assez peu de séries canadiennes, et qu'en plus elles n'en ont pas toujours. D'ailleurs j'aimerais pouvoir vous en promettre un pour Bomb Girls mais quand une saison n'a que peu d'épisodes et que le pilote n'a pas de générique, il y a en général peu de chances que ça se produise ensuite ; on verra bien, je garde un oeil dessus de toute façon, mais dans le cas du générique je suis pessimiste. Du coup, forcément, je vous le propose quand j'en trouve un, d'où celui-ci !

ArcticAir
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Le générique d'Arctic Air est un gros cliché. Difficile de faire plus cliché, en fait. Mais d'un autre côté le pilote lui-même n'était pas d'une grande finesse. En même temps, à quoi bon ? L'idée est simplement d'offrir un vague petit frisson d'aventure avec des personnages relativement sympathiques. Rien qui passera à la postérité.
Dans ce générique non plus, donc, rien d'extravagant ni de mémorable, mais de jolies images, une musique à la fois anodine et vite obsédante de par sa répétitivité... et un cast pas forcément épatant (je ne supporte pas Adam Beach, à dire vrai), mais pas non plus repoussant. A apprécier en connaissance de cause, donc.

Bon et, demain, je reviens avec un post pas programmé à l'avance, ce sera plus sympa, vous verrez.

Et pour ceux qui pensaient que je me tournais les pouces en ce moment, vous avez raison : ya pas de fiche.

10 janvier 2012

[#Ozmarathon] 3x05, mind games

Après quelques jours de pause, les retrouvailles avec notre Ozmarathon relèvent de la jouissance la plus totale. Impossible de ne pas jubiler au moins une fois devant cet épisode qui conclut un certain nombre d'intrigues. Serait-ce déjà la moitié de saison ?

Ozmarathon-3x05

Mais d'abord, laissez-moi commencer par une ode à Andrew Schillinger, car à tout seigneur, tout honneur. Jeune homme, bravo : c'est à vous que revient la palme du meilleur monologue de l'épisode. On n'est pas tombés dans le misérabilisme : fiston mentionne effectivement que son père lui a mené la vie dure, mais plutôt que de le saquer en tant que père violent et/ou négligent, il opte pour le saquer en tant que nazi, de l'atteindre dans ses convictions-même. Eh oui connard de pseudo-schleu, la seule haine que ton fils ressent à présent, c'est contre toi qu'elle est dirigée, et ça, ça fait mal, hein. Surtout quand il est si proche de Beecher, qui se délecte de l'ironie de la chose. C'était une scène énorme, car Andrew a réussi à toucher son père de la seule vraie façon qui faisait mal.
Et la plus belle vengeance de Beecher, et elle est là : dans le fait que pas une fois elle se sera manifestée par de la violence envers Andrew. Et en cela c'est encore plus horrible, si on y pense, de voir comment Beecher a réussi à atteindre son ennemi de toujours sans faire le moindre mal, juste en lui volant son fils et en le cajolant comme jamais ; c'est terriblement pervers et seul lui pouvait penser à un stratagème aussi dérangé et inhumain (il a été à bonne école). Tout en faisant croiredans un premier temps à Vern qu'il allait simplement reproduire avec fiston ce que lui-même avait subi, il avait en réalité trouvé un plan infiniment plus efficace et diabolique, et le voir savourer sa victoire rend à la fois terriblement euphorique (sacré Beecher, t'as trouvé le moyen de vaincre comme un roi) et terriblement mal à l'aise, car c'est une victoire ignoble comme seuls les protagoniste d'Oz nous en fournissent. La réponse de Vernounichou ne se fera pas attendre, elle est aussi sordide que l'a été toute l'affaire Andrew, et elle nous rappelle qu'entre Schillinger et Beecher, le niveau de haine est si élevé que cette dernière transcende tout le reste.
Ce qui fait qu'à la place de Keller, bah je me sentirais pas tranquille, si chacun des deux opposants est prêt à tout sacrifier pour que l'autre n'ait pas le dessus...
And the eternal dance of death continues ! Allez, Vern, à toi le prochain coup.

Mais d'autres esprits malfaisants rôdent à Oswald, et croyez-moi ils ne sont pas en reste.

A commencer par Kenny Wangler. Pardon, Bricks.
D'accord, au début, je ne comprenais pas trop comment, à l'issue de l'épisode précédent, il pouvait être encore en vie. Un scénariste a changé d'avis au dernier moment ou quoi ? Mais admettons. Car le voir jouer la comédie face à McManus qui arrive avec sa face de cocker spaniel pour annoncer un tragique évènement (que Kenny a commandité), c'était royal. On a rarement eu l'occasion de voir Wangler dans une position trouble comme celle-là, tant il a semblé, pendant longtemps, si monochrome, mais le voilà qui fait preuve d'une certaine perversion et d'un sens aigu de la délectation du malheur qui lui sied formidablement bien.
Ne pensez pas pour autant que la baston soit fini du côté d'Adebisi, car en matière d'esprit tordus, il a lui aussi pas mal progressé ces derniers temps. Son regard en biais lorsque Wangler part aux funérailles de feue sa chère et tendre nous a d'ailleurs vite indiqué qu'il n'attendrait pas plus longtemps pour se venger des Homeboys. La cuisson à point de Poet et Pierce, qui m'a fait littéralement hurler d'horreur (c'est fréquent dans cette série et pourtant on ne s'y fait jamais) tombe comme un terrible avertissement à Wangler. Il est le suivant sur la liste, ça ne fait aucun doute. J'apprécie la façon dont Adebisi avance ses pièces tout en prenant son temps...

Dans un autre registre de perversion, Chris Keller se défend bien en solo également. La première fois qu'il a retourné les questions de Sister Pete contre elle, je me suis demandé pourquoi il essayait de la manipuler de la sorte. Mais là c'est clair : en fait, il ne cherche pas à la manipuler ou lui faire peur, il l'allume sauvagement ! J'ai bien cru que Sister Pete allait s'allumer une clope après leur entrevue ! Mais en tous cas il est clair que ce mec est un aimant à gonzesses, qu'il le sait, qu'il en use et abuse, et que ça lui donne un côté borderline différent de celui qu'on lui a vu avec Beecher, tout en n'étant pas tout-à-fait sans rapport. Mais c'est qu'il chasse pour le plaisir, ce con !

Sister Peter Marie n'en garde pas moins la tête froide lorsqu'il s'agit de conduire les entretiens préparant la rencontre Alvarez/Rivera. On sait tous que ça ne donnera rien de bon, puisqu'on a d'un coté un Alvarez qui se saborde s'il mouffte, et de l'autre une victime qui déborde (à raison) de rancoeur. Comment voulez-vous que cette rencontre aboutisse à quoi que ce soit de positif ? Il faudra bien plus que la patience de notre chère soeur pour accomplir ce miracle.

Pour rester dans le domaine du sacré, on a droit à un rapide petit détour du côté de Kareem Saïd et de ses intrigues amoureuses. Lesquelles commencent à donner un sérieux plomb dans l'aile à son street cred, surtout maintenant qu'il a été affiché devant l'intégralité des prisonniers. Mais pour la première fois, et c'est magnifique, Saïd met de côté son ego, sa soif de pouvoir, ses belles paroles, et choisit la femme plutôt que la cause. Certes, il n'est pas prêt à servir de paillasson aux autres Muslims, ni à qui que ce soit d'autre, et ne l'envoie pas dire à ceux qui envisageraient de causer du tort, mais il fait un choix qu'en toute franchise, on n'attendait pas de lui.

On ne peut pas dire non plus que les échanges entre Ryan et Cyril O'Reily soient très approfondis non plus dans cet épisode, et ça tombe bien parce que la boxe commence à être un sujet légèrement réchauffé. C'est intéressant de voir comment Cyril tente de s'affirmer face à l'autorité de son frère, et comment Ryan, fidèle à lui-même c'est-à-dire entier et pragmatique, va trouver la solution pour arriver à ses fins, nom de nom, c'est pas une saloperie de catho bourreau d'enfant qui va faire la loi ! J'aime toujours autant leur dynamique, elle souligne à la fois la façon dont Cyril est toujours en position un peu enfantine, et aussi comment Ryan le voit. D'accord, Ryan a quelque chose à gagner des combats de Cyril, ne pas en tirer profit serait épouvantablement hors-personnage ! Mais il y a aussi quelque chose d'attendrissant dans la façon dont il a totalement intégré le fait que son frère se comporte comme un enfant, et le traite comme tel. Sans l'humilier, sans lui hurler dessus, il lui annonce qu'il a raison d'écouter le catho, et là-dessus va tout simplement demander au dit catho, à coups de Bible sur la tête, de dire à Cyril ce que Ryan veut qu'il entende. Je sais que les spectacteurs de ce Ozmarathon ne sont pas tous d'accord avec ma façon de voir le tandem O'Reily, mais pour moi c'est vraiment un gros plus, cette façon qu'a Ryan de gérer les choses.
Bon, et ne revenons pas sur le coup du tatouage, car j'ai là encore hurlé devant l'acte comme devant le visage impassible de Ryan sous la douleur. Vous voyez la tête de Saïd ? Bah la même, tout en répétant "omandieumandieumandieu".

Enfin, un petit mot sur McManus et son affaire de harcèlement. S'il m'avait écouté depuis le début, il aurait tout de suite signalé le comportement de Claire et on n'en serait pas là. Mais nooooon, il fallait qu'il laisse filer, et maintenant c'est lui qui est dans la panade. Humilié par la façon dont l'administration a réglé la plainte de Claire à l'amiable, il envisage donc de porter l'affaire devant les tribunaux, mais découvre, effaré, que ça alors, coucher avec les deux femmes baisables d'Oswald ne joue pas en sa faveur. Je comprends complètement qu'il se sente trahi par Gloria Nathan lorsqu'elle se montre incapable de lui dire qu'elle témoignera en sa faveur dans le cas d'une enquête de probité. C'est humiliant au possible qu'elle cherche à se réfugier derrière une semblant d'objectivité ; il lui demande de dire ce qu'elle pense de lui, et en gros elle lui répond "euh, faut voir, je vais d'abord écouter ce que Claire a à dire". C'est infâmant et je comprends sa colère, il lui parle de ce qu'il est, elle lui parle de ce qu'il a pu faire ou non. Par contre, la même conversation avec Diane tourne étonnamment bien. C'en était presque touchant.

Pour conclure ce post, je voudrais souligner quelque chose qui, de par sa nature-même, n'a jamais été abordé jusque là dans mes compte-rendus de visionnages, mais qui a une importance capitale dans cette série : le langage non-verbal de ses protagonistes. On le sait, Oz est une série exceptionnelle en termes d'écriture (d'ailleurs, net mieux du côté des soliloques de Hill dans cet épisode), de réalisation, de performances d'acteurs... on a déjà évoqué tout ça. Mais la façon dont certains plans sont chorégraphiés de façon à nous laisser entrevoir un regard, un geste presque invisible, en une fraction de seconde, pour attirer notre attention en permanence sur des détails formidables, restait à souligner. Précédemment, par exemple, l'un de ces plans qui m'a impressionnée a eu lieu pendant une bagarre à Em City, quand l'officier Murphy a jaugé la situation en un coup d'oeil avant de décréter le lockdown. On a senti en une oeillade tout le talent de cet officier émérite, son sens du discernement et son sang-froid. Ce sont ce genre de plans à la fois rapides et essentiels qui donnent tant de force à certaines scènes. Ici, même chose : le bref instant pendant lequel Ryan O'Reily a écarté Cyril de la cuisine pour qu'Adebisi et les Latinos se lâchent sur Poet et Pierce était grandiose. On a senti à la fois dans cette scène l'essence de la relation entre les deux frères, et en même temps, eu la possibilité de sentir avec les prisonniers l'un de ses signes avant-coureurs des grandes catastrophes de la prison, ces indices fugaces, quasiment imperceptibles, qui nous indiquent que tout va basculer, et qui jouent un rôle si grand dans l'ambiance étouffée de la série. Pour toutes ces fugitives images de génie passées et à venir, je voulais dire un mot, parce que ce qui est fait dans ces moments-là relève de la pure magie télévisuelle...

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