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ladytelephagy
30 avril 2010

Le soir où je n'ai pas eu ma dose

Je n'avais plus vu d'épisode de The Cleaner depuis des mois et des mois. Parfois ce blog me sert à dater certains évènements, eh bien, dans ce cas précis, ça fait depuis juin 2009. Elle m'avait envoyé le générique de la 2e saison et j'avais revu, deux, peut-être trois épisodes, bien motivée pour m'y remettre, et puis j'ai découvert ma première série coréenne, et tout s'est emballé.

Alors naturellement, en ce moment, j'ai pas mal repensé à cette série. Pour son thème, et puis, parce que.

Et ce soir, là, à l'instant, je me suis refait le pilote, et je vais vous dire franchement, je ne l'ai regardé que pour les 5 dernières minutes.
Je me souviens bien à quel point j'étais anéantie de voir ces 5 dernières minutes, la première fois que j'ai découvert le pilote. J'ai hurlé, j'ai pleuré, j'ai tempêté, j'ai... faites la rime qu'il vous plaira. C'était atroce et j'en suis restée retournée un bon moment. C'était très puissant, je m'en souviens bien. Ces 5 dernières minutes et toute cette colère, et toute cette tristesse, et toute cette terreur.

ComeCleaner

Ce soir je suis bien obligée de reconnaitre que c'était ce que je cherchais. C'est ce que j'ai cherché toute la semaine. J'ai cherché un exutoire. J'ai cherché à tout faire sortir. Et ça ne sortait pas, et j'ai pensé à The Cleaner, et à son pilote, et à ses 5 dernières minutes, et le moment est arrivé... et rien ne s'est passé. Je veux dire que c'était touchant mais ce n'était plus... l'effet était moindre.
Je n'ai plus ressenti l'émotion de la première fois. C'était vraiment une expérience triste, vous voyez ?

Et je me suis dit : wow. Parfois, la téléphagie, c'est vraiment comme une addiction.
Il vient un moment où juste une dose ne suffit plus.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Cleaner de SeriesLive.

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29 avril 2010

L'autre soeur coréenne

Imaginez une version de Cendrillon où :
- il n'y pas deux cruelles belles-sœurs mais juste une seule
- ...qui d'ailleurs n'est pas cruelle mais en fait "juste" meurtrie à jamais
- la belle-mère n'est pas odieuse, par contre elle est totalement opportuniste
- il n'y a pas de marraine la fée
- Cendrillon accuse un léger retard mental (imho)
Et vous obtenez... euh, une histoire qui n'a plus grand'chose à voir avec le conte d'origine.

Je propose donc pour la prochaine fois qu'on réinvente le conte de la belle au bois dormant, sauf qu'elle ne serait pas belle et qu'elle serait juste dans le coma suite à une overdose de LSD et qu'en fait c'est pas un prince qui la réveillerait mais le janitor qui débrancherait son respirateur par erreur ; et puis ensuite, on moderniserait l'histoire du petit chaperon rouge qui serait en réalité un jeune homme de 30 ans toujours habillé en bleu qui se promène dans une grande ville avec un sac McDonald's qu'il va donner à son grand-père SDF qui vit dans un bidonville ; et puis la saison suivante on pourrait s'atteler à la relecture du Petit Poucet qui en fait n'a pas six frères très pauvres mais seulement deux sœurs très sexys et qui sème non pas des cailloux mais plutôt des ... bon, je crois que vous saisissez mon propos.

Ce prétexte de réinventer une histoire vieille comme le monde (ou presque) pour faire rien que ce qu'on veut, ça me laisse de marbre. Pourquoi de nos jours, la règle en matière de télévision est-elle de toujours se proclamer une parenté quelconque avec un livre, une bande-dessinée, un film, une autre série, un réseau social, une cousine éloignée...? Vous êtes des scénaristes, vous inventez une série... après faut assumer. Et si les gars du marketing tentent de vous convaincre que c'est mieux parce que ça parlera plus au public, envoyez-les en Enfer, où est leur place.
J'en ferais des posts Point Unpleasant pendant des heures, mais ce n'est pas mon sujet du jour. Et ce ne sont pas les sujets Point Unpleasant qui manquent.

Donc cette histoire selon laquelle Cinderella Unni serait une relecture du conte d'origine, sur moi, ça prend pas un seul instant. C'est que des foutaises, je suis désolée de le dire. La parenté est réduite à sa plus simple expression, et ça n'a pas le moindre intérêt en plus, alors zut. Pour autant que je sois concernée, Cinderella Unni n'a pas à se targuer de la moindre ressemblance avec le conte, et est une série à part entière.

Et une bonne, avec ça.
Parce que par-dessus le marché c'est même pas comme si elle avait besoin de ça pour exister, cette série. Par elle-même, elle est excellente. Je rejoins de nombreux observateurs (et les chiffres d'audience, accessoirement) pour dire que c'est l'une des meilleures du moment.

Cinderella Unni parle, et c'est sans doute pour ça qu'elle me charme tant, de souffrance, de traumatismes, de cicatrices indélébiles. Je crois avoir suffisamment répété qu'en plus, la période se prête particulièrement pour moi à ce genre de séries. Dans le fond, le pilote de Cinderella Unni (et c'est la raison pour laquelle je nie la paternité du conte), c'est l'histoire de deux jeunes filles marquées au fer rouge qui vont être immanquablement mises en opposition par la vie, et pas l'histoire d'une pauvrette qui serait désavantagée vis-à-vis de l'autre.
Non, c'est un vrai combat de deux destins qui tentent d'exister dans le même univers mais ne le peuvent pas.

Ding !
A ma gauche, le tenant du titre en matière d'histoires à fendre le cœur : Eun Jo, jeune adolescente trop mûre pour son âge qui est terrifiée à l'idée que sa mère la conduise droit dans le mur avec son comportement erratique vis-à-vis des hommes. Ses préoccupations principales sont de ne pas savoir quand elle prendra son prochain repas, de fuir des hommes violents, d'échapper à des gangs, de ne pas se faire violer par un beau-père temporaire, ce genre de joyeusetés.
A ma droite, le challenger dans le domaine des sanglots longs de violons : Hyo Sun, pré-adolescente totalement immature et vraisemblablement bloquée au stade intellectuel d'une enfant de 7 ans. Ses préoccupations principales sont de retrouver des objets qu'elle perd partout et sans arrêt, d'être gentille avec tout le monde et d'être aimée en retour par absolument tout le monde aussi.

On le voit, Hyo Sun est du genre poids plume quand Eun Jo joue dans une toute autre catégorie. On sent d'ailleurs que les scénaristes ont leur petite préférée dés le premier round, Eun Jo bénéficiant des meilleures scènes à tous les égards.

Chacune a évidemment droit à ce qu'il faut de scènes d'exposition (les parents n'ayant, dans les deux cas, qu'un rôle d'alibi pour leurs préoccupations), mais de toute évidence, c'est Eun Jo qui souffre, c'est Eun Jo qui se pose des questions, c'est Eun Jo qui craint pour sa survie. C'est le portrait d'une adolescente à la dérive parce que tout l'y pousse, et qui est prête à se perdre plus encore, pourvu de sortir du cercle vicieux dans lequel elle se sent enfermée.

Tous ceux qui ont vu ce premier épisode vous parleront de la scène du train. Évidemment. C'est la scène incontournable de cet épisode inaugural qui décrit parfaitement où se trouve psychologiquement Eun Jo. C'est poignant à souhait, un brin terrifiant, parfait, vraiment. Donc évidemment, je l'ai sous-titré.
Pour situer le contexte, disons simplement que l'adolescente a pris le parti de fuir la maison de son beau-père du moment avec sa mère sous le bras et un sac de fortune, et que le beau-père s'est empressé de faire prévenir le gang le plus proche par son jeune fils, parce que dans la précipitation, Eun Jo n'est pas partie les mains vides...

Cinderella_1

Si l'on devait chercher un équivalent dans les scènes de Hyo Sun, on irait chercher une scène plus caricaturale (car il n'y a que ça), où Hyo Sun prête à la mère d'Eun Jo les vêtements de sa défunte maman, et, émue, est prise d'une crise de larmes qui permet d'expliciter le manque d'affection dont la petite a fait la démonstration pendant toutes ses scènes. Son attachement irrationnel à sa (future) belle-mère n'est pas exactement subtil, mais il a le mérite de dépeindre une gamine qui ne serait pas caricaturalement gâtée-pourrie, juste moins en déveine que Eun Jo et terriblement esseulée. Hein, vous dites ? Nan mais ça va, je vais pas vous sous-titrer tout l'épisode, non plus.

Cinderella_2

Concrètement, Cinderella Unni est une bonne série, et ce dés le pilote, ça ne se discute même pas ; elle s'affranchit vite de sa référence culturelle pour s'inventer ses propres repères, notamment en donnant une grande force au personnage de Eun Jo par ses multiples scènes de description ou d'action.

Après, vous me direz : c'est peut-être pour plus tard. Dans un deuxième ou troisième round.
Et il est effectivement envisageable que le conte reprenne sa place ultérieurement, qu'on en retrouve des éléments (au hasard : jalousie autour du prince ?), pour mieux les déconstruire et les retourner après... c'est toujours possible en effet.

Mais ce n'est pas le chemin que semble avoir pris la série, narrativement parlant, au vu de ce premier épisode. On a dépassé le stade de la réinvention pour être dans l'invention tout court, et c'est pas plus mal comme ça. Cela ne donne que plus d'impact à cette histoire de belles-sœurs que la vie n'a pas gâtées (même si ce n'est pas dans les mêmes proportions). On ne cherche pas à reprendre les clichés d'une histoire qui a cessé d'émouvoir il y a quelques siècles, et ça me plait. Les deux sœurs grandissent côte à côte, avec leurs blessures et leurs traumatismes qui les opposent sans doute bien malgré elles, et je pense qu'on est gagnant dans l'affaire.
Ça fait au moins un gagnant dans cette histoire.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Cinderella Unni de SeriesLive.

28 avril 2010

Free as a bird

Entre Breaking Bad, Gravity, Sunao ni Narenakute, In Treatment... on peut dire que l'ambiance est à la franche rigolade dans les parages, en ce moment, pas vrai ?

C'est pas grave, c'est aussi fait pour ça, la téléphagie.
Il ne s'agit pas juste de reviewer des épisodes à la chaîne au risque de se prendre pour un critique, mais bien d'y trouver quelque chose ayant une résonance avec le spectateur, d'expérimenter personnellement ce qu'on regarde. En tous cas, c'est comme ça pour moi.
Le principe, même dans une boulimie de pilotes ou dans une crise téléphagique intense me conduisant à regarder deux à trois saisons d'une même série en deux semaines, a toujours été ici de chercher à ressentir quelque chose grâce aux séries, mais aussi de trouver dans les séries quelque chose qui s'accorde avec mon ressenti du moment. On peut chercher le divertissement ou la qualité, le rire facile ou la réflexion abstraite sur des sujets, tout cela est fort valable comme motivation mais, pour moi, la téléphagie, c'est une expérience intime, une quête sans relâche d'un moment où les limites entre le "ailleurs" et le "dedans" deviennent floues, ou quand ces deux entités se renvoient la balle. Je crois que c'est de ça que ces derniers posts ont parlé, bien plus que de pilotes ou de saisons, non ?

Alors, si vous n'êtes pas du genre à vous laisser effrayer pour si peu, venez voir, approchez-vous, je vais vous parler de Mother, parce qu'il est impératif que vous entendiez parler de cette série. Et que si c'est pas moi qui m'en charge, les chances pour que ce soit quelqu'un d'autre sont quand même assez limitées, disons-le sincèrement même si ce sera avec une pointe de regret (mais ce sera le sujet d'un autre post). Question 9

Freeasabird

Mother, je vous en parlais lorsque je vous ai présenté les nouveautés du printemps, c'était l'une des séries qui j'attendais, même si son thème m'avait aussi un peu effrayée ensuite,  après les évènements tragiques de ces derniers temps. La mort, la maladie, la violence... il y avait un peu trop de tout ça dans ma vie tout d'un coup, et Mother semblait soudain beaucoup plus terrifiant qu'une série sur les vampires (et vous savez à quel point je hais tout ce qui a des dents un peu trop pointues, c'est bien simple, je fais encore des cauchemars à cause de l'épisode de V New Gen dans lequel Anna... brrr... passons). Mais enfin voilà, les sous-titres pour le pilote sont sortis et je me suis dit qu'avec un peu de courage, je pourrais tirer du bon de cette expérience. Et qu'au pire le pilote serait tellement pourri que j'en sortirais indemne.

On ne sort pas du pilote de Mother indemne, je préfère mettre fin immédiatement au suspense, c'est même parfois carrément terrible. C'est fou comme les Japonais sont capables du plus mielleux comme du plus violent psychologiquement, je crois que je ne m'y ferai jamais. Vous regardez des conneries genre Massugu na Otoko (ah oui, c'est vrai, on avait dit qu'on n'en parlerait plus jamais) ou Tokujou Kabachi!!, et quelques semaines plus tard, vous vous prenez Mother dans la tronche avec une violence inouïe.

Mais parlons concrètement : Mother, c'est donc l'histoire de cette jeune enseignante remplaçante qui découvre qu'une de ses élèves est maltraitée, et qui décide de l'enlever. C'est en tous cas le pitch de la série tel qu'on a pu le lire un peu partout (et je n'ai pas été la dernière), et j'avais relevé combien un tel sujet pouvait, selon les mains entre lesquelles il tombait, devenir soit un navet sirupeux, soit un chef d'œuvre.
C'est la deuxième option.

On l'a déjà dit (je ne sais plus à quelle occasion), mais les Japonais ne sont pas de grands dialoguistes. Déjà quand ils sont mauvais scénaristes, on peut oublier les dialogues au cordeau, on est dans le mécanisme de conversation primaire le moins enrichissant possible juste pour faire fonctionner les gags/quiproquos/suspenses à deux balles. Mais quand ils sont bons, les scénaristes nippons ont aussi la particularité de toujours préférer le dialogue qui "fait vrai", le truc qu'on pourrait dire soi-même, la tirade qui vient du cœur plutôt que du cerveau de l'auteur qui s'est creusé trois jours pour trouver le mot qui fait mouche. Dans Mother, on est de la deuxième école, c'est net, et à cela s'ajoute un grand talent pour les silences. Ces silences sont aussi l'occasion de scènes contemplatives absolument superbes, ce qui ne ruine rien.

Et puis parfois, il y a juste ce qu'il faut de silence, de musique, de dialogues et d'images superbes, comme cette séquence aux faux-airs d'Amélie Poulain :

Ameliekindofthing

On n'est pas dans une série au niveau de photographie de Mousou Shimai (qui à ce jour reste la référence à mes yeux en matière de recherche esthétique à la télévision japonaise ; comme toujours, je ne demande qu'à être contredite preuve à l'appui), mais clairement, l'oeil qui se trouve derrière la caméra cherche à trouver la beauté là où on ne l'attend pas.
Ainsi, la ville de Muroran est à la fois un havre de silence enneigé, et le théâtre d'une industrie bruyante et un peu effrayante. La nature la plus pure y côtoie vraisemblablement une industrie d'un autre âge, et on y observe des envolées d'oiseaux migrateurs aussi bien que des quartiers en décomposition. Du froid, du silence, du dénuement, Mother fait de la poésie sans en rajouter des tonnes. C'est saisissant. On se prend à s'arrêter sur les prises de vue à la fois normales et exceptionnelles que fait la caméra pour saisir le monde dans lequel la petite Rena vit. Cela en dit autant sur l'histoire que les scènes plus explicites sur la maltraitance de la petite fille, finalement.

Si Mother est, en apparence, l'histoire d'une jeune femme qui enlève une enfant maltraitée, l'héroïne de ce pilote, c'est Rena. Je ne sais pas où ils ont trouvé cette gamine mais elle est épatante. On a largement dépassé le niveau habituel des enfants comédiens japonais. Laaaargement. Plusieurs fois je me suis dit "mais elle me tue cette gamine, comment elle fait ça ?", c'était incroyable. Si l'interprète de Rena ne fait pas carrière, je n'ai plus foi en rien, je vous le dis. Il faut préciser que le Japon a un vrai problème avec son système de recrutement d'enfants dans la plupart des fictions, avec pour principal coupable ce syndrome du "kawaii" (=mignon) qui pousse les producteurs, pour des raisons qui me dépassent, à engager des enfants incapables de jouer, mais avec de grands yeux et des joues bien rondes, et le tour est joué. Ici, on a vraiment une petite comédienne saisissante qui semble avoir absolument tout compris de son personnage, et ça fait mal, vraiment, que ce personnage soit si bien incarné.

Parce que je ne vais pas pouvoir éviter ce sujet bien longtemps. Oui, Mother parle de maltraitance. Et surtout, elle la montre. Elle la montre avec intelligence et bon goût, mais sans pudeur mal placée. Pour qu'on comprenne bien l'enjeu, Rena va plusieurs fois être confrontée à une violence psychologique (ses jouets sont mis au rebut sur le trottoir, sa mère lui donne 500Y pour qu'elle débarrasse le plancher le soir), une violence physique (terrible, terrible scène pendant laquelle la petite est battue comme plâtre), et une violence sexuelle (sans conteste la plus terrifiante de par ses manifestations souvent inattendues). Tout est montré avec le bon goût de ne pas faire dans la gratuité, mais on ne nous épargne pas pour autant. C'est un acte de bravoure côté réalisation... et côté acteurs, aussi. J'en hurlais de douleur et d'incompréhension. On se dit que, non, non quand même pas, non c'est pas possible d'en arriver là. Si. Oh mon Dieu, si.

Dans tout cela, la complicité se construit progressivement entre Rena et la biologiste/instit Nao, une femme frigide (on ne nous délivrera la clé de sa froideur qu'en toute fin de pilote) qui n'est capable de s'intéresser qu'aux oiseaux migrateurs et qui, de son propre aveu, déteste les enfants. Mais la petite fille en quête d'affection et d'approbation, et la femme emmurée dans son monde de volatiles vont très lentement s'apprivoiser. Les scènes sont à la fois tendres, belles, et réalistes. Nao ne se prend pas d'affection pour le bout de chou, on sent qu'elle a du mal. Comme la plupart des adultes qui ne sont pas à l'aise avec les enfants, au lieu de chercher à user de tendresse exagérée et de cajoler l'enfant, Nao parle à Rena comme à une adulte.
Et c'est sans doute ce qui les lie toutes les deux avec tant de beauté, le fait que la femme et l'enfant se voient comme deux égales. C'est ce qui leur permet de parler de leurs mères respectives ou de la passion de Nao pour les oiseaux migrateurs (une très, très jolie thématique que cette passion pour les oiseaux, qui permet quelques élégantes métaphores qui plus est), sans qu'il n'y ait l'élève et le maître, la figure parentale autoritaire et l'enfant docile. On sort du carcan social habituel pour montrer une autre forme de famille qui se crée. Chacune vient avec ce qu'elle a dans cette étrange relation.

Bonding

Lorsqu'enfin, Nao comprend que le point de non-retour a été franchi, et emmène Rena, il ne s'agit pas de prendre la petite sous le bras et de lui expliquer plus tard que c'était le mieux pour elle. Elle a ces mots incroyables : "Ecoute. Je vais t'enlever. Je pourrais aller en prison pour ça. Mais je fais souvent des choses que je ne devrais pas. C'est peut-être une erreur. Il est possible que tu souffres encore plus. Mais... je vais devenir ta maman". C'est cette franchise qui rend leur lien si puissant. Partenaires dans le crime, d'un commun accord.

La suite de Mother sera, vraisemblablement, dédiée à leur cavale. Et à leur mensonge. Il faudra mentir pour toujours. Ne plus jamais dire la vérité. Elles ont choisi ensemble ce chemin, et reculer, c'est tout perdre.

Ces deux histoires qui se mêlent pour tenter de fuir ce qui, dans le fond, ne se fuit pas (car même si Rena refait sa vie avec Nao, les dommages sont irrémédiables de toutes façons ; et Nao a elle-même sa part de douleurs qu'elle a fuies mais jamais réussi à abandonner derrière elle), c'est ce qui fait de Mother une expérience touchante et profondément humaine.

Tout le monde n'a pas forcément les reins suffisamment solides pour supporter le poids d'une telle série dans son intégralité, mais si vous passez à côté... eh bien, vous, vous ne le regretterez pas, parce que vous ne saurez pas ce que vous avez manqué. Mais moi je saurai, et chaque fois que vous viendrez sur ce blog, vous saurez que je regarde votre IP s'afficher en hochant la tête d'un air navré et déçu. Ne gâchez pas la belle relation téléphagique que nous avons : regardez, au moins, le pilote de Mother... Sérieusement, je dois supplier, aussi ? Ou le message est passé ?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Mother de SeriesLive.

27 avril 2010

Miroir sans tain

Deux jours. Il s'était passé deux jours quand j'ai décidé de faire une descente à la FNUC. Je n'avais aucun DVD en vue. Je n'avais même envie de rien. L'idée c'était juste de faire une descente à la FNUC et de me balader dans le rayon DVD séries une demi-heure ou une heure, et ressortir de là apaisée (et forcément moins riche, parce que même quand j'y vais sans rien vouloir acheter, je finis quand même dans la file d'attente de la caisse avec les bras chargés, ne me demandez pas pourquoi). Au moins, me décharger de tout ça pendant une demi-heure ou une heure. Mon rail de DVD pour tenir le coup.

On est des téléphages, je ne vais donc pas vous raconter de conneries : on a tous une liste. Une liste des séries dont on achètera le DVD la prochaine fois que ; la prochaine fois qu'on va à la FNUC, la prochaine fois qu'on a des sous, la prochaine fois qu'il y a une promo sur internet... La prochaine fois que. C'est la liste de DVD qui est agraffée derrière la liste de DVD "urgents", ceux qu'on achète le jour de la sortie ou presque, et qui très franchement, n'est pas vraiment une liste couchée sur papier parce qu'on sait très bien quelles sont les séries sur la liste principale.

Et donc sur ma liste à moi, depuis quelques mois, il y a In Treatment. In Treatment, j'en ai vu le pilote deux fois déjà, une fois de mon plein gré et une autre parce que l'un d'entre vous m'avait recommandé de lui donner une seconde chance ; et les deux fois j'étais incroyablement mal à l'aise par l'ambiance et le côté trop réaliste de la séance que représente ce premier épisode.
Pourtant je ne suis pas non plus la dernière des idiotes et j'ai bien remarqué que, In Treatment, quand on met de côté l'état nauséeux que je ressens systématiquement devant le pilote, c'est une bonne série. Bien écrite. Bien interprétée. Bien filmée. Et donc In Treatment était sur ma liste la prochaine fois que. Sauf que depuis des semaines que je fréquente la FNUC la plus proche et quelques autres, à chaque fois, je tombais sur le coffret de la deuxième partie de la première saison. Et s'il y a bien une chose que je me refuse à faire, c'est acheter un quelconque 2e coffret avant d'avoir même pu acheter le premier. C'est une règle d'hygiène de vie téléphagique, c'est comme ça.

Mais là, ce jour-là, alors que j'étais l'âme en peine dans les rayons de la FNUC en train de me chercher un dérivatif suffisamment puissant pour me faire oublier, une demi-heure ou une heure, l'insupportable, soudain, qu'est-ce que je vois ? Le coffret In Treatment, première saison, première partie. C'était un signe divin. Un coup de coude du Dieu de la téléphagie pour me dire "vas-y, c'est ça qu'il te faut, ça va aider, au moins un peu".
Quelques jours plus tard, l'un de vous me conseillait la série pour m'aider à traverser cette passe difficile, et cette personne ne pouvait pas être mieux inspirée. Sans doute un second coup de coude du Dieu de la téléphagie.

InTreatment

Qui plus est, une semaine passée dans In Treatment, ça vaut 2h30 dans la vie réelle. Une équivalence qui permet de disparaitre hors du temps sans trop en perdre. Tout bénef.

Et après avoir passé 5 heures presque d'affilée dans le monde du Dr Weston, je dois dire que finalement l'antidote au mal être intérieur a fait son effet, au moins un peu. Envolée, l'impression constante de malaise. Sans doute parce qu'il n'était plus dans le pouvoir d'une quelconque série de me mettre dans un état plus désastreux que celui dans lequel je me trouvais après le départ de freescully.
Je me suis contentée d'apprécier la façon dont chaque personnage vient et se confie à Paul tout en se heurtant à sa façon de pratiquer, qui, de l'aveu même du psy, n'est pas toujours au top. C'est rassurant qu'il en soit conscient, même si on aimerait qu'il le reconnaisse devant ses patients plutôt que de chercher à maintenir les apparences du professionnel toujours maître de lui-même...

Arrivée à ce stade de mon visionnage, je suis un peu déçue par le fait que je n'ai réussi à me lier affectivement à aucun patient, ni à Paul lui-même. J'aurais aimé, je pense, réussir à me mettre dans la peau de l'un d'entre eux, mais les personnages tels qui m'apparaissent au bout de deux semaines me semblent trop éloignés de moi, ça me demanderait un trop grand effort. Pourtant je pense que ce pourrait être l'un des avantages de In Treatment : offrir la possibilité d'exorciser quelque chose de vrai via ces thérapies imaginaires. Toujours ma passion pour la catharsis par la douleur dont j'ai beaucoup parlé, plus ou moins directement, ces derniers temps ; avec Gravity notamment.

Mais d'un autre côté, me soucier des problèmes des uns et des autres joue parfaitement son rôle de distraction intelligente pour mon coeur abimé. La série s'attache à décortiquer des choses douloureuses, même si elles ne le sont pas pour moi (et que parfois, je m'en désintéresse totalement, comme par exemple les intrigues d'Alex le pilote de l'Air Force), et ça me permet de baigner dans un univers sombre et complexe sans que cet univers sombre et complexe n'ait de rapport avec le mien. Je suis assise sur le sofa de Paul, à l'écart, et je regarde tout ce petit monde se débattre avec des choses qui ne me touchent pas, mais je me réjouis qu'ils le fassent, par une sorte de plaisir sadique où les personnages souffriraient à ma place pendant une demi-heure. Ou une heure. Ou cinq heures.

Alors In Treatment et moi, ce ne sera jamais le grand amour, mais j'ai pu y trouver une série qui me divertit sans chercher à me faire sourire, et ça, en ce moment, ça n'a pas de prix.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche In Treatment de SeriesLive.

27 avril 2010

Il faudra pourtant bien cracher le morceau

Allez, j'ai pitié de vous. Pour changer des séries coréennes... direction le Japon ! En cette rentrée, quelques nouveautés avaient réussi à plus ou moins capter mon attention (le point capital de cette phrase étant "plus ou moins"), mais les sous-titrages sortant dans l'ordre qui les arrange et non selon mes propres priorités, aussi exaspérant et stupide que cela puisse sembler d'ailleurs, me voilà donc à parler de la saison printanière japonaise en commençant par Sunao ni Narenakute.
Qui, de "pas prioritaire du tout" est passé, avec une petite affiche bien sentie et un contexte favorable, à "tiens au fait vivement que". Ce sont des choses qui arrivent.

Sunao_Title

Sunao ni Narenakute, c'est, pour ceux qui ont échappé aux news de SeriesLive à ce sujet (mais pourquoi Ducros il se décarcasse, eh ?) une série s'appuyant sur le concept de Twitter.

Attention : pas sur un compte Twitter en particulier. Non. Sur Twitter dans sa globalité. C'est la différence avec Shit my Dad says, le projet de Denny Crane. De... enfin, vous m'avez comprise. Et là, on retient tous notre souffle en nous disant : "bordel, c'est pas possible d'être opportuniste comme ça, je vois même pas comment on peut tirer une série du concept de Twitter". Je suis et je relance d'un "sans compter que Densha Otoko est passé devant". Comment une série peut-elle retranscrire aussi finement que Densha Otoko la façon dont un microcosme virtuel fonctionne et réagit sur internet, avec mise en scène créative et maîtrise du fond du sujet ? Sincèrement, on voit mal comment on peut mieux faire.

C'est là, donc, qu'arrive Sunao ni Narenakute, et que dans un premier temps, la série répond à ce défi de façon brillante : elle l'évite. Complètement. Voyez, c'était pas la peine de se tracasser pour si peu ! Les premières minutes du pilote sont vite expédiées avec une présentation sommaire de Twitter laissant penser, grosso-modo, qu'il s'agit d'une sorte de chat mondial fort commode où on raconte sa petite vie. Ce qui n'est quand même pas l'exacte vérité, non plus, et les utilisateurs le savent bien. Ces quelques minutes (et son ignoble petit panneau pédagogique, voir capture ci-dessous) ont valeur de postulat de départ et il faut le dire, sur le coup, ça déçoit un peu de voir que la série se donne si peu de mal pour exploiter son média.

Sunao_Twitterintro

Ce n'est pas tout-à-fait vrai. Le pilote ne commence pas précisément sur cette explication de Twitter. Il commence (ph non, là vraiment ça n'arrange rien à notre affaire) par un flashforward. Je DETESTE les flashforward en début de pilote. Parfois c'est intelligent, parfois c'est joli, parfois c'est pratique, mais même dans ces cas-là, et ils ne sont pas la majorité, les flashforwards dés le début d'un pilote, c'est surtout le truc qui te casse toute envie de regarder la suite, parce que tu connais la putain de fin. Quel est l'abruti qui le premier a cru intelligent de commencer une série sur un spoiler, que je lui fasse la peau ? C'est débile, les flashforwards dés le début. Attendez au moins que quelques scènes d'exposition soient passées, au minimum, merde ! Ah que ça m'agace.

Donc reprenons. D'abord un flasforward. Ensuite un cours très accéléré et simplifié sur Twitter. Sunao ni Narenakute commençait sous de bien mauvais auspices, il faut le dire. Et encore, je ne vous ai pas dit à quel point le flashforward rappelait celui de Last Friends. Ce qui provoque chez moi un certain agacement aussi parce que quand je regarde le pilote d'une série inédite, j'ai la mauvais manie de l'espérer être inédit. C'est un tort que j'ai, je m'en rends bien compte.
Le dossier à charge s'alourdit et pendant ce temps-là, on ne sait toujours pas ce qu'on fait là.

Les protagonistes s'envoient des tweets (qui concrètement ressemblent plus à des mails de groupe qu'à autre chose vu qu'ils font comme s'ils n'étaient que 5 à pouvoir les lire, mais passons, passons), et vient l'irrémédiable moment, typique dans les séries asiatiques, où se produit une coïncidence grosse comme une maison, en fait, deux, même, où deux personnages dont on SAIT qu'ils sont aussi amis sur Twitter se querellent, alors qu'en plus on SAIT qu'ils sont voués à vivre une intrigue amoureuse ; et là on se dit "mais pourquoi, pourquoi, pourquoi je n'ai pas accepté d'aller raboter la corne des pieds de tante Michèle plutôt que de regarder ce pilote ?!". Avec du gel au menthol badigeonné sous le nez, c'est presque supportable, pourtant, alors : pourquoi ?

Eh bien parce que ces insupportables clichés durent, grosso-modo, une dizaine d'odieuses minutes, et qu'ensuite ça s'arrange. Je sais, ça semble inespéré. C'est pourtant vrai. La parenté de Last Friends prend finalement le dessus pour dresser le portrait de personnes ayant chacune leur souffrance personnelle. Et lorsque les 5 personnages décident de se rencontrer IRL, on comprend aussi, enfin, l'importance de Twitter dans l'intrigue.

C'est que, voyez-vous, nos 5 amis se rencontrent et semblent être des jeunes gens tout-à-fait normaux et fréquentables, mais en réalité, chacun a une blessure à cacher. Certains annoncent rapidement la couleur au spectateur, qui choisit de s'identifier ou non. Le 5e est plus trouble et on n'est pas certain, à l'issue du pilote, d'avoir compris ce qui clochait précisément chez lui.
Attention au spoiler après la virgule, car l'un des personnages est prof débutante mais incapable de s'adapter à son métier et manque de confiance en elle dans tous les domaines de la vie, un autre, d'origine étrangère, se fait passer pour un docteur auprès de ses followers mais est en fait un larbin sans cesse humilié, une troisième craint d'être enceinte et (est-ce lié ?) se scarifie, et un quatrième est ultra-séduisant, harcelé sexuellement au travail, mais absolument incapable d'avoir une érection. On parle donc de problèmes qui, globalement, dépassent le stade de la simple amourette qui tourne mal.

Et c'est donc là que le shaker Last Friends + Twitter fait son effet. D'un côté, on a la promesse d'une exploration sombre et sans (trop) de concession de maux réels et concrets (il y avait le questionnement sur la transsexualité dans Last Friends, il y a les problèmes érectiles dans Sunao ni Narenakute, tout ça part du même besoin de parler de sexualité, chose déjà peu courante si on omet les séries coquines de TV Tokyo, et en plus d'en parler sans donner l'impression que c'est magique et romantique et simple...), et en même temps, on a un drame qui se joue sur le problème des faux-semblants.

Chaque protagoniste a eu la possibilité, via Twitter puis grâce à la rencontre IRL, de dresser un portrait de lui "bien sous tous rapports". Ah, tu es médecin, génial ! Ah, tu es photographe, cool ! Oh, tu es une jolie fille prête à aller à l'hôtel le premier soir, sympa ! J'exagère à peine. Mais chacun va découvrir qu'en quittant le domaine purement virtuel, en liant des amitiés dépassant ces quelques échanges sur les réseaux sociaux, il va devoir soit continuer à mentir (et le faire avec d'autant plus d'efforts que la vérité sera plus difficile à camoufler), soit devoir se dévoiler.

Ce n'est pas Twitter, c'est tout internet qui soudain est au cœur du débat. La personnalité que vous vous inventez, parfois exprès en mentant sur votre métier en vous prétendant Docteur (et en prenant ce pseudo), parfois inconsciemment en ayant l'air d'un photographe bohème sans penser à mentionner d'autres facteurs de votre vie privée, n'est pas un masque qu'on peut garder longtemps sitôt qu'on franchit le pas et qu'on passe à la "vraie vie". Le mensonge comme moyen de se faire des amis, mais aussi comme meilleur moyen de les perdre. Maintenir les apparences n'est plus envisageable passé le cap de la rencontre "en vrai", c'est inéluctable.

Dans Sunao ni Narenakute, chacun a ses noirs petits secrets, ses angoisses profondes et sa triste solitude, et de toute évidence, il ne sera pas possible de les cacher aux 4 autres bien longtemps. Pour cela, il aurait fallu rester derrière l'écran. Mais du jour où la rencontre se produit, la suite des évènements ne leur appartient plus.

Sunao ni Narenakute, c'est donc après une heure de tâtonnements et de scènes parfois un peu courues d'avance, un drame profondément humain comme les Japonais savent les faire, avec en toile de fond, une question sur notre rapport à la société aujourd'hui dans le contexte des réseaux sociaux. Comment à la fois cultiver un réseau de connaissances avec qui partager des choses intimes sans risquer de dévoiler ce qu'on ne veut pas dire ?

En se découvrant les uns les autres, les protagonistes de Sunao ni Narenakute, comme l'indique le flashforward, ne sont pourtant pas certains d'être soulagés de leurs souffrances. Et finalement, un peu laborieusement, le pilote définit les grands axes de ses interrogations sur le désespoir de la jeunesse d'aujourd'hui. Ce n'est pas aussi bluffant que le pilote de Last Friends, dont la parenté est évidente pour bien des raisons (le cast n'étant pas des moindres, et si Juri Ueno s'est transformée, Eita n'a pas su pour le moment couper les ponts), mais ça reste un bon pilote.
Ça ne fait donc jamais qu'une série de plus à regarder en ce moment. Je n'en était plus à ça près, de toutes façons.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Sunao ni Narenakute de SeriesLive.

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26 avril 2010

Plus légère après Gravity

Il est un fait communément admis que j'ai un goût particulier (euphémisme) en matière de célébrités masculines. Oh, je peux faire genre "je suis pas si tordue que ça" et vous dire que Christopher Meloni est ZE man, la définition de la virilité et tout le bazar, et ce sera vrai, et une fois passé le fait qu'il n'a qu'une vingtaine d'années de plus que moi, vous me trouverez à peu près raisonnable. Mais il y a aussi les fois où je vais vous confesser de but en blanc que l'un des amours de ma vie, c'est Eric Schaeffer. Que j'aime cet homme d'amour depuis des années et des années, bien qu'en étant consciente de faire partie d'une minorité de gens qui le connaissent, et plus encore, qui l'apprécient.
Tout a commencé avec Century City, bien qu'il n'y ait été qu'acteur et n'ait pas tellement apporté sa griffe aux épisodes... et déjà combien sommes-nous à avoir vu Century City ? Mais alors, quand il a créé Starved ? Oh mais merde alors, ce type est un Dieu ! Et combien sommes-nous à avoir regardé ET Century City, ET Starved ?

Alors quand aujourd'hui, agrippée à mon clavier tandis que je suis en larmes et en joie tout à la fois, je m'apprête à vous parler de ma nouvelle série préférée, Gravity, quelque part, je pense que vous avez tout compris sur la raison qui m'a poussée à regarder le pilote de cette nouvelle série. Ou plutôt... non, vous n'avez pas encore toutes les informations en main. Au départ, les raisons étaient les suivantes :
- il va y avoir un pilote. Bon, ça c'est normal, c'est la raison qui me fait regarder tout et n'importe quoi. Je veux dire que si un jour une série parvenait à accomplir la prouesse d'être diffusée sans avoir de premier épisode introduisant l'intrigue et les personnages, ce serait le seul cas où je n'aurais pas spontanément envie de la voir. Et encore, parce que lancer une série sans qu'elle n'ait de pilote, c'est une expérimentation qui pique ma curiosité. Non, sérieusement, le simple fait d'avoir un pilote rend n'importe quelle série éligible, c'est tout. Je suis pilotovore, on n'y peut rien.
- Eric Schaffer. Il parait que plein de gens ne l'aiment pas. Pour ceux qui savent de qui il s'agit. Moi franchement, je vais vous dire, je m'en fous. J'ai lu ce papier d'une nana qui est sortie avec lui une fois ou deux, qui le décrit à mi-chemin entre le pauvre type et le parfait petit enfoiré New-Yorkais, bah : même pas peur. Eric, je t'aime. Je t'aime parce que quelqu'un qui porte en lui une série comme Starved, c'est un mec que je ne peux qu'aimer. Et que tu aies rejoint le projet Gravity, c'est une preuve de plus que je t'aime. D'amour. Je m'en fiche de ce que disent tes ex. Elles n'ont rien compris. Un mec qui a Starved ou Gravity dans la tête, il faut pouvoir assurer en face, c'est tout, et c'est pas la première pétasse qui est équipée pour assumer une relation avec un type comme toi. Toutes les femmes ne sont pas à la hauteur. Moi, Eric, je le suis. Passe me voir à l'occasion, tu verras ! (PS : moi au moins, je ne te quitterai pas pour Conan O'Brien... enfin... on en rediscutera si ça se présente, disons)
- une série sur le suicide. Sur le suicide, quoi ! Là il en faut dans le pantalon, là franchement c'est de la télévision. Le suicide, merde ! Des gens qui veulent mourir, mais que par définition on peut pas faire mourir, parce qu'on les paye pour être là toute une saison ! Voilà bien un thème qui fait appel à la souche téléphagique en moi, la raison pour laquelle je continue de regarder des séries après en avoir vu pourtant des tonnes. Oh je peux aller tuer le temps devant un Caprica ou un Geomsa Princess, mais dans la vraie vie, ce que je veux, ce que je veux vraiment, c'est une série qui me chope les entrailles et me les extirpe douloureusement, sans chercher à me ménager, sans chercher à me dire "oh ma petite chérie, tu es sûre, tu préfèrerais pas une série où les enquêteurs ils pensent rien qu'à relever des empreintes et interroger des maris jaloux, tu es sûre, parce que ça je sais faire, hein, ça c'est pas dangereux pour toi", non, moi je veux des séries qui me parlent à moi de choses difficiles et douloureuses, et qu'on ne me prenne pas pour une demeurée ou, au mieux, une poupée de porcelaine. Je veux des séries qui abordent des sujets sur lesquels on ne peut pas reculer, une fois que tu t'es embarqué dedans, tu es obligé d'être honnête et de ne pas toujours faire dans le très propre. Des thèmes où il n'y a pas de zone de confort possible, voilà ce que j'attends de mes séries depuis toujours, depuis Rude Awakening, et l'équation Eric Scaheffer + suicide, c'était une garantie que j'allais en avoir pour mon argent.

Donc l'attente de Suicide for Dummies, de Failure to Fly et finalement de Gravity me rendait toute extatique.

Gravity

Et puis.
Et puis, il y a 19 jours, il s'est passé quelque chose. J'arrive d'ailleurs toujours pas à croire que ça ne fait que 19 jours, comme je n'arrivais pas à croire que ça n'en faisait que 12 ou que 5. La douleur est encore là comme si je l'avais appris hier. Un suicide ; dans la vraie vie, si je puis dire. Et après avoir passé plusieurs jours à me déconnecter de ma téléphagie, à n'y voir plus rien qui trouve du sens (merci pour vos conseils, j'ai d'ailleurs commencé la première saison de In Treatment, on en reparle bientôt), j'ai progressivement réalisé que j'étais dans une zone d'attente. Et que c'était Gravity la clé.
J'ai approché ma propre mort, deux fois. L'une plus sérieusement que l'autre, en toute sincérité. Mais j'avais perdu ce contact morbide avec le suicide, et j'avais besoin de Gravity pour "comprendre" ou en tous cas lancer la compréhension. Juste pour poser les questions qu'une bonne série sur un sujet grave pose immanquablement. Et moi-même, je me suis enfermée depuis 19 jours dans un cercle morbide où j'essayais de me mettre dans sa peau, et Gravity m'a servi à me libérer de ça parce que des personnages en parlent à ma place.

Le pilote de Gravity n'évite pas quelques clichés, mais je pense qu'une bonne partie sont conçus pour faire partie de son charme, de la même façon d'ailleurs que Starved n'était pas exempte de maladresses ponctuelles qui ne desservaient pas un instant la série.
Pour d'autres passages, avant même d'avoir lu que mener la série à l'écran avait pris 3 années, je peux sentir qu'il y a eu des concessions qui rendent le propos un tantinet plus mesuré que prévu. Gravity voulait parler du désir de mort et du désir de vie, qui existent en chacun mais qui, selon le moment, ne nous apparaissent pas toujours dans les mêmes proportions. Sa bande-annonce aux airs de feelgood movie, c'était une de ces concessions. Comme le personnage du flic qui m'apparait comme un ajout pour rentrer dans un certain moule télévisuel permettant à la série de voir le jour.

Mais quand on dépasse ces clichés et cette intrigue pseudo-policière (qui au final n'en sera peut-être même pas une...), on trouve dans Gravity toute l'honnêteté qu'on était en droit d'attendre sur le sujet.

C'était une telle épreuve et un tel soulagement de regarder Gravity. Loin de mes conneries de fantasmes sur Eric Schaeffer ou de mes tendances pilotovores, loin de toutes les raisons plus ou moins bonnes pour lesquelles on regarde une série au départ, Gravity, c'est juste la raison pour laquelle je regarde des séries, et c'est juste celle dont j'ai besoin maintenant.
Merci.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Gravity de SeriesLive.

25 avril 2010

Monkey off my back

On le sait tous, la téléphagie, ça ne se commande pas. On fait des projets, des plans, des plannings, tout ce qu'on veut, et au final c'est toujours le cœur qui décide. Un exemple comme un autre : je voulais rattraper mon retard sur Justified cette semaine. Au lieu de ça, je suis tombée sur le pilote de Lucky Louie et j'ai dévoré toute la saison (qui, je vous l'accorde, ne dure que 12 épisodes) en trois jours. Du coup, Justified, ce sera pour une autre fois. C'est pas grave, c'est pas perdu.

Autre exemple : j'avais voulu cagouler Breaking Bad parce que tout le monde parlait de la 3e saison quand je n'avais pas dépassé le stade du pilote. C'était du cagoulage à titre préventif parce que je savais que je n'aurais pas le temps dans l'immédiat, ayant une charrette au boulot. Mais quand une personne de mon entourage m'a annoncé avoir un cancer, finalement, je m'y suis mise en parallèle de mon surcroît de travail (selon l'adage téléphagique qui dit "qui a besoin de dormir quand il y a un épisode à dévorer ?"), et me voilà, deux semaines plus tard tout juste, arrivée à la fin de la première saison (là aussi bien aidée par le fait qu'elle ne dure que 7 épisodes, soyons sincères), et finalement là encore, je n'ai pas vraiment choisi la façon dont ça s'est passé.

BreakingBetter

Donc nous y voilà. Une saison de Breaking Bad. Je vais être sincère avec vous, j'ai parfois douté arriver jusqu'au bout. Parfois, je ne vous cache pas non plus que c'était excellent. Mais il y a eu des instants de découragement, disons-le clairement.

Parce que cette histoire de drogue, vraiment, ça m'agace. Dans mon esprit c'est vraiment de la lâcheté pour éviter de parler vraiment de ce qui tracasse Walter. On insinue des choses, on montre quelques réactions qui font penser au spectateur "ah, là, son cancer, il le vit comme ça...", mais globalement on n'entre pas assez dans le sujet à mon goût. D'un autre côté, j'ai des raisons un peu particulières de regarder la série et j'en suis consciente. Mais enfin, quand on a des scénaristes de talent, des acteurs incroyables et tout ce qu'il faut dans son sujet pour explorer un sujet difficile, je trouve dommage qu'on se cache régulièrement derrière des intrigues... lâches, je ne trouve pas d'autre mot.

Je ne dis pas que j'ai forcément trouvé mon compte dans les scènes médicalement consacrées au cancer, une chimio ici, un rendez-vous avec l'oncologue là, non, c'est pas ça qui me manque. Ces instants-là me semblent de toutes façons impossibles à transformer en morceaux de génie, trop de fictions mielleuses sont passées avant dans ces poncifs des cheveux qui tombent, de la perf qui n'en finit pas, des rayons et de tout le bazar.
Mais ce qui me manque encore beaucoup, c'est de voir Walter face à son cancer.

Il me semble le fuir, en fait. Au début je pensais que c'était un cerveau rationnel, cet homme. C'est un scientifique après tout. Et que du coup, il rationalisait le temps qui lui restait à vivre et que c'était la cause de son comportement. Mais en fait, non. Cet homme-là, il voudrait faire comme si le cancer n'existait pas. Il n'a que ça en tête pourtant, mais il voudrait juste faire comme si son cancer était quelque chose d'abstrait, juste une date dans le calendrier. Il est tout entier tourné vers sa lubie financière parce qu'il ne veut pas, il refuse, il rejette de tout son être la question du cancer. Ce cancer qui le change physiquement et psychologiquement, il voudrait faire comme s'il ne l'atteignait pas, comme s'il était plus fort que lui.
Combien de temps ça peut marcher, ce plan-là, Walter ? Combien de temps tu vas trouver dans le compte à rebours la force de franchir les limites ? C'est bien ce que tu retires de cette expérience, la liberté que tu t'inventes grâce à cet évènement de ta vie qui a fait tomber les barrières, mais ça ne peut pas être comme ça éternellement.
C'est ça qui me déçoit. Je voudrais savoir ce qui se passe dans la tête de Walter, mais lui-même refuse d'y penser, alors il m'en refuse l'accès. Ça me frustre beaucoup.

Restent deux autres angles qui sont plus élaborés par cette première saison et dont on ne doute pas qu'il vont s'épanouir ensuite, et ce sont les axes de la série qui, si on peut le formuler ainsi, me consolent de ma privation.

D'abord, il y a le thème derrière le pitch lui-même. La morale et la loi. Comment elles s'ajustent à ce que nous vivons. La fin justifie les moyens, ou du moins c'est la thèse de Walter (explicitement contredite par Hank dans l'épisode du baby shower, mais en-dehors de ça guère discutée pour le moment). Quand on n'a plus rien à perdre, ou du moins, quand on croit qu'on n'a plus rien à perdre, que signifie encore la morale ? Quelles sont les limites de la loi qui cessent de s'appliquer à celui que plus rien ne retient, qui a passé un cap ?
On sent la bascule progressive que fait Walter. La façon dont il semble s'embarquer dans cette histoire de drogue sur un coup de tête, réalisant ensuite ce que cela va lui coûter moralement quand il faut tuer un homme. Et quand arrive le moment d'affronter l'homme le plus dangereux qu'il ait rencontré jusqu'à présent, plus rien ne le retient. Il ressent encore la peur, l'inquiétude et la compassion, mais quelque chose a définitivement lâché, comme si un lien qui le reliait à l'humanité était rompu, et qu'on l'avait regardé s'élimer progressivement. C'est un axe fascinant.

Que se passerait-il si... ça arrive... si son cancer entrait dans une phase de rémission ? Un cancer, ça évolue. Parfois on parvient à le bloquer ne serait-ce que temporairement. Certains parlent de rémission totale (personnellement je constate qu'en cas de rémission soi-disant totale, les médecins insistent pour faire des contrôles de routine réguliers, et d'ailleurs les 5 premières années suivant la rémission, c'est pour ainsi dire obligatoire). Walter pourrait-il retisser ce lien avec la partie de l'humanité qui vit dans le droit chemin ? Sans parler de redevenir cet homme soumis et faible qu'il était avant son cancer, pourrait-il faire une croix sur toutes les libertés qu'il prend avec la morale et la loi ?
Ça pose sincèrement question.

Et puis, l'autre axe, c'est ce tandem entre le vieux en fin de course, et le jeune qui a du mal à s'engager sur le chemin de la vie. Jesse est encore un enfant dans sa tête (et j'ai à ce titre beaucoup aimé l'épisode dans lequel, par réflexe, il retourne chez ses parents, dormir dans son lit comme un bébé et mettre la table sagement). Évidemment, l'ascendant de Walter sur Jesse est flagrant dans le domaine du business : bien que Walter ait tout à apprendre du trafic de drogue, il passe son temps à diriger la façon dont le tandem va mener ses affaires. Cet ascendant prend parfois, indirectement, des airs initiatiques. Sans chercher à remettre Jesse dans le droit chemin (ce serait un comble), Walter prend parfois le visage d'une figure paternelle tentant de ramener le petit à une certaine version de la raison. On n'en fera probablement jamais un type normal, de ce Jesse, mais une fois de temps en temps, il lui faut quelqu'un pour l'obliger à grandir un peu. J'aime cette dynamique qui s'installe progressivement entre les deux, et qui reste réaliste dans ce que Walter peut apporter humainement à Jesse.

Oui, après 7 épisodes, il y a beaucoup de choses que j'ai appris à apprécier dans Breaking Bad. Mais il y en a encore sur lesquelles je suis insatisfaite. Zut de zut, peut-être qu'il me faudra encore 13 épisodes de plus pour crier moi aussi au génie. Bon bah, j'me dévoue, hein...

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Breaking Bad de SeriesLive.

24 avril 2010

You guys are ready to do this ?

Écoutez, je vais être franche avec vous : j'avais préparé tout un speech sur le fait que ça fait quelques temps que je ne vous avais pas embêtés avec mon obsession grandissante pour Saturday Night Live, et sur le fait que j'avais bien signalé cette semaine que j'étais d'humeur à sous-titrer, et tout ça...
...Mais en fait, à quoi bon ? Vous et moi, on sait très bien ce qu'il en est : ceux que ça n'intéresse pas ne liront pas ce post jusqu'au bout, ceux qui sont curieux vont lui donner sa chance, et dans tous les cas ça ne m'empêchera pas de le poster.

Alors cessons de tourner autour du pot. La semaine dernière, c'était Ryan Philippe l'invité (un acteur dont très franchement je connais mal le travail, je pense l'avoir vu, oh, peut-être une fois, à la télé, c'était le 17 avril dernier dans SNL... 'Voyez le genre), et quelle n'a pas été ma surprise quand j'ai réalisé qu'un des sketches commençait avec 4 mecs en train de boire des bières !

Eh oui, c'était le retour des Song Memories, ma "franchise" de sketches préférés, aussi, si vous avez aimé les 5 premiers que j'ai postés il y a quelques semaines, vous serez probablement contents d'ajouter celui-ci à votre collection.

Donc sans plus attendre, en direct de ladytelephagy, it's Saturday Night Live !

SongMemories_6

Et pour les retardataires, dans les épisodes précédents...

SongMemories_1 SongMemories_2 SongMemories_3
SongMemories_4 SongMemories_5

J'ajoute que l'invitée de ce soir est Gabourey Sidibe, l'actrice de Precious (voir le Secret Diary of a Cinephile), et que beaucoup prédisent une émission de qualité. Personnellement je suis un tantinet perplexe pour la bonne raison que l'actrice me semble actuellement indissociable du film, mais je ne demande qu'à être surprise. Si vous voulez, on en reparlera ?

Et puis évidemment, s'il y a des sketches que vous souhaitez voir ou revoir, je peux vous les sous-titrer. Je pense notamment à un extrait du Weekend Update d'il y a deux semaines, ou les pubs de Tina Tina Chanuse (pourvu qu'il y en ait bientôt une troisième, parce qu'entre les deux, on sent déjà l'amélioration !), ou encore à la famille Vogelcheck, sans oublier que les épisodes de Justin Timberlake ou Anne Hathaway regorgent d'excellents numéros ! Enfin bref, un mot de vous, et...

23 avril 2010

Profession : résumeur

Tous les téléphages ont, au moins une fois, imaginé exercer un métier dans le milieu de la télévision. A plus forte raison lorsque le téléphage en question est ado et n'a pas encore perdu toutes ses illusions. Il y a ceux qui rêvent d'être acteurs, ceux qui veulent écrire des scénarios, ceux qui veulent décider des grilles des chaînes...
...moi, je voulais travailler à Télé Z. Entre deux scénarios.

Télé Z, à mes yeux, c'était le Valhala.
Déjà on était toujours le premier au courant quand il y allait y avoir un pilote qui allait être diffusé. Et ça c'est quand même le pied, il faut le dire.
Mais pas seulement. Il y avait, niché au fond à droite dans la salle de rédaction de Télé Z telle que je me l'imaginais, un poste en or : résumeur. Imaginez le truc : chaque semaine, il faut rédiger les résumés de l'intégralité des séries (et accessoirement, des films) présentés dans les colonnes du programme. Dans ma tête, cela ne pouvait signifier qu'une chose : il fallait tout regarder. Le Valhala, vous dis-je.

Afin de pouvoir postuler sérieusement à cet emploi, je me suis dit que j'allais regarder comment ça se faisait. J'ai commencé à lire les résumés de Télé Z ; le truc que personne ne fait jamais, osons le dire.
Voici comment j'ai perdu quelques unes de mes illusions, au moins celles qui étaient en rapport avec Télé Z (mais si on ne perdait que ces illusions-là, la vie serait belle, finalement).

Car il est apparu comme évident que jamais au grand jamais le résumeur de Télé Z ne regardait ce qu'il résumait. Et pour une téléphage comme moi, même si à l'époque je n'en étais qu'à mes premiers symptômes, c'était quand même très, très grave.
La révélation m'est apparue avec un résumé de SPACE 2063. L'un de mes épisodes favoris (avec quelques autres) s'appelait Très chère Terre, et il était résumé (de mémoire) comme suit par Télé Z :
"Shane reçoit une lettre de sa sœur. Il est furieux."
Rien de choquant outre mesure, sauf si on a regardé la série et qu'on sait... que Shane est une femme. Bon, déjà on a un problème. Ne pas regarder l'épisode, c'est une chose, mais ne même pas savoir que Shane Vansen est une femme, là quand même, ça démontrait bien que le résumeur n'avait même jamais vu la série ; de là à en conclure qu'il ne voyait pas le reste de ce qu'il résumait non plus, il n'y avait pas loin. Plus tard, bien plus tard, j'ai fait la connaissance d'internet, et j'ai appris que c'était également une pratique courante sur les sites proposant des résumés d'épisodes ; ça me fait penser qu'il faut que je prenne le temps de faire les synopsis pour SPACE 2063, entre autres.

Alors après, évidemment, il y a le problème de la place. Le résumeur n'a que, quoi ? Au mieux, deux lignes pour résumer l'épisode ? A ce petit jeu, c'est tout simplement du tweet avant la lettre. Et je compatis, ça ne doit pas être facile.

Mais certains résumeurs ont en plus une approche vicieuse de leur profession : ils l'exercent avec toute la mauvaise foi dont ils peuvent être capables. A mi-chemin entre "d'façons je n'ai pas vu l'épisode" et "même si on me payait je ne ferais pas mon boulot correctement" (puisque j'ai acquis la conviction que le résumeur n'est autre que le stagiaire non-rémunéré qu'emploie le programme télé), les résumés des publications de ce type, de Télé Z à Télé Loisirs en passant par Télé 7 Jours, et j'en passe, sont finalement une sorte de blague que l'univers nous envoie à nous autres connaisseurs, le truc qui ne fait hurler de rire ou pleurer de pitié que le téléphage, le vrai, celui qui sait de quoi on cause. Une private joke cosmique.

Depuis que mes illusions sur Télé Z et ma profession de rêve sont tombées, et après une saine période durant laquelle il m'a fallu faire le deuil du Valhala, je lis désormais ces résumés avec amusement. Aujourd'hui je n'achète plus de magazine télé, mais les programmes en ligne ne manquent pas de savoureuses occasions d'embrasser répétitivement le bord de son bureau avec le front.

TeleZ

Par exemple, voilà une pièce à conviction lue récemment sur Programme-tv.net
"A Winslow High, le lycée huppé des quartiers chics de Boston, Lipschultz et Harper sont en proie à d'incessants dilemmes existentiels. La jeune Dana devrait-elle être forcée à porter un soutien-gorge sous peine d'être renvoyée de l'établissement ? Doit-on réellement craindre les parents de Jason Harrelsons, qui menacent d'attaquer le lycée en justice si leur fils n'obtient pas la moyenne en histoire ? Et que faire avec le jeune professeur Harry Senate, qui manipule un pistolet en classe ?..."
(Boston Public - 1x01)

Il y a d'un côté les incohérences (quartier huppé des quartiers chics, vraiment ?!) qui tendent à laisser penser que le résumeur n'a pas vu l'épisode, ou qu'au mieux, il ne l'a pas compris... et puis de l'autre, il y a le ton employé pour poser clairement les problématiques de la série. Le résumeur a vraisemblablement tout compris de l'angle de la série. Et surtout, il l'a totalement prise au sérieux. Sur l'air de "genre, ahahah, le prof qui a un flingue et qui tire en classe, et ahahah, un procès contre un lycée, mais quels déconneurs ces américains !".

Et là je me dis... même gratuitement, je ferais un tellement meilleur résumeur que ça. 'Croyez pas ?

22 avril 2010

Schizo-interview

Après avoir regardé mardi soir le pilote de Romantically Challenged, et surtout, la nuit suivante, après avoir fait un cauchemar atroce où j'étais coincée dans la cafète de la série avec deux des acteurs de la série (véridique), j'ai compris que je ne pouvais pas rester sans rien faire.
Au départ, l'idée était de faire mon possible pour ne jamais y repenser, et ne même pas en faire de post mais, tout bien réfléchi, si je ne me moque pas de la bille de clown d'Alyssa Milano maintenant, ce n'est pas dans quelques semaines, quand la série sera annulée et oubliée à jamais, que je vais le faire.

Alors vous savez quoi ? Je vais pas m'esquinter à en dire du mal sur dix paragraphes incendiaires, je vais laisser Alyssa Milano, dans une interview avec elle-même, s'en charger à ma place.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Intellectually Challenged de SeriesLive.

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