Pour moi, ce n'est rien d'autre que de l'inconscience. Déjà, vouloir se marier une fois, ça tient du délire pur et simple ; mais trois fois c'est juste de l'autopunition.
Aussi, je n'ai pas été très étonnée de m'apercevoir que Bill, le personnage principal de Big Love, a l'air un tantinet soucieux. D'accord, il l'a bien cherché sur ce coup... eh, personne ne l'oblige, il me semble ! Mais faut voir ce qu'il subit, quand même, le pauvre pépère : il n'a pas une, il n'a pas deux, il a trois gonzesses à supporter à temps complet. Il les a en permanence sur le râble, mais sans pouvoir coucher avec quand il veut ! C'est pas de la torture, ça ? Voilà qui porterait sur les nerfs des plus inébranlables ordures de la planète. Alors ce pauvre Bill, pensez donc...
Parce que, dans Big Love, on casse allègrement le préjugé, communément répandu, selon lequel les femmes de polygames seraient soumises : c'est elles qui font la loi. Et quand trois nanas sont dans une même pièce (ou ici, un même jardin) et se disputent le même mâle, c'est vraiment pas beau à voir. Et en plus c'est vicelard, ces bestioles : ça fait des plannings pour savoir qui couche quand avec qui, ça se tire dans les pattes, ça se fait des cachotteries, et tout ça avec de la marmaille dans tous les coins, parce que vous savez quoi, autant que le châtiment soit complet.
Oui, dans Big Love, c'est Bill le polygame, et je vois déjà des rangs de féministes enragées se lever le couteau entre les dents, mais c'est définitivement lui la victime du système. Comme antidote à la collectionnite aigüe d'un mâle, ya pas mieux que cette série. Votre mec vous trompe ? Montrez-lui le pilote, ça va le calmer vite fait.
Bon, cela étant posé, Big Love, on en fait tout un foin, gna gna gna c'est une super série, gna gna gna mais lady t'as pas encore regardé comment est-ce possible, mais j'ai pas eu de révélation. D'accord, le pitch est chouette. J'adore voir un mec se faire dévorer tout cru par trois harpies, c'est un de mes fantasmes de célibataire aigrie, mais bon, passée cette satisfaction, je sais pas, je trouve qu'on manque un peu d'inspiration. Arrivée à une dizaine de minutes du pilote, je me suis dit : "ok, on a compris le concept, mais on va quand même pas rester bloqués là-dessus pendant 10 ans, allez, on se bouge, on se bouge, on se bouge !!!", mais non. Non-non. On va bel et bien rester bloqués là-dessus et on va faire comme s'il était captivant de regarder trois gorgones maltraiter un pauvre bougre dont on n'arrive même pas à penser qu'il mérite tant de misères.
Pourtant, euh, pardon, mais la polygamie, c'est quoi en fait ? C'est les calamités d'un mariage multipliées par trois. Donc une fois qu'on a compris ça, bon, basiquement, on a tout compris : Bill a des problèmes sexuels, mais une façon différente de les vivre avec chaque épouse, puisque chacune est différente, et comme elles sont dans des tranches d'âge et issues de milieux différents, de toute évidence chacune va le pousser dans ses retranchements et l'obliger à jouer les caméléons soir après soir, et bon, le pilote dit tout ça très bien, on va pas y passer la nuit ! Comme par hasard il y en a une qui intrigue, une qui est une vraie brêle, et une troisième, vieillissante et un peu control freak. Ah bah là on peut commencer à parler de stéréotypes, pour le coup !
Fort heureusement, comme une lumière dans la nuit, il y a la communauté où vivent les parents de Bill, ainsi que ceux de sa seconde femme, pour mettre un peu de piquant dans l'affaire. On ne peut d'ailleurs pas dire que Bill ait un seul hâvre de paix sur cette planète puisque même quand il retourne là-bas, les ennuis pleuvent... mais au moins c'est un peu plus original que ses tribulations domestiques : son beau-père qui le rackette, son père qu'on cherche à empoisonner, là au moins ya du sport.
Bon, reste que je suis étonnée que les seuls problèmes de Bill soient sexuels : moi j'en serais déjà à projetter de me pendre.
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Big Love de SeriesLive. Ouais, faudra se contenter d'une seule.