No-stalgie
Je me souviens assez bien ce que j'ai pensé du pilote de 90210 : j'y cherchais des références. Mais des références faciles à saisir parce que je n'avais pas suivi la série originale. En tous cas je m'attendais à ce qu'on joue uniquement avec ma mémoire. C'est un peu la même chose qui s'est passée devant Melrose Place, suivie des mêmes causes et des mêmes effets d'ailleurs.
Parce que si ces dernières années de télévision nous ont appris quelque chose, c'est que le revival est obligé de tirer sur la corde nostalgique et sentimentale du spectateur, là où le remake n'y est pas forcé (étant doté d'une plus grande liberté), mais quand même bien enclin. Bref en ce moment, la télévision joue sur nos souvenirs de téléphages, et tout le pari, c'est que nos souvenirs soient assez frais, précis et affectueux pour que le revival soit regardé autant que la série d'origine, et qu'un attachement vieux d'une, deux ou trois décennies rende le spectateur suffisamment patient pour excuser les balbutiements du début, et prenne le temps de s'attacher aux nouveaux personnages quand même.
C'est un sacré challenge parce que la majorité des spectateurs ne sont pas des téléphages, leur mémoire est moins remplie de souvenirs télévisuels qu'un amoureux des séries (logique mais bon à rappeler), et qu'en général le spectateur lambda aime aussi vite qu'il oublie. En ce qui me concerne, je n'étais qu'une apprentie téléphage lorsqu'étaient diffusées Beverly Hills et Melrose Place. Je me rappelle qu'au collège tout le monde adorait Brendon et Brenda, et moi je n'en avais rien à cirer, pour moitié parce que je ne pouvais pas regarder, et pour moitié parce que les rares fois où j'avais vu des épisodes, j'avais trouvé ça extrêmement indigent.
Et c'est du coup assez improbable que je m'attache aux revivals, que je leur donne une chance. Parce que moins que les autres encore, je n'ai une base d'affection pour la série dont le revival pourrait tirer partie.
Alors j'ai regardé le pilote, et ça a un peu glissé sur moi, je dois dire.
En dehors du jeu pathétiquement affligeant d'Ashlee Simpson, du couple cul-cul qui veut se marier, et du grain de beauté de l'étudiante en médecine, je n'ai en fait pas remarqué grand'chose qui sorte de l'ordinaire. D'ailleurs les personnages ne faisaient aucun mystère de leur manque de profondeur, comme avec fierté, puisqu'en quelques minutes tout le monde a déjà dévoilé sa part d'ombre et donné une idée de ses petits secrets, il ne reste rien à découvrir ou si peu. Tout réside dans les histoires de cœur, de cul, d'argent et d'alcool qui vont se mêler et s'entremêler jusqu'à ce que mort du cerveau s'en suive.
Mes reproches à Melrose Place, dans le fond, ne lui sont pas propres. C'est au contraire assez habituel que j'aie l'impression qu'on m'évide la matière grise avec une cuiller parisienne. Ce n'est pas propre à la série, ni à son ancêtre, ni au genre du revival CWien. Et en fait, j'ai même moins de reproches à adresser à Melrose Place que je n'en avais envers l'imbu de lui-même pilote de 90210.
Mais je ne suis clairement pas le bon public, il faut juste l'admettre.
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Melrose Place 2.0 de SeriesLive.