K.O.-Ville
Et là, je le sens, vous vous dites : "elle nous a annoncé un post ya 24h à peine, elle bosse sur le podcast, ce vendredi, le post, on peut encore se le carrer où on pense". Bah même pas. Zavez vu comment vous êtes, un peu ?
Ce soir, après la bonne humeur du podcast, j'opte pour le post déprimant avec K-Ville. Il en faut, mes amis. Il en faut.
Et sur cette série, il vaut mieux se poser la question dans les bons termes. Si vous vous demandez si K-Ville est une bonne série, vous prenez le sujet par le mauvais bout. Si vous vous demandez si K-Ville est intéressant, là encore il y a un défaut dans votre approche. Par contre, si votre préoccupation est de l'ordre de : est-il humainement tolérable de regarder K-Ville ? Dans ce cas, la réponse est : seulement si vous y êtes contraint par la force, mais c'est jouable.
En soi, la série n'est pas mauvaise, pourtant. Disons que sur le papier, ça pouvait revêtir un certain intérêt, déjà, et qu'une ou deux choses n'étaient pas trop horripilantes. Mais globalement, c'était sans compter sur le fait que K-Ville serait avant tout un mauvais cop show (pour quelqu'un qui a grand'peine à en trouver qui soient bons, c'est dire). Et ça, ce truc qui tue tout, surtout en ces périodes de vaches pas assez maigres côté uniformes.
Dans ce pilote, l'intrigue est effectivement liée de plein fouet à l'ouragan Katrina, avec un côté légèrement dénonciateur d'une réalité pas très jouasse, et qu'on anticipait forcément (s'il n'y avait pas eu un minimum de dénonciation, cette série n'aurait vraiment pas valu tripette), toutefois, rien de captivant en soi. Les coupables et les victimes sont désignés, chacun attend sa sentence... ce pilote ressemble un peu à l'ouverture de l'Antigone d'Anouilh, tout le monde attend que ça commence et chacun sait quel rôle il a à jouer, et il le jouera jusqu'au bout. Mais tout cela, sans être un classique de la tragédie, hélas.
Au milieu de tout cela, nous avons notre flicaille. C'est contractuel, il en faut dans toutes les séries maintenant. Avec au menu, Anthony Anderson ne cherchant pas à repousser ses limites (pourtant j'l'aime bien ce ptit gars ; ça me fait de la peine et ça me fait plaisir en même temps, de le voir dans ce premier rôle), et Cole Hauser qui lui non plus ne se défonce pas tellement... C'est triste comme un jour sans pain, quoi. Evidemment l'un est un vieux de la vieille et l'autre la bleusaille, le premier ayant perdu son partenaire le second doit gagner sa confiance, mais heureusement il est observateur et compétent, blah blah blah...
Heureusement et malheureusement, sur la fin de l'épisode, se trouve un petit twist sympathique... mais le drame c'est qu'on a déjà jeté l'éponge depuis longtemps quand arrive ce petit retournement de situation, et plus dramatique encore, on voit très mal comment va s'intégrer cette histoire dans les épisodes à venir.
Au final, on ressort de K-Ville avec une impression de malaise, pas très solides sur ses deux jambes, et la tête légèrement bourdonnante. Le style visuel est remuant, les dialogues proprement impardonnables de banalité, les scènes d'action en provenance directe des années 90 (voir 80), les quelques scènes presqu'intéressantes bâclées (notamment sur la famille Boulet... j'déconne pas c'est leur nom ET leur fonction), l'intérêt au ras des pâquerettes sur la minute de fin, en baignant dans une sordide ambiance à la 7 à la Maison où tous les voisins ont subitement décidé que la Nouvelle Orléans, c'est super sympa comme coin à habiter et où se faire des cadeaux, etc... Pourri jusqu'à la moëlle, donc.
Mais ce ne serait pas si dérangeant pour toute autre série de dire que c'est une série pénible. Car le problème, c'est que c'est K-Ville, une série qui parle d'un sujet grave, offrant des possibilités dramatiques (pour l'instant à peine effleurées dans deux flashbacks) de folie, et un sujet fort. Alors on s'en veut un peu de n'avoir pas réussi à aimer. On s'en veut de n'avoir pas trouvé les qualités. On s'en veut de ce rendez-vous raté. Pourtant, j'y suis pour rien moi, s'ils ont mis à côté !
Ce qui est énervant c'est que le sujet, même mal traité (et osons le dire : maltraité) reste dérangeant. C'est qu'on a envie, puissamment envie, qu'une série parle de ce qui s'est passé, de la façon dont les gens ont dû survivre, de la façon dont la ville tente de se reconstruire, de la façon dont tout n'est que désolation encore deux ans après. Et c'est génial d'avoir une série avec un tel potentiel sans qu'on ne soit dans l'anticipation, la SF ou le fantastique. Mais rien à faire, ça ne prend pas. Ils ne se sont pas donné les moyens dramatiques d'aller au fond des choses, à plus forte raison dans ce pilote où justement c'était l'occasion de nous prendre aux tripes. Mais ni les scénaristes ni les acteurs ne vont au bout.
Le sujet est fort, la série ne l'est pas du tout. Ca sent la précipitation et, quelque part, on se demande si cette série, qui aurait pu être une formidable aventure, n'aurait pas gagné à être plutôt la seconde à parler de Katrina, plutôt que la première, cédant le passage à une exploitation plus fine de la question.
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche K-Ville de SeriesLive.