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ladytelephagy
12 octobre 2011

Ne nous fâchons pas

DylantheRapist
Le pilote d'American Horror Story nous pose une difficile question, reprise ce matin sur Twitter par Florian et Tony, mais avant d'en parler, je voudrais qu'on procède dans l'ordre et la discipline. Alors, ceux qui n'ont pas encore vu le pilote, je vais leur demander de faire un clic de cote (par exemple vers la droite) et de lire un autre post (disons, celui sur The Slap, mettons, j'dis ça...), et ceux qui l'ont vu, faites pas les malins, parce que c'est pire : je vais vous demander d'etre raisonnables. Ah ça rigole moins, hein.
C'est fait ? Bien.

Parce que ces derniers mois, le meme débat, dans un autre contexte, a mené à des débordements parfois à la limite du supportable, la question que pose American Horror Story est sensible : Vivien s'est-elle faite violer ? La paternité de son foetus en dépend...

Derrière cette question il y en a deux :
- Vivien est-elle consentante ? Si elle ne l'est pas ça règle le problème !
- qui était dans la seyante combinaison de latex ?
Vu que Vivien prend son air coquin pour dire "ah tu veux remettre le couvert ?!", le consentement est clair. Mais c'est un consentement avec son mari, dont elle pense qu'il est dans le costume. Qu'arrive-t-il si ce n'est pas son mari dans la combinaison ? C'est là qu'on arrive en terrain miné.

Parce qu'en fait, tout dépend de la façon dont vous avez reçu et interprété la séquence. Personnellement, je suis convaincue qu'American Horror Story veut qu'on se pose la question mais pas forcément pour y apporter la réponse la plus évidente. Son climat est celui d'une maison terrifiante et qui semble hantée, mais l'est-elle ? Ce qui m'a plus dans le pilote, c'était au contraire d'avoir l'impression d'avoir affaire à mon type d'horreur préféré : celui qui n'est pas fantastique. Les monstres sont à l'intérieur. Pas de la maison. DES GENS.
Donc pour moi, il semble évident que c'est bien son mari dans la combinaison ; je pourrais reconnaitre les yeux de Dylan McDermott n'importe où. Si c'est lui, problème réglé : elle veut coucher avec, et elle couche avec. Ce n'est pas un viol.

Par contre, si vous faites partie de ceux, et je le conçois totalement, qui interprètent la présence du plan sur les cachets, ou le parallèle avec Dylan McDermott en train de faire du somnambulisme dans la cuisine, comme une preuve que Vivien n'est pas du tout en train de coucher avec son époux comme elle le pense, là vous avez raison, c'est un viol.

Et c'est là qu'on voit que le pilote est totalement ouvert à l'interprétation.

Pour moi, Vivien a certes pris des cachets, mais rien n'indique que son mari soit dans son état normal : il est quasiment en état second, en train de faire du somnambulisme dans la cuisine, et je ne fais pas plus confiance à ce qu'il voit que vous ne faites confiance à l'impression qu'a Vivien de faire l'amour avec son mari. Ca se trouve, tous les deux ont une illusion.
Il n'y a pas, à mes yeux, beaucoup de surnaturel dans ce pilote ; je ne pense meme pas qu'il y ait un esprit, un fantome, ni meme un désaxé qui a envie de se taper la maitresse de maison ni vu ni connu. Je ne pense pas que la maison leur veuille du mal, non plus. Je crois que la maison a juste une propriété surnaturelle : elle permet à ceux qui la visitent de voir se concrétiser quelque chose qu'ils avaient au fond d'eux. Ca peut etre le désir refoulé d'une relation sexuelle un brin déviante, ou une pulsion de mort exacerbée par la rencontre avec un tiers. Les monstres sont à l'intérieur...

Après, entièrement libre à vous d'en faire une interprétation différente. De penser, c'est votre droit le plus strict, que la maison envoie cet homme couvert de latex violer Vivien pendant que son mari subit les effets hypnotiques de la maison à cote de la gazinière. Pourquoi pas ? C'est aussi possible que ma version. A ce stade, votre opinion vaut autant que la mienne. Qui peut dire ce que cette série basée sur le mystère, le suspense et les énigmes nous réserve ? Murphy le sait-il seulement lui-meme ou veut-il d'abord jouer avec son concept ? Trop tot pour le dire, naturellement.

Dans un monde, celui d'internet, où la plupart des débats sont menés uniquement dans l'espoir de prouver que notre point de vue est le bon (ouvrez les commentaires de n'importe quel site d'information pour le vérifier...), je crois que ce que j'aime le plus, c'est quand les discussions se font avec, à l'esprit, la conviction que personne n'a raison, personne n'a tort, tout est une question de point de vue. Dans le cas des séries plus encore que dans n'importe quoi d'autre.
Le sujet est évidemment sensible, mais il se rapporte à notre conception du pilote tout entier.

Rréponse dans l'épisode de ce soir.
Nan, j'déconne, on va quand meme pas avoir des réponses dés le deuxième épisode ! De cela, et de cela seulement, nous pouvons etre certains...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche American Horror Story de SeriesLive.

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11 octobre 2011

A new start

On peut très bien regarder un épisode et l'aimer à la folie, tout en étant parfaitement conscient de ce que d'autres pourraient en dire. Je me rappelle m'être fait cette réflexion devant The Big C, par exemple ; série à laquelle il m'est impossible de ne pas faire référence aujourd'hui. C'est un cas typique de "si on n'est pas dedans, ça semble too much". Et quelque part ça me rend triste pour ceux qui n'ont pas pu se laisser faire par l'émotion et qui jugent de façon purement cérébrale.
Parce que dit comme ça, oui, une femme qui apprend qu'elle a un cancer et qui décide de changer les choses, et notamment elle-même, pour vivre mieux, ça peut paraitre ridiculement niais comme idée, genre téléfilm de l'après-midi. Mais en réalité, et ceux qui regardent The Big C le savent, ça va bien plus loin.

Alors de la même façon, Enlightened, je peux concevoir qu'on se dise que c'est un peu niais. Que cette bonne femme qui veut du changement dans sa vie, qui tout d'un coup veut être zen, et heureuse, et intérieurement bio, c'est trop gros, ou trop Bisounours, ou trop ridicule, ou que sais-je.
Et ça me rend triste pour ceux qui jugent Enlightened de façon purement cérébrale.

C'est peut-être parce que dans la vie, je crois qu'il y a deux sortes de personnes, et qu'à l'échelle téléphagique, oui, il y a deux sortes de spectateurs : ceux qui reconnaissent un élan dans Enlightened, fut-il porté à l'écran de façon outrancière pour des raisons dramatiques et comiques, et ceux qui n'y voient qu'une histoire parmi tant d'autres. Il y a ceux qui croient au changement, et il y a les autres.
J'avais un ex qui ne croyait pas qu'on ait une âme (j'ignore s'il le pense toujours), tout était chimique et mécanique. C'est en parlant de ça avec lui que j'ai compris qu'il y a des êtres que certaines choses ne toucheront jamais. C'était contraire à tout ce à quoi je croyais, et ça l'est en fait encore, et pourtant quelqu'un était convaincu que l'âme n'existe pas. Enlightened suscite le même genre de réaction chez moi : il y a ceux qui comprennent parce que ça touche à leur façon de voir la vie, et ceux qui sont extérieurs à ça. Ceux-là me trouvent sans doute stupide quand je pleure en souriant devant le pilote d'Enlightened. Moi j'ai l'impression qu'une de mes larmes est pour eux parce que je trouve triste que ça ne les touche pas. On ne se comprendra jamais, sur ce sujet, je présume. ils ne veulent pas vraiment me comprendre parce que ça leur semble trop ridicule. Je n'ai pas envie de les comprendre parce que j'aurais peur de me vider d'une certaine forme de sève. Le fossé est infranchissable parce que chacun de notre côté, nous regardons l'autre bord en hochant la tête...

Je crois au changement, parce que je n'ai appelé que ça de toute mon âme pendant 3 décennies. Et c'est un sacré hasard que le changement et Enlightened se produisent au même moment, mais cette étrange alignement d'étoiles ne fait que renforcer mon émotion devant la série, bien-sûr.

Dans une certaine mesure, depuis environ deux mois, je suis dans une phase où je suis comme Amy, avec un regard différent sur les choses ; une envie de me comporter différemment pour que mon regard neuf ne se ternisse pas ; la conscience aigüe que ce n'est qu'une question de point de vue, que les choses ne sont pas parfaites juste parce que j'ai décidé que je le voulais ; l'abrupte réalisation que ce n'est pas parce que je veux pousser le changement aussi loin que possible, que le monde autour est réellement différent.
C'est juste moi, juste mon regard, juste la façon dont j'ai soudain des lunettes qui me font voir le monde avec un filtre différent, mais c'est le même. Ce ne sont jamais que des lunettes qui changent mon regard, et jamais mon regard qui change le monde...
Ainsi, je regardais Amy se débattre avec sa nouvelle paire de lunettes, et je ressentais tout ce qui devait se passer en elle, comment les gens ne changent pas juste parce qu'elle a changé elle, comment on ne peut pas reprendre certaines choses à zéro et espérer que les autres étaient capables d'oublier aussi facilement qu'elle veut se convaincre d'avoir oublié. Comment les lunettes ne changent pas, pas vraiment, ce qui est à l'intérieur.

La lutte d'Amy contre elle-même, contre son entourage et contre le monde me touche, tout simplement parce que je crois au changement mais que j'ai aussi appris qu'il y a des limites à ce qu'on peut changer.
Depuis quelques semaines, j'ai chaussé mes propres lunettes, et je m'efforce moi aussi, de toute mon âme, de continuer à voir les choses avec ce regard-là, parce que comme Amy, j'ai aussi besoin d'y croire.

C'est un joli combat que va mener ce personnage, même si on peut penser qu'il est perdu d'avance. Et quand en plus on a l'impression de marcher au même pas que le héros, c'est une expérience inouïe.

Jamais auparavant je ne m'étais "identifiée" à un personnage. Ici, je ne m'identifie pas tant à Amy (j'ai réglé la majeure partie de mes probkèmes de gestion de la colère il y a plusieurs années maintenant) qu'à son parcours, et rien que ça, c'est déjà nouveau pour moi.

J'ai de la peine pour ceux qui ne croient pas à l'existence de l'âme, qui ne croient pas au changement, qui ne croient pas aux beautés d'un voyage comme celui que dépeint Enlightened. Mais plus encore, j'ai de la peine pour mon petit coeur quand je réaliserai avec Amy que ce ne sont que des lunettes. Pourtant je suis contente qu'une série m'offre de prendre ce chemin, et me propose de grandir avec moi pendant une période charnière de ma vie.

Parfois une série est bonne, et je vous recommande tout simplement de la regarder pour ce qu'elle est. Parfois j'ai conscience que tout le monde n'est pas moi, et que tout le monde n'aimera pas Enlightened, parce qu'une série n'est pas toujours qu'une série et que ce qui se passe à l'écran est au moins aussi important que ce qui se passe dans le téléphage. Aujourd'hui est l'un de ces posts. Enlightened n'est pas pour tout le monde.
Mais jamais aucune série n'a été autant pour moi.

OperationNewStart
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Enlightened de SeriesLive.

10 octobre 2011

[DL] Un Homme mort

Faut que je vous raconte combien l'épisode de Pan Am d'hier était une merveille ! Des coups à vous donner des regrets de ne pas faire de review épisode par épisode (même si j'y viens, semble-t-il). A la fois très rythmé et divertissant, et pourtant, un morceau de bravoure, tombant justement sur le personnage et l'actrice que je préférais, donc vraiment parfait, un excellentissime moment de télévision.
C'est donc le moment où je confesse que depuis maintenant trois dimanches, j'ai un méchant béguin en tout bien tout honneur avec l'absolument charmante Karine Vanasse, et que ça ne s'est sûrement pas arrangé avec le dernier épisode en date. Et dans ces cas-là, ce qui se passe, c'est que je remonte la filmo, si possible en quête d'une série parce que comme vous le savez, moi, les films, voilà quoi. Et là, émerveillement : la jolie Québécoise a bien bossé avant de venir, elle m'a laissé plein de séries à découvrir. L'une d'entre elles s'appelle Un Homme mort, je n'ai pas la moindre idée de quoi ça parle, mais je l'ai cagoulée et je le regarde demain.
Tout ce que j'en sais à ce stade, c'est son générique.

Alors pour ceux qui ont également craqué pour le charme, l'énergie et le talent de Karine Vanasse, c'est cadeau, ça me fait plaisir. Pis ça reporte encore le post sur la nouveauté nippone mais j'en étais plus à 24h près, hein.

Unhommemort
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

J'ai vaguement vu qu'Un Homme mort parlait d'un homme... mort (sans rire), mais aussi de banque, et comment l'un et l'autre vont finir connectés, j'ai l'impression, par l'enquête qui s'en suit (Karine joue la banquière). Et ça pique ma curiosité. Mais ça ne se sent pas trop dans ce générique résolument axé autour d'une tonalité de thriller, orienté vers le policier de toute évidence, mais allez faire un générique sur des crimes en cols blancs ! Hm. Bref, je me comprends.
Donc là, tout de suite, je suis honnête avec vous, ça rend pas absolument extatique (c'est pas le générique de, je sais pas moi, The Circuit, disons... vous pouvez aller comparer avec les tags) mais enfin, le sujet est intéressant et visiblement la série est forte en rebondissements. Et Karine semble porter un uniforme Pan Am délavé (je dis ça, je dis rien).

Pour le VRAI post sur Un Homme mort, rendez-vous demain, donc. Pour l'instant, je juge sur la seule base d'un générique. Mais je me suis dit que j'allais faire tourner en attendant quand même, parce que je suis partageuse, comme fille...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Un Homme mort de SeriesLive.

9 octobre 2011

Une claque pour... Hector

Hm, bon, alors, j'en ai parlé longuement avec moi-même et nous sommes tombés d'accord sur un fait : la construction de The Slap est si particulière, et mon engagement depuis de longs mois envers cette série si fort, que... j'arrive pas à croire que je vais le dire... j'ai décidé de tenter une review épisode par épisode de cette mini-série dans les 8 semaines à venir.

Ce n'est pas un exercice dans lequel je suis spécialement à l'aise, mais après avoir bien pesé le pour et le contre, j'ai vraiment envie d'en faire l'effort pour cette série : je vous le disais l'autre fois en postant le générique, il m'est assez difficile de dissocier l'oeuvre originale du résultat filmé, en particulier parce que j'ai fini le livre quelques heures avant le lancement de la série sur ABC1, et que j'étais donc très investie dans cette histoire ces dernières semaines. Qui plus est, c'est une histoire vraiment originale, par sa construction, donc, mais aussi par la galerie incroyable de portraits qui se dessine avec une terrible précision au fil des 8 chapitres, et enfin, aussi et surtout, par les réflexions qu'on se fait nécessairement vis-à-vis de l'histoire elle-même. Un roman captivant (et pourtant je ne lis plus de roman depuis plusieurs années) qui devait donner une série au moins aussi prenante.
Pendant les 8 prochaines semaines, c'est ce que je vous propose de vérifier avec moi.

Qui eut cru qu'une simple torgnole pourrait changer le destin d'autant de monde ? Personnellement, c'est avec la plus grandes des incrédulités que j'ai découvert, la première fois, le pitch de The Slap. Un type gifle un gamin qui n'est pas le sien. Hm, bon, ok, et puis ? Sérieusement, tout un livre là-dessus ? Mais... comment ?
C'est ça qui a motivé mon intérêt dans un premier temps. Je me suis demandé comment il pouvait y avoir de quoi faire plusieurs centaines de pages (430 dans mon édition, par exemple) à partir de cet évènement. Il est vrai que j'ai grandi dans une maison où on ne les comptait pas (les gifles, pas les pages ; quoique, l'un ne va pas souvent sans l'autre d'après mon expérience), et que ma vision des choses était forcément un peu faussée. Mais wow, c'était un pitch assez fascinant, quand même, à la fois par sa brièveté et par ce qu'il semblait provoquer.
Et quand je me suis intéressée plus en avant à cette fameuse gifle, j'ai découvert que The Slap avait suscité un débat. UN DEBAT. Personnellement même en lisant le livre je n'ai pas vu de débat. Au contraire, je trouve que ce que fait si admirablement The Slap, c'est en fait montrer que chacun a des raisons de penser comme il pense, parce que chaque personnage considère les évènements à travers le prisme de son éducation, sa culture, ses convictions politiques et son positionnement dans la société. Et en l'occurrence, personne n'a raison.
Ce que dit The Slap, ce n'est pas qu'il y a un débat entre ces gens-là ; c'est surtout que tout d'un coup ils réalisent qu'ils étaient connectés et qu'ils remettent en question pourquoi, vu qu'ils n'ont pas tant que ça en commun et qu'il y a un même évènement qu'ils ont tous vécu, mais qu'aucun n'a vécu de la même façon.

Et du coup ça rend le phénomène de The Slap vraiment impressionnant à mes yeux, parce que le livre lui-même est visiblement vécu de façons différentes par les gens, et pas juste ce dont il parle. Ca dépasse de loin l'objet du débat et ça en devient un. Que The Slap pousse les gens à prendre position pour ou contre cette gifle, ça me sidère, je ne saurais même pas être pour ou contre.
Au final, en voyant tout ce qui se passe autour de ce roman (et probablement autour de la série aussi), je réalise que moi aussi je me suis pris une claque monumentale, parce que non seulement l'écriture de Tsiolkas est incroyablement efficace et précise (ainsi qu'extrêmement dynamique, versatile, et alimentée par la popculture) ; non seulement il a bâti son livre comme je rêverais que tous les romans soient construits, avec un jeu de miroirs déformants entre les points de vue subjectifs qui, mis bout à bout, racontent quand même une histoire ; non seulement la série est alléchante parce que dotée d'un cast super sympa ; mais en plus, ça me fait même réfléchir sur d'autres choses que juste ces éléments-là. Le simple fait de découvrir que The Slap puisse faire débat, ça me pose plein de questions.

Donc voilà, en somme, pourquoi c'est difficile pour moi d'échapper à la tentation de parler de The Slap chaque semaine.

Je ne saurais trop vous encourager à participer dans les commentaires à ce(s) débat(s) que soulève la série, parce que c'est aussi à ça que sert un blog.
L'expérience de regarder une série est une chose mais, à plus forte raison dans le cas de celle-ci, la regarder "avec" vous (pas dans le sens où on partage un verre de jus d'orange pulpé, hélas, mais bien parce que nous venons ensuite nous réunir pour en parler ensemble), donne du sens aux débats. Globalement, moi, je sais à peu près ce que j'en pense, mais l'idée c'est de ne pas fonctionner en circuit fermé avec juste la version de mon chapitre. En gros, que nous ayons chacun notre chapitre, nous aussi, et pas juste que je vous dise combien cette série est ci ou ça, c'est ce qui donne de la valeur à ces posts sur The Slap. J'espère vous avoir convaincus de commenter un peu cette tentative de review épisode par épisode...

Donc on y va.

TheSlap-Hector
Respectant au plus près la structure si particulière du roman d'origine, The Slap débute par un épisode/chapitre consacré à Hector. C'est à l'occasion de son barbecue d'anniversaire que va avoir lieu la fameuse claque, et c'est aussi à travers ses névroses qu'on va pouvoir étudier une partie de son entourage, la principale étant son obsession pour la jeune Connie.

La difficulté de l'adaptation de The Slap, on le comprend très vite, tient dans la façon que Tsiolkas a de raconter son histoire : chaque chapitre correspond à une personne, mais n'est pas raconté à la première personne. La voix off semblait un incontournable mais hélas (oui, j'ai écrit hélas), ce ne sera pas le cas ou si peu. Et on va perdre une bonne partie des subtilités des portraits dans ce procédé qui ne va pas aussi expressément que dans le livre nous dire ce qui se trame dans la tête des personnages quand il font ci ou ça. La journée qui précède le barbecue semble ainsi moins oppressante dans The Slap que dans le livre. Le manque de tabac, par exemple, la frustration vis-à-vis des enfants, sont atténuées, et on perd une bonne partie de ces sensations à n'avoir qu'une vue extérieure de ce qui se passe chez Hector.

Et d'ailleurs, je n'imaginais pas du tout Hector comme ça. Déjà parce que je ne sais pas pourquoi, mais Hector et Harry étaient pour moi intervertis pendant la lecture : je pensais que Dimitriades jouerait Hector, et non Harry. Et du coup ça collait beaucoup plus à l'idée que je m'en faisais, un bel homme, sûr de lui, un peu dur et pas à l'aise avec les gosses, mais définitivement un mec à l'aise dans sa vie, de quoi faire tomber les filles, genre Connie. LaPaglia, je sais pas si c'est parce qu'il culmine à 1m50 les bras levés sur une chaise haute et qu'il marche voûté, mais il est au contraire un animal nerveux, qui me semblait plus correspondre au portrait de Harry. De la même façon, caster Sophie Okonedo a conduit à des changements dans l'esthétique du couple Aisha/Hector, d'ailleurs ; cela devrait impacter le ton du chapitre d'Aisha, je pense. On verra bien quand on y sera.

Tout au long de l'épisode, on sent bien que la tension monte autour du petit Hugo, qui (j'espère pour les parents que c'est un rôle de composition) est absolument insupportable. La gifle est un peu inexorable, tant les regards convergent vers le petit garçon intenable et bruyant de façon croissante dans l'épisode. La vraie question, c'est quasiment QUI va gifler Hugo, quand la frustration culmine, parce qu'il ne fait aucun pli qu'à un moment ce petit est voué à s'en ramasser une, et il y a assez peu de chances que ça vienne de ses parents. On ne sent d'ailleurs pas beaucoup la désapprobation monter dans l'entourage de Hector autour de la façon dont le couple Rosie/Gary fonctionne et élève le petit, même si Melissa George rend un portrait incroyablement fidèle à la représentation qui est faite de Rosie dans le roman. C'est encore une fois le problème de l'absence de narrateur, qui aurait été très utile dans une série dont la brièveté des épisodes doit être compensée d'une façon ou d'une autre, arrativement.
L'altercation qui suit la gifle est pourtant extrêmement bien rendue. En fait chacun va très vite se positionner vis-à-vis de tout ça, il y a assez peu de réactions immédiates dans cette scène qui soient contredites par la suite dans le livre. J'avais oublié, par contre (ou peut-être ne s'y trouvait-il pas), l'acte incroyablement tendre et conciliant d'Adam envers Hector une fois la scène passée. Après l'hystérie collective suscitée par la gifle, c'était une très touchante conclusion à la journée barbecue.

Côté perso, Hector est obsédé par Connie, sauf que, oups, il est marié. On va très vite s'apercevoir que cette obsession est en fait avant tout celle de Connie pour Hector, transmise par un baiser (ah, tiens... bon), et depuis, le quarantenaire a du mal à oublier qu'il y a de plus verts pâturages pas si loin. Tout l'épisode va suivre la façon dont Hector tente à la fois de pouvoir y penser tranquillement, et comment il essaye d'en divertir son esprit par culpabilité. Le décor de la maison de Hector et Aish est d'ailleurs incroyablement bien conçu pour que le chassé-croisé soit bien rendu.
Hector a été obligé, en fin de compte, de choisir entre Connie, la petite adolescente au charme naissant, et Aisha, l'épouse qui règne en maîtresse-femme sur sa maison. De ce côté-là, la tension est parfaitement bien transcrite, jusqu'au point culminant de son petit dilemme de quarantenaire en pleine crise

Mais si les histoires de Hector forment une histoire plutôt bien suivie au long de The Slap, le plus important est que la gifle a été donnée et les rouages enclenchés. Hector désapprouve-t-il ou pas ? Dans cet épisode on le saura assez peu.
Fort heureusement, le débat va avoir lieu dans le prochain épisode, celui d'Anouk, l'une des meilleures amies d'Aisha (l'autre étant Rosie...). On se donne donc rendez-vous la semaine prochaine pour faire le point.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Slap de SeriesLive.

9 octobre 2011

Le salaire du deuil

Sur les dorama, cette saison, je suis carrément à la bourre. Il faut dire que mon mois de septembre a essentiellement été partagé entre l'abondance de pilotes américains et le déménagement, et que du coup, bon, c'était prévisible, je n'ai pas encore eu le temps de vraiment me pencher sur les nouveautés nippones de la saison. J'ai bien l'intention de le faire dans les prochains jours, mais en attendant, voici un post sur l'un des pilotes de cette nouvelle saison, cagoulé un peu au hasard pendant que j'allais récupérer le dernier épisode de Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro, que je n'avais pas vu pour les mêmes raisons que celles évoquées ci-dessus.

Last Money ne paye pas de mine. Visuellement, il n'y a pas de quoi être impressionné, son cast ne fait pas non plus rêver, et son sujet n'est pas très sexy. Vous l'aurez deviné, c'est un dorama de la NHK !
Pourtant le pilote, s'il met un peu de temps à prendre ses marques, finit par se montrer très intéressant, et fournir en un peu moins d'une heure de nombreuses pistes pour les épisodes à venir, ainsi que pas mal de bonnes idées.

LastMoney
Mais d'abord, il faut en passer par cette étrange manie qu'ont prise les séries d'un peu tous les pays de commencer par une scène qui implique ensuite de procéder à un retour en arrière. C'est très irritant comme procédé, et ça s'est généralisé au-delà du supportable ces dernières années. Certaines le maîtrisent plus que d'autres, toutefois, et Last Money ne nous inflige pas l'incroyable supplice de nous dévoiler la fin avant de raconter le début, et réussit presque à instaurer une forme de suspense. C'est assez rare pour être noté parce que, étrangement, plus les séries commencent par une scène qui conduit ensuite à un "un mois plus tôt", moins elles parviennent à éviter l'impression douloureuse de se faire spoiler par la première scène du pilote. Last Money, donc, y parvient à peu près.

Hélas les scènes d'installation qui suivent sont assez lentes. La série porte sur un enquêteur en assurances qui doit déterminer si sa compagnie va effectivement verser la prime d'assurance au bénéficiaire, et si oui, lequel. Il faut donc en passer par un premier cas complètement anecdotique pour nous présenter cette activité et les difficiles choix qu'elle implique pour le héros, mais comme on commence à peine la série, on ne s'attache pour le moment à personne et, du coup, on se contrefiche un peu des tenants et aboutissants de cette petite affaire dont on ne voit, en réalité, que la conclusion. Là encore, ça ne joue pas en la faveur de Last Money sur le plan émotionnel, mais les scènes ont le mérite de poser assez bien le personnage central, l'un de ces héros nippons qui ne montrent pas d'émotion, il y en a des tonnes notamment dans les procedurals comme celui-ci, et le plus dur est certainement de s'attacher à cet archétype du gars pas bavard, qui n'est pas mauvais dans le fond, mais qui garde le regard vague et impénétrable.
Bon, vous le savez, je suis infoutue de me rappeler du nom des protagonistes d'une série avant au moins trois épisodes (plus souvent cinq), donc à des fins de compréhension dans la suite de ce post, j'appellerai notre héros Lucky Luke, rapport au fait que les deux personnages fument autant l'un que l'autre.

Au bout de 10 minutes, tout cela se finit enfin et on passe au nerf de la guerre : la réelle enquête de ce premier épisode. Je ne pense pas que cette affaire ait pour vocation d'aller au-delà du pilote, et elle me semble bien résolue à la fin de celui-ci, mais force est de constater qu'elle propose suffisamment de questions morales et de (relatif, vu qu'on parle de primes d'assurances) suspense pour montrer ce que la série a dans le ventre. Lucky Luke hérite d'une douloureuse mission : une voiture qui transportait 5 personnes, la grand'mère maternelle, les parents, et les deux petites filles, se renverse, et la vieille dame est la seule survivante. La police d'assurances du père doit normalement bénéficier à sa femme ; puisque celle-ci est décédée, ainsi que les enfants, la somme (60 millions de yen) (vous excitez pas, ça fait quelque chose comme 580 000 euros) revient aux parents de l'épouse, dont la grand'mère survivante. Vous suivez ? Sauf que les parents du père, indignés, tentent de récupérer cette somme et demandent à l'enquêteur de la compagnie d'assurance de vérifier s'il n'y a pas une chance pour que ce soit eux qui récupèrent le pognon. Et effectivement il y a une faille : dans le cas de figure que je viens d'expliquer, la somme revient aux parents de la femme parce qu'on part du principe que tout le monde est mort simultanément. Mais, s'il est prouvé que le mari était encore en vie quand sa femme est morte, alors sa police d'assurances profite à ses parents à lui et non à ses parents à elle. Vous suivez toujours ? C'est remarquablement compréhensible dans la série, pourtant, désolée.
Donc voilà, c'est glauque, mais il va falloir prouver qui est mort en dernier. C'est ça son job, à Lucky Luke. Sympa, non ? Très. Même accompagné de l'enquêteur un peu bizarre (le toujours génial Yutaka Matsushige) et du petit nouveau, qui mettent un peu d'énergie, quasiment de l'humour, dans les scènes, ça reste très dur.
Et le fun n'en finit pas puisqu'il faut même aller visiter la grand'mère qui a survécu pendant qu'elle se remet de l'accident, et lui refaire vivre les évènements pour obtenir son témoignage. Quand on vous dit qu'on s'amuse dans les assurances.
Les deux couples de grands parents se renvoient donc la balle pendant un bon moment, rappelant l'indécence de la situation.

En parallèle, Lucky Luke est resté profondément blessé par l'une des affaires sur lesquelles il a autrefois travaillé, et où il a également eu à faire un choix difficile qu'il se reproche encore, et l'un des collègues et amis de Lucky Luke, qui entretient une maîtresse, se retrouve lui aussi à contracter une police d'assurance ; ces deux axes, c'est la partie feuilletonnante de la série et, même si la fin de l'épisode semble assez évidente, je pense qu'au fil des 7 épisodes, elle pourra nous surprendre tout de même, sans quoi ce serait trop facile...

Mais ce n'est pas tout. Last Money, et c'est sans doute là qu'elle réussit le mieux, s'intéresse aussi à ce qui se passe à plus grande échelle. Lorsqu'on parle de la façon dont la compagnie de Lucky Luke fonctionne, là on sent que la série a décidé de se pencher sur tous les aspects de l'assurance. Ainsi, plus que d'offrir une nouvelle forme de série procédurale, Last Money veut vraiment dire quelque chose sur les assurances, sur un ton tout-à-fait courtois et pas du tout dénonciateur qu'ont beaucoup de séries au Japon qui tentent de dire quelque chose de pas spécialement sympa sur le fonctionnement de la société, mais sans froisser personne. Et le conseil d'administration de la compagnie d'assurances, c'est juste impeccable de cynisme presque pas apparent. Ah, le tact des scénaristes japonais me charmera toujours. Il n'y a qu'eux pour trouver le parfait équilibre entre pointer du doigt et ne pas fâcher leur cible, tout en faisant réfléchir le spectateur. C'est vraiment un art que seuls les scénaristes nippons maîtrisent totalement.

Et du coup, entre son portrait de Lucky Luke, l'intrigue de son ami, le business des assurances et les enquêtes, on a là une série très complète, qui a vraiment décidé d'exploiter son sujet de fond en comble. Il n'y a, si on regarde bien, pas une seule intrigue qui ne soit en lien avec le sujet choisi, mais chacune en parle différemment. Si le dorama avait décidé de ne parler que d'un ou deux de ces points de vue (genre que les enquêtes avec l'enquête passée qui torture Lucky Luke, ou bien que les enquêtes et l'intrigue de l'ami), Last Money aurait pu sembler un peu faible. Mais là, on en a vraiment pour notre argent.

...Enfin, quoique. Pendant quelques semaines, jusqu'à ce que je finisse la série, j'aimerais mieux qu'on évite les sujets d'argent. Après le visionnage de cet épisode, c'est un peu un thème qui me met mal à l'aise. Regardez, vous comprendrez pourquoi.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Last Money de SeriesLive.

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8 octobre 2011

Room for improvement

Des listes, je n'en fais pas assez souvent. Pourtant j'aime bien ça, ça permet de fixer correctement ses idées. Ou d'établir des objectifs clairs, dans le cas qui nous préoccupe.
Car ce soir, je vous propose les 10 choses qui pourraient rendre Terra Nova intéressante. Vous savez, juste pour qu'on n'ait pas l'impression chaque semaine d'assister à un remake de Jurassic Park. Pour faire quelque chose de vraiment original, quoi.

Alors, voilà, je m'intéresserais beaucoup plus à Terra Nova...

10 - si les acteurs commençaient à jouer.
9 - si les scénarios commençaient à être moins linéaires.
8 - si les Sixers faisaient vraiment un truc dangereux pour Terra Nova, et pas juste venir demander des médicaments.
7 - si des personnages (par exemple des Sixers) renvoyaient des dinosaures dans le futur, comme ça, juste pour voir.
6 - si on apprenait que les dinosaures sont en fait aussi intelligents que les humains, genre ils peuvent s'envoyer dans le passé pour tenter d'éviter leur extinction.
5 - s'il devenait impossible d'envoyer de nouveaux humains dans le passé et que ceux-là doivent se débrouiller pour se multiplier ou ce qu'ils veulent.
4 - si les humains arrêtaient d'avoir de la technologie illimitée.
3 - si tous les adultes mouraient et que les gamins devaient tenter de survivre à Terra Nova, Jeremiah-style.
2 - si les humains se mettaient à chasser les dinosaures, par exemple pour leur viande ; c'est vrai, pas toujours les mêmes, quoi.
1 - si les mecs de Terra Nova apprenaient à dompter les dinosaures.

DinoRiders
D'accord, pour la plupart d'entre nous, le point n°10 est le plus important, mais je pense que si la série répondait à un autre de ces points, je saurais me dispenser du n°10, et peut-être même du 9, pas vous ?

7 octobre 2011

[DL] The Slap

Il n'a pas pu vous échapper que The Slap débutait (enfin !) hier sur ABC1, rapport au fait que j'ai abondamment répercuté l'info sur SeriesLive et sur Twitter, et qu'à un moment faudrait voir à suivre un peu dans le fond.

Pour ce soir, je ne vais pas tout de suite vous parler de l'épisode, j'essaye encore de faire la part des choses entre l'inexorable déception qui vient chaque fois qu'on lit le livre d'origine et qu'on ne retrouve pas exactement les petites choses qu'on a aimées, et la joie de voir que, dans l'ensemble, la série adapte quand même avec beaucoup de fidélité des tas de choses quand même, et rend assez bien le premier chapitre (mais je ne dirais pas que c'est le chapitre au rendu le plus difficile, et j'attends ceux de Manolis et surtout Rosie). Je suis par contre attentive à ce que j'ai entendu pendant le trailer du prochain épisode, car j'ai bien l'impression qu'un des thèmes a sauté l'air de rien, et ça, çe me rendrait pas contente DU TOUT. Mais on n'y est pas et, pour ce qui concerne ce seul pilote, mon avis devrait être, je pense, assez positif, une fois l'émotion de la comparaison passée. C'est le danger quand on lit l'oeuvre originale.
Alors en attendant mon post, qui viendra probablement ce weekend si tout va bien, je vais simplement vous proposer le générique.

TheSlap
Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Soyons clairs : ce n'est pas le générique de l'année de par sa complexité. Mais, alors que le pilote s'ouvrait sur ces images, je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il reprenait quand même pas mal d'éléments de la série : l'éclatement des protagonistes, des points de vue, et cette musique à la fois terrible et qui m'évoque (peut-être à tort) la Grèce, un élément très présent dans le livre. Tout ça autour d'une assiette qui se brise, rapport au fait que c'est pendant un barbecue qu'a lieu le point de départ de l'éclatement en question. C'est incroyablement bien trouvé, derrière une apparente simplicité.

Donc voilà, considérez que c'est une mise en bouche... et un rappel à l'ordre pour tous ceux qui ont dit que ça pourrait les intéresser (que ce soit par l'histoire, ou la présence de Melissa George, Alex Dimitriades, Johnattan LaPaglia... peu importe, il n'y a pas de mauvaise raison), qui trouveront le temps en attendant mon post de regarder eux-mêmes le pilote de The Slap.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Slap de SeriesLive.

6 octobre 2011

Evidemment

AmericanHorrorStory

Ryan, je  crois que ça y est. Tu as trouvé. Toute ta carrière te destinait à créer un jour American Horror Story. C'est l'accomplissement de tout ce qui a toujours semblé plus ou moins s'exprimer dans ce que tu as fait jusqu'à aujourd'hui. Ryan Murphy, je crois que tu t'es trouvé.
Le monde adolescent, le goût du trash, le sang, le sexe, l'impression quasi-constante de nausée parce que tu tiens à aborder des sujets sales, mais à le faire en collant au plus près de tous les poncifs du genre... finalement, comment n'as-tu pas créé une série d'horreur plus tôt ? C'est à se demander pourquoi ça t'a pris tant de temps. La narration efficace, terriblement grand public parce que totalement balisée par le genre, se mêle parfaitement (pour la première fois) aux sujets choisis, forcément dérangeants, et ça, c'est tout toi.

En regardant American Horror Story, j'ai l'impression pour la première fois de saisir comment fonctionne Ryan Murphy quand il pense pour une série, de la même façon que j'ai senti si facilement, il y a bien des années, comment fonctionnait, par exemple, David E. Kelley. C'est comme une sorte de clé dont je viendrais d'apprendre à me servir pour entrer dans sa tête. On ne peut pas dire que ce que je vois une fois la porte poussée soit particulièrement séduisant, mais en tous cas, c'est là, ça y est, j'ai l'impression de mieux comprendre.

L'obsession de Murphy pour le sexe se retrouve bien dans le pilote, avec pour le moment (on sait tous que ça ne saurait durer) un certain équilibre entre le mauvais goût et le moins mauvais. Son regard sur la violence de l'adolescence et plus particulièrement la violence des relations entre adolescents se retrouve. Sa façon angoissée de considérer le couple à la fois comme une fin en soi et comme la fin de soi, aussi. Tout a l'air subitement clair, c'est incroyable.

Et à côté de ça, American Horror Story fait absolument tout ce qu'on attend d'une fiction de ce genre. Personnellement je n'ai jamais raffolé de l'horreur, de l'épouvante ni même du thriller, donc ça ne me divertit probablement pas autant que d'autres plus experts (ou peut-être que de plus experts que moi trouveront au contraire à redire, d'ailleurs, parce qu'ils ont matière à comparer), mais j'ai l'impression que le pilote de la série coche toutes les cases, comme une évidence glauque qui ferait que mon cerveau considèrerait comme normal de trouver ces éléments dans cette série. Les scènes qui font peur sont résolument pensées pour faire peur, il n'y a pas d'évoque. Celles qui ne sont pas conçues pour jouer sur le frisson sont également sans équivoque, d'ailleurs, à l'instar de la scène de "viol consenti" qui sait clairement ce qu'elle montre et à quelles fins.
Manquant parfois de subtilité, parce que c'est une série qui répond aux codes du genre, et parce que c'est une série de Murphy, le pilote d'American Horror Story propose des personnages assez simplistes, unidimensionnels, mais tous cassés à l'intérieur. Des jouets que Murphy casse avant de nous les offrir, parce que dans sa tête ça ne sert à rien de nous proposer des personnages attachants pour les détruire ensuite en jouant, autant tout de suite nous montrer leurs corps scarifiés, leurs âmes dégueulasses, leurs névroses obsédantes... J'aime bien son honnêteté, parce que je sais qu'ensuite il ne reculera de toute façon devant aucune forme d'écoeurante surenchère, alors autant ne pas me demander d'aimer les personnages.

Ce qui me plait, c'est aussi que, même de façon encore embrouillée, un grand nombre des éléments des promos successives semblent avoir du sens rapidement. Ces promos avaient un but, et pas seulement celui de nous donner envie de voir la série ou de retranscrire son ambiance ; ce n'était pas juste un bon coup marketing, ou une promo bien pensée, mais un réel aperçu de ce qui nous attend.
D'ailleurs, le mystère n'est pas si présent que ça pendant le pilote et, lorsqu'arrive la fin de l'épisode, les zones d'ombre sont finalement assez rares. Tout ce qu'on veut, c'est savoir comment les choses se passent à partir de là, pas comprendre des informations cryptiques et distillées au compte-goutte, puisqu'il n'y en a pas vraiment. Certes la mythologie d'American Horror Story s'annonce comme pleine de surprises et de révélations, mais on ne devrait pas passer notre temps à courir derrière les explications (ce qu'on appelle également le syndrome X-Files), parce que finalement, le mystère sur le passé est assez peu présent comparé aux enjeux futurs.

En-dehors des personnages tous repoussants pour une raison ou une autre, il reste aussi le thème de la peur. Et plusieurs fois au cours du pilote, le mot sera lâché, souvent sous forme de question (et en général je murmurais "mais arrête de dire à la maison de quoi tu as peur !"), et vous savez quoi ? Personne n'a peur de gros monstres moches et carnassiers, en fait. Ce dont les personnages ont peur, c'est de choses bien réelles, le rejet, la solitude, toutes ces choses qui nous arrivent plus souvent que d'atroces meurtres sanglants dans une cave.
C'est, si vous vous souvenez, le genre de peur que je préfère m'infliger quand je suis devant l'écran.

Dans cet espèce d'exhibitionnisme qui lui est cher et qui semble soudainement si évident, Ryan Murphy sous a fourni une série qui ne surprend pas vraiment, ni sur la forme ni sur le fond, mais qui parvient à être très différente de ce que l'on a déjà vu, pourtant. Il y a les monstres avec de grosses dents (ok, j'avoue, j'ai intérieurement pissé dans mon froc quand j'ai vu les dents, normal), il y a les monstres avec de beaux yeux bleus et un visage léonin, et on verra les horreurs qu'ils s'apprêtent à perpétrer l'un comme l'autre sans le moindre faux-semblant, mais avec l'envie de nous écoeurer le plus possible de tout au passage.
Tout ce que j'ai dénigré pendant des années à travers Nip/Tuck semble subitement prendre du sens avec American Horror Story. Tout semble évident, maintenant. Et je crois que j'aborderai justement American Horror Story avec plus de sérénité, maintenant que je comprends comment Murphy pratique et pourquoi.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche American Horror Story de SeriesLive.

5 octobre 2011

Un monde où une série de Disney est presque regardable est possible

Vous savez quoi ? Les séries Disney et moi, on va ptet finir par se rabibocher. D'ici 10 à 15 ans, et pourvu de continuer comme ça, disons que c'est envisageable.
Ces dernières années, chaque fois que je me tapais un de leurs pilotes, j'avais envie de m'immoler par le feu. C'était devenu insupportable mais pourtant toutes les séries pour ados se dépêchaient de copier l'odieux modèle Hannah Montana, parce que si ça chante, ça va forcément vendre et quelques paquets de millions de dollars, ça ne se refuse pas, c'est pas poli. Et c'était chaque fois pire. Si j'avais des enfants et que je les détestais, c'est exactement ce que je leur ferais regarder.
Sans compter qu'à la longue, le message envoyé devenait même carrément inquiétant.

Je ne suis pas en train de vous dire que Jessie (attention, à ne pas confondre avec Jesse, la comédie avec Christina Applegate) vaut le coup d'être vue. Même pas que la série est décente : c'est caricatural, exagéré, mal joué, effrontément coloré, et plein d'autres choses pénibles encore. Mais je vous apporte une bonne nouvelle : dans le pilote, PERSONNE ne chante.

Aaaaaaaaah quel bonheur ! Aaaaaaaaah quelle joie ! Aaaaaaaaah quel soulagement !

JessieDisney

Jessie s'efforce (à grand'peine, vu la machine à produire des séries à la chaîne qui l'a enfantée) d'être originale.
Les références plus ou moins subtiles à Brangelina (plutôt moins que plus, mais l'effort est là) sont par exemple amusantes, avec cette panoplie d'enfants adoptés dans différents pays, ce couple de parents stars, et cet appart new-yorkais certes très surchargé, mais franchement différent de la plupart des décors de sitcoms pour préados, dans un style art-déco rococo (si-si, c'est possible) franchement impressionnant la première fois qu'on le voit ; les yeux saignent, mais ils apprécient le côté nouveau de ce décor répondant à la fois aux impératifs du genre, et visiblement pensé pour être réellement différent. Il en ressortirait presque une impression de nouveauté, pour un peu. Les personnages sont certes caricaturaux, l'héroïne est le portrait craché de Demi Lovato (pré-internement) et joue au moins aussi bien, si vous avez vu Sonny with a Chance, ce que je ne souhaite pas même à Whitney Cummings. C'est plutôt hystérique, c'est du grand n'importe quoi (je pense notamment à l'histoire avec le lézard géant apprivoisé...), et ça finit avec plein de bons sentiments, mais j'ai l'impression que les mecs tiennent le bon bout, quand même, en un sens.

Parce qu'il n'y a pas de chanson. J'arrive pas à exprimer l'ampleur de mon soulagement devant cette découverte.
J'attendais, j'attendais, je serrais les dents quand j'avais l'impression que ça allait venir, et non, rien. Pas de chanson. Et l'espoir renaît. Si j'avais des enfants et que je ne les détestais pas, je ne les déshériterais pas pour vouloir regarder Jessie. C'est vous dire.

En cette rentrée, on a tendance à vite oublier qu'il n'y a pas que les networks qui lancent des séries, et Disney Channel ne fait pas exception, avec cette nouvelle comédie qui a, d'ailleurs, plutôt bien marché sur son public-cible dés son lancement, ce qui veut dire que Jessie est là pour rester. Ce qui signifie, et je ne saurai trop insister sur ce point, qu'au moins, cette fois, on ne devrait pas être envahis par des chansons pop atrocement polycopiées. Le reste est comme d'habitude, mais punaise, rendez-vous compte : personne qui veuille devenir superstar de la chanson ! J'en crois toujours pas mes yeux et, surtout, mes oreilles.
Note pour Scarlatiine : nous avons un deal, rappelles-toi. Un pilote est un pilote...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Jessie de SeriesLive.

4 octobre 2011

C'est finalement si simple de séparer le bon grain de l'ivraie...

La rentrée américaine est finie.
...Bon d'accord, je suis un peu alarmiste. Mais pas complètement : le plus gros des nouveautés de la saison est derrière nous. Il y aura encore des pilotes dans les semaines à venir (en fait, si on y réfléchit, des pilotes il en vient tous les mois), et je ne me plains pas parce que la rentrée japonaise est là, même si je n'ai pas encore eu le temps de me pencher dessus. Je ne vais certainement pas manquer d'occupations.
Mais quand même, une excitante page téléphagique se tourne avec le début du mois d'octobre.

Je reconnais ce moment un peu mélancolique au fait que c'est à cette période que mes disques durs saturent et que je commence à faire de la gravure parmi mes cagoules.

C'est d'ailleurs le moment idéal de faire le point sur les séries qu'on va suivre, et les autres. Car parfois, un pilote, sans être mauvais, n'est pas bon au point qu'on poursuive l'aventure. Forcément, plus on regarde de séries de la planète, plus il faut savoir doser l'énergie et l'enthousiasme qu'on est prêt à mettre dans une nouvelle série, et je l'ai appris à la dure cette année en commençant plusieurs fois des séries que je n'avais en réalité pas vraiment envie de suivre pendant 10, 15, 20 épisodes ; en général je m'en aperçois parce que les épisodes s'entassent dans un dossier et que je n'ai aucune envie d'écouler le stock (ça me l'a par exemple fait pour Winners & Losers qui, pour me plaire, n'aurait pas pas dû excéder la durée de 5 épisodes) (par contre j'aurais signé volontiers pour 20 épisodes de The Yard, à titre de comparaison).

Donc, bilan. Enfin, bilan des premières semaines de la saison, mais allez, bilan quand même.

PanAmForever

En fin de compte, je poursuis pour le moment 2 Broke Girls. Je sais pas trop pourquoi. Je ris pas vraiment, c'est un peu mon Mike & Molly de cette année (ce qui tombe bien puisque j'ai laissé tomber Mike & Molly).
En revanche, après le deuxième épisode d'A Gifted Man, j'hésite : après un pilote touchant, ce second opus nous a fourni tout ce qu'une série médicale peut offrir de plus cliché. Je pense que le troisième épisode sera décisif.
Petite baisse de régime aussi (mais moins grave) pour PanAm qui reste cependant sur mon planning. Je regrette que The Playboy Club ne puisse pas l'accompagner, j'apprécie réellement cette série même si elle ne révolutionne pas la face du monde. Dommage que la série se fasse annuler sans même qu'on puisse voir la suite des épisodes produits (PS : pour un historique d'une décennie de séries annulées plus vite que leur ombre, je vous renvoie au post de l'an dernier faisant suite à l'annulation de Lone Star).
Et bien-sûr, j'ai fermement l'intention de poursuivre Homeland et Suburgatory, mais là, je ne juge que sur un seul épisode.
Je ne me suis pas encore décidée pour Terra Nova et Up All Night, les jours qui passent ne jouant en pas en leur faveur. Toutes les autres séries appartiennent déjà au passé à mes yeux.

Ce n'est pas si difficile de faire du tri, en définitive : je repère les séries qui ne m'ont pas séduite à la rapidité avec laquelle leur pilote arrive sur une rondelle pour mes archives.

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