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ladytelephagy
3 juillet 2008

[DL] The Secret Life of the American Teenager

Bon par contre il est vraiment trop long ce nom, ya pas moyen. Rien qu'à cause de ça on sait qu'elle va se vautrer, cette série.

Apprécions aussi le côté doux-amer du générique, tant qu'on y est : jolies couleurs, chanson bateau... mais des petites abeilles qui butinent les fleurs, comme ça, l'air de rien, sous notre nez !

TheSecretLifeotheAmericanTeenager_580

Note : lien valable 30 jours minimum. Je reuploaderai si le lien est mort, mais seulement si vous postez un commentaire pour me prévenir !

Et, notez : pas un seul aérosol anti-insecte à l'horizon... Elle est sur la bonne voie, cette série, je vous le dis. Ya toute une génération d'ados américains qui la remercieront plus tard.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Secret Life of the American Teenager de SeriesLive.

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3 juillet 2008

Woulda, Coulda, Shoulda

Quand on est diffusé sur ABC Family et qu'on a un passif plutôt chargé, on est forcément attendu au tournant si on choisit un sujet tel que la sexualité adolescente. Mais Brenda Hampton, qui maîtrise son outil et surtout, qui sait l'utiliser à destination d'un public bien particulier (les parents conservateurs) a su tout de même bien amener la chose avec le pilote de The Secret Life of the American Teenager, sans qu'on n'ait de raison de lui jeter des cailloux, nous qui ne sommes pas, a priori, son public.

Il y a avait deux pistes possibles avec le pitch principal de la fille-mère : soit y aller carrément, en prônant l'indulgence totale, la compréhension quasi-aveugle... quitte à exclure une partie du public du traitement de cette problématique ; soit, comme ç'a été le cas ici, jouer sur les codes de la fiction bien-pensante pour osciller entre la réprobation... et le véritable questionnement.

A ne pas s'y tromper, ce n'est pas The Secret Life of an American Teenager qu'on a ici, le pronom indéfini faisant toute la différence, mais bien plusieurs portraits, d'ailleurs lorsqu'au cours de l'épisode, on passe la soirée avec plusieurs ados, on nous montre bien qu'il n'y a pas UNE histoire de sexualité mais bien de plusieurs. Au temps pour les résumés en préfabriqué qu'on a pu lire un peu partout.
C'est avec ce genre de détails qu'on remarque que The Secret Life of the American Teenager a plus de chances de faire évoluer les mentalités que si la série avait été créée par tout autre que Brenda Hampton. La plupart des personnages, certes, semblent simplifiés à l'extrême, à la limite de la caricature, mais on a à la fois la caricature de la chrétienne chaste, de l'ado perturbé, et de la pin-up du lycée, ce qui assure, au final, la multiplicité des points de vue. Et ça c'est, la bonne idée de ce pilote.

Les choses sont plus compliquées qu'elles n'en ont l'air, et c'est ça la force de The Secret Life of the American Teenager : chaque personnage caricatural renvoie une image extrême qui nous fait faire un pas en arrière en disant "oho, ne m'embarque pas avec toi dans ton délire !" (oui, même dans cette scène d'une drôlerie folle où le gamin essaye de soutirer à son conseiller une inscription dans le groupe du lycée, juste pour pouvoir se faire dépuceler ! mais c'était quand même une excellente scène). Dans une série strictement bien-pensante, la jolie petite blondinette chaste aurait raison dans l'absolu, mais ce n'est pas ce que dit ce pilote ! Il démontre qu'elle aussi, elle a autant à perdre à ne faire preuve d'aucune modération dans ses choix, que les autres personnages.
Je le répète, c'est comme ça qu'on fait avancer les mentalités : non pas en leur faisant la leçon frontalement, mais bien en leur démontrant, avec les codes du milieu, qu'il n'est jamais mauvais de nuancer sa pensée.

D'ailleurs au final, moi aussi j'ai nuancé la mienne. J'abordais cette série en pensant : "formidable, une série qui ose parler d'un sujet difficile ! Sus à la bienpensance !".
Mais il n'y a pas de gloire à être une petite ado perdue qui se retrouve enceinte. Finalement, peut-on défendre cela sans retenue ? Je regarde The Secret Life of the American Teenager et je me dis que non, que le visage adoraaable de notre héroïne (alors par contre, j'ai vraiment retenu aucun nom...) est tordu par le stress et l'inquiétude. Pourquoi voulais-je à ce point un plaidoyer pour la non-condamnation des gamines qui tombent enceintes ? Tout justement, elles ne sont pas prêtes ! C'est de l'inconscience !

Et puis, franchement, mine de rien, pendant que certains seront en train de s'affoler sur la grossesse d'une telle, ou le sexaholisme de l'autre... on introduit quelques détails, l'air de rien, comme la distribution de préservatif dans le cabinet du conseiller d'orientation. Pas de prêchi-prêcha, juste une évidence : ça ne sert à rien de les forcer à l'abstinence ! Il faut juste les é-du-quer ! Elle est pas belle la vie ? ABC Family permettant aux parents les plus frigides d'Amérique (enfin, juste derrière les amish qui n'ont même pas la télé, disons) de se faire à l'idée que, peut-être, il ne suffit pas de passer une jolie bague au doigt de sa fille pour résoudre les difficultés de l'adolescence, c'est pas magistral, des fois ?

Bref, dans The Secret Life of the American Teenager, on trouve à boire et à manger pour tous ceux qui ont déjà une opinion sur ce sujet épineux. Finalement, il n'y a rien de plus pédagogique qu'une productrice habituée à donner des leçons dans ses séries !
Dis donc Brenda, t'as pas envie de faire une série sur l'avortement ou la peine de mort, qu'on ait un peu de grain à moudre sans se coltiner de teenageries en sus ?

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche The Secret Life of the American Teenager de SeriesLive.

3 juillet 2008

Coming along !

Telle que vous me voyez, là, je danse d'un pied sur l'autre, je sautille, je tourne en rond, je suis en pleine effervescence, j'attends, tant bien que mal, je prends mon mal en patience...


ENCORE 12 JOURS A ATTENDRE !

Du coup ce post La preuve par trois, pour des raisons évidentes, ne portera pas sur un épisode mais sur un trailer !!! Eh oui, tout le monde vous le file en streaming, mais comme ici, le streaming c'est le Mal, n'est-ce pas, eh bah moi je commence déjà à nourrir votre PC avant même l'arrivée de Doctor Horrible’s Sing-Along Blog ! Merci qui ? Hm ?
Si, si, on peut trouver trois captures dont il y a quelque chose à dire dans un trailer. La preuve (par trois) par l'exemple.

DrHorrible_1
Qu'on soit clairs : je ne regarde pas How I met your mother (j'ai vu le pilote, bon, d'accord, pour culture perso on va dire, pour savoir ce dont il s'agit quoi, mais ça s'arrête là), donc ce n'est pas par sentimentalisme que je me réjouis de la participation de Neil Patrick Harris à ce projet. Non, c'est simplement parce que c'est un chouette acteur, et que rien que pendant ce trailer, il démontre qu'il a ce qu'il faut pour rendre un personnage à la fois attachant et charismatique. Combien vous en connaissez, des mecs qui peuvent faire ça dans un trailer de 1mn où on ne voit même pas qu'eux ? Hein ? Bienvenue dans la famille Whedon !!! Et puis, le traitement complètement toonesque semble en plus de bon présage...

DrHorrible_2
Qu'on soit clairs : c'est bien par sentimentalisme que je me réjouis de la participation de Nathan Fillon à ce projet... Je ne pense pas que ce soit un aussi bon acteur de Neil Patrick Harris, en revanche comme ici, notre personnage principal, ce sera le Dr Horrible, on avait nécessairement besoin d'un gentil héros super stéréotypé et je ne connais pas meilleur pour ce rôle que Nathan Luciole Fillon. Il est ptet encore un peu trop habillé, mais c'est qu'un trailer, ne perdons pas espoir.

DrHorrible_3
On parlait toons un peu plus haut, on est en plein dedans. Je m'attends à 3 épisodes (hé oui seulement trois, rien n'est parfait dans la vie) de comics, la musique en sus. Ha, la musique... on peut difficilement faire plus parfait que celle de ce trailer qui, je sais pas pourquoi, m'a rappelé la musique de Batman (pas les compositions de Shirley Walker, hein, non c'est moins sombre, quand même). Bref ça sent l'orgasme d'ici !!!

Donc voilà, plus que douze jours, mais douze jours, c'est quoi ? Rien du tout si on y pense ! Allez, courage ! Ca va venir vite !

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Doctor Horrible’s Sing-Along Blog de SeriesLive.
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3 juillet 2008

Acteur français, un métier ?

Oui, tout-à-fait, avec un point d'interrogation, comme dans Sex & the City (les puristes comprendront).

Rencontrer des acteurs, ce n'est pas exactement mon quotidien pour le moment. Et ça ne le sera sans doute jamais. On s'en fout d'ailleurs, c'est pas du tout mon but dans la vie.
Aussi, lorsque ça se produit, ça me fait beaucoup cogiter, à plus forte raison lorsqu'en rencontrer n'a pas de valeur sentimentale à mes yeux. Mais on en reparle sitôt que j'aurai eu la possibilité de serrer la paluche à Kyle ou claquer la bise à Adrian.
C'est comme ça que j'en arrive à réfléchir au métier d'acteur de série télé, et notamment dans le contexte de la série télé française. En même temps je vous avais prévenus l'autre jour...

Préambule : je ne me l'étais jamais formulé si clairement, mais ma vision de téléphage du monde de la série télé, c'est bien souvent d'apporter plus de crédit au contenu qu'aux personnalités qui le font. J'ai mes acteurs favoris, comme un peu tout le monde je pense, mais je n'en suis pas fan stricto sensu ; j'ai plaisir à les retrouver, mais je ne piste pas spécialement leur parcours. Quand ils oeuvrent au cinéma, je m'en bats royalement l'oeil. Je ne cherche pas à connaître leur actu. Je me contrefiche de leurs déboires persos.
Le simple fait qu'ils existent me suffit, d'une certaine façon. Il peut se passer dix ans sans que je sache ce qu'ils font... mais lorsque je les revois, en général (sauf s'ils ont un rôle de merde), c'est avec le même plaisir. Et bien-sûr, si l'un d'entre eux vient à décéder, comme on l'a hélas vu récemment, j'ai un pincement au coeur, mais je ne me répands pas en larmes non plus.
Bref pour moi, résolument, jamais l'importance de l'homme ne dépasse l'importance de l'histoire ou du rôle. Ca explique très certainement que je ne fréquente que peu les forums, fansites, fanblogs et autres engins de torture consacrés à un acteur en particulier. Je lis aussi très peu d'interviews d'acteurs.
Il ne m'était donc pas tellement venu à l'idée de leur accorder une réflexion poussée, de par le rôle très secondaire qu'ils jouent dans mon existent de téléphage. Eh bien, du coup, vous aurez la primeur de quelques idées qui me sont venues à leur propos, suite à un très agréable débat auquel j'ai assisté grâce à Alex qui m'y avait invitée (les mauvaises langues cont encore dire que la pub aura payé)

A quoi sert l'acteur ?
Nan mais ça va, quoi, ne me bondissez pas dessus toutes griffes dehors. Pour fréquenter le milieu téléphagique depuis plus d'une décennie, j'ai, effectivement, observé vaguement que l'acteur sert à interpréter un personnage. Voyez comme je suis attentive. En plus, je n'en suis pas du tout à prôner l'utilisation de la 3D pour les remplacer. Ne me prenez pas pour une anti-acteurs, si tant est que ça existe.
Je me demande juste, en-dehors de l'interprétation, à quoi sert un acteur. Il est, certes, la figure reconnaissable d'une série (exemple : je vous dis X-Files, vous visualisez plutôt le visage de David Duchovny ou de Chris Carter ?), son porte-parole, son émissaire. Sauf que, en-dehors de quelques très rares cas (ya toujours des exceptions pour confirmer la règle, n'est-ce pas ?), il n'est pas partie prenante dans le processus créatif d'une série. Son point de vue est trop limité pour cela vu que son travail consiste justement à se concentrer sur un seul personnage.
D'ailleurs ça me fait toujours doucement rigoler quand un acteur prend un ton de psychanalyste pour décrire son personnage, et qu'on tombe vite fait dans d'insondables lieux communs du type "c'est un personnage qui lutte contre sa part d'ombre", que tous les acteurs placent au moins une fois en interview dans leur vie, qu'il s'agisse de jouer dans Hamlet ou dans Die Hard ! Heureusement, certains acteurs se la pètent un peu moins, et décrivent leur rôle simplement et avec du sens pratique, comme je l'ai vu samedi soir. C'est moins exotique, c'est moins captivant, mais ce genre de résumé succinct est quand même en général plus fidèle au personnage.

Mais du coup, à quoi bon donner des interviews, participer à des discussions, etc... si on n'a que peu de crédibilité sur ce qui compte vraiment : le contenu de la série en elle-même ? Sur ce point, quelle est la légitimité de l'acteur à venir parler d'une série ? Sorti du tournage d'une fiction qu'il n'a pas écrite, on peut quand même un peu se demander son degré de crédibilité. Quand il ne joue pas, à quoi sert l'acteur ?

L'acteur sert à parler de la série. Quand il ne joue pas, son rôle, c'est de faire de la com.
D'ailleurs faites l'expérience, si vous en avez l'occasion : mettez plusieurs acteurs dans une pièce, et observez le phénomène... chacun fait sa promo ! C'est normal, ils sont aussi un peu payés pour être "the face", l'ambassadeur de la série qui les nourrit, c'est ce qui fait que tout le monde s'y retrouve. Sauf que dans 95% des cas, on n'entend justement que de la com, limite langue de bois. Et la langue de bois, ya pas grand'chose de plus énervant ! Alors certes, on ne mord pas la main qui vous nourrit, mais ça n'implique pas de se la jouer caniche pour autant.
Et plus il y a de monde qui parle, plus la règle du "combien faut-il d'acteurs pour changer une ampoule" est vraie.

Et vous êtes d'accord avec moi, la promo en langue de bois, ça n'a un intérêt que très limité ; déjà pour celui qui donne l'interview, ensuite pour le journaliste qui est en face, et surtout pour le public final de cette interview. Alors évidemment, on peut lire entre les lignes, mais chez certains acteurs, le brouillage est meilleur que le cryptage de Canal +...

Autre expérience scientifique : demandez à un acteur de parler d'un groupe d'acteurs, tiens, allez, au pif, du cast de la série dans laquelle il joue. Eh bah, 9 fois sur 10, on finit par entendre "il y a une super ambiance" et/ou "on s'entend tous super bien". Ce qui, comme chacun sait pourvu d'avoir fréquenté un groupe d'humains travaillant ensemble, est absolument faux. Statistiquement, il est impossible que tout le monde dans l'équipe soit sur la même longueur d'ondes.
Mais ce que je me demande, c'est : mais pourquoi ont-ils dont besoin de communiquer sur ce point ? Même en admettant que ce soit vrai : et alors ? Une bonne ambiance, ça représente quoi pour le spectateur ? Cela offre-t-il une quelconque garantie de qualité sur le résultat final ? Si le cast a copiné, cela signifie-t-il qu'il y a une meilleure interprétation de la part des acteurs ?
On me rétorquera : "bah oui, pour jouer des amis, c'est quand même plus pratique !". Bon, déjà, merci, mais tout le monde ne joue pas dans un Friends-like, non plus.
Et de toutes façons, ce sont des acteurs ! Ils n'ont pas besoin de vraiment ressentir l'amitié pour la jouer, c'est même le principe ! Ou alors qu'on soit clairs : dans ce cas, ça veut dire qu'un acteur doit TOUJOURS ressentir ce que ressent son personnage... faut être logique. Ha, c'est sûr, ça va donner du piquant à la préparation de rôles de psychopathes, ce genre de technique !
On peut aussi, c'est votre droit le plus strict, me rétorquer : "avouons que c'est quand même plus agréable de travailler dans de bonnes conditions". D'accord. Parlons conditions de travail. Mais dans ce cas, je veux, non, j'exige, qu'on me parle aussi de la qualité des plateaux-repas dans les loges.
Mais franchement, c'est surtout le résultat, la série, qui compte. Et tout ça n'a rien à voir avec la choucroute. C'est pourtant bien de ça dont le spectateur, qui écoute ou lit l'acteur interrogé, a envie d'entendre parler.

Intermittent du spectacle, ce n'est pas un métier facile. Je ne vais certainement pas dire le contraire. Mais lorsqu'on écoute les acteurs français parler de leur métier, en synthèse, ça donne les choses suivantes... pas de cri d'orfraie avec moi, j'ai réellement entendu ces réponses :
- sur l'image qu'on a dans le métier lorsqu'on joue dans une série : "c'est déjà bien d'avoir une image"
- sur la comparaison entre le ciné et la télé : "au moins on a un emploi stable"/"c'est confortable"
- sur le planning de tournage : "c'est serré mais ça oblige à être efficace"
- sur le fait de jouer dans une série de type soap populaire : "ça ouvre des opportunités"
Donc finalement, les préoccupations des acteurs ne sont pas de l'ordre du "comment vais-je interpréter mon personnage le mieux possible", mais surtout "à quel rythme je vais travailler"/"combien de temps je vais avoir un job"/"quelles seront les possibilités pour le job d'après".
Je ne dis pas qu'un acteur ne doit pas se préoccuper de manger, qu'il doit jouer pro bono, pour le bon plaisir du public... Je dis qu'on n'a pas à entendre ça. Je rappelle que lorsqu'il parle de sa série, le mec, il est sensé parler de sa série, pas de l'état de son compte en banque. On a tous, dans le monde du travail, ce genre de préoccupations, peu ou prou, mais ce n'est quand même pas la seule chose qu'on ait à en dire, si ?
Et le contenu de notre travail ? Sa nature ? Sur quoi porte-t-il ? A quoi sert-il ? Qu'apporte-t-il ? Comment nous fait-il nous sentir ? Qu'avons-nous fait pour parvenir à tel résultat ? A quel moment nous sommes-nous surpris nous-mêmes ? A quel moment nous sommes-nous surpassés ? Quand nous sommes-nous donnés insuffisamment ? Quelles ont été les démarches personnelles pour entrer dans le rôle, pour le construire, pour le faire évoluer ? Voilà qui est déjà une toute autre approche, quand même, largement plus valorisante, et qui témoigne d'un recul autrement plus intéressant !

Laissez-moi par exemple revenir sur la notion d'efficacité. Quand j'ai entendu cet acteur (que je ne citerai pas, chuis pas une balance moi... je dirai juste qu'il interprète un flic à la télé, zêtes bien avancés, maintenant !) prononcer le mot "efficacité", j'ai bondi sur ma chaise. What now ?
Et en art, c'est quoi, l'efficacité, môssieu, je vous prie ? Il me plairait de l'entendre !
C'est même pire que ça, l'expression complète qu'il a employée, c'est "efficacité dans le travail d'acteur". Même pas l'excuse d'avoir l'air de parler du rythme de tournage. Donc, l'efficacité dans le travail d'acteur, koikoukesse, koikoukesse ? C'est la faculté qu'on a à tenir les délais de tournage ? Comme dans "ah, on a tourné la scène en moins d'une heure, c'est bien, je suis efficace". C'est la faculté à atteindre le succès rapidement ? Comme dans "ah, l'épisode dans lequel mon personnage est apparu a fait des records d'audience, c'est bien, je suis efficace". Nan mais dites-moi, hein, je suis curieuse de nature...
Tout au plus, l'efficacité constiterait à trouver la bonne manière de transmettre une émotion. Mais de cela, en une heure et demie de débat, et avec une tablée constituée de plusieurs acteurs, je n'en ai pas entendu parler une seule fois.

Ce serait facile d'arguer que, "vu les rôles qu'ils ont à interpréter, les acteurs de séries françaises n'ont pas grand'chose à dire sur la profondeur de leur interprétation", mais même moi, je ne tomberai pas dans pareille caricature, en dépit de toute la répulsion que vous me connaissez pour la fiction française en général.

Peut-être qu'on n'a qu'à partir du principe que, lorsqu'on leur demande de s'exprimer sur la fiction française, les intervenants de ce milieu sont immédiatement sur la défensive parce qu'ils savent bien que rares sont ceux de nos compatriotes qui soutiennent la comparaison avec la fiction étrangère. Et que du coup, ils tentent de justifier implicitement le résultat, de qualité, il faut bien le dire, encore bien souvent inférieure, par des explications sur le rythme de travail, les problèmes de financement, ou encore la marge de manoeuvre créative réduite. Ce sont des arguments on-ne-peut-plus vrais, je pense, du moins me semblent-ils tout-à-fait recevables, mais n'est-ce pas dommage de systématiquement tomber dans ce lieu commun dés qu'on parle de fiction française ?

Alors j'aimerais qu'on avoue, tous, là, ici, maintenant, que si la fiction française manque trop souvent (mais pas systématiquement) de crédibilité artistique, c'est aussi parce que les acteurs s'y considèrent plus comme des employés que comme des artistes. Qu'ils n'y mettent pas tellement du leur. Que lorsqu'on entend en une heure et demie, plusieurs fois, à demi-mots ou franchement, des acteurs répondre que, non, "on ne va pas cracher dans la soupe", sous-entendu on voudrait bien mais on n'est pas complètement cons, on veut pas se saborder, ça dénote quand même de quelque chose, non ? Si la plupart des acteurs français de fiction n'ont qu'un regard, au mieux peu passionné, au pire méprisant, sur les séries télévisées, c'est qu'ils ne risquent pas d'y mettre beaucoup d'efforts au niveau artistique. Et qu'aussi recevables que soient les autres arguments, on peut quand même reconnaître que ça n'aide pas !
Qu'un patron de chaîne, un producteur, ou un directeur de casting, n'aient que condescendance pour la série télé qui leur permet de faire du business, je l'accepte volontiers. Ces gens-là n'ont qu'un rôle minime dans le processus créatif. Du moins, dans un monde idéal, ne devraient-ils pas intervenir du tout sur ce plan. Mais on ne demande pas à un manchot d'aimer le jonglage ! Je ne leur en veux pas.
En revanche, quand un scénariste ou un acteur sont proprement infoutus de parler chiffons dans faire une seule fois mention de recherches, de passion, de jeu, d'émotions, qu'ils me parlent de condition de travail, qu'ils ne montrent aucune motivation, voire même, qu'ils sous-entendent que ce travail actuel est purement alimentaire et ouvre des portes sur autre chose (comprenez : ce qui en vaut vraiment la peine), là j'ai envie de mordre toutes canines dehors.

Je suis désolée, on n'est pas acteur par accident, on l'est par vocation et par passion. Il est tellement difficile de vivre de ce métier, d'obtenir des rôles importants, de se construire une carrière, qu'il me semble normal d'être passionné par ce que l'on fait, ne serait-ce que par égard pour tous ceux qui n'ont pas réussi à percer. Evidemment, je suis consciente qu'il y a des rôles plus intéressants, plus gratifiants, plus alimentaires que d'autres. Mais ce n'est pas une raison pour le faire sentir. Je ne vois pas un seul instant ce que le public gagne à le savoir.

Les fans d'une série, ou ceux qui lui donnent une chance en lisant une interview, n'ont pas envie qu'on leur dise si l'acteur est content de ramener son cachet à la maison pour une saison ou deux, ils veulent qu'on alimente leur curiosité, et ça me semble légitime d'entretenir cet intérêt, de l'encourager. Parce que tant que les fans ont de l'appétit pour une série, ça garantit, précisément, que l'acteur pourra ramener son cachet à la maison pour une saison ou deux !
Il ne s'agit pas de tomber dans le "tout est formidable" non plus. Je parle simplement d'être capable d'extirper l'intérêt d'un personnage, de décrire l'expérience d'acteur... parce que, hormi le fait que l'acteur a un job régulier et de longues journées de travail avec d'autres acteurs sympas, il y a bien quelque chose de positif à dire d'une série, quand même, rassurez-moi ? Mais si ! Si les dialogues sont insipides, on sait jamais, le personnage a pu tout de même provoquer une quelconque réflexion chez l'acteur, non ? Ou bien, l'acteur a pris de la doc sur un fait de société abordé dans la série. Quelque chose, quoi !

Quand un acteur, à travers ses propos, démontre qu'il n'est pas capable de ça, il donne à penser qu'à la fin de sa journée de travail, il a été pointer à la badgeuse, qu'il a pris son chèque à la compta, et qu'il est rentré chez lui en se disant qu'il fallait encore aller acheter le pain. Eh bien il faut le priver d'interview, ce mec-là, de toute urgence, parce qu'il n'a rien compris ! Il fait partie d'un système français qui n'a pas encore compris comment fonctionne cette industrie ! Pour qu'on fasse entrer le flouze ET qu'on ait des chances de lever le niveau, il faut des fans passionnés, assidus et exigeants, et donc il faut l'être soi-même. Si on n'est pas capable de transmettre un peu de passion, on reste chez soi et on regarde le foot à la télé ! Fort heureusement, peu ou pas de fans étaient présents à ce débat, juste des professionnels, parlant entre professionnels, de leur profession, mais oubliant qu'après, qui allait prêter une oreille ou un oeil attentif à tout ça ? Les fans ! Enfin, dans ce cas précis, je ne sais pas trop s'il faut le souhaiter, cela dit.

Quand une industrie compte une saine dose de passionnés, et pas juste des salariés résignés et des requins de la finance, ça fait toute la différence, et ça lui permet de s'épanouir. Quand une industrie ne compte que des employés aux épaules basses, ça donne une fiction sans passion, à peu près aussi glamour que l'est le secteur sidérurgique.
Appel à candidatures aux futurs acteurs : vous aussi, venez faire partie de la grande famille de la sidérurgie française !

Deux choses pour conclure ce qui restera certainement le post le plus long de l'histoire de ce blog (félicitations aux fêlés qui m'ont suivie jusqu'ici dans mes pensées).
La première c'est qu'il y avait un passionné à cette interview... même si lui, il venait plutôt du cinéma. Il était un peu idéaliste, mais sa présence, et des échanges avec un monsieur en costard-cravate que je ne citerai pas, ont prouvé qu'il FALLAIT de la place pour les deux tempérament dans cette industrie pour lui permettre d'envisager de s'épanouir créativement et financièrement.
La seconde, c'est que, récemment, lors de mes recherches pour la fiche SeriesLive de Flander's Company, je suis tombée sur l'interview d'un comédien "amateur" français, pour lequel j'ai un grand respect et ptet même une pointe d'admiration : Frédéric Hosteing. On n'y lisait pas des propos d'une mièvrerie aveuglée sur l'air de tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, mais, résolument, la passion transparaissait (et la personne qui avait réalisé l'interview le soulignait également : l'échange avait été passionné). EH BIEN VOILA : je n'en demande pas plus. Mais pourquoi dés qu'on rentre dans le circuit on se fait bouffer tout cru par lui ?!

1 juillet 2008

Depuis deux jours, le monde est un endroit plus gris

Pour mal commencer une journée, je ne connais rien de pire que d'apprendre un décès.

Toi qui me lis, observe avec moi une minute de silence, la télécommande au garde à vous, au nom de Don S. Davis, l'homme qui commencé à hanter la télévision de rôle en rôle l'année où je suis née, et qui a pointé son regard bleu dans la plupart des séries qui comptent.

La première fois que j'ai vu Don S. Davis (en me souvenant de lui, devrais-je dire, car longtemps il a été pour moi l'un de ces visages qui passent encore et encore sans qu'on les voie), c'était alors qu'il interprétait le père de Dana Scully dans X-Files, que cette dernière voyait en rêve... juste après son décès. C'est cette image que j'avais toujours gardée de lui, par identification à Dana sans doute : un homme droit dans ses bottes et un peu distant, mais dans le fond, qu'on ne peut qu'aimer et respecter.

Aujourd'hui, la barque s'éloigne vraiment de la rive. Au revoir Monsieur Davis, et merci pour toutes ces fois où vous nous avez permis de vous croiser. Trop fugacement, hélas...

AdieuM

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